Les nouveaux enjeux de la laïcité

Laïcité MoDem Paris

Jeudi 31 mars, l'amphithéâtre Jean Lecanuet accueillait une soirée de débat sur les nouveaux enjeux de la laïcité. Tout un symbole, rappelle notre secrétaire général Jean-Noël Barrot, car nous sommes ici dans l'antre de la démocratie chrétienne qui, précisément, défend ardemment la laïcité. Un débat très riche, organisé par le MoDem Paris et animé par la députée Maud Gatel,  qui a mêlé élus, artistes et universitaires, sur une question o combien républicaine.

Secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et de l'Engagement, Sarah El Haïry a souligné avec force que la laïcité, loin d'exclure comme on l'entend trop souvent, nous rassemble et nous unit. La laïcité, c'est ce qui ne se qualifie pas, ce qui ne se dilue pas. Aujourd'hui, nous sommes contraints de la défendre. Et nous ne devons pas laisser ce combat à nos adversaires.

Samia Brahimi, du MoDem Paris, a introduit les invités en rappelant très justement que notre laïcité vise à faire vivre ensemble toutes les sensibilités, et à faire dialoguer entre eux les intellectuels de toutes les confessions. C'est Ghaleb Bencheik, président de la Fondation de l'Islam de France, et membre du Conseil des Sages de la laïcité, qui a ouvert le débat. Son intervention a été un appel à la lucidité, au discernement. Certes, la laïcité ne se qualifie pas, mais il se trouve qu'elle l'est par nos adversaires qui parlent d'une incompatibilité entre l'islam et la laïcité. La grammaire nous a mis en garde contre ces adjectifs qui affaiblissent le substantif. Il faut donc faire confiance à la raison. La laïcité n'est pas une valeur, comme certains le pensent, mais un principe juridique. Et la loi prime toujours la foi.

Même appel vibrant à l'union et à la diversité chez l'essayiste et artiste Rachel Khan, qui nous raconte les haines qu'a suscitées son livre (Racée, édition de l'Observatoire, 2021, prix littéraire des droits de l'homme 2021). La lutte contre les discriminations implique aussi, nous rappelle-t-elle, la nécessité de ne pas se voir assignée à ses appartenances. Ciblée par des attaques, Rachel Khan a reçu trois appels bienveillants, d'Elisabeth Badinter, de François Bayrou et d'Emmanuel Macron.

La députée des Hauts-de-Seine Isabelle Florennes nous a expliqué le travail d'investigation qu'elle a mené, trois mois durant, avec son collègue Ludovic Mendes, pour remettre au Premier ministre Jean Castex un rapport sur les actes anti-religieux, toutes religions confondues. En 2021, pas moins de 1659 actes ont été recensés, avec une majorité d'actes anti-chrétiens selon la logique statistique. Comment ces actes sont-ils signalés ? Les choses ne sont parfois pas simples, certaines agressions sur un représentant du culte n'étant pas toujours signalées. Ce travail permet de remettre de la rationalité derrière ces actes, et de rappeler le rôle essentiel de l'éducation.

C'est ce même combat pour l'éducation et la raison qu'a rappelé le philosophe Lucien Jaume, qui vient de publier L'Eternel défi. L'Etat et les religions en France (Tallandier, 2021). Dans l'histoire de notre pays, que veut vraiment l'Etat ? Le conflit de légitimités entre les pouvoirs temporel et spirituel est manifeste. Avant d'être directeur de recherches à Sciences po (Cevipof), Lucien Jaume a été professeur de lycée pendant 14 ans dans le 93. Il en a tiré une expérience de l'écoute indispensable pour comprendre la culture de l'autre. Et Descartes nous l'enseigne de manière lumineuse : il faut suspendre son jugement et douter, parvenir à se détacher de la certitude que l'on détient la vérité. C'est tout l'enjeu de la laïcité : Penser, c'est dire non, dit le philosophe Alain. Non à ses propres convictions, que l'on met entre parenthèses, pour s'ouvrir au dialogue avec l'autre. C'est notre rapport à la vérité et à la liberté qui est en jeu. Il s'agit de parvenir à la liberté de l'esprit, qui est si difficile envers soi-même.

Eric Anceau vient également de publier un livre sur la laïcité, Laïcité, un principe (éditions Passés composés, 2022), en historien, quant à lui. La loi de 1905 est l'aboutissement d'un long processus républicain. Les figures de Jules Ferry, d'Aristide Briand sont évoquées et les idées reçues battues en brèche. Et un anticlérical comme Emile Combes était opposé à la séparation. Se méfiant des religions, il souhaitait le maintien du Concordat, qui est une forme possible de laïcité. Car, rappelle Eric Anceau, notre laïcité à la française est singulière, fruit de l'histoire de notre pays. Nous comptons 140 pays laïques sur 210, et ce sont pratiquement 140 laïcités différentes. Toute laïcité n'est pas républicaine, n'est pas notre laïcité. Et notre laïcité peut continuer à évoluer. C'est ce que soutenait déjà Aristide Briand, pour qui la loi de 1905 ne devait pas être considérée comme un aboutissement. Des changements, il y en a eu, avec la circulaire Bayrou, avec la loi de 2004 sur le port des signes religieux, avec la récente loi sur les valeurs de la République (auparavant appelée loi contre les séparatismes). Eric Anceau rappelle aussi les ouvrages écrits par Philippe Raynaud (La laïcité, histoire d'une singularité française, Gallimard, 2019) et Laurent Bouvet, disparu il y a quelques mois (La nouvelle question laïque - Choisir la République, Gallimard, 2019).

La conseillère de Paris Catherine Ibled, ainsi qu'un représentant du Printemps républicain ont rappelé leur attachement à la laïcité, enjeu crucial pour la cohésion de notre société.

La salle a réagi, avec de nombreuses questions : Pourquoi notre laïcité diffère-t-elle autant de celle de l'Allemagne, par exemple ? La laïcité, pour des personnes qui n'ont pas encore les codes de la République, est-ce une forme de renoncement ? Comment définir le wokisme ? (le wokisme estime avoir raison, répond Eric Anceau). Y a-t-il une bataille culturelle ? Les différences entre les deux grands modèles, français et américain sont explicitées: dans le premier, on protège l'unité contre les risques créés par les communautés, dans l'autre on protège les communautés contre les risques d'empiètement par l'Etat, dans une société judiciarisée.

Pour conclure cette belle soirée d'échanges, notre secrétaire d'Etat Sarah El Haïry partage avec nous des réflexions qui viennent du cœur.

Nos intervenants sont unanimes pour placer leur confiance dans l'éducation, la culture et la raison.

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