Retour sur le déplacement de trois de nos élus en Israël

Dans le cadre d’une mission parlementaire en Israël du 7 au 10 janvier 2024, trois de nos élus démocrates se sont rendus sur place pour, dans un premier temps, observer l’horreur commise par le Hamas sur ce territoire le jour des premières attaques terroristes le 7 octobre 2023. 

Isabelle Florennes, sénatrice des Hauts-de-Seine, Éric Martineau, député de la Sarthe et Jean-Pierre Cubertafon, député de la Dordogne, ont accepté de témoigner après leur retour. 

Trois mois après l’attaque terroriste du Hamas, qu’avez-vous ressenti lorsque vous êtes arrivés en Israël ?

Éric Martineau : Lorsque l’on pénètre dans un pays en guerre, cela n’a rien d’anodin. Je connaissais déjà Israël, y étant allé deux fois par le passé, et j'ai constaté dès mon arrivée un aéroport quasiment vide, où une seule compagnie aérienne circule avec des otages affichés partout sur les murs… c’est à ce moment-là que nous réalisons concrètement qu’Israël est en guerre.

Jean-Pierre CubertafonComme tout un chacun, j’avais suivi les évènements depuis la France, effaré par tant de violences. Lorsque je suis arrivé en Israël, les évènements ont pris des visages humains. Toute l’horreur subie par les Israéliens, directement ou indirectement, nous a littéralement sauté à la gorge. Personnellement, j’ai pensé aux témoignages des derniers survivants de la seconde Guerre mondiale, en particulier ceux qui évoquaient les exactions atroces commises à Oradour-sur-Glane où toute la population d’un village a été décimée. 

Isabelle FlorennesTrois mois après l'attaque terroriste du Hamas, mon arrivée en Israël a été marquée par une impression de familiarité culturelle profonde. J'ai également ressenti une grande émotion de la population face aux massacres du 7 octobre, tempérée par la conviction qu'une réponse forte mais méthodique est nécessaire. Les rencontres avec les familles des otages m'ont également particulièrement touchée. 

Expliquez les objectifs et le déroulé de votre déplacement ? 

Isabelle Florennes : L'objectif principal de ce déplacement était de saisir la réalité sur le terrain, au-delà des reportages, en écoutant directement les témoignages des Israéliens. Ce besoin d'une perspective de première main était essentiel pour comprendre pleinement la situation et formuler une réponse informée.

Jean-Pierre CubertafonDurant ces quatre jours, nous avons rencontré d’éminentes personnalités comme le Dr Emmanuel Navon, professeur des relations internationales et directeur d’ELNET Israël qui avait organisé notre déplacement. 

Dès le premier jour, un officier de l’armée israélienne nous a présenté la gestion de la guerre du centre opérationnel à Gaza. 

Le lendemain, nous sommes allés à la Knesset, le parlement israélien où nous avons rencontré des députés de la coalition et de l’opposition. J’ai également apprécié les échanges avec des intellectuels sur l’épineuse question de l’incitation à la haine dans les manuels scolaires palestiniens. Parmi les temps forts, la visite de l’hôpital Ichilov dans lequel nous avons été confrontés à la situation des civils et des militaires blessés, nous a particulièrement marqués. 

Pouvez-vous nous décrire la situation militaire actuelle ? Et concernant l'état d'esprit des populations ? 

Éric Martineau : D’abord, précisons que, par sécurité, près de 500 000 Israéliens sont déplacés pour ne pas rester près de Gaza et de la frontière libanaise. Les israéliens soutiennent leurs militaires qui sont aussi des appelés et engagés, rappelons-le. Tel Aviv, une ville qui ne s’arrête jamais habituellement, est très calme, méconnaissable, vidée de ses touristes. 

Jean-Pierre CubertafonLa population vit dans une insécurité permanente. Les gens sortent de plus en plus souvent armés, pour se défendre le cas échéant et parce qu’ils vivent dans la crainte pour leurs proches. La situation militaire tente de répondre à cette peur, de sécuriser le peuple par une réplique de grande ampleur pour éradiquer les forces vives du Hamas. Malheureusement, cela se traduit par la mort de nombreux civils innocents. Faut-il rappeler qu’une guerre tue ? D’autant plus que les civils servent de boucliers humains au Hamas. 

Isabelle Florennes : Sur le plan militaire, le contrôle du nord de Gaza a été établi, avec des terroristes neutralisés ou en fuite. Les efforts se concentrent désormais sur le sud, avec une progression méticuleuse pour éviter les victimes collatérales.

Après ce déplacement, votre analyse sur le conflit a-t-elle évoluée ? notamment sur les chances de paix ?

Isabelle Florennes : Ce voyage a affiné mon analyse du conflit, en soulignant les limites des approches pragmatiques antérieures, comme les accords d'Oslo. La nécessité d'aborder frontalement la question de l'acceptation réciproque est devenue évidente. La paix ne semble possible que si une reconnaissance mutuelle est établie, permettant des compromis des deux côtés. Sans cette reconnaissance, le conflit semble condamné à perdurer, dominé par les rapports de force.

Jean-Pierre Cubertafon : Tous nos efforts diplomatiques doivent porter sur la libération des otages, pour des raisons humaines évidemment et pour tenter de négocier dans un second temps l’arrêt des tirs incessants. 

Comment la France pèse-t-elle dans ce conflit ?  

Éric MartineauLa présence de notre ambassadeur français en Israël est prépondérante. Notre pays est l’un des rares capables de discuter avec toutes les autres nations impliquées dans le conflit. Oui la France pèse. 

Isabelle Florennes : La position de la France est cruciale et reçoit une attention particulière en Israël. Une approche amicale et constructive de la France renforce son influence. Les propositions initiales de soutien à Israël par Emmanuel Macron ont été très bien accueillies.

Comment les positions françaises sont-elles perçues en Israël ? 

Jean-Pierre CubertafonLa France est un pays ami d’Israël qui attend beaucoup d’elle et de sa diplomatie. 

Isabelle Florennes : La France est perçue de manière ambivalente en Israël, culturellement appréciée mais critiquée pour ses positions jugées parfois pro-arabes et irréalistes. 

Éric Martineau : Notre position n’est pas toujours comprise, ni celle de la Croix rouge et l’ONU. Nous continuons de défendre la position à deux états. Israël ne le voit pas comme ça.

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Pour conclure, au regard des témoignages directs de nos trois élus, nul doute quant aux sentiments éprouvés : colère contre le Hamas et compassion envers les civils israéliens et palestiniens. 

Nous comprenons aisément que cette guerre reflète un conflit plus général opposant des modèles de sociétés contraires. D’un côté Israël et ses soutiens incarnant la soif de vivre en toute quiétude selon ses propres choix, de l’autre le Hamas et ses soutiens également, étendard d’une vie opprimée sous la menace de mourir pour avoir goûté à la liberté. 

N’oublions jamais qu’une organisation terroriste, massacrant son propre peuple palestinien depuis des années, a sauvagement attaqué un État dont le seul grief est celui d’être composé de personnes de confession juives. Ce fut la même raison invoquée par le régime nazi lorsque la solution finale a été décidé. Ne nous trompons pas de combat en confondant les représentants politiques de l’État israélien, critiquables à bien des égards, et le massacre perpétué sous nos yeux d’un peuple innocent, visé pour le nom de sa religion. 

S’agissant du rôle de la France et de la suite à donner à ses actions diplomatiques, nous laisserons le mot de la fin à Isabelle Florennes : 

La France, avec son histoire de médiation, doit jouer un rôle constructif, encourageant les parties à s'engager dans ce dialogue difficile mais nécessaire. Il est temps d'arrêter de tourner autour du pot et d'adresser les véritables enjeux, pour le bien d'Israël, des Palestiniens, et de la stabilité régionale.

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