François Decoster : "C'est l'impact du dérèglement climatique à nos latitudes"

Stéphanie Maurice pour Libération
Inondation

François Decoster, maire de Saint-Omer, a accordé un entretien à Libération après les nouvelles innondations survenues dans le Pas-de-Calais depuis quelques jours. Il pointe notamment le rôle du changement climatique et appelle à prendre exemple sur nos voisins belges et hollandais en matière de gestion de crue. 

Libération : Où en êtes-vous après ces nouvelles pluies ? 

François Decoster : Nous avions quitté l'épisode d'inondations exceptionnelles de novembre avec une crainte : que les sols saturés d'eau ne mettent en vulnérabilité notre territoire pendant l'hiver.

Nous ne pensions pas cependant que cela reviendrait aussi vite. En quatre jours, depuis le début de cette semaine, il est tombé l'équivalent d'un mois de pluie.

En novembre, il était tombé l'équivalent de six mois de pluie en trois semaines. A la station de Wizernes, le débit est de 85 m3 par seconde en ce moment. En novembre, il a été au plus fort de la crue à 82 m3 par seconde, ce qui veut dire qu'il est encore supérieur aujourd'hui. Et la crue que l'on croyait centennale de 2002 était à un débit de 57 m3 par seconde. Nous sommes donc au-delà de l'exceptionnel. 

La crue de 2002 est une référence importante, pourquoi ? 

Depuis 2002, tous les travaux ont été entrepris pour éviter que les dégâts de cette crue considérée comme historique ne se reproduisent : dix bassins de rétention et des champs d'épandage de crues ont été créés en amont, capables d'absorber 510 000 m3 d'eau. A Blendecques, plus de 2 km d'endiguement ont été créés. 26 km de haies ont été replantées. Mais vingt-et-un ans plus tard, le référentiel de la crue de 2002 n'est plus adapté.

Ces épisodes pluvieux répétés, c'est l'impact du dérèglement climatique à nos latitudes. Ce n'est pas le maire de Saint-Omer qui le dit, mais les experts. 

Qu'attendez-vous de la réunion mardi 9 janvier entre Etat, collectivités locales et les différentes instances impliquées dans la gestion hydraulique ? 

Ce qui compte aujourd'hui, c'est de traverser l'hiver le mieux possible. Nous attendons donc des mesures d'urgence. Les dispositifs mis en place pour traiter la crise, comme les pompes qu'on a déployées en novembre pour rejeter l'eau à la mer, et qu'on recommence à déployer aujourd'hui, doivent être maintenus jusqu'à la fin de l'hiver. A Mardyck, [l'un des exutoires marins, ndlr] on a besoin d'une capacité de pompage de 45 m3 par seconde. De toute l'histoire des wateringues, on n'avait jamais eu recours à cette capacité. 

Comment imaginez-vous la suite à donner à ces crues exceptionnelles ? 

Nous sommes dans une première phase, celle de l'urgence. Il faut que les habitants du bassin de l'Aa bénéficient d'une protection maximale en période de saturation des sols. Vous n'allez pas parler maintenant d'élargir ou de creuser des canaux, vous ne rassurerez pas les gens. Ensuite, viendra une autre phase. C'est justement ce que le président de la République m'a demandé.

Je vais aller en Belgique et aux Pays-Bas, pour voir les expériences, les outils et les politiques mis en place dans des pays qui ont des géographies qui nous ressemblent.

Nous sommes au début d'un polder quand le territoire des Pays-Bas est situé pour 26% en dessous du niveau de la mer. Ils ont vécu un épisode de submersion marine en 1953 qui a fait 1 835 victimes dans leur pays. 

Lire l'entretien dans son intégralité

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