Sarah El Haïry : « Il faut bâtir une coalition bienveillante autour de l’enfant »

Le haut-commissariat à l’enfance publie cette semaine le guide Les Clés de l’enfance 0-3 ans. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un guide destiné aux parents de jeunes enfants mais aussi à leur entourage. Il sera prochainement disponible en version papier chez différents professionnels de santé, dans les PMI (Protection maternelle infantile, NDLR) les établissements scolaires, et en version numérique sur le site Internet du ministère de la famille. 

La nouveauté, c’est que ce guide sera en « open source » et pourra également être distribué par des partenaires, des entreprises ou des associations, qui s’engagent à le diffuser à leurs propres collaborateurs ou leurs bénéficiaires. L’avantage de ce mode de distribution c’est qu’il permet de toucher les parents, les grands-parents, le conjoint d’une famille recomposée… 

L’objectif est d’apporter des informations validées scientifiquement sur les besoins de l’enfant à un maximum de personnes pour bâtir une sorte de coalition bienveillante autour de lui. 

Un proverbe dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Ce n’est pas juste une formule. À une époque où l’on trouve toutes sortes de contenus sur les réseaux sociaux, il nous a semblé important de proposer des informations fiables et des conseils pratiques pour accompagner les parents ainsi qu’une cartographie des ressources (lignes téléphoniques, sites de santé publique, associations, applications de soutien à la parentalité…) pour ceux qui ont besoin d’aide, notamment dans les cas de dépression post-partum.

Accompagner les jeunes parents est une urgence ?

Oui, on le voit avec les réseaux sociaux, les parents se posent beaucoup de questions. 

Ils sont près de 70 % à dire qu’ils ont besoin d’aide, notamment en matière de numérique, toutes classes sociales confondues, selon une étude d’e-Enfance/3018. 

Être parent aujourd’hui est de plus en plus dur parce que les injonctions sociétales sont de plus en plus fortes et parfois même contradictoires. D’un côté, on leur dit qu’il ne faut pas exposer les enfants aux écrans avant trois ans mais lorsqu’ils sont dans un lieu public et que leur enfant fait du bruit, on les regarde de travers. De la même façon, on leur demande de travailler comme s’ils n’avaient pas d’enfant et d’être parents comme s’ils n’avaient pas de travail. 

Ce guide a vocation à apaiser ces tensions en remettant les besoins de l’enfant au cœur du débat, autant dans l’entreprise que dans la société parce qu’on ne peut plus faire peser la charge des responsabilités sur les seuls parents.

Quels sont les principaux messages de ce guide ?

Le premier message, c’est l’importance de la sécurité affective. On sait aujourd’hui qu’un enfant qui n’a pas pu s’attacher à ses parents, qui n’est pas en confiance, qui n’a pas l’impression d’être compris dès son plus jeune âge, va avoir beaucoup de mal à se développer harmonieusement et à rentrer dans les apprentissages. 

Le deuxième, c’est le besoin d’échanger avec son enfant, par le langage mais aussi le sourire. Le jeu est également essentiel. Un enfant a besoin de jouer, d’explorer, d’agir, de bouger pour développer son imagination, son vocabulaire, sa motricité. 

Ce guide aborde également les questions de la sécurité et de la protection contre les écrans, des informations que l’on retrouve dans le carnet de santé mais qui nous ont semblé suffisamment importantes pour être reprises.

Envisagez-vous d’autres dispositifs de soutien à la parentalité ?

Ce guide est une brique de notre plan de soutien à la parentalité qui prévoit notamment le congé de naissance, examiné cette semaine en commission à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale. 

Il s’agit d’un congé de deux mois pour chaque parent, après les congés maternité et paternité, financé à hauteur de deux cents millions d’euros par an. C’est une avancée qui laisse le choix aux parents parce qu’il ne vient pas réduire ou supprimer le congé parental auquel je suis extrêmement attachée.

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Retrouvez l'entretien complet dans La Croix.