Marina Ferrari : « Le crédits de mon ministère sont sanctuarisés »
Face aux alertes des associations sur la baisse de leurs financements, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative tient à dire que l’exécutif les a entendus et qu’il agit notamment avec la sanctuarisation des crédits et le doublement du plafond de la niche fiscale dite Coluche. Entretien dans Le Dauphiné Libéré.
Les associations se sont mobilisées le 11 octobre dernier pour alerter sur la baisse de leurs financements. Quel message avez-vous à leur adresser ?
J’ai un message rassurant à adresser aux associations en leur disant qu’il n’y a pas de baisse de crédits sur mon ministère. Ils sont sanctuarisés dans le budget. C’est une bonne nouvelle car c’était une crainte des associations.
Je veux aussi leur dire que nous avons une autre bonne nouvelle : le doublement du plafond des dons dans le cadre de la défiscalisation dite Coluche passant de 1 000 à 2 000 euros [cette niche permet de défiscaliser 75 % des dons versés à certaines associations comme les Restos du Cœur, la Croix Rouge, le Secours populaire etc., NDLR]. Cela est très attendu par les associations caritatives.
Je ne nie pas les difficultés du monde associatif mais je me dois d’objectiver la situation. Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire plus dans l’avenir mais on ne peut pas dire qu’on a coupé les financements.
Qu’espérez-vous avec cette nouvelle fiscalité ?
J’espère qu’on va avoir un autre élan de générosité qui va permettre de soutenir les finances de nos associations. Je pense qu’il y a des gens qui voudraient donner plus. Cette augmentation du plafond, nous l’espérons, les y incitera... Le montant de cette défiscalisation en 2024 était de 4,3 milliards d’euros, c’est autant de recettes qui ne rentrent pas dans les comptes de l’État.
Mais nous voulons continuer à encourager la générosité des Français qui a représenté en 2024 9,2 milliards d’euros, à raison de 3,8 milliards du côté des entreprises et 5,4 milliards pour les particuliers. Ce doublement du plafond est dans la discussion sur le budget aujourd’hui et je ne pense pas, vu le contexte, que nos parlementaires vont revenir dessus.
L’exécutif envoie ainsi un message clair, disant qu’on a entendu les besoins des associations.
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Avez-vous des dispositifs d’Etat qui permettent d’accompagner les associations en difficultés financières ?
Il y a un guide pratique à destination des associations, « Guid’Asso », qui a été mis en œuvre en 2019. C’est un dispositif qui leur permet d’avoir une porte d’entrée unique et de trouver toutes les procédures, normes à remplir, guichet unique de demandes de subventions.
Dans les services déconcentrés de l’État, vous avez aussi des guichets associations qui permettent aux associations d‘être accompagnées par l’État, au niveau des préfectures.
Les bénévoles tiennent les associations. Leur nombre a baissé ces dernières années, même s’il y a une éclaircie cette année, êtes-vous préoccupée par la baisse de l’engagement ?
Bien sûr que ça nous préoccupe. Sans les associations, le pays n’aurait pas le même visage.
Il y a des tas de choses qu’on ne pourrait pas faire, État et collectivités comprises, si les associations ne s’en emparaient pas. Forcément, quand on voit l’engagement bénévole qui s’essouffle, des bénévoles qui vieillissent, il y a de quoi s’inquiéter.
Ces dernières années, l’État a eu un œil bienveillant concernant une initiative parlementaire visant à consolider le statut des bénévoles, via la proposition de loi Bataillon. Nous avons notamment facilité le transfert entre le compte professionnel de formation (CPF) et les heures de bénévolat. Vous pouvez abonder au travers de votre compte engagement citoyen (CEC) votre CPF. C‘était une reconnaissance que l’engagement bénévole peut vous permettre de vous former davantage. Je note aussi des exonérations d’impôts locaux pour les associations, notamment via la taxe d’habitation. On a également ouvert la possibilité par ce texte de dire qu’un salarié peut faire don de ses jours de repos sous forme monétisée à une association.
Ne craignez-vous pas que le recul de l’âge de départ à la retraite ne réduise le nombre de bénévoles ?
C’est une inquiétude qui avait beaucoup été relevée par les opposants à la réforme des retraites, mais je ne l’ai pas observée pour l’instant.
En général, il est assez rare que quelqu’un s’engage dans le milieu associatif seulement à la retraite. Souvent, l’engagement associatif se fait avant.
Et vous l’avez tout au long de votre parcours de vie. Il est encore trop tôt aussi pour avoir du recul sur le sujet. Je ne pense pas qu’il y ait de conséquences de mon point de vue, car on vieillit aussi en meilleure santé aujourd’hui.
Les jeunes sont-ils toujours au rendez-vous dans les associations ?
J’observe une embellie, une appétence de la jeunesse à nouveau pour l’associatif depuis trois ans, à peu près au sortir de la crise sanitaire.
J’ai l’impression que la jeunesse a besoin de nouveaux engagements, de trouver du sens.
Je l’ai particulièrement vu autour d’action en faveur de la protection de l’environnement, en réponse à une écoanxiété qu’ils peuvent ressentir, via le nettoyage ou l’entretien de cours d’eau et de lacs. Je remarque aussi une dynamique en milieu rural, avec la création de comités des fêtes qui avaient disparu mais qui réapparaissent à l’initiative de jeunes parents venus s’installer dans la commune et qui redynamisent nos villes et nos campagnes.
Et les associations culturelles dans les zones rurales ?
Contrairement aux associations sportives dont le nombre a été plutôt fixe ces dernières années, je note une hausse des initiatives culturelles.
Il y a de plus en plus de festivals, de théâtre, de musique qui se développent et l’accès à la culture est facilité par les associations. Certains festivals sont même devenus de grands rendez-vous, comme Jazz in Marciac.
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