Jamais sans les Français : FB Direct #Episode1
Jamais sans les Français
Avec franchise et gravité, le Premier ministre engage un dialogue inédit sur le budget de la Nation. Face à une dette qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros par an en 2029, un plan de réduction raisonnable a été présenté. Il appelle à un effort collectif, mesuré et choisi, pour préserver notre indépendance et notre modèle social.
Retrouvez la transcription du premier épisode de "FB Direct" !
François Bayrou :
"Entre les efforts qu'on choisit et les sacrifices qu'on subit, c'est là qu'est aujourd'hui la question qui va se poser à chacun des Français. C'est pourquoi je voudrais, pendant les semaines qui viennent, échanger avec vous sur ce sujet, partager avec vous ce qu'on appelle les contraintes, c'est-à-dire la nécessité qui est devant nous, qui pèse sur nos épaules, et que nous ne pouvons pas... mettre de côté.
Tous les responsables partent en vacances, bien méritées, ce que je ne ferai pas. Parce que les jours que nous allons vivre pendant ces semaines du mois d'août et du début du mois de septembre, ces jours sont absolument cruciaux. C'est le moment où tout va se jouer. Comme vous savez, le gouvernement a proposé un diagnostic en disant quelle était la gravité des difficultés. Et on y reviendra jour après jour. Et le gouvernement a proposé un plan pour dire ça ne peut pas durer comme ça, il y a des efforts à faire. Ces efforts sont supportables par un pays qui décide de reprendre son destin en main et de ne pas se laisser couler. Mais si ces efforts sont refusés, alors nous vivrons des moments qui sont des moments que beaucoup de pays autour de nous ont vécu et qui exigeront par force des sacrifices, qui seront beaucoup plus importants que les efforts que nous avons à faire aujourd'hui.
Pourquoi ?
Parce que notre pays est dans un moment qui est pour la planète entière terriblement difficile, avec les grands empires qui décident, ceux qui ont la puissance, qui décident d'imposer leur vision aux autres. Ça arrive souvent avec la Chine, industrielle et commerciale. Mais là, ce sont les États-Unis. À l'intérieur de ces empires, l'Union européenne, qui a bien des difficultés à parler d'une seule voix, tant qu'elle ne parlera pas d'une seule voix, elle ne sera pas entendue. Et la France, qui montre des signes qu'elle est un pays avec beaucoup de ressources. Hier ont été publiés les chiffres de la croissance pour le deuxième trimestre de l'année 2025. Et la France se comporte aussi bien et mieux. que ses principaux voisins. Donc, on devrait avoir une perspective plus souriante pour l'avenir. Mais nous sommes menacés par un mal auquel nous n'échapperons pas si nous ne sommes pas courageux. Ce mal, vous le connaissez dans toutes vos familles, c'est le surendettement.
Quand on est obligé d'emprunter, non pas pour acheter une maison, pour un appartement, pour l'équipement de la maison ou pour acheter une voiture, mais simplement pour payer les frais de tous les jours. Quand on est obligé d'emprunter et qu'on ne peut plus rembourser sans aller tous les mois à la banque pour demander un crédit supplémentaire quand vous faites payer de plus en plus cher, ça s'appelle le surendettement. Les familles le connaissent, les associations le connaissent, les entreprises le connaissent. Et c'est un mal qui menace votre survie. Si quelqu'un pense que je me trompe en disant cela, qu'il s'exprime. Pour l'instant, je n'ai entendu personne qui dise que ce danger n'existe pas. Et ce danger existe parce que nous l'avons laissé se développer au travers de 50 ans de déséquilibre. Le dernier budget en équilibre de la France, il a été présenté, tenez-vous bien, en 1974. C'est dire à quel point nous sommes devant une accumulation... au fond, de dérives ou d'acceptation de dérives. Et les efforts sont à faire aujourd'hui. Il n'y a pas de demain. On ne peut pas repousser à demain. Quand on a atteint la somme de dette de, écoutez bien, 3 400 milliards d'euros, c'est une somme qu'on ne peut pas se représenter, mais il y a un chiffre qu'on peut garder en tête, c'est que chaque seconde de chaque jour et de chaque nuit, la dette de la France augmente de 5 000 euros. Et si nous ne sommes pas saisis par un chiffre de cet ordre, alors nous ne pouvons pas comprendre le risque et la menace d'une année sur l'autre en 2026 par rapport à 2025.
La charge des intérêts de la dette, l'annuité de la dette, augmente de 8 milliards. Et une fois qu'on a dit ça, et qu'on sait que l'année suivante, en 2027, ça ne sera pas 8 milliards de plus que cette année, ça sera 10 milliards. Pour arriver en 2029, si nous ne faisons rien à 100 milliards, 100 000 millions d'euros de charge de la dette, alors si nous ne voyons pas ça et si nous ne décidons pas de nous ressaisir, alors c'est que nous sommes irresponsables devant nos enfants. Ce que je refuse, pas seulement par principe, mais parce que c'est complètement immoral. Je voudrais simplement qu'on décide que cette génération, nous en 2025, en 2026, en 2027, nous soyons la génération qui dit « bon, on va accepter les efforts nécessaires pour sortir de cette situation » . Si on ne les accepte pas, et ça dépend, j'essaie de vous regarder dans les yeux, ça dépend de chacune et chacun d'entre vous, si ces efforts ensemble, nous ne les acceptons pas, on peut améliorer, rééquilibrer. Je suis ouvert à toutes les propositions. Mais si nous n'acceptons pas la dimension de cet effort, alors, je vous le dis, quels que soient les gouvernements qui suivront, nous serons contraints, obligés, forcés de le faire par le fait que nous ne trouverons plus de prêteurs. Nos voisins ont coupé dans les retraites, moins 30% des retraites pour la Grèce, moins 10% pour l'Espagne, et ont baissé les salaires de la fonction publique de 10%. Voilà ce que c'est que les conséquences du surendettement. Le but de cette communication directe que je vous propose, c'est que vous soyez vous-mêmes, vous forgiez vous-même votre propre opinion. Encore une fois, si quelqu'un pense le contraire de ce que je dis, il a le devoir de le dire et de le défendre devant les Français.
Ma certitude, c'est qu'il n'y a pas d'autre chemin que cet effort supportable et choisi. Nous sommes un peuple qui s'est relevé de bien des choses. On est tout à fait capable de vaincre cet obstacle-là. Mais c'est maintenant que ça se joue et c'est vous qui allez décider de cela. Et ça correspond... à l'idée que je me fais de la politique. Je reconnais que je suis assez souvent minoritaire dans l'idée que je me fais de la politique. Mais ça n'est pas une épreuve de force entre le pouvoir, les pouvoirs et les Français. Nous sommes là parce que c'est la situation à laquelle les Français doivent faire face. Et nous sommes là pour le faire avec eux. Ma conviction, c'est qu'on ne peut réaliser des changements aussi importants, aussi profonds et aussi bienfaisants, on ne peut pas le faire sans les Français, jamais sans les Français. Et c'est tout le but de cet échange, et c'est tout le but du travail que je souhaite conduire pendant l'été, avec vous, pour partager le constat de la situation.
On ne peut pas laisser les choses aller sans rien faire et sans rien dire. C'est une décision à prendre et au fond, c'est vous qui la prendrez.
Merci à tous."