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Soirée débat « au cœur de l’enfance »

Au Mouvement Démocrate, l’enfance et la famille ont toujours été au centre des préoccupations. Nous nous construisons à partir de cette cellule fondamentale. Le récent scandale autour de Shein au BHV, révoltant, a rendu d’autant plus nécessaire cette soirée sur la protection de l’enfance. Nous devons demeurer vigilants envers toutes les menaces, et œuvrer, au mieux, pour rendre la vie des familles moins compliquée au quotidien. Nos élus Anne Bergantz, Sarah El Haïry, Alice Le Moal, Perrine Goulet et Erwan Balanant ont, chacun, livré une perspective ouverte et approfondie sur un sujet lié à l’enfance.

Notre secrétaire générale, Maud Gatel, a rappelé en ouverture à quel point le courant démocrate a toujours considéré la place de l’enfant, depuis la première femme ministre MRP Germaine Poinso-Chapuis et les questions de protection de l’enfance et d’allocations familiales. Aujourd’hui, nos élus locaux, nationaux, européens, sont tous attachés aux problèmes de l’enfance. Delphine Lingemann, qui a mené une mission sur le soutien à la parentalité ; Erwan Balanant, auteur de la loi contre le cyberharcèlement ; Alice Le Moal, engagée au sein du GIP Enfance protégée aux côtés de Sarah El Haïry, ou encore Maud Petit, qui a fait adopter en 2019 la loi contre la fessée et les châtiments corporels.

La soirée a permis d’aborder plusieurs thèmes essentiels pour notre société en mutation : la baisse de la démographie, la place de l’enfant dans l’espace public, la protection de l’enfance, les missions du Haut-commissariat à l’Enfance, l’articulation des temps privés et professionnels, les violences sexuelles, le défi du numérique.

Pour en débattre, des élus engagés, à différents échelons :

Anne Bergantz, députée des Yvelines et médecin, qui a notamment porté la proposition de loi sur l’ouverture des allocations au premier enfant, a mis en lumière les causes et les conséquences de la baisse de la démographie. Depuis longtemps, notre président François Bayrou alerte sur ce sujet. Pendant une vingtaine d’années, période du baby boom, les naissances ont atteint 800 000 par an. Actuellement, la baisse s’accentue régulièrement, mois après mois. Nous sommes aujourd’hui à un taux de fécondité de 1,62, légèrement au-dessus de la moyenne européenne. À cela, un faisceau de raisons, mais si la décision d’avoir un enfant relève de l’intime, elle s’inscrit dans un contexte général. On fait des enfants quand on a confiance, dans son couple mais aussi dans le monde tel qu’il va. Anne Bergantz, qui a réalisé une mission sur le sujet, relève deux facteurs clés :

  • La difficulté pour les jeunes couples à se loger ;
  • La difficulté à concilier vie familiale et travail.

Les places en accueil collectif ou individuel constituent un réel enjeu. Les CAF sont très mobilisées : il faut pérenniser les places avant d’en créer de nouvelles. Les assistants maternels sont un métier en danger, on va bientôt en perdre un tiers, presque 300 000 places. Une question de la salle l’a souligné : les métiers de la petite enfance sont des sacerdoces, très mal payés et exigeants en temps. Il faut pousser le sujet des crèches familiales. S’il n’y a pas de baguette magique pour relancer la maternité, il faut accompagner le mieux possible la parentalité, y compris celle des professionnels du secteur de la petite enfance. Il faudrait également recourir davantage aux tiers dignes de confiance.

Sarah El Haïry, Haut-commissaire à l’Enfance, a rappelé que la place de l’enfant dans notre société est naturelle et essentielle. Il n’est pas admissible que de plus en plus d’endroits - hôtels, restaurants, espaces publics - se ferment aux enfants. Le phénomène No Kids, qui se répand, ne saurait devenir la nouvelle norme. 

Les transformations liées au numérique doivent nous tenir en alerte : il faut accompagner nos enfants dans ces espaces non ou mal régulés. Un enfant de 12 ans n’est pas encore autonome. Or, si l’exhibitionnisme est plus insidieux qu’autrefois, les IA sont suffisamment intelligentes pour protéger les marketplaces. Sarah El Haïry salue les dispositifs qui intègrent les enfants à la vie de la cité, comme les conseils municipaux de jeunesse. Surtout, la magnifique convention citoyenne sur les temps de l’enfant.

Alice Le Moal, conseillère départementale de Clichy, revient sur ce que font les collectivités. Le sujet, très sensible, de l’aide sociale à l’enfance n’est pas évident en France. Les placements sont nombreux, là où des alternatives existent. Les départements gèrent les places d’accueil des enfants : on contractualise, on contrôle, on crée des nouvelles places, ou même de nouvelles maisons d’enfants. Il faut que les différents acteurs, sur leur territoire, se coordonnent.

Les référents aide sociale à l’enfance sont aujourd’hui difficiles à attirer. Il y a de vraies difficultés à recruter des profils : des professionnels forcés de dormir la nuit dans les maisons d’enfants, peu rémunérés. Il doit y avoir une co-responsabilité entre le département et tous les services de l’État. Le récent rapport d’Isabelle Santiago est éclairant.

Alice Le Moal voit néanmoins des motifs d’espérance : nombre d’élus sont mobilisés sur la question, femmes et hommes. Les maires sont majoritairement des hommes, peut-être moins familiers de ces questions, mais les choses évoluent. Dans les sondages, la question de la sécurité arrive en premier, et l’enfance n’est pas même citée. Or, c’est la base de notre société.

La députée de la Nièvre, Perrine Goulet, préside la commission aux droits des enfants. Ce 25 novembre, la journée était dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes. Qu’espérer d’une société qui échoue à protéger ses enfants ? Là où les femmes peuvent avoir une ordonnance d’éloignement, les enfants ne le peuvent pas encore. On n’écoute pas un enfant comme on le fait d’un adulte. Or, les traumatismes, viols, violences subis dans l’enfance marquent à vie. 3 % du PIB sera consacré rien qu’à tenter de soigner ces blessures indélébiles. Notre pays est très défaillant. Un enfant est victime de viol ou d’agression toutes les trois minutes, même des nourrissons. Pour le harcèlement, 2 enfants sur 5 sont touchés. Les violences physiques intrafamiliales demeurent très élevées : 1 enfant tous les 6 jours en meurt. Sur le numérique, les chiffres de l’Office des mineurs font état de 28 667 enfants victimes d’extorsion. Près de 30 000 enfants sont concernés. 15 000 enfants victimes de prostitution, et le consentement d’un mineur n’est jamais totalement libre. On a besoin de changer le scope. Toute la partie prévention est cruciale, notamment pour détecter les parents eux-mêmes victimes de violence, tant le cercle de la reproduction est terrible. Il faut en moyenne 4 générations pour surmonter la reproduction de traumatismes dans une famille.

Le député du Finistère Erwan Balanant est très engagé sur le thème de la protection de l’enfance. Sa loi contre le cyberharcèlement constitue une avancée notable. Aujourd’hui, notre cadre de valeurs se trouve bouleversé en profondeur. Comment guider nos enfants, alors que le but des plateformes numériques est essentiellement de gagner de l’argent ? La question des valeurs est comme évacuée. Il suffit de deux clics pour qu’un jeune se trouve face à du porno sur TikTok. Il faut des lignes claires. Dans une société, on a tous conscience qu’une ligne blanche représente un stop, qu’un passage clouté permet de passer, en restant vigilant. Sur le net, ces règles basiques n’existent pas. Il faut absolument accompagner au mieux les enfants et les ados dans ces nouveaux espaces, si déstabilisants. 

Un grand merci pour cette soirée indispensable. Un spectateur l’a fait remarquer : depuis quelques années, les Français sont focalisés sur la réforme des retraites. Et les jeunesses dans tout cela ?

 

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