Jean-Noël Barrot : « Ce qu’on a vu en Libye, en Afghanistan, en Irak, nous ne voulons pas le voir se reproduire »

Invité de l’émission C à Vous de France 5 ce jeudi 19 juin, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et vice-président du MoDem, a défendu une ligne de fermeté et de dialogue face aux tensions croissantes au Moyen-Orient. Appel à la négociation avec l’Iran, protection des ressortissants français, soutien aux familles d’otages, justice pour les travailleurs saisonniers : il a rappelé les engagements constants de la France en faveur du droit international et de la dignité humaine.

Iran : « La seule manière d’obtenir des résultats, c’est par la négociation »

Sur le plateau de C à vous, Jean-Noël Barrot a longuement évoqué la situation au Proche-Orient et la position de la France. « C’est une obligation presque morale [de tenter par la négociation de mettre un terme à ce conflit] », a-t-il déclaré, rappelant l’engagement de la France, avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour rouvrir un canal de dialogue avec l’Iran.

Il est essentiel de montrer que cette voie du dialogue est la seule qui doit primer, d'abord parce que c'est la seule susceptible de produire l'effet recherché : se débarrasser, une bonne fois pour toutes, de ce programme nucléaire, du risque des missiles, de l'attitude du régime iranien qui déstabilise la région.

Le ministre a insisté sur la nécessité d’éviter l’escalade militaire. « Nous ne considérons pas que ce problème peut être résolu par la force seule », a-t-il affirmé. Pour Jean-Noël Barrot, seule la diplomatie peut obtenir « un retour en arrière durable, crédible » du programme nucléaire et balistique iranien, comme ce fut le cas avec l’accord de 2015 (JCPOA). Il a également rappelé que l’Iran déstabilise la région en soutenant des groupes terroristes, en particulier le Hamas.

Je rappelle que nous avons 1000 ressortissants français qui habitent aujourd'hui en Iran, même si certains souhaitent partir et que nous allons les accompagner, et près de 250 000 compatriotes qui sont installés en Israël. 

« Ce que je dis, c’est que convaincre la communauté internationale que la seule manière d’obtenir ces résultats, c’est de le faire par la négociation », a-t-il insisté, soulignant que l’attitude du régime iranien constitue « une menace existentielle pour Israël, pour la région, pour la France et pour l’Europe ».

Face à cette menace et ces tensions, le ministre a rappelé la ligne de fermeté de la France face au régime iranien, tout en refusant toute participation à une guerre préventive. « Nous n’avons ni soutenu, ni participé à ces frappes », a-t-il martelé, précisant que la France avait « appelé à la désescalade, à la retenue et à l’arrêt des frappes ».

La France défend en toutes circonstances le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Nous considérons que ce n'est pas par la force qu'on peut redessiner les contours d'une nation et qu'il appartient au peuple de décider de leur propre destin. 

Jean-Noël Barrot a également souligné l’importance pour l’Europe de prévenir un embrasement régional : 

Si nous laissons la région s’embraser, c’est à nos portes, aux portes de l’Europe, un foyer d’instabilité majeur qui s’installera, et dont nous paierons les conséquences très lourdement.

Il a enfin rappelé que le régime iranien fournit à la Russie « des centaines de missiles et des milliers de drones » utilisés contre l’Ukraine, tout en soulignant que « ce n’est pas par la force qu’on peut redessiner les contours d’une nation ».

Il ne faut pas refaire les erreurs du passé. Ce qu'on a vu en Libye, ce qu'on a vu en Afghanistan, ce qu'on a vu en Irak, nous ne voulons pas le voir se reproduire. 

Otages : « C’est un enfer »

Jean-Noël Barrot a exprimé sa solidarité avec les familles des deux Français détenus en Iran, Cécile Kohler et Jacques Paris, dont la sécurité est difficilement garantie avec les frappes israéliennes. 

Quand on a un proche qui est retenu otage en Iran, dans des conditions indignes, assimilables à la torture […] c’est un enfer.

Il a assuré être en contact constant avec les familles et a indiqué que, grâce à une plainte déposée devant la Cour internationale de justice, il espère pouvoir obtenir des entretiens consulaires auxquels ils ont droit, les premiers depuis plus d’un an. 

Nous espérons pouvoir obtenir ce que nous n’avons pas obtenu depuis trois ans : leur libération.

Le ministre a également évoqué les mesures prises pour protéger les Français vivant dans la région. En Israël, des itinéraires sécurisés vers les aéroports en Jordanie et en Égypte ont été mis en place, ainsi qu’un vol de retour prévu pour les plus vulnérables. En Iran, les ressortissants ont été encouragés à se rapprocher des frontières avec la Turquie et l’Arménie, toujours ouvertes.

Nous avons surtout conseillé à nos compatriotes en Israël de rester très à l'écoute des consignes de sécurité. [...] Et s'agissant de l'Iran, nous les avons encouragés à ne pas rester à Téhéran et les avons appelés aujourd'hui à se signaler pour pouvoir les convoyer jusqu'à la frontière. 

Travailleurs saisonniers : « Ce n’est pas juste du travail illégal, c’est de la traite »

Enfin, le ministre est revenu sur la situation dramatique des travailleurs saisonniers exploités, en tant que vendangeurs, dans des conditions qualifiées d’"indignes" lors des récoltes 2023 dans la Marne, et dont le procès s'est ouvert jeudi. Il a dénoncé une réalité « indigne » et rappelé que « la traite d’êtres humains est l’un des qualificatifs juridiques assortis des peines les plus lourdes dans notre droit ».

Ce qu'il faut faire, c'est d'abord réprimer ce type de comportement et de réseau.

Jean-Noël Barrot a salué les mesures de répression renforcées dans la récente loi immigration, visant les employeurs et transporteurs complices. Mais il a aussi appelé à aller plus loin : « Mon objectif, c’est de les mettre en faillite », a-t-il lancé, en parlant des réseaux de passeurs. Pour lui, il faut avant tout « éviter que des jeunes femmes, des jeunes hommes, se retrouvent entre les mains de ce type de criminels ». 

Il y a aussi l'extinction des foyers de crise, et c'est quand la France et sa diplomatie se déploient au Liban, en Syrie, et aujourd'hui pour tenter d'éteindre le feu entre Israël et l'Iran, c'est également pour atteindre cet objectif et éviter ces vagues migratoires qui fuient les persécutions et qui fuient les désordres géopolitiques. 

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