Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes
Ce 25 novembre 2025 a lieu la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Cette date avait été choisie par l’ONU en 1999 pour rappeler l’assassinat des trois sœurs Mirabal, militantes politiques en République dominicaine, le 25 novembre 1960. Aujourd’hui, six ans après le Grenelle des violences de 2019, les féminicides sont très loin d’avoir disparu : il ne s’agit plus de simplement lutter, mais de mettre fin à un phénomène insoutenable.
Selon le collectif Nous toutes, 123 féminicides ont été comptabilisés depuis le 1er janvier 2025. Pour cette année, au moins 85 féminicides ont été recensés au 20 novembre 2025. 54 des victimes étaient mères. Pour des chiffres plus globaux, dans le monde, ce sont près de 140 femmes ou filles tuées chaque jour.
Tous les milieux, tous les âges sont concernés. Trop souvent, la honte, le déni, la peur empêchent des femmes de parler. De plus en plus, les dispositifs de détection et de protection se développent. Il faut briser le cercle de l’enfermement et de la terreur. L’écoute, le soutien, l’accompagnement dans les démarches sont indispensables.
En 2024, la députée MoDem Sandrine Josso, droguée par un sénateur, a mené une mission sur les violences faites aux femmes. Suite à son enquête, elle a notamment déclaré :
J’ai pris conscience de l’enfer des violences sexuelles faites aux femmes. Beaucoup d’entre elles, dont des députées, m’ont confié qu’elles n’auraient pas pu en parler. Mon objectif : libérer les femmes du silence et de la culpabilité.
L’affaire Gisèle Pélicot a donné un retentissement important à ce phénomène de violence par des proches. Comprendre, nommer, agir, s’impose.
Le 24 novembre 2025, une proposition de « loi intégrale de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants » vient d’être déposée à l’Assemblée par la députée socialiste Céline Thiébault-Martinez. Soutenu par une centaine de députés, ce texte de 78 articles, s'inspire des 140 recommandations formulées il y a un an par la « coalition féministe pour une loi intégrale » qui regroupe quelques dizaines d'organisations. Le député MoDem du Finistère Erwan Balanant salue une proposition de loi inédite, « une initiative d’ampleur pour lutter contre ce fléau dans toutes les sphères de la société. » Récemment, il a été co-rapporteur, avec Sandrine Rousseau, d’une commission d’enquête sur les violences dans le secteur culturel. Il plaide pour « objectiver le phénomène » des violences dans ces milieux.
Le 22 octobre 2025, dans un discours sur l’action en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a rappelé l’importance du combat contre les féminicides dans le monde :
Les militantes latino-américaines du mouvement "Ni una menos" en révolte contre les féminicides, relèvent-elles d'un féminisme "occidental" ? Non. Elles portent une exigence d'humanisme qui est l'affaire de toutes et de tous. Leur cause engage les hommes autant que les femmes. Car il n'y aura pas de liberté véritable pour les hommes tant que l'égalité entre les genres ne sera pas pleinement réalisée.
En cette saison de prix littéraires, deux romans traitent directement de ce thème des violences faites aux femmes. Le très beau La nuit au cœur de Natacha Appanah (prix Femina) fait notamment entendre la voix de Chahinez Daoud, récemment tuée par son mari. Et l’ample et romanesque Je voulais vivre d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre (prix Renaudot), qui raconte l’enfance et la brève vie de Milady de Winter, « cas flagrant de féminicide », et par deux fois : la tentative de meurtre par son mari Athos, puis l’exécution par les Mousquetaires. Cette manière de recentrer certains récits légendaires sur la voix des femmes est tout à fait utile et intéressant.
Voix de femmes, écrites par des femmes. Rappelons, et nos élus MoDem y sont très sensibles, que la voix et la prise de conscience des hommes sur ce sujet est indispensable.