Maud Petit : « La situation provoquée par les algues sargasses atteint un niveau d'alerte plus que préoccupant »
Ce mardi 24 juin, Maud Petit, députée du Val-de-Marne, a interrogé le gouvernement sur la prolifération des sargasses.
Merci Madame la Présidente.
J'associe à ma question mes collègues Mickaël Cosson et Frantz Gumbs, ainsi que nos collègues députés des Antilles et de Guyane.
Monsieur le Ministre, dans nos territoires, dans nombre de nos territoires marins, la situation provoquée par les algues sargasses atteint depuis plusieurs semaines un niveau d'alerte plus que préoccupant. C'est une crise sanitaire qui nous menace. Les images satellites de Météo France font état d'une concentration de radeaux de sargasses dans l'Atlantique, particulièrement dense et massif. Les échouements de l'algue brune toxique sur les côtes ne sont plus un phénomène ponctuel et épars. Ils deviennent un fait structurel, récurrent, avec des conséquences graves pour nos territoires et populations car le rythme d'arrivée dépasse largement les capacités locales d'intervention.
Dans plusieurs communes littorales, des zones entières sont envahies, les habitants sont exposés à des émanations toxiques, les écoles ferment, les bateaux ne circulent plus entre les Saintes et la Guadeloupe. Les pêcheurs sont touchés de plein fouet, les métaux rongés. Les équipes locales sont mobilisées pourtant et déterminées, mais elles manquent cruellement de moyens pour faire face à l'ampleur du phénomène.
Je veux saluer ici les efforts engagés par le gouvernement, notamment l'annonce en mai dernier du plan Sargasse 3, avec la collecte en mer et la création du groupement d'intérêts publics. Mais il est urgent que cette dynamique se traduise par des efforts concrets sur le terrain. Car il manque une ingénierie territoriale adaptée à nos communes, qui n'ont pas toujours les ressources ou les outils pour monter des projets dans l'urgence face à un phénomène naturel irrégulier et imprévisible.
La sénatrice Conconne travaille à faire reconnaître les échouages comme catastrophes naturelles. Mais cette qualification ne peut s'appliquer à la situation en l'état actuel de notre droit, parce que les dommages ne résultent pas d'un événement brutal et ponctuel, mais de la décomposition progressive des algues échouées. Ce vide juridique appelle une réponse. Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à engager avec le Parlement une réflexion pour adapter notre droit aux nouveaux risques environnementaux que représentent les algues invasives, sargasses ou algues vertes, et apporter une réponse durable aux populations concernées ?
Merci.