Marc Fesneau : « Si nous allons à la dissolution, il n'y aura pas de budget »
Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates et premier vice-président du MoDem, était l’invité de France info ce dimanche 26 octobre. Il a détaillé les enjeux du budget et les négociations avec les autres groupes parlementaires, tout en appelant au compromis et à la responsabilité face aux tensions politiques.
Budget : « Il faut que chacun assume sa part du compromis »
Face aux négociations budgétaires délicates, Marc Fesneau insiste sur la responsabilité collective :
Avec le groupe Les Démocrates, nous sommes prêts à chercher un compromis.
Il souligne l’importance que chaque groupe assume ses choix dans un esprit de dialogue et de compromis : « Si on a des choses à se dire, si on a des points d'atterrissage à trouver, ça peut s'assumer, y compris sur ce sur quoi nous ne sommes pas d'accord et ce sur quoi nous pouvons être d'accord. »
Le président du groupe Les Démocrates critique les stratégies d’ultimatum : « La France est un pays qui ne sait pas ce que c’est que la construction d’un compromis et je pense qu’on ne sait même pas discuter et négocier entre nous. » Il fustige dans le même temps la « négociation par l'intermédiaire des médias » qui n'est selon lui pas la bonne méthode. Les pressions répétées, comme celles du Parti socialiste, compliquent inutilement les discussions.
Nous avons besoin de se dire quand même, s'il y a un compromis, il faut que chacun assume sa part du compromis.
Pour Marc Fesneau, le rôle du Parlement n’est pas de céder à chaque surenchère politique : « C’est ce sur quoi je mets en garde et dans ce cas-là où le budget ne sera pas voté : on aura abouti à montrer qu’une chose, c’est que le Parlement est impuissant et incapable de se mettre d’accord. » Il appelle à un équilibre clair et assumé devant les citoyens : « Le compromis, il faut qu’il soit lisible devant les citoyens et que chacun n’abandonne pas tout ce qu’il pense sur un certain nombre de sujets. »
Et c'est dans cet esprit de construction du compromis que Marc Fesneau assure : « Il n’y a pas de magouilles. » Il défend les discussions qui ont lieu, dans et en dehors de l'hémicycle, pour « regarder les points d'atterrissage » dans un Parlement qui a tous les pouvoirs après le renoncement par le gouvernement de recourir à l'article 49-3 de la Constitution.
Il critique la surenchère et les postures idéologiques : « Pour ceux qui aiment le Parlement, il y a un enjeu de crédibilité. Sinon, on repart au chaos total. » Et il met en garde contre l’usage de lignes rouges ou ultimatums :
Je ne serai pas de ceux qui vont dresser des lignes rouges. La garantie, ce n’est pas seulement la dissolution, c’est le Parlement complètement dévoyé dans sa façon de fonctionner.
Justice fiscale : « Il y a plein d’outils qu’on peut mettre en place »
Interrogé sur la taxe Zucman et les mesures fiscales concernant les hauts revenus, Marc Fesneau se montre prudent mais ouvert :
Nous sommes prêts à discuter. Ce qui produit du rendement et qui permet de faire payer des impôts à des gens qui, par l’optimisation, échappent à l’impôt, nous y sommes favorables.
Il prévient cependant que la fameuse taxe Zucman ne va pas « résoudre toutes les plaies », surtout si elle tape le patrimoine sans distinction. Il souligne l’importance d’éviter le matraquage fiscal :
Nous ne sommes pas non plus des adeptes du matraquage fiscal.
Et de rappeler que le MoDem cherche des solutions pragmatiques : « Il y a plein d’outils qu’on peut mettre en place. Permettre qu’on fasse contribuer ceux qui échappent à l’impôt, par optimisation et non fraude, c’est ça le sujet. » Il revient notamment sur la proposition de son groupe sur la question des holdings ou encore de l'optimisation fiscale. Notre vice-président met aussi en avant le travail sur d’autres niches fiscales : « Par exemple, le crédit impôt recherche, le système bancaire, il y a quelque chose qui n’est pas logique qu’il en bénéficie. » Il appelle à trouver des équilibres pour garantir la compétitivité tout en renforçant la justice fiscale.
Politique : « Le pire, c'est l'instabilité »
Marc Fesneau rappelle enfin les enjeux pour la stabilité du pays :
Nous, ce qui nous intéresse, c’est d’avoir un budget, d’essayer de trouver des voies de compromis et d’apaisement dans ce pays. Je pense que ce pays a besoin d’apaisement et pas de tension.
Face aux appels à la dissolution ou à la censure de certains groupes, il reste ferme en prévenant que « si nous allons à la dissolution, il n’y aura pas de budget. » Et il rappelle que l’instabilité politique n’est pas une option pour les Français :
Le pire, c’est l’instabilité. Et l’instabilité politique, ce n’est pas les députés que ça va pénaliser, c’est ceux et celles qui nous écoutent.
Le président du groupe Les Démocrates y croit, souhaitant pouvoir aller jusqu'au vote avec ses collègues députés et ainsi doter la France d'un budget grâce à une logique de compromis sans que « chacun commence à sortir son étendard, comme ça a été fait l'an dernier », mais surtout sans que les lignes rouges réapparaissent. Le groupe prônera, comme il l'a toujours fait, plus de justice fiscale sans pénaliser l’économie du quotidien.
Je sens monter une surenchère au Parlement à la mesure la plus populaire ou la plus populiste rendant ce budget invotable.