Marc Fesneau : « Aux élections municipales, face au RN et à LFI, nous devons nous rassembler du PS jusqu’à LR »

Marc Fesneau MF

Alors que Bruno Retailleau souhaite former un « cordon sanitaire anti-LFI » aux élections municipales de mars, notre président du groupe Les Démocrates à l'Assemblée nationale et premier vice-président du MoDem appelle dans Le Figaro à de larges alliances aux élections municipales, incluant la gauche modérée.

LE FIGARO. - Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment appelé à former un «cordon sanitaire» contre La France insoumise (LFI), en vue des élections municipales de mars. Le parti de Jean-Luc Mélenchon représente-t-il une menace plus forte que le Rassemblement national (RN) ?

MARC FESNEAU. - C’est réducteur et inexact de dire que nous avons un risque seulement du côté de La France insoumise (LFI). 

Aux municipales, il y a plus de villes qui risquent de basculer à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche, par exemple dans les Hauts-de-France, le Grand Est, ou le Sud-Est. 

Il n’empêche qu’il y a des villes que le parti de Jean-Luc Mélenchon va vouloir conquérir en faisant monter le communautarisme. Pour éviter d’être les otages de LFI ou du RN, les responsables politiques situés entre ces deux extrêmes doivent donc se parler. Ce n’est pas un front républicain. C’est un impératif d’intérêt local et national que de conjurer ces deux risques.

Jusqu’où doivent aller vos alliances ?

L’extrême droite et l’extrême gauche sont les deux plateaux d’une même balance : à la radicalité et au populisme des uns répond le populisme et la radicalité des autres. 

Face au RN et à LFI, nous devons nous rassembler du PS jusqu’à LR. Avec l’un, avec l’autre, ou avec les deux. 

Soit au premier, soit au second tour. Je n’ai pas du tout envie qu’une bande de communautaristes ou d’ultranationalistes prenne le pouvoir dans les villes. Pour la première fois, ce risque peut être massif. Il y a assez de chaos à l’Assemblée nationale pour ne pas le laisser s’installer dans les conseils municipaux !

N’est-ce pas paradoxal d’appeler à des accords locaux avec le PS qui, au niveau national, a tenté de censurer le gouvernement mardi ?

Ce qui est toxique pour la démocratie, ce sont les extrêmes. 

Le PS fait des motions de censure sans objet et nous avons des désaccords profonds mais, comme les Écologistes, il n’est pas situé aux extrêmes. Au fond c’est aux socialistes de prendre leurs responsabilités : s’ils veulent être sous la coupe de LFI, c’est inenvisageable pour nous. Ce serait irresponsable pour nos communes. De même, j’invite la droite à faire attention aux alliances implicites ou explicites avec le RN, car je sens que cette tentation va naître dans certaines villes.

(...)

Que répondez-vous au procès en «immobilisme» intenté au Premier ministre?

Nous avons fait avancer des sujets importants depuis six mois : nous avons donné un budget au pays, adopté des lois importantes sur la lutte contre le narcotrafic et sur l’agriculture, sur la simplification… C’est la preuve que si le Parlement fonctionnait mieux, nous pourrions voter davantage de textes significatifs plus rapidement pour le quotidien des Français. 

Le problème, ce n’est pas l’immobilisme du Premier ministre, c’est l’absence de sérieux à l’Assemblée, et le fait qu’une partie des troupes s’occupent plutôt de 2027. 

Et dans ce contexte, tout examen d’un projet de loi est une épreuve pour ne pas dire un défi. De ce fait, on n’avance pas assez.

Malgré l’échec du conclave sur les retraites, le premier ministre veut profiter du budget de la Sécu pour introduire des «améliorations». Auriez-vous préféré une loi ad hoc?

À ce stade, cette option reste ouverte. Je pense qu’il serait bien de rendre les avancées visibles dans un projet de loi. Si on peut avoir un texte, c’est mieux, mais encore faut-il que les parlementaires ne dénaturent pas les points d’accord pour arriver à la retraite à 60 ans. 

François Bayrou veut annoncer ses orientations budgétaires le 15 juillet. Quelle est la bonne méthode ?

Je sais que vont fleurir les « lignes rouges » sur les recettes et sur les dépenses, si on arrive avec une liste de mesures définitives. Laissons-nous un peu de marge de discussion. Je suggère que le Premier ministre présente des mesures qui prévoient par exemple 20-25 milliards d’euros d’effort incontournable, et laisse des options ouvertes au débat pour atteindre 40 milliards.

Il faut que les parlementaires de bonne volonté soient mis en responsabilité. Je ne vois pas le RN ou LFI soutenir un budget, quel qu’il soit. J’espère qu’ils seront les seuls dans cette posture démagogique. 

Par nature, ce budget ne pourra être ni simple, ni populaire. Ceux qui font croire l’inverse mentent. 

Oui, c’est un effort collectif que nous devons faire. Il faudra aussi des mesures transformantes dans la durée, comme la rationalisation des agences et des services de l’État, ou la création d’une allocation sociale unique. Ce budget doit être juste, équitable, donner une perspective au pays et ne pas entraver la croissance. 

Les sujets environnementaux divisent votre camp. Bruno Retailleau a appelé, mercredi dans Le Figaro, à la fin des subventions à l’éolien et au photovoltaïque, ce que Gabriel Attal a qualifié de « contresens historique ». Quelle est votre ligne ?

Soyons pragmatiques. Il faut penser globalement notre stratégie énergétique. Il y a des territoires qui sont à saturation sur l’éolien. Mais nous avons besoin d’énergies renouvelables à côté du nucléaire. 

Ceux qui disent «100% énergies renouvelables» ou «100% nucléaire» sont dans l’idéologie. 

Cette passe d’armes, sur un sujet aussi essentiel pour les Français que l’écologie, est assez désolante. Je crois que les gens ont compris que Gabriel Attal et Bruno Retailleau ne sont pas d’accord. Je crois percevoir que tout cela s’explique par l’élection présidentielle à venir. Ne nous cherchons pas des objets de querelle inutiles. Les Français ne nous demandent qu’esprit de responsabilité et sérieux.

Ces débats-là, ayons-les en 2027. Dans l’intervalle, il y a une urgence absolue : c’est le budget, le pouvoir d’achat et la croissance. 

J’ai cru comprendre que le ministre de l’Intérieur a gagné la présidence de LR sur la ligne de l’appartenance au gouvernement. L’esprit de responsabilité, c’est faire en sorte qu’on se concentre sur ce sur quoi on est d’accord. 

François Bayrou a-t-il enterré la proportionnelle en la renvoyant à l’après-budget ?

C’est un sujet nécessaire, mais à quoi sert la proportionnelle en septembre, si on n’est pas capable de faire voter un budget ? Nous devons passer l’écueil budgétaire et répondre ensuite à cette nécessité démocratique.

Lire l'entretien complet dans Le Figaro.

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