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Environnement

Philippe Bolo : « L’esprit de Noël n’a pas besoin de microplastiques sous le sapin ou sur la table »

Philippe Bolo

Notre député du Maine-et-Loire Philippe Bolo a déposé, jeudi 18 décembre à l’Assemblée nationale, une proposition de loi visant à interdire les faux flocons décoratifs, pas nécessaires et pourtant très polluants. Auteur de plusieurs travaux parlementaires sur la pollution plastique, il veut s’attaquer à ce microplastique qui échappe pour l’heure en grande partie à la réglementation et répond aux questions de Libération.

Pourquoi vouloir interdire maintenant la vente de neige artificielle décorative ?

Il s’agit d’une vente saisonnière, donc c’est la bonne période. J’ai vu passer une publicité sur ces produits, j’ai regardé par curiosité et j’ai vu que cette neige était constituée de microplastiques. Elle est vendue parfois au prix fort sur les sites comme Shein, Temu, Amazon mais également dans des jardineries françaises. 

Il y a une explosion du marketing autour de ces produits et on en trouve de plus en plus facilement. Ils sont très souvent importés de Chine et entrent en Europe par les Pays-Bas, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. 

Les allégations commerciales disent que vous pouvez les mettre sous le sapin, sur la table du réveillon, le rebord de la fenêtre et même dans le jardin, sur les toitures, pour donner une ambiance enneigée. Je trouve cela très choquant.

 

Qu’est-ce qui est choquant selon vous?

Ces produits sont vendus comme « réutilisables », or c’est faux. Ils se présentent sous forme de petites billes de polystyrène ou de paillettes de PET, matière qu’on retrouve dans les bouteilles en plastique. Comment voulez-vous tout récupérer et réutiliser ? Ça s’échappe partout, surtout si c’est utilisé en extérieur. Je ne vois pas l’intérêt d’en vendre toujours plus alors que nous avons déjà des problèmes de pollution plastique.

On ne va pas continuer à disperser des microplastiques dans l’environnement alors que la France et l’Union européenne les restreignent progressivement dans les produits cosmétiques et ménagers pour préserver la santé et l’environnement. 

 

Plus récemment, l’Union européenne a mis en place un règlement pour éviter les pertes de granulés plastiques industriels par les industriels qui les utilisent. Pourquoi mettre la barre haut pour ces produits et continuer à vendre des microplastiques à but décoratif alors qu’ils ne sont pas essentiels ?

A quelle échéance cette proposition de loi peut-elle aboutir ?

Si on pouvait faire cesser la vente de neige artificielle décorative dès 2026, ce serait très bien. Je pense que nous serions le premier pays en Europe. A l’Assemblée, j’aimerais trouver des collègues dans chaque groupe politique afin que la proposition de loi devienne transpartisane. Ensuite, une fois inscrite à l’ordre du jour, elle devra être examinée en commission puis en séance. 

(...)

Existe-t-il des alternatives pour un effet givré plus respectueux de l’environnement ?

L’esprit de Noël a toujours existé sans qu’on ait des microplastiques sous le sapin ou sur la table. Quand j’étais jeune, il n’y avait ni sprays, ni tapis synthétiques, qui ne sont pas mieux. Avant le changement climatique, il y avait surtout de la vraie neige dehors…

Comment la proposition est-elle reçue par les plasturgistes ?

Je n’ai pas eu de coup de fil mais j’ai vu passer un commentaire sur les réseaux sociaux d’un représentant de la plasturgie qui était obligé de reconnaître que ce produit était inutile. 

Souvent, on me rétorque que je fais du « plastic bashing », mais c’est bien à cause de ce type de produit que le plastique finit par apparaître comme un matériau détestable.

 

Lire l'entretien complet dans Libération.

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