Discours de clôture de l'Université de rentrée 2019 de François Bayrou

Nous vous invitons à découvrir le discours de clôture de notre Université de rentrée 2019, prononcé par François Bayrou, président du Mouvement Démocrate.

Cher Stanislas, merci de tes mots, merci de ta présence et, si tu me permets, merci aussi et surtout du travail que tu fais. Le travail d'un Secrétaire général, d'un Délégué général, ce n'est pas totalement évident. On est quelques-uns dans cette salle, Marc, Jeanne, Jean-Noël, moi-même, Édouard Philippe, nous sommes quelques-uns à pouvoir en attester, mais, en même temps, c'est très intéressant de faire vivre un ensemble et nous disions tout bas avec le Premier Ministre que tu le faisais très bien, tu le fais loyalement, tu le fais franchement et tu le fais avec un engagement qui ne s'arrête pas à ta famille politique, mais qui va au-delà, à l'ensemble de la majorité et peut-être encore d'avantage à toutes les femmes et hommes de bonne volonté que nous pouvons identifier et accueillir.

Merci à Stanislas Guérini.

En une courte phrase, merci à tous ceux qui ont organisé ces journées de rentrée, cette université de rentrée. Le moins que l'on puisse dire est que les journées ont été un très grand, très large, très chaleureux et très profond succès.

Jean-Noël en prend sa part, et tous ceux qui l'entourent, bienvenue aux membres du Gouvernement de notre famille politique, bienvenue aux Députés, aux Sénateurs, aux Députés européens et Députées européennes nouveaux qui viennent d'être élus.

Toutefois, cette intervention ne peut naturellement pas commencer sans que nous évoquions ensemble la mémoire de Jacques Chirac. Il se trouve que les visages de Jacques Chirac sont nombreux, pour moi qui étais à distance d'une génération, à distance respectueuse et parfois amusée, qui étais son partenaire, son Ministre, candidat aux mêmes élections et aussi, même si c'est privé, en des moments d'inquiétude qui nous rassemblaient, partageant avec reconnaissance des soucis d'homme, des soucis de père de famille et ces instants précieux, qui ne sont pas seulement politiques, qui dépassent cela, j'ai, en cet instant, le souvenir de les avoir vécus avec lui.

Jacques Chirac, c'était la passion du combat, le goût de la conquête, un formidable appétit de vivre, de séduire, d'arpenter l'univers des bonnes choses et du pouvoir, mais, pour tous ceux qui l'approchaient et qui le regardaient de près, il y avait quelque chose d'autre, il y avait en lui aussi une distance, une distance qui ressemblait à des secrets, à de la solitude, ne livrant pas même à ses proches ses secrets et installant des années-lumière entre l'actualité et lui-même, entre lui et l'Occident, dans un dialogue mystérieux, par exemple avec les arts premiers, avec ces formes puissantes et que nous avons du mal à lire, avec l'Afrique et l'Asie, tous objets qui disent que nous, Occident, et c'était la conviction profonde de Jacques Chirac, que, nous, Occident nous sommes de petites choses et de courts moments dans l'histoire.

C'était le plus profond de ce qu'il pensait.

Puis, il portait quelque chose à quoi nous étions profondément sensibles, c'est-à-dire une idée de la France, de sa place, de son rôle parmi les Nations et cette idée de la France, elle s'est réalisée, elle a culminé, j'allais dire, en 2003, il y a 16 ans, au moment du déclenchement de la guerre en Irak.

C'est, pour moi, un souvenir extrêmement précieux, comme quelques-uns d'entre vous le savent, le Président de la République française disant non, tout seul, face à M. Bush, à la puissance américaine et au réseau américain, disant non, tout seul, face à M. Blair, M. Aznar, M. Barroso, M. Berlusconi, et tous chefs de gouvernements européens et qui s'inscrivaient naturellement dans le sillage américain, la cohorte de ceux qui suivaient la puissance américaine. Ce "non" prononcé par Jacques Chirac a été, pour un certain nombre d'entre nous, une fierté et un signe de reconnaissance.

Naturellement, cela a bien sûr été oublié, mais, dans son camp à l'époque et dans le nôtre, il y avait des voix nombreuses pour dire que ce n'était pas du tout ce qu'il fallait faire, que les liens atlantiques nous imposaient de soutenir nos alliés.

Peut-être quelques-uns s'en souviennent-ils, nous avons eu des bureaux politiques un peu agités à cette époque où des gens très bien, très amicaux, essayaient de me persuader d'adopter cette position-là et je leur ai dit - Jacqueline, qui hoche l'eau tête, s'en souvient - : "De deux choses l'une, ou bien vous me virez ou bien je monterai à la tribune pour soutenir Jacques Chirac". C'est ce que j'ai fait et, aujourd'hui, j'en suis fier en votre nom à tous.

Et, enfin, il y avait chez Jacques Chirac une idée précieuse à nos yeux qui était l'idée de l'unité française et, dans les explosions, les tensions, les manifestations diverses et variées devant les propositions qui étaient faites et les projets qui étaient votés, il y avait toujours, chez Jacques Chirac, le souci de cette unité. Il savait toujours faire le pas de côté, parfois le pas un peu en arrière, nécessaire pour que les fractures en train de naître ne deviennent pas irrémédiables. C'est tout cela qui, à mon avis, explique l'émotion des Français, car l'événement que nous vivons a deux aspects : le visage de Jacques Chirac et l'émotion des Français.

Ces milliers de nos compatriotes, de jeunes, parfois de très jeunes et d'adultes, qui s'alignent interminablement pour aller signer un registre à l'Élysée ou, à cet instant même, dans la cour des Invalides cet après-midi, et nous y serons aussi, que disent-ils, tous ceux-là ?

C'est peut-être ma lecture, mais je veux vous le dire. Ils disent bien entendu l'affection personnelle et la nostalgie d'un temps dont on a oublié les tourments et que l'on regarde avec tendresse, mais ils disent autre chose de plus important encore et qui nous parle, spécialement ici et spécialement aujourd'hui, ils disent que la France, notre pays et notre peuple, a besoin de communion et a besoin de communion, car elle a besoin d'unité.

Je suis persuadé que ce pays, dans ses profondeurs, attend que l'on tourne le dos aux divisions artificielles pour se retrouver sur l'essentiel qui n'appartient pas seulement au passé, qui appartient à l'avenir et de tout cela, je veux le dire devant vous, nous en sommes profondément reconnaissants à Jacques Chirac.

Monsieur le Premier Ministre, cher Édouard Philippe, nous sommes heureux que vous soyez là, que vous soyez venu ce dimanche matin, malgré les obligations que l'on connaît de votre charge et le poids de l'actualité.

J'ai lu avec amusement, peut-être vous aussi, bien des commentaires sur votre venue parmi nous et sur ce que cette présence signifiait. Alors, je veux dire simplement qu'il n'y a rien de plus simple et rien de plus direct, vous êtes là pour deux raisons : la première, c'est que nous partageons un engagement et, la deuxième, c'est que nous vous apprécions.

Je vais faire ce développement en deux parties.

Vous êtes là, parce qu'en cette rentrée, nous partageons la même feuille de route, celle que le Président de la République a fixée et que l'on appelle, je tiens plus au fond qu'aux mots, celle de l'acte 2 de ce quinquennat. Vous êtes là, car, en cette rentrée, nous apprécions votre responsabilité éminente de chef du Gouvernement, d'interlocuteur de toutes les familles de la majorité et aussi votre manière personnelle, ce que vous mettez de vous dans l'exercice de cette mission.

Tout le monde sait ici que, lors des deux universités de rentrée précédentes, en 2017 et 2018, j'étais habité, peut-être même obsédé par une préoccupation, une inquiétude et que j'ai chaque fois exprimée à cette tribune, je sentais qu'une crise venait. Je sentais que cette crise était une crise sociale et les responsables politiques qui ont un peu d'expérience, ils apprennent à faire confiance à leur antenne. C'est cette crise-là qui était mon souci, c'est cette menace-là qui était mon inquiétude.

C'étaient les 1 000 signes que je discernais de mes compatriotes dans les rues de Pau, dans les Pyrénées, c'était cela qui commandait mon inquiétude, cette crise a éclaté. Elle a été grave, elle a été révélatrice, s'il en était besoin et elle a été tranchée. Le Grand débat que le Président de la République a conduit par centaines d'heures avec les Français à hauteur d'homme, à hauteur de souci, à hauteur de reproche, ce Grand débat a été un chemin inédit pour conjurer un mouvement qui paraissait irrépressible et incontrôlable, non pas pour l'éteindre, non pas pour l'écarter, non pas pour le dominer, mais simplement - je vais employer un terme un peu trop scientifique, mais les médecins, nombreux dans la salle, l'entendront - pour le métaboliser, pour que cette inquiétude-là, on en saisisse le sens et que l'on puisse enfin laisser diffuser dans l'univers de la décision, dans l'univers du pouvoir, les attentes et les urgences qui s'exprimaient dans le mouvement des gilets jaunes.

Alors, tout n'est pas réglé, bien sûr. Nous le savons, vous et moi, comme le sait bien le Président de la République et comme le savent les membres de la majorité, mais, désormais, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l'action et une inspiration nouvelle a été définie, complémentaire à l'action de réforme nécessaire. Cette inspiration s'exprime simplement, les réformes, si on veut qu'elles réussissent, elles ne valent que si les peuples ressentent qu'elles sont conduites pour eux et avec eux et qu'elles portent des valeurs qui touchent, non pas seulement à la gestion des affaires, mais aux difficultés que ressentent chaque père, chaque mère de famille, leurs enfants, les plus jeunes et aussi les personnes plus âgées, à leur raison de vivre, chacun dans sa vie personnelle et tous ensemble.

J'ajoute que ce souci, cette attention portée aux femmes, aux hommes, aux familles, à la vie comme elle va, à l'école, aux urgences des hôpitaux, aux femmes et aux hommes qui ne trouvent pas de travail, à la dépendance, que cette attention à la dimension humaine est humble, elle est la condition même de la réussite des réformes.

Ma conviction et, en effet, nous relevons de l'idéal démocratique que nous défendons à cette tribune en France et en Europe, ma conviction est que c'est cette attention à la dimension humaine qui est la condition même de la mise en œuvre et de la réussite des réformes décidées par l'Exécutif, le législatif et la majorité parlementaire.

C'est dans le tréfonds de la société que se décident l'adhésion et les conditions du succès. C'est vous, Monsieur le Premier Ministre, qui avez la charge de cet acte 2 et nous sommes donc liés. Nous sommes fédérés pour partager la tâche si lourde qui est la vôtre. Vous à la tête du Gouvernement, nous dans la majorité, liés les uns aux autres, avec le Président de la République et en prise directe avec les Français, leur regard de citoyens exigeants et leurs attentes.

C'est pourquoi nous avons voulu vous inviter à partager la conclusion de nos travaux.

Permettez-moi d'ajouter un mot plus personnel. Après ces mois tourmentés, nous apprécions votre engagement dans cet acte 2, nous apprécions votre style et, comment dirais-je, le recul que vous savez prendre, un peu de circonspection normande, un peu humour britannique, un peu détermination de boxeur amateur et je ne vous oppose pas aux boxeurs professeurs, je reconnais votre professionnalisme, mais je sais aussi que, pour vous, la boxe, vous y adhérez en amateur et un sens jamais démenti de la loyauté.

Dois-je ajouter que, pour beaucoup dans cette salle, vous êtes aussi et d'abord un Maire. Vous avez été un Maire un jour. Or, un Maire un. Jour, un Maire toujours. Un Maire qui a eu la charge d'une ville et de la communauté humaine qui la forme et cela, spécialement cette année, nous est précieux.

Alors, Monsieur le Premier Ministre, cher Édouard Philippe, merci d'être venu, merci d'être là, merci d'être solide ce matin et tous les jours qui viennent et qui ne seront peut-être pas de tout repos.

Je le disais, les jours qui viennent ne seront pas de tout repos, pas seulement parce que la France est la France et que la France est indocile, et c'est très bien comme cela, mais car le monde est agité de forces puissantes. Il est un poète que, je suis sûr, vous aimez, qui a grandi à Pau, qui est un des plus grands de la littérature mondiale, qui s'appelle Saint John Perse et qui l'a dit beaucoup mieux que qui que ce soit. Il a dit : "C'étaient de très grands vents sur toutes les faces de ce monde, qui n'avaient d'aire, ni de gîte… Ah ! Oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !".

Or, comme il arrive dans l'histoire des hommes, de très grands vents se sont levés et ce sont, hélas, pour beaucoup d'entre eux, des vents menaçants.

C'est très important de voir à quel moment de l'histoire nous sommes. Nous avons vécu deux siècles en fait, deux progrès à peu près continus de l'idée démocratique.

Bien sûr, il y a eu des guerres terribles avec des dizaines et des dizaines de millions de morts pour barrer la route à cette idée, des dizaines et des dizaines de millions de femmes et d'hommes martyrisés pour barrer la route à cette idée, mais il ne faisait, au fond, pas de doute pour personne que la démocratie était l'avenir de l'humanité, que c'était l'horizon vers lequel on allait.

La démocratie, pour nous, c'est très important. J'ai formé et présidé des mouvements politiques, ils avaient tous un point commun, il y avait le mot démocratie dans leur titre :

- Union pour la démocratie française,

- Force démocrate,

- Mouvement démocrate,

- Parti démocrate européen, si important, je le dis aux Députés européens, dans la période qui vient.

Pour nous, cela a une signification très précise et nous aimons beaucoup faire référence à la formule de Marc Sangnier, grand philosophe et, au fond, initiateur de cette famille, il disait ceci : "La démocratie, c'est l'organisation sociale qui porte à son plus haut la conscience et la responsabilité des citoyens".

Et, nous, nous croyons que c'est un projet de société, nous croyons, nous, que chacun d'entre nous, membres du même peuple, peut prendre la mesure des défis qui sont devant nous et s'associer à la résolution de ces défis. C'est un horizon et c'est une idée optimiste, pour ne pas dire utopique, mais nous croyons que le monde a, pour avancer, besoin d'utopie.

Or, aujourd'hui, partout le doute s'est installé. Ce n'est pas seulement que l'on n'arrive pas à atteindre la démocratie, c'est que des peuples, par milliards de citoyens, ont décidé que la démocratie n'était pas le but à atteindre, que ce n'était pas cela qui devait faire rêver, que c'était, au fond, une opinion qui pouvait être dépassée, combattue, surpassée par beaucoup d'autres opinions et, si on m'avait dit dans ma vie que je verrais le Premier Ministre britannique suspendre les travaux du Parlement britannique pour faire plus facilement son affaire sur un sujet controversé et difficile, je dois avouer que je ne l'aurais pas cru.

Je dis au passage à ceux qui sont historiens ou qui s'occupent de sciences politiques que la décision que la Cour suprême britannique a prise à l'unanimité de ses onze membres en disant que la décision que Bois Johnson avait fait prendre à la Reine d'Angleterre était une décision illégale, nulle et non avenue et la Présidente de la Cour suprême a dit : "C'est comme si rien n'avait été écrit sur une feuille blanche".

Cette décision-là, tous ceux qui s'intéressent aux constitutions au travers du monde, dateront ce jour-là comme la naissance ou l'entrée de la Grande-Bretagne, du Royaume-Uni, dans un nouveau schéma institutionnel, cette fois-ci définitivement fixé et nous avons vu cela de nos yeux et je dois dire que, pour cette raison-là, nous avons été, moi en tout cas, remplis de gratitude à l'égard des défenseurs de la démocratie britannique.

Vous voyez le Brésil, vous voyez Donald Trump, vous voyez ce qui se passe autour de l'Iran, vous voyez la Russie, la Chine et, en prononçant "vous voyez la Chine", je pense "vous voyez Hong-Kong", ce qui se joue à Hong-Kong, c'est évidemment quelque chose qui concerne l'avenir de l'équilibre politique de la planète et de milliards de citoyens.

Vous voyez l'Algérie, plus près de nous, ce qui se joue tous les vendredis en Algérie, avec un peuple immense de citoyens ayant fait l'option de la non-violence, refusant de tomber dans le piège de la violence, manifestant aux yeux de tous leur volonté de résister à une oppression et, au fond, à un arbitraire, cela ne concerne pas seulement le destin de ce pays ami et tellement lié à nous, cela ne concerne pas seulement les citoyens algériens, cela nous concerne tous et je voulais, de cette tribune, envoyer une pensée aux démocrates algériens.

Partout dans le monde, la démocratie apparaît comme un embarras pour les puissants et un obstacle pour la puissance aveugle. Or, est arrivé le moment de rappeler que la démocratie, c'est d'abord la protection des faibles, car malheur aux faibles si la démocratie est affaiblie. Ce sont eux qui paieront les pots cassés en premier.

Or, la démocratie souffre d'abord de l'idée qu'elle est impuissante. Elle souffre de l'idée qu'elle est incapable de résoudre les problèmes à l'intérieur et qu'elle est incapable de trouver un équilibre pour les résoudre sur la scène du monde, à l'extérieur.

Et les citoyens ne voient que des grands-messes qui ne servent à rien, des débats dont ils ne comprennent pas le sens, des élections qui ne changent rien, qui ne changeaient rien, une incapacité à prendre en charge les attentes matérielles et les attentes morales, je n'ose pas dire spirituelles, bien que je croie que ce soit exactement de cela dont il s'agit, attentes de justice et attentes d'identité.

Alors, je dis cela, attentes d'identité, car nous allons ouvrir des débats sur ce sujet et je trouve ces débats justes, courageux et, pour tout dire, indispensables, parce que, lorsque des problèmes sont identifiés par tous les citoyens et que l'organisation du pouvoir paraît ne pas les saisir à bras-le-corps, alors se développe une défiance et cette défiance est proprement mortelle.

Je regarde donc cette évolution du monde avec les menaces qui viennent de partout et j'observe qu'il existe un pays dans le monde, une voie dans ce pays qui résiste à cette dérive, à ce glissement continu vers l'échec et vers l'impuissance, ce pays, c'est la France et, cette voix, c'est celle du Président de la République française.

Je veux partager avec vous ce sentiment très simple : j'ai été très fier au moment du G7, pas seulement parce que l'on était au Pays Basque, que la lumière était magnifique et que les Pyrénées à l'horizon, déployaient un feston qui rendrait inoubliable cet événement, pas seulement pour cela, j'ai été très fier, car, aussi loin que je m'en souvienne, ces grands événements, ces grandes messes, ces mises en scène, elles ne débouchaient sur rien et, pire encore, sur rien de surprenant.

C'était du business as usual, comme disent les Anglais et, pour une fois, grâce au Président Emmanuel Macron, on a vu le scénario de l'impuissance écrit à l'avance démenti dans les faits, car un homme est allé prendre par la main le chef d'État supposé le plus puissant de la planète et des interlocuteurs qui sont parmi les plus incommodes, dangereux parfois, pour essayer de les mettre en présence les uns des autres et de montrer à tous les citoyens du monde qu'il y avait quelque chose à faire, car, au fond, les positions politiques se divisent en deux.

Il y a les gens qui baissent les bras, car ils croient que, finalement, au bout du compte, il n'y a rien à faire et il y a les gens qui, comme nous le faisons ici et aujourd'hui, dans l'organisation de la démocratie française, croient que l'on peut et on doit, si on est un citoyen, choisir de changer le monde.

C'est de la résistance, mais ce n'est pas de la résistance, comment dirais-je, bêtement, angélique, bisounours, c'est de la résistance active, infatigable et, d'une certaine manière, ce simple geste et cette simple journée prolongée lors de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies ont changé un peu encore, seulement un peu, mais c'est décisif, les relations internationales.

Le seul optimisme qui vaille, c'est une devise que nous partagerons aisément, c'est l'optimisme qui agit. Alors, tous les sujets que nous allons aborder, l'immigration, la défense de l'environnement et du développement durable, les retraites, tous ces sujets-là, nous allons les prendre avec cette détermination qui ne cède à rien.

Bien sûr, c'est difficile. Qui prétend que c'est facile ? Bien sûr, nous aurons sans doute des épreuves. Qui peut assurer qu'il n'y en aura pas ? Mais nous savons avec certitude que la seule attitude qui vaille, si on veut être digne de ceux qui nous ont offert leur confiance, c'est celle-là, c'est de se lever et de regarder les problèmes en face, c'est de proposer des solutions, d'essayer de convaincre et d'entraîner pour que change vraiment la réalité qui est celle que nous ont confié les citoyens.

Alors, encore faut-il ne pas se leurrer, voir les choses en face, prendre exactement la mesure de la situation, pas se laisser entraîner par des fakes news, même si je veux en dire une. J'ai entendu ces jours-ci qu'il y avait beaucoup d'articles et d'émissions de radio et de télévision qui racontaient que les professeurs en France gagnaient 3 850 €par mois et même parmi nous, des amis sont venus me dire : de quoi on parle ?

Nous ne changerons la réalité que si nous ne nous laissons pas leurrer par ces mensonges.

La vérité est qu'un professeur débutant certifié, et peut-être même agrégé, gagne 1 750 € ou 1 850 € par mois et c'est cela la vérité, qu'un professeur d'université avec 15 ans d'ancienneté, il arrive souvent qu'il n'atteigne pas 3 000 € par mois, que c'est vrai, les enseignants en France sont plus mal payés que les enseignants dans les autres pays européens, quelque chose comme 20 %. Je ne dis pas que ces phénomènes sont sans raison, mais c'est la vérité et donc à nous en tout cas de montrer par le constat du réel l'adhésion au réel que nous partageons les convictions et, parfois, les indignations de ceux à qui nous devons proposer un autre avenir.

On a fait beaucoup de choses. J'ai été très fier sur cette tribune d'entendre la représentante d'un grand syndicat français, la CFDT, hier, dire qu'ils étaient absolument fiers du plan de lutte contre la pauvreté, qu'ils adhéraient à ce qui avait été fait en matière d'apprentissage. On a vu avec Jean-Michel Blanquer hier après-midi à quel point nous partageons le constat, la réussite de ce qu'ont été les décisions sur l'école maternelle et sur le cours préparatoire et tout ceci change réellement les choses.

Et cela ne nous détournera pas pour autant d'envisager les nouveaux chantiers. Je voudrais dire un mot, juste avant de finir, du chantier des retraites, simplement pour indiquer trois repères. Le premier, c'est ma conviction et je la défends depuis longtemps, il n'y aura de réforme positive et prise en compte de la retraite par point que si on respecte un pacte qui est celui-ci : un, les droits acquis sont acquis et, lorsque vous avez travaillé 25 ans, 30 ans, 35 ans ou 40 ans sous la règle d'un régime particulier, il faut que toutes ces années comptent à l'aune du pacte qui avait été signé, du contrat qui avait été signé.

Voilà ce que je crois.

Deuxièmement, parmi les très nombreux critères que l'on va devoir surveiller et respecter, il y en a un qui, je crois, est prioritaire sur les autres, c'est la défense du pouvoir d'achat des retraités, ce que l'on peut appeler la défense de la valeur du point et ceci, à mon sens, pour être crédible doit être confié à une autorité indépendante, dans laquelle les partenaires sociaux auront le droit et le devoir de figurer, car une société dans laquelle ceux qui entrent en retraite ne sont pas assurés du niveau de vie que leur retraite va leur apporter dans le futur est une société fragilisée.

Troisième repère, un certain nombre d'organisations professionnelles et de régimes sociaux ont cotisé beaucoup pour obtenir une sécurité pour l'avenir. Vous connaissez ces professions (avocats, experts-comptables, etc.). Ma conviction est que, de même que les droits acquis sont acquis, les efforts acquis doivent être respectés.

Cela fait trois critères. Peut-être sont-ils trop exigeants, peut-être cette voix sera-t-elle un peu discordante, mais, après tout, comme on l'a dit, les débats sont des débats et, nous, nous les voulons francs.

Je vais dire un dernier mot sur un sujet d'actualité. Mme von der Leyen, la Présidente nommée de la Commission, a proposé une organisation dans laquelle un portefeuille de Commissaire serait nommé ou en tout cas aurait pour vocation la protection du modèle de société ou de la manière de vivre européenne.

Il y a beaucoup de critiques sur ce sujet. Moi, je veux simplement dire que je l'approuve, car, si vous dépossédez les peuples de l'idée qu'ils pourront transmettre à leurs enfants et partager avec leurs enfants ce qu'ils aiment le plus, ce à quoi ils tiennent le plus dans leur vie, leur modèle de société, leurs valeurs, leur manière de vivre, si vous les dépossédez de cela, alors ils se révolteront.

Je trouve donc juste que la puissance publique nationale et européenne s'occupe de ce sujet, car on s'occupe, là, de ce que les gens ont de plus précieux, pas seulement les conditions matérielles de leur existence, mais leur raison de vivre.

Je vous remercie.

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