Patrick Mignola : « La censure n’effacera pas la dette »

Patrick Mignola

Notre ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et vice-président du MoDem, Patrick Mignola, a répondu aux question du Figaro à propos de l'agenda de la rentrée.

LE FIGARO - L'accord douanier entre les États-Unis et l'Union européenne est-il déséquilibré ?

PATRICK MIGNOLA - À 10 %, il l'était. À 15 %, il l'est plus encore. Il contrevient à court terme aux intérêts des Européens et à moyen terme à ceux des Américains.

Alors que la pétition contre la loi Duplomb a dépassé les 2 millions de signatures, le gouvernement est-il favorable à un débat sans vote à l'Assemblée nationale, à la rentrée ?

Évidemment, le gouvernement est à la disposition de l'Assemblée nationale, et ouvert à tous les débats qui sont de nature à rassurer et convaincre les Français. Nous serons là pour rappeler l'objectif de la loi : lever les contraintes qui pèsent sur nos agriculteurs. Parmi elles, il y avait l'interdiction en France de produits utilisés partout en Europe, dont l'acétamipride, que l'on réintroduit sous des conditions qui restent les plus strictes au monde. 

Je comprends l'inquiétude sincère de nos concitoyens mais je ne peux pas m'empêcher de regretter qu'elle soit attisée par une argumentation plus politicienne que scientifique. Quand on parle de santé des Français, les responsables publics ne devraient pas tordre la réalité.

Absence de majorité absolue, défaites du gouvernement sur une série de votes... On a récemment vu votre difficulté à avancer au Parlement. La situation peut-elle changer ?

On aurait tort de ne retenir que les vociférations. La situation politique est aussi singulière que complexe mais, dans les faits, les résultats sont au rendez-vous. 

Depuis septembre, 70 textes ont été définitivement adoptés, soit quatre de plus que lors de la session précédente. 

Après le budget 2025, le gouvernement Bayrou a fait voter des mesures pour la sécurité des Français et contre le narcotrafic. On en voit la traduction directe avec des violences urbaines, sur fond de trafics de stupéfiants : c'est le signe que les délinquants et les criminels sont gênés par notre action. La loi sur la justice des mineurs nous permettra également de répliquer. Nous avons aussi fait voter des textes pour lutter contre les déserts médicaux, sur les collectivités locales ainsi que ceux sur les soins palliatifs et l' « aide active à mourir ». 

Après avoir stabilisé la situation politique, le gouvernement Bayrou a normalisé la vie parlementaire. Maintenant, il faut accélérer.

Au-delà des 43,8 milliards d'euros d'effort prévus en 2026, à quelles réformes s'attendre à la rentrée ?

Vous avez raison, ce budget 2026 ne sera pas qu'un projet de loi de finances. C'est un agenda de réformes sur le travail et la dépense publique, mais aussi une trajectoire à tenir sur quatre ans : emploi des seniors, lutte contre les fraudes, marché du travail, définition d'une allocation sociale unique, mais aussi simplification administrative avec le renforcement des pouvoirs des préfets. L'urgence se portera aussi sur le soutien au nucléaire et nos objectifs pour le renouvelable, en concluant l'examen du texte portant sur la programmation nationale pour l'énergie.

(...)

Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, veut sa réforme du code pénal. Arbitrerez-vous en sa faveur ?

Le garde des Sceaux met tout en oeuvre pour que ce texte puisse être présenté en Conseil des ministres à la rentrée. Beaucoup de textes sont attendus : la politique pénale, le renforcement des polices municipales, les JO Alpes 2030, l'audiovisuel public... L'agenda parlementaire de ce gouvernement, que l'on a longtemps et bêtement prétendu immobile, n'est pas menacé par l'inactivité !

Le gouvernement pourra-t-il survivre à l'épreuve du budget ?

Ce sera un rendez-vous historique pour le pays. Une épreuve de vérité et de sincérité. 

Nous avons proposé un cadre budgétaire acceptable, pour que tout le monde participe à l'effort. 

Ce cadre est négociable, pourvu qu'on en conserve les grands équilibres entre production et maîtrises des dépenses. Je suis certain que les forces politiques saisiront cette opportunité pour formuler des propositions concrètes en matière de soutien aux entreprises, de justice sociale et fiscale, d'investissements écologiques...

Comment comptez-vous convaincre les socialistes et les lepénistes, aux voix cruciales, de vous soutenir ?

Les oppositions doivent garder une chose à l'esprit : si elle peut faire tomber un gouvernement, la censure n'effacera pas la dette. 

Elle ferait de la France une proie pour les marchés financiers. Elle replongerait le pays dans l'instabilité économique, sociale, financière et territoriale, à quelques mois des élections municipales.

Ministre de l'Intérieur et chef des Républicains (LR), Bruno Retailleau fragilise-t-il le gouvernement en blâmant « l'impuissance » du « en même temps » macroniste ?

Quand vous sortez d'une compétition interne et que vous avez beaucoup parlé à vos militants, vous avez tendance à continuer à leur parler. J'ai pu constater, lors des campagnes chez les LR comme au PS, que le gouvernement et le pays avaient suffisamment pâti de propos d'estrade. 

Désormais, avec l'épreuve du budget, je crois souhaitable qu'on arrête de regarder nos nombrils partisans et de surjouer les identités et les différences. 

Nous devons dire aux Français comment nous pouvons conjurer le déclin du pays. De ce point de vue, nous aurons besoin de responsables Républicains mais aussi de responsables socialistes qui arrêtent de se parler à eux-mêmes, et acceptent de faire à nouveau passer l'intérêt du pays devant les calculs des partis.

 

Lire l'entretien complet dans Le Figaro.

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