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UR 2025 : Revivez le discours de clôture de Marc Fesneau

Absent(s) lors de notre Université de rentrée ? Retrouvez l'ensemble des discours de clôture de cette édition 2025 !

Seul le prononcé fait foi.

Chers amis, 

Je voudrais saluer les personnalités présentes, notre Président de Mouvement, cher François, les Ministres démissionnaires, Jean-Noël et Patrick et les anciens Ministres, Philippe et Sarah ainsi que les parlementaires et le sénateur Blanc, local de l’étape, sénateur du Vaucluse. Saluer nos parlementaires européens et nos sénateurs. Saluer les équipes du MoDem du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des départements alentours qui ont tant donné pour préparer ce rendez-vous à l’Isle sur la Sorgue. Et saluer l’ensemble des militants et des cadres qui ont été présents pendant ces 3 jours et vraiment les remercier toutes et tous pour leur engagement.  

Je voudrais dire que nous avons pu démontrer pendant ces trois jours qu’au fond et d’une certaine façon, au-delà de la localisation géographique, Guidel était partout. 

Au point que les organisateurs ont trouvé le moyen de me faire venir une petite averse vendredi soir, pour nous rappeler que, de l’eau, il y en avait besoin et que la terre bretonne n’était jamais très éloignée de nos pensées. 

Et donc ici, à L’Isle-sur-la-Sorgues, nous avons montré que nous étions capables à la fois de la permanence et en même temps de nous renouveler et de nous réinventer, et il y a besoin, sans doute, de se réinventer et c’est un moment où nous avons essayé de trouver des solutions, de rechercher et d’identifier les problèmes et d’essayer de trouver les voies d’un rassemblement dont le pays a tant besoin.

Et je voudrais aussi remercier, et j’en finis sur les remerciements, très sincèrement, Maud, notre Secrétaire général, du travail qu’elle a fait, de l’animation qu’elle donne, de l’abnégation qui est la sienne et de la résilience dont elle fait preuve tous les jours. Vraiment merci. Et je veux remercier aussi toutes les équipes du siège, tous les militants, tous les sympathisants, tous ceux qui ont permis que cela se fasse, tout ceux qui ont animé les ateliers, les prestataires et les équipes du Belambra qui nous ont accueilli avec tant de gentillesse, comme toujours à Belambra. 

Au pied du si beau mont Ventoux, nous avons essayé de réfléchir à ce qu’est l’image de notre mouvement, nous avons essayé de travailler sur la permanence de nos valeurs, sur notre engagement, sur la manière de concevoir la politique, qui est aussi une permanence chez nous mais aussi la nécessité de nous réinventer. Nous avons changé de lieu mais, d’une certaine façon, nous n’avons pas changé pas d’idéal, et c’est bien ça l’essentiel. Et le contexte politique et les bouleversements de l’ordre international exigent, sans doute comme rarement cela a été le cas dans l’histoire de notre pays, que nous nous réinventions, d’abord nous, pour proposer ensuite un projet de réinvention collective. 

***

Et pour permettre cette réinvention, je voudrais commencer par m’arrêter quelques instants, cher François, sur le point de départ, en tout cas sur ce qui s’est passé depuis un an et singulièrement ce qui s’est passé ces 9 derniers mois, lorsque François était Premier ministre.

Je peux témoigner qu’il n’y a jamais eu d’optimisme béat à accéder à la fonction de Premier ministre. Je vous rappelle les premiers mots qu’avait prononcé François, – citant Mitterrand « Enfin, les ennuis commencent » – et nous avons été servis en ennuis, du quotidien et en ennuis généraux. Nous savions, et François savait, que les marges de manœuvre étaient particulièrement étroites et la situation du pays était périlleuse.

Je veux d’abord saluer l’équipe que tu as réussi à constituer, l’équipe gouvernementale, ceux qui sont là et ceux qui ne sont pas là et qui ont participé de cette aventure. Je trouve et les commentateurs le disent également, que tu as su trouver et former un gouvernement solide, fait de « poids-lourds », de gens qui avaient beaucoup d’expérience et de sens de la responsabilité, engagés comme jamais et complémentaires, malgré leurs différences. Ce sont des équipes qui sont solides et qui ont montré qu’on pouvait se rassembler parce que l’intérêt du pays le méritait.

Ce n’était pas un gouvernement MoDem mais c’était un gouvernement à l’image du MoDem. Et François a fait ce qu’il avait envie de faire pour former ce gouvernement à l’image du rassemblement des convictions dans leurs différences.

Je tiens également, cher François, à souligner la capacité qu’a montré l’équipe gouvernementale que tu as constituée à gérer les premières urgences.

Je pense au drame de Mayotte et a tous les sujets ultramarins dont on parle trop peu dans les débats intramuros et dont on devrait parler un peu plus, car les ultramarins, c’est la France et cette France-là, il ne faut pas l’oublier, sinon elle viendra se détacher de nous.

Le puis 13 décembre dernier, je le rappelle, nous n’avions pas de budget, pas de moyens, pas de visibilité sur l’avenir pour les services publics, pour le soutien aux entreprises ou aux associations. 

Et ce budget, déjà, a été voté, et ce n’était pas évident dans le pays tel qu’il est fracturé et il a permis de faire passer le déficit de 6,3 % à 5,4 %. Ca me donne l’occasion de dire que le budget, non seulement il faut le voter mais en plus il faut l’exécuter. C’est-à-dire que faire en sorte que ce qui a été voté par les parlementaires soit bien la trajectoire qu’on retrouve à la fin de l’année et nous sommes sur la trajectoire qui avait été décidée par François. Et même avec le PS nous avons retrouvé une voie. Il y a une voie pour un redressement de notre pays. Ni immobilisme ni austérité : nous l’avons fait, alors même que la censure du gouvernement de Michel Barnier avait coûté 12 milliards d’euros au pays, comme si nous avions les moyens de cette instabilité. 

C’est aussi pendant ces quelques mois que nous avons montré que le Parlement pouvait produire des débats utiles pour les Français. 

Je pense notamment à la loi pour lutter contre le narcotrafic que nous avons adoptée ou aux débats à la hauteur sur la question de la fin de vie. Nous avons démontré, là aussi en respectant les différences, dans la diversité des votes y compris dans le groupe que je préside, que nous pouvions avoir des débats à la hauteur. Ou au cap donné sur l’organisation de l’Etat. Tout ça reste et tout ça doit être poursuivi.

Je voudrais également évoquer la loi Paris-Lyon-Marseille, qui vient mettre fin à une anomalie démocratique. Une représentation fidèle et équitable des électeurs parisiens, marseillais et lyonnais, comme de toutes les communes de France, ça ne me paraissait pas une chose incongrue et c’est bien que nous l’ayons fait. Je veux saluer la mémoire de Marielle qui a beaucoup mené ce combat, qui considéraient que les Parisiens devaient avoir une juste représentation. Et saluer le combat qu’ont mené tous les élus, Jean-Paul a été rapporteur de ce texte et le combat que Maud a mené sur ce sujet. 

Vous me permettrez, à ce moment où j’évoque les avancées législatives que nous avons portées, de saluer Patrick. J’ai connu le ministère des Relations avec le Parlement. Disons que nous avions une majorité. Je ne sais pas si c’était plus simple. Mais disons que c’était plus confortable et nous gérions à l’intérieur d’une majorité des divergences et des différences que nous essayions d’aplanir mais je reconnais que le travail qu’il a fait dans des circonstances absolument chaotiques où la « bénévolance » n’est pas la première des vertus, alors on connait le talent de Patrick pour la négociation mais là il fallait vraiment un orfèvre comme lui pour le faire alors je voudrais vraiment saluer le travail qu’il a fait auprès de François pour faire en sorte que nous avancions.

Vous me permettrez, à ce titre, de dire un mot de notre Assemblée. On passe notre vie à dire « le gouvernement ne nous entend pas ». Je pense que nous avons une responsabilité à l’Assemblée, c’est que si nous voulons être entendu, il faut que nous soyons un peu responsables. J’ai dit pendant des semaines et des mois et nous sommes nombreux à le partager sur les bancs du groupe que nous devions nous concentrer sur l’essentiel, que l’objectif du parlementaire n’était pas de produire une loi à son nom. Et d’ailleurs, quand vous regardez dans l’histoire, il y a peu de parlementaires qui laissent une loi à leur nom, donc j’invite à la modestie. Et deux, le travail du parlementaire n’est pas de produire de la proposition de loi au kilomètre, mais de produire de la loi aussi lisible que possible et aussi peu nombreuse que possible et de contrôler l’action du gouvernement. Et on a un parlement qui aujourd’hui entretient non seulement la querelle en son sein et dieu sait si les débats sont houleux, je dénonce avec la plus grande fermeté toutes les attitudes qu’on y découvre, mais nous avons aussi un parlement qui organise sa propre impuissance. Au moment où le parlement devrait pouvoir décider de tout, il se donne les moyens de ne décider de rien.

Dernier élément, le combat de responsabilité et de vérité que tu as mené François, sur la dette. Je considère que la conscience de l’opinion a progressé et c’est déjà une bonne chose et ce combat s’imposera, de toute façon, à nous. 

C’est notre combat depuis plus de 20 ans. C’est LE combat de la responsabilité pour préparer l’avenir. C’est celui dont tout découle. Parce qu’au fond, si nous ne le réglons pas, nous déciderions de sacrifier les générations futures en détournant pudiquement le regard de l’urgence et la gravité de ce sujet historique, ce serait la première faillite de notre nation ! Nous donnerions à notre jeunesse la vision de l’incapacité à s’insérer dans le marché de l’emploi, l’impossibilité de trouver un logement, la perte de souveraineté, pour les destins individuels ou collectifs, que nous laisserions une fois de plus ou une fois de trop peut-être, aux marchés financiers et aux puissances étrangères. Alors ce combat, plus que jamais nous le mènerons à l’Assemblée nationale et dans le débat public !

Je suis toujours fasciné de voir ceux qui se prétendent « patriotes » être prêts à livrer notre pays à la cupidité des marchés et aux usuriers étrangers. Et venir ensuite nous donner matin, midi et soir des leçons de patriotisme et de défense de la France. Ce combat d’une France à nouveau maîtresse de son destin, nous devons plus que jamais le porter. Ici, nous sommes des patriotes et parce que nous aimons sincèrement la France, nous lui devons le débat et le combat pour la vérité sur la dette. 

***

Force est de reconnaitre, malheureusement que nous revenons, en cet automne 2025, avec les mêmes défis mais dans un contexte plus lourd encore. 

C’est notre première responsabilité d’exiger de nous-mêmes d’être d’ardents optimistes : il n’y a pas d’autre choix que d’espérer et pour essayer de donner un cap.

Vaclav Havel écrivait : « L'espoir est un état d'esprit, c'est une orientation de l'esprit et du cœur, ce n'est pas la conviction qu'une chose aura forcément une issue favorable, mais la certitude que cette chose a un sens, quoi qu'il advienne ».

Et la responsabilité que nous avons, comme responsables politiques, quand les temps sont si durs, c’est de ne pas se résigner, c’est avant tout de se battre et de donner un horizon. 

Cet horizon, c’est celui que nous avons commencé à dessiner avec le sillon tracé avec le groupe depuis 2017, en étant les défenseurs infatigables d’un dialogue sincère et exigeant. Et je voudrais saluer de nouveau Patrick, mais aussi saluer Jean-Paul qui m’ont précédé ou succédé, dans les missions de Président de groupe. 

C’est nous qui avons toujours plaidé, et nous avons une forme de constance que chacun peut reconnaître, depuis 2017, même lorsque le parti majoritaire s’y refusait, pour davantage écouter les oppositions et tendre la main à la gauche et la droite de gouvernement et respecter nos oppositions. Nous n’en serions peut-être pas là si nous avions su à l’époque tendre la main, car c’est quand on gagne, quand c’est facile qu’il faut le faire et pas quand on est en difficulté, parce que les conditions du rapprochement sont plus difficiles.

Cet attachement au compromis et au dialogue, nous ne l’avons pas découvert avec l’absence de majorité absolue en 2022, et encore moins en 2024. 

Nous, c’est ce en quoi nous croyons depuis toujours, ce que nous pratiquons depuis des années, et c’est précisément ce qui est plus que jamais nécessaire dans les semaines à venir !

C’est aussi notre groupe qui, depuis 2017, livre des propositions au débat parlementaire en assumant ce que nous avons fait depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les avancées comme les insuccès, mais sans faire « table rase » de nos combats communs. Je déteste parfois l’ambiance qui consiste à nier ce que nous avons fait ensemble depuis 8 ans. Si nous sommes ensemble depuis 8 ans c’est sans doute que nous avions des combats en commun et des choses que nous avions envie de défendre ensemble.

Je veux saluer ce que nous avons fait sur l’attractivité du pays et la réindustrialisation, un certain nombre de moyens qui ont été mis sur la justice, sur la sécurité, sur la santé. Je voudrais citer, l’occasion de saluer Jacqueline Gourault, ce qui a été fait sur les maisons France services, sur la taxe d’habitation, sur la réforme de la SNCF. Je voudrais saluer, cher Jean-Noël, l’engagement du Président de la République dans le débat des nations, au niveau européen qu’international. Tout ça, nous devons l’assumer et le reconnaître.

Il faut reconnaître les échecs mais, diable, si nous ne sommes pas capables d’assumer les avancées pour les pays, alors qui le fera ? Et il me semble que ça manquerait de sincérité de ne pas le faire. Je sais que cela est une préparation pour d’autres élections qui viendront, mais je sais ce que nous devons au Président de la République et ce que la majorité nous doit aussi pour avoir fait avancer le pays, avec François en chef de file, à la tête de notre Mouvement.  

C’est aussi notre groupe qui porte depuis toujours le discours et la méthode sur le dépassement parce que nous, nous ne parlons pas de « lignes rouges », mais des attentes des Français et des intérêts du pays. 

Et ceux qui « découvrent » aujourd’hui les vertus du compromis ou ceux qui sont encore englués dans les jeux partisans doivent comprendre une chose, une seule chose : 

Le compromis ce n’est pas tout ou rien, à prendre ou à laisser ; 

Le compromis, ce n’est pas la taxe Zucman ou le statut quo ; 

Le compromis, ce ne sont pas les solutions « miracles » ou « gadgets » pour réduire les dépenses publiques. 

Le compromis, ce n’est pas se replier sur ses certitudes et, j’ose le dire, sur ce que l’on croit être les certitudes de ses propres électeurs ; 

Et ce n’est pas chercher à humilier l’autre par une victoire sur lui.

Si nous ne comprenons pas ça, nous ne parviendrons pas au compromis.

Si l’on veut sincèrement un compromis, tout le monde va devoir renoncer à une part, non pas de ce qu’il croit, mais de ce qu’il veut, pour que nous avancions. Ce ne sera peut-être le budget idéal que nous construirons, mais c’est celui que l’on doit à la stabilité de la France et aux Français qui attendent qu’on travaille ensemble. Et répondre aux attentes des Français qui aspirent tant à cela, c’est, je trouve, un assez joli idéal.

C’est dans cet état d’esprit que nous sommes et c’est pour cette raison que c’est notre groupe qui, depuis 2017, défend l’impératif de justice fiscale, qui est au cœur des attentes des Français, mais aussi l’une des clés pour que nous parvenions à un compromis sur le budget. Mais la justice ce n’est pas jeter à la vindicte populaire tel ou tel contribuable. C’est essayer de faire en sorte que nous trouvions des points d’équilibre où chacun peut dire « cette façon d’imposer est juste ».

Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a indiqué qu’il avait totalement conscience que le Parlement serait souverain à la fin. Je m’en félicite. Et j’invite donc le Parlement à prendre ce pouvoir dont il s’est laissé parfois délester et dont il s’est trop souvent délesté lui-même. Je ne crois pas qu’on soit condamné à être des godillots quand on est majoritaire et impuissants quand on est minoritaire. Je crois a-à un dialogue libre, sincère, et je le dis sans détours : c’est avec le PS qu’il faut le nouer, parce que personne ne pourra accepter que nous soyons dans les mains du RN. Personne !

C’est à la fois la responsabilité du socle commun, comme on dit, celle du Gouvernement, mais c’est aussi la responsabilité du PS. Parce que certains viennent dire « vous allez être dans les mains du RN. Mais il y a une façon simple de ne pas être dans les mains du RN. C’est de tendre la main, d’accepter la main tendue et de chercher le compromis. Sinon nous retomberons dans les mains du RN et c’est lui qui décidera, un jour, de censurer au moment qu’il lui paraitra le plus opportun, le gouvernement. Donc c’est notre responsabilité mais que ceux qui sont plutôt dans l’opposition ils sont aussi en responsabilité dans cette recherche du compromis. Il faut être deux à tendre la main pour être dans le compromis. 

C’est ce que nous ferons d’ailleurs dans les semaines qui viennent. Nous proposerons, nous l’avons fait, une réforme de la fiscalité qui soit plus juste, je pense  à un impôt sur la fortune improductive, que nous portons aussi, pardon de la continuité, je le dis aussi en regardant Jean-Noël parce que nous l’avons porté avec Patrick… depuis 2017 nous disons qu’il fallait un impôt qui soit juste sur les plus fortunés et ce qui est juste c’est qu’il ne soit pas sur autre chose que la rente. Et de même, nous avons besoin de travailler à l’augmentation du pouvoir d’achat. En tout cas au rapprochement de la feuille de paie brute et nette, pour faire en sorte que les Français retrouvent un peu de marges pour vivre.

Je voudrais donc saluer mes collègues du groupe, ceux d’aujourd’hui comme d’hier. Ils se battent, sur leurs terres, en commission comme dans l’hémicycle et reconnaissons que c’est tous les jours une difficulté. 

***

Mes chers amis, l’horizon que nous devons proposer ne s’arrête pas aux portes de l’Assemblée et à la question du budget. 

L’attitude que je décris là, n’est en réalité pas une option, c’est un devoir. 

La situation du pays, de l’Europe et du monde ne nous laisse pas de choix. 18 mois de paralysie constitueraient un crime, pas pour nous-mêmes, seulement, mais pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous avons l’obligation morale de ne pas laisser le pays sombrer. 

En un mot : nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de l’attente alors que le monde avance à toute vitesse. 

Pardonnez-moi d’insister sur l’urgence mais le risque est trop grand. 

Dans un monde où le président de notre « allié » le plus puissant embrasse un délire autoritaire où l’ego remplace le collectif, où la force remplace le droit,  contre notre modèle de société et où nos dirigeants européens se laissent parfois humilier et où « feu l’empire soviétique » ressuscite la guerre qu’il a perdue il a 25 ans, je refuse que nous attendions passivement. 

Je veux avoir un mot et une pensée pour les Moldaves qui aujourd’hui votent, dans des conditions de dégradation démocratique et d’ingérences russes très graves. Saluer Louise Morel, d’ailleurs, qui est plus place. Saluer l’engagement de toutes celles et ceux qui, en Moldavie, font vivre la démocratie, parce que la démocratie en Moldavie, c’est la démocratie sur le continent européen et je voudrais vraiment saluer leur combat. L’Ukraine et la Moldavie, c’est la démocratie, c’est notre affaire, ce n’est pas l’affaire des autres. Et je dénonce tous ceux qui sont dans une forme de repli, quand ils ne voient pas que les uns après les autres, ne disant rien sur les premiers, ils ne voient pas que c’est sur les suivants qu’ils seront pris dans une logique infernale de la guerre. 

Voyez à quel point le décalage est abyssal entre les difficultés internationales, mondiales, européennes et pendant que la France tâtonne pour se doter d’un budget :

La Chine met à l’eau tous les trois ans, l’équivalent en tonnage de la flotte nationale française ; 

Les Allemands investissent 35 milliards d’euros dans la défense spatiale ; 

Les investissements dans l’IA annoncés sont de 30 % supérieurs aux recettes de l’État français.

Les empire économiques et politiques avancent. J’attends de l’Europe qu’elle fasse face à ces défis d’empire et de puissance sinon nous disparaîtrons.

Ce qui est devant nous, c’est non seulement un risque d’affaiblissement et un retard mais, plus encore, un risque d’effacement, tu l’as souvent dit François.

Et pour agir, nous devons être extrêmement vigilants à ne pas confondre nos ennemis et nos adversaires. 

Nous devons veiller à distinguer ceux avec lesquels les désaccords fondamentaux, absolument fondamentaux et irréconciliables, de ceux avec lesquels nous pouvons assumer des désaccords mais nous retrouver sur l’essentiel pour préserver notre démocratie et son modèles : 

Nos ennemis, ce sont ceux qui veulent le chaos en espérant y régner, ceux-là même qui veulent faire revoter les Français jusqu’à ce que le résultat leur convienne ! ; 

Nos ennemis, ce sont ceux qui pourrissent de l’intérieur nos institutions, qui en sapent tous les fondements, qui introduisent le doute sur tout, pour tout et qui au nom de la liberté d’expression nourrissent le poison de la haine et de la division ; 

Nos ennemis, ce sont les impérialistes et ceux qui violent les règles internationales et ont décidé que la loi du plus fort devait remplacer le droit ; 

Nos ennemis, ce sont ceux qui menacent notre sécurité et notre souveraineté par des guerres de l’alimentation, de l’énergie, de l’information et des tentatives d’ingérences ; 

Notre ennemi c’est l’inconscience et l’incapacité à faire face devant la catastrophe environnementale et climatique qui vient, qui est déjà là et qui vient ajouter cette dette supplémentaire, bien lourde et mortelle, à d’autres dettes. 

Tout cela, c’est ceux que nous devons combattre sans relâche, parce que ce sont les ennemis de la démocratie. 

Et nous devrions le faire avec nos adversaires, ceux avec qui nous pourrions nous entendre. Ceux qui peuvent pour un temps – sans renoncer à ce qu’ils sont – être capables d’un pas parce que désormais l’essentiel est désormais en cause. Et que, je le crois, nous partageons cet essentiel.

C’est d’ailleurs le sens du message que nous ont adressés les électeurs en jouant le jeu du « front républicain ». J’entends parfois dire, au RN, que nous avons volé l’élection aux Français. Personne n’a volé l’élection aux Français ! Les Français ont choisi de ne pas mettre le RN à Matignon et en situation de responsabilité. Personne ne les a forcés à faire ce choix au deuxième tour. Et ils nous ont confié une responsabilité particulière en nous disant « entendez-vous ». Voilà le message auquel il faut répondre. 

Et donc, avec nos adversaires, nous devrions au moins partager cela pour chercher des compromis. 

Car j’ai la conviction qu’ils sont possibles dans les 18 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle : notre groupe l’a montré. Et nous sommes prêts à échanger avec toutes celles et ceux qui, à l’Assemblée, sont de bonne volonté et veulent avancer dans cette direction. 

Nous le ferons en ouvrant les portes et les fenêtres, non en les fermant, avec sincérité et sans tactique, sans arrière-pensées, en disant nos vérités à ciel ouvert. Et si chacun fait de même, je vous assure que cela produira des solutions. 

***

Surtout, dans ce moment particulier, mes chers amis, le rôle que nous devons jouer et la responsabilité que nous devons assumer comme Démocrates sont singuliers. 

Comme Démocrates, c’est à nous qu’il revient de rappeler des fondamentaux, ou plutôt d’y revenir, tant ils semblent être perdus de vus !

Je suis toujours fasciné de voir à quel point nous passons sous silence ou nous oublions ce pourquoi nous avons construit, depuis des siècles, cet édifice démocratique, cette cathédrale à la fois magnifique et fragile. 

Fasciné de voir que nous avons oublié combien le mot de démocratie était beau, quel sens il avait, et quelles perspectives il offrait. Et combien nous devrions en être fiers.

Et nous devons, pour le faire, être les gardiens mais aussi les promoteurs renouvelés de ce qui fonde notre démocratie : 

Nous, démocrates, défendons la connaissance, le progrès et la science comme boussoles, sans jamais trier, sans jamais tordre la science pour qu’elle serve des considérations politiques. Je le dis devant vous. La science n’est pas une opinion. La science n’est pas au service d’une cause. Et la science et la connaissance, c’est aussi l’apprentissage de la recherche pour avancer, de la démonstration, du doute. C’est une école de la modestie et de la preuve. Et c’est l’inverse de ce que nous servent ou nous poussent à être les réseaux dits « sociaux », c’est l’inverse du complotisme et c’est, de fait, l’inverse des dirigeants qui souhaitent gouverner par la peur en surfant sur l’ignorance.

Nous, démocrates, défendons l’État de droit comme élément fondateur, parce qu’il protège les minorités de la loi de la majorité, la victime de l’agresseur et le faible de la violence. Parce qu’il est le rempart contre la tyrannie. Et l’État de droit, ce ne peut être la soumission de la justice à d’autres forces qu’elle-même. Et c’est aussi pour ceux qui exercent la justice au nom du peuple une lourde responsabilité. Certains, les mêmes, disent « trop de laxisme » ou « trop de sévérité. Mais la justice est la justice des Hommes, on peut avoir des avis sur les décisions, mais il faut respecter la Justice dans son indépendance sinon nous remettons en cause tout l’édifice démocratique- et vous me permettrez de saluer les Magistrats qui ont été menacés pour avoir seulement prononcé une décision de justice !

Nous, démocrates, sommes les défenseurs des contre-pouvoirs car comme le disait Montesquieu « pour que l’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Et en démocratie, les gardiens de nos lois et règles communes ont des noms, ce sont le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État ou les Autorités Administratives Indépendantes et leurs décisions s’imposent à tous, qu’elles nous plaisent ou non.

Nous, démocrates, défendons le pluralisme comme condition et comme modalité d’expression de la démocratie et je veux, à cet égard, souligner le rôle essentiel des partis et syndicats mais aussi des médias, et dénoncer les atteintes insupportables qui sont trop souvent faites à la presse libre et indépendante ! On a le droit de ne pas être d’accord, mais pas de remettre en cause ce travail me semble-t-il.

Et quand vous regardez ce qui est à l’œuvre dans le monde, par les dictateurs de tous poils, par les apprentis dictateurs ou par les dirigeants illibéraux, tout cela est attaqué : la justice, les médias, la démocratie représentative, les faits et la science. 

Ce n’est pas le hasard et c’est un projet de sape de ce qui a fondé nos démocraties. C’est une sape organisée, méthodique, de l’autre côté de l’Atlantique ils attaquent tout ce qui fait le fondement de la démocratie, pour que l’ensemble du système explose. Et il y a les mêmes forces à l’œuvre au niveau européen. C’est un projet global qui, en larguant les amarres avec tout ce qui tient une démocratie, entend nous laisser livrer aux flots de la haine, de l’ignorance, de la loi du plus fort et donc au flot des tyrans et des dictateurs.

Nous sommes les enfants des Lumières et nous ne pouvons pas nous laisser attirer ainsi par ces forces si obscures. Celles qui veulent imposer une seule loi, la plus brutale et injuste qui soit, la plus désastreuse qui soit, celle qui a produit les plus grands drames de l’humanité : la loi du plus fort.

Et c’est pour cela que nous démocrates, nous devons aussi porter une exigence, qui est celle d’une éthique du dialogue, du respect. 

Et cette exigence doit se traduire par le refus systématique de la violence, mais aussi le refus de la recherche de boucs émissaires. Le riche ou l’immigré ; le fonctionnaire ou le demandeur d’emploi ; l’agriculteur ou l’industriel, le jeune ou le retraité, l’Europe ou l’ONU. Tout ça est toxique. Et nous, notre combat, c’est de lutter contre la recherche de boucs émissaires pour éviter la recherche de vraies solutions.

Notre combat de démocrates, c’est de permettre l’action par la compréhension. Se comprendre, c’est regarder en se forçant à ne pas avoir une pensée toute faite, c’est « prendre ensemble » tout ce qui fait la complexité d’une question, c’est chercher les réponses parfois hors de soi, c’est accepter la part de l’autre qui nous échappe, son altérité. 

Comprendre, c’est douter et le doute n’est pas une faiblesse, mais une force. C’est notre force, comme démocrates. Et nos attitudes comptent, je nous invite à maintenir les attitudes qui ont toujours été les autres, sans chercher les mots qui blessent, les mots qui tracent, les mots qui servent à faire des tweets, notre ligne est celle du respect. Le premier des respects, on le doit à nous-mêmes, entre nous. Et l’on doit à ceux avec qui on entend travailler.

Mes chers amis, nous sommes donc prêts à l’action et aux pas les uns vers les autres, parce qu’ils sont nécessaires. 

Nous le ferons lors de prochains débats législatifs. Nous le ferons également lors des prochains combats électoraux que nous aurons à mener : ceux des municipales et ceux auxquels, par nature, il faut toujours être prêts à se tenir dans la vie politique. D’ailleurs, sur les municipales, c’est un combat de même nature que celui du national. Ne laissons pas les municipalités sombrer dans la même toxicité, de ceux qui de l’extrême droite à l’extrême gauche, entendent mettre ou sous coupe réglée, ou dans le chaos, les aventures et équations municipales, le pays a déjà suffisamment d’instabilité nationale pour ne pas en rajouter au niveau municipal. Et donc nous devrons être les gardiens vigilants d’équilbres municipaux qui permettent de se concentrer sur l’essentiel, c’est : « quel est le projet municipal ? Quel est l’intérêt des habitants ? Et ne nourrissons pas dans les équipes municipales des choses qui permettraient de dresser les Français les uns contre les autres. Au niveau national, cela suffit déjà assez, et c’est la ligne que nous tiendrons au Mouvement démocrate. 

Et vous me permettrez de saluer la loi que nous avons fait voter à l’Assemblée et au sénat sur la parité dans les exécutifs municipaux. C’est aussi, au moment où François était premier ministre et il me semble que c’est important de saluer cette avancée, parce qu’il était quand même curieux que dans 95% des communes la parité ne s’impose pas à tous. 

Je vous invite donc à vous engager pleinement dans cette aventure municipale, dans le dépassement, et dans l’acceptation de rechercher les mains tendues.

À l’image de ce que sont les députés de notre groupe : ouverts, constructifs et résolus.

Ne soyez et ne soyons jamais les désabusés, ceux qui fuient leurs responsabilités lorsque les temps sont durs et rudes. 

Ne soyons les « installés », les commentateurs, ceux qui regardent confortablement ceux qui essayent, qui se lèvent sans relâche parce qu’ils veulent agir pour leur pays. 

Ne soyez pas et ne soyons pas les prudents et les allergiques au risque. Nous avons su prendre des risques. Le pays le mérite. Ne soyons pas ingrats et calculateurs.

Continuons à réinventer ce que nous sommes, ce qui nous lie, ce qui fonde notre engagement. 

Continuons d’être, j’ose le mot, « généreux », nous en avons plus que jamais besoin. 

Continuons d’être des démocrates, rassemblons et parlons aux autres démocrates, et si nous le faisons, je vous l’assure, nous y arriverons.

Je vous remercie.

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