📻 François Bayrou, invité de Julian Bugier sur Europe 1

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Julian Bugier sur Europe 1, ce mercredi 18 novembre à 19h15.

Julian Bugier - Bonsoir François Bayrou.

François Bayrou - Bonsoir.

Merci d'avoir accepté notre invitation. C’est vrai, vous êtes toujours proche du Président de la République, vous continuez de murmurer à l'oreille, comme cela se raconte ?

Je n'aime pas du tout cette expression de murmurer à l'oreille, mais que j'ai un lien de confiance avec le Président de la République, et une proximité, oui, c'est vrai.

Comment jugez-vous la stratégie du Président de la République sur sa gestion de crise ?

On sent que le niveau d’acceptation des Français est arrivé à un seuil, peut-être critique, on en parlera. On a du mal à s'y retrouver dans la communication du gouvernement.

Votre avis ?

Ce n'est pas une affaire de communication, il y a toujours des faiblesses du point de vue de la communication, vous savez cela bien, vous en parlez tous les jours à propos de quelques événements ou organismes que ce soit.

Dans une crise majeure comme celle-ci, la communication est importante.

C'est une crise sans précédent, inédite, qui débouche sur un drame économique comme on n'en a pas vu depuis longtemps ou comme on n'en a peut-être jamais vu, en tout cas pour ceux qui sont vivants et avec des conséquences sociales extrêmement lourdes.

Mais si vous regardez, il y a des manifestations par dizaines de milliers de personnes contre les mesures de précaution en Allemagne, il y a des manifestations en Italie, en Espagne.

Et pas en France.

En France, pour l'instant, il y a une acceptation assez grande de la population qui se rend bien compte que cette crise ne ressemble à aucune autre. D'habitude, quand il y a des difficultés ou une crise, on dit : « C'est la faute du gouvernement ! ».

C'est d'ailleurs une réponse très facile, mais aujourd'hui n'est pas la faute du gouvernement, ce n'est pas la faute de la France, ce n'est pas la faute de l'Europe, ce n'est même pas la faute, je crois, des autres grands pays ni même de la Chine. C'est une catastrophe au sens étymologique du terme, quelque chose qui vous tombe dessus alors que vous ne l'attendiez pas et qui est l'apparition, comme on en a toujours vu dans l'histoire de l’humanité, à intervalles réguliers, de virus. Autrefois, c'était la peste, le choléra. Vous savez ce que La Fontaine disait : « Un mal qui répand la terreurMal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) ». Ce sont Les Animaux Malades de la Peste.

On va revenir avec vous sur l’état de la situation en France. Quelques questions précises d'abord, êtes-vous favorable à la réouverture des petits commerces, le plus vite possible avec cette fameuse date butoir du 27 novembre, ce jour du black friday.

Le ministre de l'économie Bruno Le Maire pousse en cette faveur, Jean Castex est plus mesuré.

Votre avis ? Il faut libérer le petit commerce ? Vous êtes maire de Pau. Vous connaissez cette situation. 

J'ai passé 48 heures à recevoir corps de métier par corps de métier, tous les commerçants, pour regarder leur compte d'exploitation ligne à ligne pour voir où s'abattaient sur eux les difficultés.

Vous connaissez leur désespoir.

Vous me demandez si je suis favorable à la réouverture le plus vite possible, la réponse est oui. Sur l'affaire du black Friday, il y a deux possibilités, soit on considère - ce qui est le fond du problème - que la situation s'est suffisamment améliorée pour que l'on puisse alléger les mesures de fermeture, soit on propose aux commerçants de repousser de 8 jours ce fameux vendredi qui est un vendredi pour faire de bonnes affaires.

Cela semble a priori exclu, car c'est une journée de promotion mondiale.

Enfin bon, il y a des exceptions.

Deuxième question, François Bayrou, vous êtes un homme de lettres et de culture. Cela vous révolte que l’on interdise en France de vendre des livres ? On peut toujours acheter des jeux de grattage dans les bureaux de tabac, du vin, mais on ne peut pas acheter des livres.

Je me suis beaucoup battu, comme d'autres, je n'étais pas tout seul, pour que l'on fasse une exception pour les librairies car, pour moi, le livre, c'est un produit de première nécessité, ce n'est pas un luxe, le livre.

Il faut manger et il faut pouvoir lire.

Le gouvernement a jugé, je pense qu'ils avaient des raisons très profondes, que si on laissait ouvert un type de commerce, alors cela voulait dire qu'il allait y avoir un afflux de demandes et aussi un afflux de clients.

Heureusement, beaucoup de librairies ont créé ces organisations « commandé emporté », « click and collect » ; cela marche assez bien.

J'ai moi-même acheté des livres hier en « click and collect » à une des librairies importantes de Pau.

C'est tout le symbole qu'il y a derrière.

À Cannes, par exemple, il y a une librairie menacée de ne fermeture administrative parce que cette dame a décidé d'ouvrir sa boutique malgré tout. « C'est cela où je crève » dit-elle.

Est-ce que vous comprenez ce désarroi ?

Je comprends ce désarroi, mais il y a une chose qu'il faut comprendre aussi, si l’on ne respecte pas tous les règles et les précautions qui ont été arrêtées, alors on ne pourra pas rouvrir. On ne pourra pas passer les fêtes de fin d'année ensemble.

C'est une épidémie qui tue, y compris dans des villes comme la ville dont je suis maire, à Pau, on n'avait pas eu ou très peu de morts au printemps. Là, on a des morts en nombre important et des morts qui ne sont pas tous des personnes au bord de la disparition car frappées par l'âge.

Il y a des drames humains qui sont en train de se vivre, là.

Je voyais sur les réseaux, un petit garçon américain dont la maman et le papa sont morts du Covid-19 jeunes.

Et donc le meilleur moyen de rouvrir le plus vite possible, c'est de respecter les règles actuellement fixées et d'inventer ensemble des disciplines, des manières d'être qui nous permettront en cas de réouverture de ne pas faire repartir l’épidémie, car c'est bien cela la question, naturellement.

Si l’on va ainsi, de départ de l'épidémie en nouveau départ, on aura des reconfinements et ce n'est vraiment pas ce dont on a besoin, les commerçants non plus et les libraires spécialement.

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C’est un bon Premier Ministre Jean Castex, François Bayrou ?

Oui.

On sent que la colère contre lui commence à monter au sein de la majorité.

C'est ce qui se dit, mais entre ce qui se dit et ce qui est vraiment, il y a une grande différence.

Pourquoi c'est un bon Premier Ministre, selon vous ?

Parce que c'est quelqu'un qui a l’habitude du contact avec le terrain, il ne cherche pas à faire d'esbroufe. Il ne cherche pas à plaire, il ne cherche pas les sondages et, cependant, il a une cote tout à fait convenable, 47 %. Vous chercherez dans votre mémoire les Premiers ministres qui avaient ce niveau-là.

Il y avait quelqu'un qui s'appelait Édouard Philippe qui avait une bonne cote avant lui.

Oui, il a eu une bonne cote tout à fait à la fin, mais pas du tout pendant toute la durée de son mandat et d'ailleurs pourquoi ? Un Premier ministre, je trouve, moi, qu'il est mieux qu'il ne se préoccupe pas de sa cote car sa fonction est une fonction de prise avec la réalité.

La fonction d'un Premier ministre, c'est de faire réellement changer les choses, pas de faire des discours à perte de vue. 

Il y a deux rôles : le Président de la République a un rôle de prévision de l'avenir, de fixer le cap pour le pays et en même temps un rôle de grande intimité avec les Français.

Et le Premier ministre a le rôle de faire marcher l'État pour que la réalité change.

On a le sentiment dans l'opinion publique que sa parole n'imprime pas, il parle beaucoup, des conférences de presse parfois pour ne rien annoncer, parfois pour annoncer et être contredit dans les jours suivants par le Président de la République. On sent, on en revient au début de notre conversation, une colère qui monte dans le pays de la part des petits commerçants notamment, qui pourrait demain se retourner contre le gouvernement. Est-ce une de vos craintes ?

Si l’on ne peut pas comprendre la situation des commerçants, l'angoisse qui est la leur, les difficultés qui sont les leurs, alors c'est que l'on ne comprend pas ce qu'est la vie réelle de quelqu'un qui est au travail, qui est au boulot, et qui se trouve devant une catastrophe absolument imprévue, aussi imprévue et aussi grave qu'une guerre l'a été en d'autres temps.

Certains évoquent l’analogie avec les gilets jaunes. Est-ce que ce que l’on vit en ce moment pourrait se transformer en colère populaire ?

Sans doute, mais ce n'est pas ce que je ressens.

Comme vous savez, j'ai senti venir les gilets jaunes très tôt et j'ai dit que je trouvais qu'il y avait un risque qui est un risque rattaché à une réalité extrêmement forte qui n'a pas disparu, mais qui n'est pas celle qui domine l'actualité que nous avons aujourd'hui.

La réalité des gilets jaunes, c'était la rupture entre le haut - ou présenté comme tel - de la société et la base qui se sentait appartenir à un autre monde, qui avait l'impression que les dirigeants étaient tellement loin de la réalité que cela suscitait une révolte.

Ce n'est pas du tout le cas aujourd’hui. Ce n'est pas que les dirigeants soient loin de la réalité, ils affrontent au contraire la réalité la plus dure qu'il y ait jamais eue.

Mais il y a une défiance inédite vis-à-vis du politique aujourd’hui de la part des Français, dans toutes les institutions, y compris d’ailleurs vis-à-vis des scientifiques. C'est la première fois que l'on voit un mouvement qui remet en question des éléments factuels apportés par les médecins et les scientifiques, y compris dans ce mouvement anti-vaccin que l'on voit éclore partout en France.

En tout cas, je n'ai pas l'intention de flatter ce genre de mouvement.

Le mouvement anti-vaccin, le mouvement anti-médecine, c'est quelque chose qui va directement à l'encontre de ce que je crois des nécessités de la vie, des nécessités d'une famille.

Ce qui se passe sur le front des vaccins est extraordinaire.

Vous seriez favorable par exemple pour une vaccination obligatoire à partir du moment où l’on aura un vaccin en France ?

Il y a beaucoup de vaccinations obligatoires en France. Quand les bébés naissent, il y a l'obligation de faire le tetracoq.

11 vaccins.

Et maintenant sans doute beaucoup plus.

Vous serez favorable à cette obligation pour le vaccin anti Covid ?

Après que l'on se sera assuré que le vaccin marche et qu'il est complètement supporté.

Et sur le principe ?

Sur le principe, oui bien sûr.

Mais heureusement que l'on a des vaccinations obligatoires.

Vous savez, il y a des pays où la rougeole est en train de repartir parce qu'on a été négligent vis-à-vis des vaccinations et cela tue.

Et donc, moi en tout cas, je ne connais aucun médecin autour de moi qui ne soit pas certain que c'est dans ce sens qu'il faut aller.

Ce que je disais sur le front des vaccins, c'est incroyable vous avez entendu le vaccin que l'on appelle Moderna, qui a été annoncé il y a 48 heures, dont on dit que l'efficacité est de 95 % ! 

Il a été dit, le PDG français de l'entreprise de vaccins...

Que l’on a reçu ici même au micro d’Europe 1.

Il a dit, cela a été décidé en 48 heures et développé en 42 jours.

Vous vous rendez compte des incroyables capacités de l'humanité qui arrive à vaincre - vous vous souvenez de vaccins que l'on a cherchés pendant des décennies et que l'on n'a pas trouvés.

Pour la grippe il a fallu 25 ans.

Au pays de Pasteur, cela fait du bien que ce soit aussi un Français qui soit à l'origine de ce vaccin.

Un Français au pays de Pasteur, parce que nous sommes le peuple qui a développé la vaccination.

Je me permets d’avancer, car j'ai beaucoup de sujets que je voudrais aborder avec vous sur les échéances électorales à venir qui sont considérablement modifiées par la crise sanitaire.

Il y a quelques jours, vous vous êtes dit favorable au report des élections régionales en raison du contexte sanitaire et vous allez même plus loin, vous dites : « Il faut changer le mode de scrutin en autorisant le vote par internet et par correspondance, car cela ferait reculer l'abstention. »

Plusieurs remarques, et vous allez réagir, c'est un peu contre intuitif quand on voit ce qui s'est passé aux États-Unis et les problèmes que cela a suscités et, deuxième question, est-ce que cette abstention, ce n'est pas d'abord aux politiques de se réinventer pour donner aux Français envie de voter ?

Sans aucun doute.

D'abord on va distinguer deux choses. Vous avez dit : « Il s'agit de changer le mode de scrutin. ».

Non. L'expression du vote, l'organisation du vote, en offrant une possibilité supplémentaire, pas en remplaçant le vote dans l'isoloir et dans l'urne, mais en offrant une possibilité de vote supplémentaire.

En votant par Internet ou par correspondance ?

Je suis favorable au changement du mode de scrutin parce que je trouve qu'une représentation plus juste de la population serait meilleure pour la démocratie.

Donc la proportionnelle.

Que tous les grands courants y soient.  J'ai d’ailleurs vu un sondage ce matin qui dit que 75 % des Français sont de cet avis, ce qui est encourageant.

Là, pas du tout, il s'agit d'ajouter à l’expression classique du vote : je vais dans le bureau de vote, je passe par l'isoloir, je mets mon bulletin dans l'urne, la possibilité soit de voter par correspondance comme cela se fait aux États-Unis, il y a eu 100 millions de votes aux États-Unis.

En Suisse, 90 % des votes sont exprimés par correspondance et vous avez été comme tous les Français surpris au printemps - mais comme vous êtes journaliste encore davantage - car les Allemands avaient des municipales en même temps que nous et ils ont tenu leurs élections municipales, car ils font voter par correspondance.

Si on me dit que ce ne sont pas des démocraties, je ris !

Vous dites qu'il y a des problèmes aux États-Unis. Non, aucun. Jusqu'à maintenant, sur 100 millions de votes, il n'y a pas eu un tribunal d'une seule ville, d'un seul État qui ait dit qu'il y avait des problèmes.

Correspondance et Internet ?

Je suis favorable encore d'avantage au vote par Internet.

Tout le monde sait bien que toutes les associations votent par Internet, que la plupart des consultations se font par Internet et que c'est quelque chose qui permettrait de régler toutes les difficultés, car vous exprimeriez le vote directement de chez vous, de votre portable, sans aller au bureau de vote et, même si vous n'avez pas d'ordinateur, vous pouvez aller à la mairie et on vous confie un ordinateur.

Dans votre esprit, cette façon de voter pourrait-elle s'appliquer à la présidentielle de 2022 ?

Oui, je le crois et je le souhaite.

Il s'est passé quelque chose que vous avez tout à l'heure vous-mêmes souligné, c'est qu'aux municipales, il y a eu une abstention terrible.

Cette abstention, au premier tour, on a pu penser que c'était la crainte du virus, mais, au deuxième tour, il n'y avait plus de virus ou on ne savait plus qu'il y avait le virus et, pourtant, beaucoup de Français, les deux-tiers, ne sont pas venus voter.

Je ne me satisfais pas d'une organisation des consultations électorales qui, en fait, fait que deux sur trois des électeurs ne viennent pas voter.

Je trouve donc que le vote par correspondance que l'on pratique partout…

Vous considérez qu'il pourrait favoriser la mobilisation ?

Je suis davantage encore pour que la France ouvre le chemin de ce vote moderne, que l'on fait partout, qui est le vote par Internet.

C'est intéressant. On parle ce soir avec vous de défiance, c'est un mot qui revient beaucoup. Les anti-vaccins, le conspirationnisme que l'on voit éclore dans notre société. Il y a un mot qui revient également beaucoup dans les sondages sur le sujet, c'est le mot « autorité ».

Il y a, dans notre pays, le sentiment d'un manque d'autorité, François Bayrou, que vous avez incarné d'une certaine manière à une époque, avec un geste resté célèbre, c'était la gifle de Strasbourg en 2002.

(Diffusion d'une vidéo…)

Un gamin vous "fait les poches" et la main part toute seule. Quelques jours plus tard, chez Jean-Pierre Elkabbach, vous dites ceci : "Franchement, mettre sa main dans sa poche et découvrir qu'il y a une main d'enfant dans votre poche, comme si tout cela était normal. Je dis qu'il faut que désormais une fermeté s'exprime".

Vous confirmez donc l'argument des principaux candidats à cette élection présidentielle : "Sus à l'insécurité" ? 

Je confirme l'argument, mais je dis : "Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ?".

18 ans plus tard, François Bayrou, on en est exactement au même point. Pourquoi le Président Macron a-t-il du mal avec ce sujet de l'insécurité, de l'entrisme religieux islamiste.

Je pense que l'on confond plusieurs notions.

La plupart des polémiques d'aujourd'hui sur le Président de la République ne tiennent pas au fait qu'il manque d'autorité, car on l'accuse d'en avoir trop.

Partout, dans vos journaux, sur les journaux écrits, ce que l'on dit, c'est : « autoritarisme ». En réalité, vous savez bien de quoi on accuse les policiers.

Je reformule : un manque de réalisme sur les questions de sécurité. Il a d'ailleurs lui-même verbalisé au moment de la campagne présidentielle qu'il a remportée le fait que, pour lui, l'islamisme et l'entrisme, c'était d'abord un problème économique et social.

Il y a les deux et même les trois.

A-t-il été un peu naïf sur ce sujet ?

Non, pas du tout.

Il y a plein de donneurs de leçons en politique et, quand on les met au pouvoir, on s'aperçoit qu'ils sont des catastrophes ambulantes. On pourrait en citer quelques-uns ensemble.

Par exemple ?

Vous prenez les Présidents de la République précédents, c'est exactement ce qu'on leur a reproché et cela a mal fini.

François Hollande et Nicolas Sarkozy…

Laissez-moi ne pas faire de polémique. Quelquefois, on est obligé, mais pas là.

La société a besoin que ceux qui en sont les responsables lui rappellent les règles, à tous. Or, la première règle, c'est le respect : le respect de la loi et celui de l'autorité.

Je suis particulièrement et vraiment choqué que l'on ne respecte pas ceux qui sont chargés de notre sécurité.

Les policiers.

Je ne sais pas si vous imaginez ce qu'est la vie de ces hommes et de ces femmes qui se font insulter, cracher dessus, quelquefois poursuivre par des insultes dans la rue, eux, leurs enfants ou leur famille, je trouve que l'on ne pense jamais à ce côté humain d'une fonction qui est une fonction indispensable dans une société.

Pour raccrocher avec l'actualité, vous êtes favorable à ce projet de loi dont un des dispositifs est d'interdire et de flouter le visage des policiers ?

Je trouve que flouter, c'est quelque chose qui refuse de jeter de l'huile sur le feu.

Cela ne pose pas la problématique de la liberté de l'individu de pouvoir filmer un policier s'il y a un problème ?

Je dirai que le problème principal aujourd'hui, c'est l'insécurité contre laquelle les policiers ont la charge de lutter.

C'est le problème principal que ressentent tous nos concitoyens, c'est qu'ils n'ont pas la tranquillité et le respect dont ils ont besoin, et particulièrement les plus en difficulté économique, sociale ou culturelle, particulièrement les plus pauvres, particulièrement ceux qui habitent des cités dans lesquelles cette tranquillité-là n'est pas assurée.

Je vous assure, peut-être on n'y va pas assez, mais comme je suis maire et j'ai cette chance d'y aller tout le temps. Quand une jeune femme, mère de famille vous appelle en disant : « Il y a des dealers en bas, il y a des dealers dans le hall de l'immeuble, il y a des dealers qui se cachent derrière le troisième immeuble à gauche. » et qu'il n'y a pas de moyens de lutter contre ?

Vous partagez le mots « ensauvagement » de la société par exemple pour revenir sur un mot qui a agité l'actualité ces derniers temps ? 

Il a agité l’actualité, cela arrive de manière récurrente, c'était le mot que Jean-Pierre Chevènement avait utilisé autrefois et jamais ce mot ne m’avait choqué. Car, oui, il y a des attitudes qui sont des conduites sauvages et des attitudes qui sont des attitudes sauvages. 

À Pau, dans ma ville, un monsieur a été tué à coups de poing par une bande.

Si ce n'est pas sauvage, alors de quoi on parle ?

Vous, vous décrivez une société dans laquelle les policiers seraient trop agressifs, trop intrusifs.

Je ne dis rien, je pose des questions.

Je comprends, mais nous parlons.

Ce que je vois, c'est une société dans laquelle on ne peut pas faire respecter la règle et la sécurité simplement parce que l'action publique ne peut pas intervenir dans certains quartiers.

Une dernière question qui concerne votre poste de Haut-commissaire au Plan. C'est une fonction importante qui n’est pas nouvelle, cela remonte à 1946 avec à l’époque un certain Jean Monnet qui avait pris la présidence de ce Commissariat au plan. Cela a été le premier.

C'est le Général de Gaulle qui l'avait créé.

Le concorde, des grands ports, des autoroutes.

Est-ce que vous nous préparez François Bayrou dans la coulisse de votre ruche avec tous les ingénieurs qui travaillent à vos côtés, le grand projet de demain, et quel est-il ?

Pourquoi pas, mais je vais vous dire les deux premiers grands projets pour moi.

Le premier projet, c'est que l'on a découvert dans cette épidémie que la France était dépendante pour des productions vitales de circuits d'acheminement qui faisaient que l'on a été au bord de la pénurie pour les médicaments, pour les antibiotiques, pour les anesthésiques, les corticoïdes, pour les médicaments contre le cancer.

On a été à un millimètre de voir nos approvisionnements suspendus.

Donc relocaliser.

Premièrement, il y a des produits d'urgence pour que l'on soit indépendant et nous devons avoir la garantie que ces produits ne peuvent pas être empêchés de nous arriver et donc produits en relocalisation ou être prêts à le faire.

Un deuxième point : il ne vous aura pas échappé que, là, on dépense beaucoup d'argent, que l'on aide beaucoup de gens qui se retrouvent au chômage et, tout cela, c'est le contrat social de la France.

C'est avec cela que l'on vit et on peut dire que, d'une certaine manière, la France, c'est cela, c'est cette garantie, cette sécurité sociale.

Or, on ne peut pas l'assumer si l’on n'a pas un appareil de production qui soit à la hauteur. On ne pourra pas l'assumer si on reste avec des difficultés.

Vous voyez, premièrement, urgence, indépendance et comment la garantir et, deuxièmement, comment  reconstruire l'appareil productif.

Vous retrouverez là des combats que j'ai menés dans d'autres élections présidentielles.

J'espère que l'on aura l’occasion d’en reparler.

Je serais content que l'on en parle.

Merci François Bayrou.

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