Sarah El Haïry : « Une société qui ne fait plus d’enfant s’appauvrit et laisse son destin s’éteindre à petit feu »

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Face à la chute de la natalité, la Haute-commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry confirme au Figaro la mise en place d’un congé de naissance en 2026 et se réserve le droit d’attaquer en justice les établissements proposant des offres « no kids ».

LE FIGARO. - Pour la première fois depuis 1945, la France vient d’enregistrer plus de décès que de naissances sur douze mois consécutifs. Pourtant, d’après une étude de la Fondapol, le désir d’enfant reste très fort chez les jeunes adultes. Comment expliquer un tel contraste ?

SARAH EL HAÏRY. - Ce n’est pas seulement une donnée statistique, mais un signal d’alarme qui vient bousculer profondément ce que nous sommes. 

Une société qui ne fait plus d’enfants est une société qui doute d’elle-même, qui s’appauvrit et laisse son destin s’éteindre à petit feu. Or, le désir d’enfant est là, il existe. 

Maintenant, comment le concrétiser ? Fonder une famille reste une décision très personnelle. Notre responsabilité politique est de donner les moyens aux familles pour lever tous les freins à la natalité, qu’ils soient directs ou indirects, car la question démographique est une question de souveraineté.

Quels freins avez-vous identifiés ?

Il y a tout d’abord la question de la santé. Depuis 2017, beaucoup a été fait dans ce domaine avec la « PMA pour toutes », la possibilité de congeler ses ovocytes,  la sensibilisation à l’infertilité … Cela touche à une part de l’intime et nous devons parvenir à briser ce tabou. 

Ensuite, on retrouve des difficultés qui relèvent davantage du quotidien. Comment organiser son temps de travail ? Comment assumer financièrement un enfant ? Il y a aussi la difficile conciliation entre vies familiale et professionnelle. Je crois à une mobilisation du monde économique. Plus on prend soin de la parentalité dans la vie de l’entreprise, plus on valorise la place des enfants. 

Conformément à la volonté du président de la République, nous allons créer un congé de naissance. Mieux accompagné et mieux rémunéré, il permettra de soutenir les deux parents.

(...)

La difficulté à trouver un mode de garde est également de nature à dissuader certains couples de fonder une famille. Le gouvernement d’Élisabeth Borne s’était engagé à créer 200 000 nouvelles places en crèche d’ici à 2030. Où en sommes-nous ?

Être parent ne doit pas être un parcours du combattant ! Nous sommes sur une trajectoire positive, mais celle-ci n’est pas assez rapide et se révèle inégale selon les territoires. Des difficultés persistent, notamment l’attractivité des métiers de la petite enfance et leur rémunération. Avec Catherine Vautrin, nous avons commencé à travailler dessus en créant un bonus « attractivité » et un nouveau diplôme. Il est de notre obligation de garantir un accueil de qualité.

Préconisez-vous également des mesures d’ordre économique afin de relancer la natalité, comme des réductions d’impôts pour les familles ?

Ma famille politique, le MoDem, a toujours été favorable à une politique familiale universelle. 

Cela signifie que l’enfant doit être accompagné, quelle que soit la situation sociale de ses parents. Cela peut prendre la forme d’une fiscalité avantageuse, mais aussi d’un soutien financier plus fort pour la garde d’enfants.

Le fait d’avoir des enfants reste-t-il valorisé dans notre société ?

J’aimerais répondre que oui mais, en réalité, non. La preuve : des offres « no kids », excluant les enfants et les familles, se développent partout dans le pays. Je remarque qu’une sorte de schizophrénie est en train de s’installer. On appelle sans cesse à une France familiale, qui croit en son avenir. Et dans le même temps, on ne supporte plus un pleur dans un train ou un restaurant ! 

J’appelle à bâtir une société à hauteur d’enfants, c’est-à-dire qui les inclut dans notre quotidien, et ainsi, baisse la charge mentale des parents. 

Aujourd’hui, on leur demande de se comporter comme des parents qui ne travaillent pas et de travailler comme des adultes qui n’ont pas d’enfants. La conjugaison de ces injonctions contradictoires met une pression énorme.

Que dites-vous aux commerçants qui ferment les portes de leurs établissements aux enfants ?

Que nous nous dotons des moyens pour aller, si nécessaire, jusqu’à la judiciarisation. À un moment, il faut être souverain chez soi.  Être pro-enfant ne signifie pas être rétrograde : c’est choisir la vitalité, la transmission, le renouveau et l’avenir.

Face à la baisse de la natalité, l’immigration doit-elle être encouragée ?

Se poser cette question revient à acter le fait que nous ne sommes pas en capacité de relever le défi de la natalité. 

Je suis profondément optimiste et persuadée que nous disposons des ressorts pour répondre aux besoins des nouvelles générations. 

Il faut lever les craintes, avoir confiance dans le futur de notre pays et nous parviendrons, j’en suis certaine, à passer d’une démographie en berne à une démographie conquérante.

Lire l'entretien complet dans Le Figaro.

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