Jean-Noël Barrot : "L'intelligence artificielle, l'instrument d'une nouvelle Renaissance ?"
Jean-Noël Barrot
Dans une tribune publiée dans L'Opinion, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications et vice-président du MoDem, évoque le futur cadre réglementaire et la future gouvernance qui devront être mis en place pour l'intelligence artificielle.
En 2050, nous aurons percé les mystères de l’intelligence artificielle. Nous aurons progressivement cessé de la considérer comme rivale potentielle de l’intelligence humaine, ce qu’elle n’est pas.
D’abord parce qu’il n’y a pas de volonté artificielle, comme Pascal l’avait déjà entrevu il y a quatre siècles en notant que « la machine d’arithmétique fait des effets qui approchent plus de la pensée que tout ce que font les animaux. Mais elle ne fait rien qui puisse faire dire qu’elle a de la volonté comme les animaux ».
Ensuite parce que l’intelligence humaine résulte des interactions évolutives de nos cent milliards de neurones avec notre environnement et l’intermédiaire des cinq sens de notre corps, ce qui n’est pas le cas des algorithmes. Le grand remplacement n’aura donc pas eu lieu.
Et pour désigner cet outil, nous aurons cessé d’utiliser le terme d’« intelligence » qui n’est qu’une mauvaise traduction signifiant en anglais « renseignement », pour lui préférer celui d’ « assistance artificielle ».
Nous aurons pris pleinement conscience de son gigantesque potentiel : analyses de masses d’information permettant des déductions jusque-là inaccessibles à l’esprit humain, compréhension suffisamment fine de nos modalités d’expression pour entretenir avec nous des interactions pertinentes, création automatique de textes, de son, ou d’images jusqu’alors conditionnées à une intervention humaine.
L’IA aura été l’instrument d’une nouvelle Renaissance, comme le fut l’imprimerie de Gutenberg pour l’Europe du XVe siècle.
Nous aurons grâce à elle relevé des défis qui nous paraissent aujourd’hui insurmontables. A commencer par celui du dérèglement climatique. Nous aurons appris des algorithmes comment mieux préserver les ressources naturelles, réduire l’empreinte carbone de notre habitat, de nos mobilités et de notre industrie, et contenir certaines conséquences dramatiques des évolutions du climat.