Marie-Pierre Vedrenne : « Au ministère de l’Intérieur, mon action vise à protéger, responsabiliser et faire bouger les lignes »
Près d’un mois après sa nomination au sein du gouvernement de Sébastien Lecornu, Marie-Pierre Védrenne, ministre déléguée à l’intérieur, confie ses premières impressions et ses priorités au journal Ouest-France.
Votre nomination au sein du gouvernement de Sébastien Lecornu le 12 octobre 2025 dernier a provoqué la surprise. Un changement pour vous ?
J’ai toujours fonctionné en travaillant sur deux piliers, l’humilité et la responsabilité. C’était le cas dans mes fonctions de députée européenne et de conseillère régionale de Bretagne. J
e suis dans cette même logique en tant que ministre déléguée. En revanche, il est évident que ce n’est pas le même rôle, ni le même travail.
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Passer du Parlement européen au ministère de l’Intérieur, ce n’est pas évident ?
J’arrive dans la maison du quotidien des Français. Pour moi, ce ministère est à la fois le respect, l’ordre, mais c’est aussi le garant des libertés publiques.
Ce dernier point est fondamental pour la libérale que je suis. Je sais que ce terme n’est pas nécessairement populaire dans l’expression politique, mais j’assume de l’être.
En quoi votre expérience d’élue européenne et régionale peut être utile ?
Le Parlement européen est une institution dont aucun État membre d’un groupe politique n’a la majorité. L’exigence et la nécessité de travailler avec les autres et faire la preuve de sa crédibilité dans son travail par son action quotidienne, je connais.
C’est pareil à la Région Bretagne où on sait se retrouver quand il y a quelque chose de plus grand qui est en jeu. C’est une force dans la situation politique française que l’on connaît. Et puis il y a des interconnexions sur différents sujets comme le cyberharcèlement, les questions migratoires, le grand banditisme… Ce sont des sujets sur lesquels je voulais m’investir au Parlement européen. Je vais pouvoir le faire au ministère de l’Intérieur.
Je suis déterminée, aussi, à lutter contre la violence à l’égard des jeunes, la prostitution des mineurs où encore la question du consentement. J’y ai travaillé à l’échelle européenne et c’est l’objet de ma première intervention au Sénat.
Vous avez été interpellée cette semaine à l’Assemblée nationale par le député RN Sébastien Chenu à propos de cet homme qui a volontairement percuté des piétons sur l’Île d’Oléron. Comment l’avez-vous vécu ?
L’insulte et les cris, ça n’est pas le mode de fonctionnement que je connais et ça n’est pas ma vision de la politique. Je sais qui sont mes adversaires politiques. Je respecte tout le monde et j’attends la même chose à mon égard.
Mes premières pensées vont aux victimes et à leurs familles. Le parquet fait son travail et a décidé, ce vendredi, la mise en examen du suspect pour tentative d’assassinat.
Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, vous a-t-il confié des missions particulières ?
Je le représenterai partout où il ne pourra pas être présent. Ce sera le cas pour le prochain G7 à Ottawa. Mais j’aurais aussi des périmètres et des actions particulières, notamment sur la sécurité routière. C’est un enjeu important qui en intègre plusieurs autres. Le permis de conduire est un exemple.
C’est un exemple qui fâche, à la fois les auto-écoles, les inspecteurs et les usagers en raison de manque de moyens et des délais bien trop long. Qu’allez-vous faire ?
Je prévois justement un déplacement sur ce sujet-là en Bretagne la semaine prochaine. Je vais confirmer le travail engagé par mon prédécesseur François-Noël Buffet qui a décidé en juillet la création de nouveaux postes d’examinateurs, la mobilisation d’agents à la retraite et l’ouverture de milliers de places d’examen supplémentaires.
Je vais aussi mener un travail avec les auto-écoles et les inspecteurs sur certaines fautes considérées comme éliminatoires et qui pourraient ne plus l’être.
Il ne s’agit pas d’instaurer un permis au rabais, mais on peut simplifier les procédures.
Le premier ministre Sébastien Lecornu a ouvert le chantier de la décentralisation. Vous participerez ce samedi au Breizh Lab de Jean-Yves le Drian sur ce sujet. Quelle est votre position ?
Il y a des acteurs qui sont plus pertinents pour agir sur certains enjeux. C’est la subsidiarité.
Tout ne peut pas se décider à Paris. Mais il faut veiller à ne pas créer de concurrence entre les territoires où de divisions entre régions. Cela affaiblirait globalement la France.
Quel rôle peuvent jouer les collectivités locales sur les questions qui touchent votre ministère de tutelle ?
Elles ont un rôle à jouer sur de très nombreux sujets. Sur la sécurité routière, sur la prévention de la délinquance. Le volet prévention est fondamental pour moi et il se fait avec l’entièreté des acteurs sur le territoire. On va d’ailleurs adopter, avant la fin de l’année, une stratégie nationale de la prévention de la délinquance avec les acteurs locaux.
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