Marc Fesneau : « Je pense qu'on est depuis trop longtemps dans ce pays dans une forme de déresponsabilisation des parlementaires »
Notre président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale et premier vice-président du MoDem était l’invité d’Arnaud Direct sur BFMTV ce vendredi 21 novembre pour commenter l’actualité.
Agressions de médecins : « On laisse s’insinuer cette permissivité »
Interrogé sur les agressions visant les professionnels de santé, Marc Fesneau a rappelé que le phénomène n’était pas nouveau, mais qu’il ressurgissait « quand il y a des agressions ou des faits ». Pour lui, le cœur du problème est clair : « c’est la question du respect de l’autorité ». Du médecin au pompier, du policier au maire, tous constatent une même montée de l’irrespect envers les figures d’autorité.
À chaque fois que nous, politiques, on remet en cause les autorités, ou que nous sommes nous-mêmes remis en cause, je pense qu'on ouvre la voie à « allez-y, ce n'est pas une autorité dont il faut respecter la fonction et les missions qui sont les leurs ».
Le président des députés Les Démocrates met en cause un climat général où certains responsables politiques « remettent en cause les autorités », encourageant implicitement un « allez-y » dangereux. Il relie aussi cette crise au quotidien : des parents contestant les professeurs « au nom de la liberté des parents d’élèves », des patients se comportant « dans une logique de supermarché » plutôt que de service public. Et lorsque « certains députés disent “la police tue” », ils contribuent selon lui à « jeter l’opprobre » sur des professions essentielles.
Quand on laisse au fond s'insinuer cette permissivité (...), je pense que ça vient faire mal à l'autorité.
Budget 2026 : « Le 49.3, c’est l’outil pour acter un compromis »
Sur le budget, Marc Fesneau assume une analyse franche : il avait prévenu dès la déclaration de politique générale qu’il existait « un risque » de renoncer à « l’outil 49-3 ». Historiquement destiné à « contraindre une majorité indocile », cet outil est aujourd’hui, selon lui, la seule manière de permettre l’adoption d’un texte dans une Assemblée faite de « minorités qui s’additionnent » sans former une majorité cohérente.
Je dis depuis le début que le 49-3, il peut être l'outil pour permettre d'acter le compromis parce que personne n'a envie d'assumer ce budget.
Le président du groupe Les Démocrates décrit un budget « orphelin », que « personne ne veut assumer ». Entre ceux qui veulent « des économies budgétaires » et ceux qui réclament « des hausses d’impôts », aucun camp ne souhaite porter seul la responsabilité de l’équilibre. « Quel est l’outil pour y arriver ? Le seul outil, c’est le 49-3 », affirme-t-il, rappelant qu’il ne s’agit pas ici d’un instrument de « coercition » mais d’un moyen « pour acter le compromis » :
Le 49-3, c'est l'outil, non pas de la coercition, c'est l'outil pour acter un compromis.
Marc Fesneau met aussi en garde contre une dérive parlementaire : des votes de taxes « sans la moindre étude d’impact », comme la taxe sur les multinationales ou la taxe GAFAM, « 26 milliards en 15 secondes », pourtant « illégales et inconventionnelles ». Le groupe MoDem a voté contre ces mesures, fidèle à sa ligne de responsabilité.
Je pense qu'on est depuis trop longtemps dans ce pays dans une forme de déresponsabilisation des parlementaires.
Pour lui, ce moment politique est un « apprentissage un peu curieux » difficile mais nécessaire : celui d’un Parlement qui doit cesser la « déresponsabilisation » et retrouver la culture du compromis, valeur cardinale portée et appliquée par les élus démocrates.
Chef d’état-major : « Il est dans sa mission et dans son rôle »
Notre premier vice-président est également revenu sur les réactions suscitées par la prise de parole au Congrès des maires de cette semaine du chef d’état-major des Armées. Il dit avoir entendu « la parole d’un militaire qui est en situation de responsabilité et dont le rôle est de nous alerter ». Selon lui, aucune raison de s’émouvoir : expliquer « le risque », « les conséquences du risque » et rappeler « ce que c’est que la guerre » relève pleinement de la mission du chef d'état-major dans un pays qui a « perdu d’esprit ce qu’est la guerre depuis 1945 ».
Je trouve qu'il est dans sa mission et dans son rôle (...) et j'ai trouvé que certains ont été excessifs dans leur réaction.
Il juge que certains responsables politiques ont réagi de manière « excessive » et « un peu irresponsable ». « La guerre, c’est des réalités militaires et des réalités humaines », dit-il, rappelant la « tragique expérience » des Ukrainiens. Et assumer la nécessité de « force d’âme » pour défendre la nation, même si « c’est un peu rude d’entendre ça », relève simplement de la lucidité stratégique.
Pour Marc Fesneau, comme pour le MoDem, vouloir éviter la guerre impose d’abord de « montrer sa force », loin des illusions de « guerres propres » vues lors du conflit du Koweït.