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Jean-Noël Barrot : « Les familles de Cécile Kohler et Jacques Paris sont soulagées, le pays tout entier, je crois, est soulagé »

Invité de France Info ce jeudi 6 novembre, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et vice-président du MoDem, Jean-Noël Barrot, est revenu sur la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris, désormais en sécurité à l’ambassade de France à Téhéran. Il a également précisé la position de la France sur les grandes plateformes en ligne, sur la relation franco-algérienne et a évoqué son agenda diplomatique, marqué par un engagement renforcé contre le narcotrafic.

Cécile Kohler et Jacques Paris : « Ils sont désormais en sécurité à l'ambassade de France, sous la protection de la France » 

Au début de l'entretien, Jean-Noël Barrot est revenu sur « la très bonne nouvelle » : les deux Français, Cécile Kohler et Jacques Paris, « sont désormais en sécurité à l’ambassade de France, sous la protection de la France », après plus de trois années de détention en Iran. Il a évoqué « le soulagement » de leurs familles et rappelé que « le pays tout entier » attendait ce moment.

Le ministre, qui s’était entretenu avec eux la veille, a décrit deux personnes profondément éprouvées mais reconnaissantes. « Ils ont exprimé leur remerciement à l’égard de toutes celles et ceux qui les ont portés pendant l’épreuve depuis trois ans », a-t-il rapporté, en saluant le travail patient des agents du Quai d’Orsay, des équipes consulaires et des comités de soutien qui, pendant trois ans et demi, ont accompagné les familles.

Mais ça n'est qu'une étape qui doit les conduire jusqu'à la libération définitive, la rémission totale après une épreuve indicible. Et nous allons continuer à nous mobiliser comme nous le faisons, parfois discrètement, parfois dans l'ombre, ce qui nous a permis d'obtenir ce résultat jusqu'à parvenir à leur retour en France. 

 

Cette libération n’est toutefois pas la fin du chemin. Le ministre a insisté sur le fait qu’il ne s’agit « qu’une étape » : elle doit désormais les mener « jusqu’à la libération définitive, la rémission totale après une épreuve indicible ». L'épreuve, Jean-Noël Barrot l’a décrite avec gravité : « un isolement absolu », « des conditions les plus spartiates qu’on puisse imaginer », et, selon lui, sans doute parmi « les conditions les plus difficiles, les plus éprouvantes, les plus inhumaines » subies par des ressortissants français détenus en Iran ces dernières années.

Conscient des défis à venir, le ministre a expliqué avoir « dépêché sur place une équipe de renforts », dont un médecin du Centre de crise, car « le calvaire de ceux qui reviennent de la captivité ne s’arrête pas au jour de leur libération ». L’ambassade continuera de les accompagner « dans les premiers jours et les premières semaines » avant un suivi plus long, « pendant toutes les étapes de ce chemin vers la rémission ».

Un grand travail de diplomatie que le ministre a tenu a faire remarquer : 

Malheureusement, je dirais la misère mais aussi la grandeur du métier de diplomate, c'est que nous travaillons souvent dans l'ombre, sans certitude de succès, sans certitude sur le calendrier, mais avec à cœur d'obtenir le résultat. Et le résultat, c'est la protection et la sécurité de nos compatriotes.  

 

Enfin, fidèle à la mission de protection des Français, il a rappelé que l’Iran est « formellement déconseillé » et invité chacun à consulter systématiquement les Conseils aux voyageurs du Quai d’Orsay.

Shein : « La Commission européenne doit sévir »

Interrogé sur la procédure visant la plateforme Shein, Jean-Noël Barrot a exprimé un soutien sans ambiguïté aux décisions annoncées et il se « félicite » que Matignon ait demandé « l’ouverture d’une procédure de suspension » mais aussi que le ministre de l’Intérieur ait saisi la justice pour obtenir le blocage du site.

Pour lui, les choses sont claires : Shein « est de toute évidence en infraction avec les règles européennes dont nous nous sommes dotés en 2022 sous l’impulsion française ». Dans ce contexte, il estime que « la Commission européenne doit sévir » et « ne peut plus attendre ».

La Commission européenne, ça fait trois ans que ces règles ont été adoptées, doit sévir. 

 

Notre vice-président, et ancien ministre du Numérique, replace ce dossier dans une réflexion plus large : la nécessité de reprendre la main face aux acteurs numériques. 

On a laissé prospérer des grandes plateformes […] qui viennent perturber la vie économique, sociale, démocratique de la nation. C’est inacceptable. 

 

Et les conséquences, selon lui, touchent au cœur des territoires par la concurrence déloyale que représentent ces grandes plateformes de distribution pour le petit commerce : « Si nous laissons faire, nous allons voir les petits commerces disparaître de nos centres-villes et du centre de nos villages. Ce sera la mort de nos villes et de nos villages. » Il défend ainsi une approche française mais surtout européenne.

Les douanes doivent aussi se mobiliser, et pas uniquement les effectifs des douanes françaises, mais les gardes-frontières européens, parce qu'il y a dans ce flux massif de petits colis qui vient inonder nos villes et nos villages, des produits contrefaits, des produits mauvais pour la santé ou des produits illicites. 

 

Algérie : « Je suis pour une renégociation de l'accord de 68 »

Sur l'Algérie, Jean-Noël Barrot a rappelé d’emblée la ligne fixée par le Premier ministre : « Il faut arrêter de faire de l’Algérie un sujet de politique intérieure ». Un message de clarté visant à sortir du cycle des polémiques pour se concentrer sur les enjeux réels.

Le ministre a énuméré ces priorités : « la libération de nos deux compatriotes, Boualem Sansal et Christophe Gleizes », la coopération sécuritaire puisque « au sud de l’Algérie se situe l’un des principaux foyers mondiaux du terrorisme islamiste » et la coopération migratoire, indispensable pour « expulser les Algériens en situation irrégulière sur le territoire national ».

Il a également évoqué une dimension qu'il estime « souvent éclipsée dans ce débat » : les conséquences économiques. En effet, il explique : 

Beaucoup d'entreprises en France, notamment des PME du secteur de l'agroalimentaire, pâtissent des tensions qui ont émaillé la relation depuis un an. Et donc ce sont ces intérêts que nous devons défendre dans un dialogue exigeant. 

 

Interrogé sur la fermeté de Paris, Jean-Noël Barrot a assumé la ligne suivie : « Nous avons, chaque fois que nos intérêts ont été en jeu, répliqué avec beaucoup de force aux mesures très brutales prises par les autorités algériennes. »

Il s’est enfin dit favorable à la renégociation de l’accord de 1968, mais « dans le respect de la souveraineté des deux pays », ne rappelant qu'il avait déjà été « renégocié plusieurs fois, sous des gouvernements de gauche, sous des gouvernements de droite ».

En conclusion, Jean-Noël Barrot a évoqué son agenda, marqué par un déplacement au Mexique puis en Colombie, avec un objectif assumé : « aller traiter le mal à la racine » du narcotrafic et de la criminalité organisée « en faisant monter le quai d'Orsay en première ligne ». Il y signera de nouveaux accords de coopération, renforcera les effectifs français sur place, réorientera des financements d’aide publique au développement et présentera un « régime de sanctions européen » visant les réseaux criminels.

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