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Marc Fesneau : « L'Assemblée nationale, si elle le veut, elle a le pouvoir ! »

Invité de Public Sénat ce mardi 7 octobre, Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l'Assemblée nationale et premier vice-président du MoDem, a appelé la classe politique à la responsabilité et au dialogue, dans un contexte de crise institutionnelle.

Politique : « Nous avons tous une responsabilité pour faire sortir le pays de la crise »

Interrogé sur les critiques visant Emmanuel Macron, Marc Fesneau a regretté « ce type de déclaration » et plaidé pour la cohésion : « Un ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron ne devrait pas dire ça », pointant entre autres les dernières déclarations de Gabriel Attal.

Pour le responsable centriste, les querelles politiciennes détournent l’attention du vrai sujet : « Le sujet, ce n’est pas tant de se retourner vers le passé, mais d’essayer de s’éviter les phrases blessantes les uns avec les autres. »

C'est la maladie de notre pays de se chercher un bouc-émissaire. 

Refusant la facilité du « tous responsables sauf moi », il appelle à regarder les difficultés avec lucidité : « Sur le logement, on n’a pas réussi à aller au bout. Sur le pouvoir d’achat, nous avons un problème. Sur la justice fiscale, nous étions les premiers, en 2024, à dire qu’il fallait faire quelque chose ! »

Le président du groupe Les Démocrates défend une ligne de vérité et de responsabilité : « Il est très commode aujourd’hui de s’acharner sur un seul homme, quand, au fond, c’est à l’Assemblée nationale qu’il faudrait essayer de trouver les solutions. »

Parlement : « L'Assemblée nationale, si elle le veut, elle a le pouvoir ! »

Pour Marc Fesneau, la crise actuelle n’est pas le fruit d’un déséquilibre de pouvoir entre l’exécutif et le législatif, mais d’une incapacité collective à bâtir des compromis.

L’Assemblée nationale a tous les pouvoirs, puisqu’elle est minoritaire dans chacun des blocs. Il suffit que ces blocs s’entendent, et ils auront le pouvoir !

Une mise au point salutaire pour rappeler que la recherche du consensus est la clé. Il juge ainsi « injuste et inexact » cette « propension à chercher son impuissance parce que d’autres entraveraient votre action. »

Notre premier vice-président en appelle au dialogue : 

Il faut qu’il y ait quelqu’un qui soit en charge d’essayer de coordonner tout ça. Il faut qu’à toute force, on essaye de se parler.

Son souhait, déjà rappelé lors d'autres prises de parole, est de pouvoir parler aux forces de gauche « qui n’ont pas envie d’aller au chaos et qui voient la désespérance des Français. »

Alors que le pays s’approche d’une impasse budgétaire, Marc Fesneau met en garde : 

S’il n’y a pas de budget, ce n’est pas la classe politique inconséquente qui prendra la charge, c’est les Français.

Pour sortir de la crise, il plaide pour « trois ou quatre sujets » de convergence et en rappelant, déjà dans son courrier au Premier ministre, qu'il fallait penser au « quoi » avant le « qui » : la réduction de la dépense publique, une fiscalité plus juste, le pouvoir d’achat et la soutenabilité du système des retraites.

Sur la justice fiscale, le MoDem maintient sa proposition de « rétablir un impôt sur la fortune improductive », cohérent avec une économie tournée vers l’investissement et l’emploi : « La question d’avoir des impôts justes, ce n’est pas l’apanage de la gauche, c’est une question pour les Français. »

La question de la justice fiscale n’est pas l’apanage de la gauche, la question sécuritaire n’est pas l’apanage de la droite.

Concernant les retraites, Marc Fesneau se montre ouvert mais exigeant : « Je veux bien ouvrir toutes les discussions, il y a juste un principe : il faut qu’on me dise comment on finance. » Il rappelle que la réforme Borne prévoyait déjà une clause de revoyure en 2027 : « Peut-être qu’on peut la faire plus tôt, mais je ne veux pas qu’on fasse semblant de ne pas avoir un problème. »

Oppositions : « Arrêtons les jeux d’appareils, les Français nous disent : entendez-vous »

Face à la fragmentation politique, Marc Fesneau appelle à renouer avec l’esprit de coalition : 

J’ai toujours regretté qu’on ne soit pas capable, à l’époque, de parler à la gauche et à la droite. Nous, nous l’avons fait au Mouvement Démocrate.

L’ouverture, selon lui, ne doit pas être une posture mais un travail concret de convergence : « La question, ce n’est pas un Premier ministre de gauche ou de droite, c’est : est-ce qu’on est d’accord sur un projet ? » Dans le même esprit, il refuse les oukases partisans : « On ne peut pas dire ‘je ne veux pas la tête de celui-là’. Ce qui compte, c’est la cohérence gouvernementale. »

Il rappelle ainsi, à juste titre, que l'intérêt du pays n'est pas « de cahoter comme on cahote là » en soulignant un fait important : « Le coût Barnier de la censure, c’est 12 milliards. On a perdu 12 milliards. On aurait pu les mettre ailleurs, mais on les a mis dans la chaos. »

Arrêtons les jeux d'appareil, les Français nous disent : entendez-vous.

Et de conclure sur la ligne de conduite du MoDem : la responsabilité avant tout. « Je ne me départirai pas avec mon groupe Les Démocrates de cette ligne. Si on montrait qu’on est capables d’être un peu responsables et sérieux, on ferait un petit pas pour rehausser le niveau politique. »

Je ne suis pas favorable ni à la dissolution, ni à la démission. C'est une facilité de la classe politique pour repousser sous le tapis la responsabilité qui est notre responsabilité de trouver des solutions. 

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