En Guadeloupe, Justine Benin mène un combat capital pour l'accès à l'eau 

Justine Bénin
(© Assemblée nationale)

La députée de la Guadeloupe et membre de la commission des affaires sociales, Justine Benin, s'est lancée dans un grand projet pour l'accès à l'eau sur son territoire. Sa proposition pour la création d'un syndicat mixte unique de gestion de l'eau potable et de l'assainissement pour la Guadeloupe a été adoptée définitivement le jeudi 15 avril. Interview. 

Pourquoi le combat que vous menez pour l’eau en Guadeloupe est-il primordial ?

La Guadeloupe est depuis longtemps confrontée à des coupures d’eau fréquentes, qui sont dues à des ruptures de canalisations, à des problèmes sur les réseaux, ainsi qu’aux tours d’eau. C’est une réalité méconnue dans l’Hexagone, et qui pourtant affecte le quotidien des Guadeloupéens.

Les conséquences de cette situation dépassent le simple désagrément quotidien. Une colère légitime et une forte lassitude s’expriment face à cette situation. La problématique de l’eau impacte durement le secteur agricole, le tourisme, et l’économie dans son ensemble…  À cela, il faut ajouter les conséquences environnementales, car en raison de l’état déplorable du réseau et des infrastructures, les trop importantes pertes en eau épuisent sans raison le milieu aquatique et de nombreuses stations d’assainissement émettent des rejets polluants.

La situation est, aux yeux de tous, d’autant plus difficile à accepter qu’elle ne résulte pas de causes naturelles, hydrographiques ou physiques propres à notre territoire, car en Guadeloupe, il y a de l’eau en abondance. Un des problèmes provient du réseau de distribution qui est vétuste et qui aurait besoin d’être renouvelé. À l’heure actuelle, l’eau effectivement distribuée représente en moyenne à peine plus d’un tiers de l’eau pompée !

Cette situation alimente un cercle vicieux. Les carences du service suscitent l’exaspération des populations, et encouragent ainsi les impayés. Ces derniers aggravent les difficultés financières des gestionnaires et les rendent incapables d’effectuer les investissements indispensables à l’entretien, au renouvellement, et aux différents travaux. Un autre problème réside dans le caractère éclaté de la gestion des services d’eau et d’assainissement, qui fait obstacle à la gouvernance d’ensemble dont la Guadeloupe a besoin.

Votre proposition de loi sur la création d’un syndicat mixte unique de gestion de l’eau potable et de l’assainissement pour la Guadeloupe a été votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Que prévoit-elle ?

Pour répondre à ces difficultés, j’ai pris ce sujet à bras le corps, et j’ai travaillé sur une proposition de loi avec mon collègue sénateur de Guadeloupe, Dominique Théophile. Nous avons tous deux déposé un texte conjointement, à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Notre proposition de loi met en place la gouvernance unifiée et élargie dont la Guadeloupe a nécessairement besoin. Ce syndicat unique regroupera ainsi les cinq EPCI de Guadeloupe continentale (Cap Excellence, Grand Sud Caraïbe, Nord Grande-Terre, La Riviera du Levant et Nord Basse -Terre) ainsi que la Région et le Département de Guadeloupe.

Il sera compétent pour les missions relevant du service de l’eau potable et de l’assainissement des eaux usées définies par le code général des collectivités territoriales, et il sera administré par un comité syndical dans lequel les collectivités et les établissements membres disposeront, de manière égale, de quatre sièges chacun. Le principe « l’eau paye l’eau » reste le fondement de son financement, comme en droit commun, mais les dépenses supplémentaires seront financées à 50 % par la région et le département, et à 50 % par les autres membres.

Les travaux parlementaires se sont déroulés dans un esprit de co-construction transpartisan entre tous les groupes, ce qui a permis d’enrichir le texte et d’aboutir à un consensus. Nous avons considérablement renforcé la participation des usagers à la gouvernance, qui était une demande forte des associations sur le terrain, et un préalable indispensable pour restaurer la confiance des populations pour leur service public. Nous avons ainsi créé une commission de surveillance aux prérogatives renforcées, qui sera chargée de contrôler la gestion et l’action du syndicat. La majorité de ses membres seront des usagers, et ils disposeront de la présidence. Le Président de la commission de surveillance siègera par ailleurs au comité syndical.

Quel est l’objectif à terme ?

Cette loi pour un syndicat unique de gestion de l’eau potable et de l’assainissement en Guadeloupe constitue la première pierre indispensable pour restaurer la confiance de nos populations. Il permettra une gestion plus efficace de la ressource en eau pour notre territoire, avec une cohésion d’ensemble et une solidarité entre toutes les collectivités pour remettre en état les infrastructures et l’ensemble du réseau.

Quelles sont les prochaines échéances prévues ?

Notre proposition de loi a été adoptée le 28 janvier dernier à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Elle a été adoptée au Sénat, le mercredi 10 mars. Les députés et les sénateurs s’étant entendus sur un texte commun entre les deux chambres, la loi a été définitivement adoptée le jeudi 15 avril.

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