Philippe Vigier : « Ceux qui ont le plus paient le plus, ceux qui ont le moins paient le moins, mais tout le monde participe »
Invité d’Europe 1 soir ce mercredi 15 octobre, notre vice-président du MoDem et député d’Eure-et-Loir, Philippe Vigier, a défendu la stabilité politique et la responsabilité parlementaire à la veille des motions de censure examinées à l’Assemblée nationale. L'ancien ministre et député expérimenté en finances publiques a appelé à « tenir pour la France », dans un moment clé pour le pays.
« Je souhaite que ce gouvernement ne tombe pas, au moins pour la stabilité »
« Écoutez, c’est l’heure de vérité demain. Chacun prendra sa responsabilité », a prévenu Philippe Vigier sur le vote de deux motions de censure déposées par les extrêmes à l'Assemblée nationale. Selon lui, le gouvernement « tiendra », mais pas pour des raisons politiciennes :
Ce n’est pas tenir pour tenir, c’est tenir pour la France et pour un minimum de stabilité économique.
Pour lui, le message du Premier ministre a été clair : pas d'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution par le gouvernement, réduction des déficits publics et suspension — et non abrogation — de la réforme des retraites. Il reconnaît sur ce sujet :
Suspendre, ce n’est pas mon premier souhait, j’ai défendu la réforme, mais on est à un moment politique où il faut savoir composer.
Quant à la non-utilisation du 49.3, Philippe Vigier assume la même position en assurant pas y être favorable tout en reconnaissant qu'il fallait « composer » là encore dans ce temps de crise politique.
Fort de ses quinze années à la commission des Finances, il voit dans cette évolution un test de maturité démocratique : « Le gouvernement s’est privé d’un outil. On va bien voir : soit c’est n’importe quoi pour faire ce budget, soit c’est un acte de responsabilité, ce que j’espère. » Et d’ajouter, dans un avertissement à ses collègues députés : « Chaque député, sur chaque amendement, devra prendre ses responsabilités. On ne peut pas d’un côté annoncer une trajectoire budgétaire et de l’autre raconter n’importe quoi. »
À un moment ou à un autre, on ne peut pas être parlementaire, dire un truc dans l'hémicycle, un deuxième truc dans la rue, et en commission mixte paritaire, député et sénateur, faire une troisième chose. Là, c'est la crédibilité de la parole politique.
Interrogé sur la suspension de la réforme des retraites et la proposition de taxe dite « Zucman », Philippe Vigier a plaidé pour une ligne d’équilibre : « les socialistes ne peuvent pas demander d’un côté qu’il n’y ait pas le 49.3, une suspension de la réforme des retraites et de l’autre refuser le compromis. »
Sur la fiscalité, il se montre ferme :
Nous sommes farouchement opposés à la taxe Zucman. Elle ne rapporterait pas autant que prévu, elle est inefficiente, étroite, et elle présente même un risque constitutionnel.
Mais l’ancien chef d’entreprise reste attaché à une « justice sociale réelle » :
Ceux qui ont le plus payent le plus, ceux qui ont le moins payent le moins, mais tout le monde participe.
Il a notamment rappelé son combat ancien contre l’optimisation fiscale : « À un moment, c’est indécent. Pas illégal, mais indécent, quand celui qui travaille paie proportionnellement plus que celui qui optimise. » Il propose une autre voie : mieux cibler les très hauts patrimoines, revoir certaines niches fiscales et réduire la dépense publique notamment liées aux agences de l'État.
Sans renier l’esprit de réforme, il en appelle à la cohérence :
Moi, je ne crée pas d’impôts nouveaux. J’en ai ras-le-bol, comme tous les Français, d’avoir un niveau de fiscalité confiscatoire.
En conclusion et à la veille d’un vote décisif, Philippe Vigier a lancé un dernier appel à la raison : « On verra s’il y en a qui préfèrent envoyer leur pays dans le mur. » Face aux postures de certains opposants, il a rappelé que pour la stabilité de notre pays, il est important que ce « gouvernement ne tombe pas. » Une ligne fidèle à l’esprit du Mouvement Démocrate : la recherche du compromis, la défense de la vérité budgétaire et la stabilité au service du pays.