Connexion
Nos parlementaires

Marc Fesneau : « Notre groupe et notre mouvement ne seront pas complices d'un pays qui court à sa ruine »

Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale et premier vice-président du Mouvement Démocrate, était l’invité de la matinale Bonjour chez vous ! de Public Sénat ce mardi 2 décembre.

PLFSS 2026 : « C'est dans la main du Parti Socialiste »

Sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, Marc Fesneau a d’abord rappelé que « sur la partie recettes, il y avait eu un compromis » à l’Assemblée avant que la commission mixte paritaire n’échoue, notamment sur la question de la suspension de la réforme des retraites. Une suspension à laquelle il n’est « pas favorable en soi », mais qui constituait « le gage à donner au Parti socialiste pour aboutir à un compromis ». 

Le président des députés Les Démocrates justifie l’abstention majoritaire de son groupe sur ce point : 

On peut assumer de laisser passer un engagement du Premier ministre et en même temps assumer le fait qu’on n’est pas d’accord avec l’idée d’une suspension [de la réforme des retraites]. 

 

Et au-delà de la suspension en elle-même, Marc Fesneau pose la question centrale : « Tout le monde dit qu’il faut faire des économies, personne ne nous les montre. » Il estime d'ailleurs que le sort de ces discussions sur le PLFSS est « dans la main du Parti Socialiste », en souhaitant « que le compromis soit acté et qu'on en finisse ».

On voit quels sont les points de demande des uns et des autres. Il faut jusqu'à un moment qu'on en finisse et qu'on arrive au vote. 

 

Pour Les Démocrates, deux balises guident la négociation : parvenir à un texte « votable par une majorité » et éviter de « dégrader au point que ça soit inopérant ». Notre premier vice-président rappelle que « si c’est pour faire 35 milliards de déficit sur la Sécurité sociale, c’est non » et que le pays s’approche d’un « mur du financement » : 

Je suis attaché à la Sécurité sociale, personne n’a intérêt à ce qu’elle fasse défaut. Et personne n'a intérêt à ce qu'on soit obligé de prendre des mesures drastiques d'économie. Simplement, il faut faire des efforts, les uns et les autres de recettes et de dépense. 

 

Enfin, Marc Fesneau prévient qu’il n’existe « rien de nouveau sur la table » : l’enjeu est désormais de « faire rentrer tout ça dans une boîte qui fasse un déficit acceptable ».

 

PLF 2026 : « Nous avons intérêt à terminer cette séquence budgétaire »

Concernant le budget de l’État, Marc Fesneau estime qu’une CMP conclusive est « théoriquement plus facile » que ce fut le cas avec le PLFSS, mais rappelle que « la question, ce n’est pas la CMP, c’est : est-ce que les conclusions seront [ensuite] votées ? » Les délais étant très serrés, un échec renverrait le pays vers une « loi spéciale » dès janvier.

Je pense que nous avons intérêt à terminer cette séquence budgétaire. 

 

Pour le président du groupe Les Démocrates, il est vital de « terminer cette séquence budgétaire », notamment pour garantir les moyens des collectivités et de la défense. Il salue le sérieux du Sénat, qui « depuis 15 ans essaye d’être celui qui fait plutôt des économies », tout en rappelant que l’objectif demeure de trouver un « point d’atterrissage » commun.

Si on peut en avoir fini au mois de décembre, y compris pour les chefs d'entreprise, pour les collectivités, pour les Français, dont je crois qu'ils sont extrêmement lassés de cette affaire. 

 

Il insiste sur l’ampleur de l’effort à produire : « 40 milliards, il faut rechercher de réduction. Ça ne peut pas être 40 milliards d’impôts. » Pour Les Démocrates, les économies doivent se faire « sans dogme », en privilégiant la « dépense utile » et en rendant l’action publique plus opérante.

Nous sommes un pays qui est sous la perfusion d'argent public permanente. 

 

Mais ce compromis suppose la responsabilité de tous : « On ne peut pas demander toujours à nous, MoDem, Horizons et les autres, de voter pendant que d’autres regardent faire. » Et il met chacun face à ses obligations : « Si le Parti socialiste ne vote pas le budget, il n’y a pas de budget. » Il souligne ainsi que ce sont bien « deux parties qui décident de voter pour » lors d'un compromis.

 

Municipales : « On n’est pas obligé de choisir entre deux radicalités »

À l’approche des municipales, notre premier vice-président assume pleinement la position du MoDem : « Nous avons fait la part du compromis. » Il estime que ceux qui refuseront de contribuer à un accord budgétaire « le paieront » aux prochaines élections, rappelant que qu'elles étaient « connues depuis juillet » et ne peuvent servir de prétexte.

Ceux qui disent "on veut le compromis" et qui à la fin n'auront pas donné un échantillon de volonté de compromis, je pense que ça va se payer assez cher. 

 

Le danger sur les discussions en cours, pour lui, est clair : « En février, à un mois des municipales, je vois bien comment ça va se finir : avec 6 % de déficit. Et ça, c’est inacceptable. (…) Je ne serai pas complice d’un pays qui court à sa ruine. »

Notre groupe et notre mouvement ne sera pas complice d'un pays qui court à sa ruine. Il y a un point d'équilibre qu'on peut trouver. 

 

Sur la stratégie municipale, le MoDem réaffirme sa ligne : reconduction des alliances locales cohérentes, fermeté face aux extrêmes. 

Il y a une donnée plus puissante [pour ces élections municipales], c’est ceux qui pourraient avoir envie de faire des alliances avec LFI ou le RN. Nous, on sera ferme. 

 

Marc Fesneau refuse d’importer au local « la radicalisation de la vie politique » et souhaite préserver les conseils municipaux, « parfois rugueux », « de cette radicalité, de ces éclats de voix » : 

On n’est pas obligé de choisir entre deux radicalités, deux extrêmes et deux chaos.

 

Enfin, il rappelle que les municipales n’en sont qu’à leurs débuts, l’actualité nationale saturant encore le débat, mais insiste sur la responsabilité collective : « Aux parlementaires, on reprochera de ne pas avoir été fichus de se mettre d’accord dans un moment de crise. »

 

Thématiques associées
Filtrer par