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Perrine Goulet : « On doit investir sur le soin pour ces enfants : tant qu'on ne les soignera pas, on aura de la violence »  

Perrine Goulet, députée de la Nièvre et présidente de la Délégation parlementaire aux droits des enfants, était l'invitée de la Grande Matinale sur France Inter pour parler de la protection de l'enfance. 

Perrine Goulet revient sur le travail de la Délégation aux droits des enfants qu'elle préside sur la prostitution des mineurs ainsi que sur les autres facettes qu'elle avait déjà évoquées lors de la soirée-débat « Au cœur de l'enfance »

Au micro de France Inter, elle explique celle du « lover boy », c'est-à-dire le petit copain néfaste d'une jeune fille qui serait en besoin d'affection et qui se fait entraîner : 

C’est là que ça devient dangereux, parce que ça peut arriver à n’importe laquelle de nos jeunes filles, y compris celles qui ne sont pas forcément en protection de l’enfance. 

 

Notre députée rappelle donc la nécessité à la fois d'accompagner et de soigner ces enfants victimes : 

Quand on a une jeune fille qui arrive à se dire « mon corps ne vaut plus rien parce que j’ai été violentée et qu’après tout une fois de plus, une fois de moins, peu importe. » Il faut qu’on soigne ces jeunes-là !

 

Sur la question de la protection des mineurs, Perrine Goulet évoque la nécessité d'être préventif. Dans les établissements qui accueillent des enfants issus de la protection de l'enfance par exemple, elle explique qu'aujourd'hui que « dans ces établissements, il n'y a pas de taux d'encadrement. » 

En effet, chaque département définit combien d'éducateurs il faut pour un enfant. Par exemple, dans certains foyers, il y a un éducateur pour six ou sept enfants, tandis que pour d'autres, il y a un éducateur pour douze à quatorze enfants : 

Quand on a quatorze jeunes à gérer on ne peut pas les gérer comme il faut. Tant qu’on ne légiférera pas sur le taux d’encadrement, on n’y arrivera pas. 

 

La présidente de la Délégation aux droits des enfants a de nouveau insisté sur la prise en charge et le soin de ces enfants : 

Il faut que notre pays investisse vraiment dans le soin pour ces enfants  : tant qu'on ne les soignera pas, on aura de la violence. 

 

Perrine Goulet a également expliqué l'importance de revaloriser la profession d'éducateur : 

Les éducateurs spécialisés que j’ai connus quand j’étais en protection de l’enfance ne sont plus auprès des enfants. Ils sont devenus éducateurs ou coordinateurs de parcours et on se retrouve avec des moniteurs éducateurs. 

 

Interrogée sur la vidéo diffusée d'un enfant se faisant raser la crâne par des éducateurs, elle réagit : 

La tonte de personnes, on sait que c’est une des heures les plus sombres de notre pays. Donc oui, c’est une faute professionnelle gravissime. 

 

Pour Perrine Goulet, cette affaire est « anormale. » En effet, les faits se sont déroulés en février et l'avocat a seulement interpellé les pouvoirs publics en septembre. Elle rappelle la responsabilité de la Ville de Paris qui est courant de cette affaire depuis plusieurs mois : 

Je ne comprends pas qu'en septembre, quand cet enfant révèle les faits, ni le juge, ni la Ville de Paris ne réagissent tout de suite.

 

Notre présidente du mouvement territorial de la Nièvre rappelle que jusqu'à maintenant, rien n'a été fait pour suspendre l'éducatrice. 

À cette occasion, elle explique notamment que la parole des enfants n'est pas assez écoutée. D'ailleurs, après cet entretien médiatique, l'Assemblée nationale a adopté une loi permettant de garantir un avocat aux enfants placés ou protégés : 

Aujourd’hui, le vrai enjeu c’est de donner à ces enfants leur place dans la justice et de leur donner des personnes qui soient capables de les défendre. Parce que si cet enfant avait eu un avocat pour lui-même, peut-être qu’on aurait fait bouger les choses plus vite.

 

Pour finir l'entretien, notre députée a été interrogée sur le placement des enfants mineurs. Elle a révélé notamment, dans le cas de placement d'enfants : 

Je suis convaincue aujourd’hui qu’on a besoin de regarder l’environnement familial de ces enfants pour éviter les déchirements qu’on peut avoir. 

 

Notre députée a notamment affirmé la nécessité de changer la mentalité des professionnels sociaux qui pensent que, si une partie de la famille est défaillante, alors l'ensemble de la famille l'est. Il faut tout faire pour maintenir l'enfant dans sa sphère familiale.

Enfin, Perrine Goulet a conclu son entretien au micro de France Inter en expliquant que le fonctionnement de la protection des enfants doit être parmi les sujets principaux de notre pays tout en revoyant son fonctionnement : 

Si on veut que nos enfants grandissent bien et soient citoyens de demain, il faut que tout le monde les regarde en entier. 

 

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