Sarah El Haïry : « La tendance "no-kids" est une violence faite aux enfants »

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Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l'Enfance et vice-présidente du MoDem, a répondu aux questions du Parisien afin de développer ses propositions pour l'enfance.

La tendance « no-kids » gagne du terrain. Lutter contre, n'est-ce pas perdu d'avance ?

Cette mode est une violence faite aux enfants. On ne peut pas dire d'un côté qu'il faut accompagner les familles et de l'autre distiller l'idée que les enfants sont une nuisance. 

Si on la laisse s'installer, on n'accepte plus qu'ils pleurent, qu'ils bougent, qu'ils parlent, et on met une pression extrêmement forte sur les parents pour éviter qu'ils interagissent avec eux dans les lieux publics. Voilà pourquoi on met son fils ou sa fille devant un dessin animé dans le train. 

D'un côté, on culpabilise les parents, de l'autre, plus personne n'accepte que les enfants bougent. Ce n'est pas entendable !

Qu'allez-vous faire ?

Mardi 27 mai, je vais réunir l'ensemble des fédérations du tourisme, des transports, de l'urbanisme pour penser une société à hauteur d'enfant. Je veux leur dire : « Attention, cette mode n'est pas la bienvenue en France. » 

Je veux promouvoir une contre-tendance « pro-kids », avec des acteurs pro-familles, comme les Belambra, les Center Parcs, les Pierre et Vacances, Airbnb. Il y a bien un wagon famille dans les trains mais je suis sûre que l'on peut aller plus loin. Il faut inclure les enfants.

(...)

Au sujet des écrans, on assiste à une bataille d'experts, certains préconisent de les interdire aux moins de 3 ans, ou de 6 ans, d'autres sont moins alarmistes... Que dites-vous aux parents perdus ?

Je les comprends ! Sur les réseaux sociaux, l'un dit noir, l'autre dit blanc. 

Ce qui est sûr, c'est qu'exposer un enfant aux écrans avant 3 ans n'est pas bon. Mais ne culpabilisons pas les parents. 

Ce n'est pas parce qu'un petit regarde un dessin animé que son cerveau va disjoncter. Le problème, c'est la surexposition, la multitude d'écrans, le visionnage seul. Je vais rencontrer les experts de l'Arcom dans deux semaines pour travailler sur des contenus appropriés pour les enfants.

Écrans, harcèlement, pornographie... Les petits sont exposés à de plus en plus de menaces. Pourtant, rien de concret n'émerge. Comment renverser la tendance ?

Vous avez raison, ces derniers temps, il y a eu de nombreux rapports sur la protection de l'enfance, les assises de la pédiatrie, la commission sur les crèches... Il y a une sorte de consensus : les mineurs font face à de nouveaux dangers et des situations à risques, accélérées par l'exposition aux réseaux sociaux. Je pense notamment à l'exploitation sexuelle des mineurs. 

Je crois qu'il est plus dur aujourd'hui d'être parent. 

Est-ce qu'il y a eu des avancées ? Oui ! Est-ce que cela va suffisamment vite ? Non, jamais !

Une nouvelle carte pour parents solo - prouver leur statut aux collectivités locales ou entreprises publiques ou privées, et susceptibles de leur accorder des prestations - pourrait-elle voir le jour ?

J'y suis favorable ! Il y a une réalité : aujourd'hui, 20 % des familles sont monoparentales. Elles sont plus exposées à la pauvreté. Les besoins et la charge mentale sont plus lourds chez les mères seules. 

Il faut briser cette invisibilité ! Elles ont besoin d'être accompagnées. 

Cela nécessite des discussions avec la RATP, la SNCF et l'ensemble des acteurs.

Une convention citoyenne débute sur « les temps de l'enfance». Faut-il réduire les vacances d'été ?

Il n'y aura pas de tabou. Les situations familiales ont évolué. Il y a des séparations, des recompositions. 

Poser la question des vacances, c'est aussi poser celle des rythmes scolaires, de l'organisation de l'économie du tourisme, des transports, du partage des vacances entre les parents. 

Un bon exemple, ce sont les temps de trajets, de plus en plus de plus en plus longs, parce que les parents s'éloignent de leur lieu de travail. Le temps entre la sortie de l'école et l'arrivée des parents s'allonge.

Vous voulez « faciliter les adoptions», c'est-à-dire ?

Parfois, il faut attendre sept ou neuf ans avant d'adopter. Aujourd'hui, près de 10 000 familles ont un agrément d'adoption en France, sans parler de celles qui ne débutent même pas la démarche parce qu'elles sont découragées d'avance. C'est inacceptable.

Mais pourquoi ?

C'est long, c'est lent. L'une des réponses est de créer un fichier national des familles qui ont cet agrément. Dans les conseils de famille, on attend trop pour acter le délaissement, cette procédure, qui reconnaît l'abandon de fait et pas de droit, qui rend possible une adoption pour un enfant. Accueillir un enfant de 7 ans, ce n'est pas la même réalité qu'un nouveau-né. 

J'ai l'intime conviction qu'on peut raccourcir les délais. 

On pourrait imaginer que la pouponnière redevienne un lieu d'accueil pour quelques semaines. Et pourquoi ne pas envisager, comme en Espagne ou au Québec, que certaines familles aient un double agrément d'assistant familial et de famille adoptante ?

Aujourd'hui, certains couples renoncent à avoir des enfants après des échecs en PMA. Est-ce qu'ils pourraient être prioritaires ?

J'ai fait une PMA. C'est un projet qui est lourd physiquement, et qui ne marche pas toujours. 

Mais quoi qu'il se passe, ce sera toujours l'intérêt de l'enfant qui primera. C'est la boussole. 

On a des enfants qui ont besoin d'une famille aimante. On a des familles qui sont aimantes. C'est du gâchis de ne pas les faire se rencontrer plus tôt.

Dans les pouponnières, il y a aussi des enfants nés sous X. Allez-vous modifier l'accouchement sous X en France?

J'ai envie d'ouvrir cette réflexion. Il ne faut pas laisser ces enfants dans une errance identitaire. 

Il y a un silence complet quand on est né sous X. C'est une spécificité française. 

Je pense qu'on peut aller vers l'accouchement dans la discrétion pour permettre à l'enfant de connaître ses racines tout en garantissant l'anonymat de la mère. Pour être claire, je veux que la mère soit obligée de fournir a minima un dossier médical.

 

Lire l'entretien complet dans Le Parisien.

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