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Jean-Noël Barrot : « C'est à la diplomatie française que l'on doit l'Accord de Paris sur le Climat, et ses résultats »

Invité de la matinale de France Info, Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et vice-président du MoDem, a rappelé d'emblée que la situation internationale implique que « chacun ait bien conscience que garantir la paix, ça a un prix », avant d'évoquer les sujets de l'Ukraine, du pétrole russe et de l'anniversaire de l'Accord de Paris sur le climat à l'issue de la COP21.

Ukraine : « C’est maintenant à Vladimir Poutine de faire le dernier pas »

Dès le début de l’entretien, Jean-Noël Barrot a redit l’essentiel : « il nous faut garantir maintenant pour nous-mêmes, pour les décennies qui viennent, la paix. Et la paix, ça se prépare. La paix, ça a un prix ». Une vision profondément européenne et démocrate, fondée sur la responsabilité, la lucidité et la défense de nos valeurs. Il souligne ainsi l'importance de se doter d'un budget fort permettant relever notre défense et « dissuader toute forme de menace ».

Sur l’Ukraine, le ministre a tenu une ligne claire et constante : 

Nous l'avons toujours dit, c'est aux Ukrainiens et à eux seuls qu'il appartient de prendre des décisions qui concernent leur territoire. 

 

Tout en soulignant une fenêtre d’espoir : « la paix est désormais à portée de main. » Le président Zelensky, rappelle-t-il, « a montré depuis neuf mois sa disposition à créer les conditions d'une paix, une paix qui soit juste et une paix qui soit durable, qui ne soit pas une capitulation. »

Le point de blocage est identifié : 

C'est maintenant à Vladimir Poutine de faire le dernier pas et de mettre fin à cette guerre impérialiste et coloniale.

 

Quant au rôle de l'Europe dans cette guerre, le ministre assure qu'elle se prépare à garantir une paix solide. Il insiste : « Les Européens se concentrent sur la façon dont ils peuvent contribuer de manière décisive à ce qu'une paix soit durable. »

C’est tout le sens de la « coalition des volontaires », réunie sous présidence française et britannique, pour planifier la reconstruction militaire de l’Ukraine après le cessez-le-feu et installer des « capacités militaires qui dissuaderont durablement la Russie d'agresser à nouveau l'Ukraine ». Une démarche historique : 

Pour la première fois, les chefs militaires de plus de 30 pays se sont rassemblés pour planifier la régénération de l'armée ukrainienne et l'installation de capacités dissuasives.

 

Enfin, Jean-Noël Barrot souligne une autre décision majeure du jour : le gel complet des 200 milliards d’actifs russes détenus en Europe. « Aujourd'hui, les Européens vont décider de priver la Russie des actifs aussi longtemps que nécessaire. » Une manière d’assurer la sécurité du continent et de mettre l’Ukraine « à l'abri de toute difficulté pendant au moins deux ans », via le « prêt de réparation » actuellement négocié à Bruxelles.

 

Pétrole russe : « Il n'est pas question de continuer indirectement à soutenir l'effort de guerre de la Russie »

Interrogé sur les contournements de l’embargo sur le pétrole russe, le ministre a été catégorique : « Non, c'est totalement inacceptable, mais ce n'est pas nouveau. » Face aux stratégies russes de contournement, l’Union européenne a pris « deux décisions inédites, radicales ».

La première : étendre l’embargo. 

Il est interdit aujourd'hui d'importer du pétrole russe en Europe. 

 

Désormais, l’Europe interdira aussi le pétrole raffiné dans des pays qui continuent d’importer du brut russe. « Parce qu'il n'est pas question que par une forme de blanchiment, on puisse continuer indirectement à soutenir l'effort de guerre de la Russie. » Une mesure qui entrera en vigueur dès janvier.

La seconde décision vise la « flotte fantôme » russe : 

Nous avons mobilisé nos moyens militaires pour arraisonner ces navires. 

 

La France l’a fait « au large de Saint-Nazaire », au Royaume-Uni également. Là encore, l’objectif est clair : couper les ressources de guerre de Poutine et affirmer une Europe souveraine, ferme et cohérente.

 

COP21 : « Chaque dixième de degré qui est économisé, c'est autant de vies sauvées »

À l’occasion des dix ans de l’Accord de Paris, Jean-Noël Barrot a rappelé un succès majeur de la diplomatie française : 

C'est la France qui a inventé la diplomatie climatique en rassemblant ainsi toute la communauté internationale autour de l'objectif de contenir le réchauffement climatique.

 

Le ministre défend un bilan chiffré : « Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté trois fois moins vite depuis dix ans que dans la décennie précédente. » Et pour la France : « les émissions ont carrément baissé (...) d'à peu près 20%. » Il souligne aussi les conséquences humaines du climat : 

Chaque dixième de degré qui est économisé, c'est autant de vies sauvées, de catastrophes naturelles qui sont évitées. 

 

Et même si un tel accord serait « sans doute plus difficile » aujourd’hui, reconnaît notre vice-président, « en rien, la détermination de la France ne serait altérée. »

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