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Il y a 80 ans : les premières femmes députées

MRP

Le 21 octobre 1945, pour la première fois dans l’histoire de notre République, trente-trois femmes sont élues à l’Assemblée nationale, un an après avoir obtenu le droit de vote. Quatre-vingts ans plus tard, alors que la parité reste un combat inachevé, nous leur rendons hommage. Neuf d’entre elles appartenaient au Mouvement républicain populaire (MRP), dont est issu notre Mouvement.

Parmi elles, deux figures que nous honorons aujourd’hui tout particulièrement à l'Assemblée avec le dévoilement de plaques à leurs noms : Germaine Peyroles et Germaine Poinso-Chapuis. Toutes deux ont été vice-présidentes de l’Assemblée nationale. Germaine Peyroles fut même, avec une autre députée, la première femme élue à cette fonction.

Cet hommage s’inscrit dans une histoire plus ancienne encore. Dès 1923, Marc Sangnier prenait la parole à la tribune de l’Assemblée nationale pour défendre le droit de vote des femmes – vingt-et-un ans avant son adoption. Depuis ses origines, notre famille politique n’a cessé de porter le combat pour les droits des femmes : droit de vote, accès aux responsabilités publiques, égalité dans la représentation et dans les faits.

À l’image de ces femmes courageuses et de celles et ceux qui ont ouvert la voie, nous poursuivons avec fidélité et détermination ce combat pour l’égalité.

Portraits.

Germaine Peyroles : première femme élue vice-présidente de l'Assemblée nationale

Engagée en politique au sein du parti démocrate-chrétien — d’abord au Parti démocrate populaire (PDP), où elle devient secrétaire générale de la section féminine, puis au Mouvement républicain populaire — Germaine Peyroles compte parmi les premières femmes inscrites au barreau de Paris à la fin des années 1920. Avocate de profession, elle a beaucoup milité pour le droit de vote des femmes.

Résistante active dès 1940, elle participe à la lutte contre l’Occupation et met en danger sa vie pour ses convictions. En 1943, elle est arrêtée et torturée. Pour ses actions de résistante, elle reçoit la croix de guerre avec étoile de vermeil.

Élue députée constituante de la Seine-et-Oise en 1945, puis réélue en 1946, Germaine Peyroles siège à l’Assemblée nationale jusqu’en 1951, puis à nouveau de 1954 à 1955. Au cours de ses mandats, elle s’impose comme une figure respectée et est élue à plusieurs reprises vice-présidente de l’Assemblée nationale — l’une des premières femmes à exercer cette haute fonction.

La lutte pour le droit de vote des femmes dépassait les frontières partisanes. Germaine Peyroles était une amie proche de Germaine Poinso-Chapuis, ainsi que de Madeleine Braun, également élues députées en 1945. À leur arrivée à l’Assemblée, ces femmes ont été accueillies de manière relativement bienveillante, non sans quelques sourires en coin et une part de condescendance. Beaucoup restait encore à faire. C’est toujours le cas aujourd’hui, où le sexisme ambiant n’a pas totalement disparu.

Démocrate-chrétienne, suffragiste et catholique, Germaine Peyroles défend les valeurs familiales. Elle est membre de l’Union féminine civique et sociale. Mère de quatre enfants, elle préside, au début des années 1950, le Mouvement mondial des mères.

Européenne convaincue et partisane du fédéralisme, Germaine Peyroles s’engage pleinement dans la construction européenne. De 1951 à 1957, elle est déléguée générale de la section française du Mouvement européen.

 

Germaine Poinso-Chapuis : première femme ministre, attachée à la protection et à l’épanouissement des femmes

Élue députée en 1945, Germaine Poinso-Chapuis est une figure politique emblématique. Avocate, elle a souvent plaidé dans des affaires de divorce et de filiation, ce qui l’a rendue sensible à ces sujets. Elle acquiert une réelle légitimité sur les questions familiales. À ses yeux, les problèmes de société sont toujours liés à la famille, cellule essentielle. 

Le problème des salaires est un problème familial. 

Le logement, les conditions de vie et les prestations familiales sont au cœur de ses préoccupations. Elle invite notamment le gouvernement à ne pas traiter les problèmes isolément, mais dans une vision d’ensemble. Ainsi, elle fait reconnaître par le président du Conseil que son ministère a aussi une dimension économique. 

Elle se bat pour les résidents étrangers, pour protéger les familles et promouvoir la démographie. Certes, sa vision de la famille — traditionnelle — ne correspond plus tout à fait à l’évolution des familles d’aujourd’hui, diverses et souvent recomposées. Mais le travail de Germaine Poinso-Chapuis demeure précurseur sur certaines questions, notamment la défense des femmes. Après la dissolution du cabinet Schuman, en juillet 1948, elle poursuit son action en faveur de la famille et de l’enfance sur les bancs de l’Assemblée nationale, où elle siège comme députée. Elle sera d'ailleurs élue, par deux fois, vice-présidente de l’Assemblée nationale.

Dans le contexte de la Libération et de la reconstruction, en novembre 1947, Robert Schuman nomme Germaine Poinso-Chapuis (1901-1981) à la tête du ministère de la Santé publique et de la Population. Pour la première fois en France, une femme devient ministre. Avocate à Marseille, titulaire de la médaille de la Résistance, elle incarne un symbole fort : l’accès des femmes à la citoyenneté et aux responsabilités politiques. 

Elle a la charge de la Santé, de la Famille et de la Population, des domaines qui seront souvent confiés à des femmes par la suite. En tant que ministre, elle fait adopter des lois sur la santé publique et la protection de l’enfance. Issue du PDP puis du MRP, elle conduit sa politique en restant fidèle à ses valeurs : encourager le travail des femmes et se soucier du sort de celles plongées dans la détresse ou victimes de violences. Inspirée par le catholicisme social, elle milite pour l’amélioration des prestations familiales et pour la reconnaissance de la famille dans la société. « Nous sommes des familiaux », affirme-t-elle en évoquant les valeurs du MRP. Le 2 mars 1948 est votée la réforme des prestations familiales. En 1950, elle rédige un avant-rapport sur la famille pour le congrès de son parti, ce qui fait d’elle une figure centrale.

En 1951, elle contribue à modifier le régime matrimonial légal, alors fondé sur la communauté : à ses yeux, le régime de la séparation de biens est préférable. En 1954, un rapport portant sur trois propositions de loi vise à accorder à toute veuve un secours immédiat à la mort de son mari, à lui assurer une formation professionnelle et à faciliter son accès à un travail. Germaine Poinso-Chapuis est en effet convaincue qu’une mère qui travaille est préférable pour le bien-être de l’enfant et l’équilibre familial.

 

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