Numérique et libertés, les turbulences d’une adolescence précoce

Philippe Latombe

Philippe Latombe est député de la 1er circonscription de la Vendée du groupe Mouvement Démocrate et membre de la commission des lois. Retrouvez sa tribune parue dans l'ouvrage La Loi Juste.

"Gouverner, c’est prévoir", écrivait Émile de Girardin, homme de presse, mais aussi député, il y a presque deux siècles.

S’il est un sujet justement où l’anticipation est une vertu cardinale et en même temps une véritable gageure, c’est bien celui du numérique. Si l’on veut que les nouvelles technologies soient un vecteur de progrès, il est indispensable d’en prévoir les évolutions pour en évaluer tout autant les risques potentiels que les infinies perspectives, une anticipation compliquée par la vitesse des avancées et la démultiplication des possibles, qui en rendent l’investigation complexe.

J’ai bien conscience qu’il est des sujets plus sexy et, quand j’aborde celui-là publiquement, je constate à chaque fois qu’il ne suscite pas d’enthousiasme manifeste, loin s’en faut. La matière peut en sembler absconse, mais néanmoins me passionne. Les technologies numériques envahissent tous les domaines de l’activité humaine : elles sont le lieu ambivalent des libertés durement acquises par les citoyens et celui des risques les plus grands d’atteintes à ces mêmes libertés. Vu sous cet angle, cela devient captivant.

C’est pour ces raisons que je me suis particulièrement investi dans notre travail parlementaire sur la proposition de loi relative aux contenus haineux sur Internet, dite "PPL Avia". Si j’ai fini par voter contre, c’est parce que cette loi, si vertueuse dans ses objectifs, me semble particulièrement difficile à appliquer et liberticide à l’usage. Elle était d’ailleurs à peine votée qu’une députée voyait son compte twitter clôturé parce qu’elle y considérait avec ironie que la jeune Greta Thunberg méritait une bonne fessée. La régulation des plateformes n’a que faire de l’ironie ou du second degré. La censure a donc de beaux jours devant elle, la polysémie du langage beaucoup moins. J’ai proposé en vain l’interopérabilité des réseaux sociaux afin que l’usager ne soit pas captif, ce qui me semble une liberté élémentaire. J’espère que ce n’est que partie remise.                                                                             

Dans mon souci de vigilance sur ces sujets technologiques, il est donc parfaitement cohérent que je m’intéresse à ce qui représente sans doute la nouvelle révolution numérique, je veux parler de la blockchain. Cette technologie complexe devrait trouver des applications multiples tant dans l’administration que dans l’entreprise, avec des perspectives inégalées de vitesse, de traçabilité et donc de sécurité.Ses détracteurs l’accusent d’être coûteuse en énergie, oubliant toutes les économies qu’elle permet par ailleurs. La blockchain n’en est qu’à ses débuts, faisons confiance, pour l’améliorer, à l’intelligence humaine qui l’a conçue.

Je souhaite donc continuer à jouer mon rôle de trublion en mettant en valeur des sujets techniques qui me semblent des vecteurs déterminants de progrès, dans le respect des valeurs démocratiques. Un programme ambitieux certes, mais, pour citer de nouveau Émile de Girardin : "L’art de gouverner, c’est l’art de vaincre les difficultés".

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