François Bayrou, invité de France 2 dans l'émission "France 2022"

François Bayrou - appli
(© François Bouchon/Le Figaro/2019)

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Léa Salamé et Laurent Guimier, ce jeudi sur France 2 dans l'émission “France 2022” à 21H00.

📺 Revoir l'émission ▶️ https://www.francetvinfo.fr/elections/legislatives/direct-legislatives-2022-suivez-le-debat-d-entre-deux-tours-avec-mathilde-panot-francois-bayrou-jean-francois-cope-et-philippe-ballard-sur-france-2_5201926.html

Visite du Président de la République en Ukraine

François BAYROU. – Elle était commandée par l'urgence puisque le mandat de la France à la tête du conseil de l'Union Européenne s'achève, dans 10 jours.

Donc c'était évidemment important qu'en tant que président du conseil de l'Union Européenne, le Président de la République française y aille. Mais il ne pouvait pas y aller les mains vides. Il ne pouvait pas y aller simplement pour rappeler, expliquer qu’on soutient l’Ukraine. Tout le monde le sait et les Ukrainiens le savent mieux que personne puisqu'on leur apporte du matériel pour résister.

Il y est allé d'abord avec le Chancelier allemand et le Président du Conseil italien et il y est allé en apportant une nouvelle qui, pour les Ukrainiens, est extrêmement importante. Ils ont reconnu ensemble à l'Ukraine, après des consultations qui ont duré des semaines, le statut de candidat à l'Union Européenne. 

Léa SALAME. - Vous entendez : personne ne conteste le fait qu’Emmanuel Macron aille en Ukraine mais ils se demandent, à 3 jours des législatives : était-ce le moment ?

François BAYROU. - D'abord ce n'est jamais le moment comme vous savez pendant une campagne électorale ! Et il se trouve que par ce voyage-là on est au cœur de l'essentiel, pas à côté de l'essentiel, pas « périphériquement » comme Jean-François Copé le décrivait.

Ce que l'on va vivre dans les années qui viennent c'est marquer par des crises qui sont des menaces, des nuages noirs à l'horizon comme on n'en a pas vus, pour moi, depuis plus de 50 ans.

La première des crises, c'est ce qui se passe en Ukraine pour la première fois, un pays, une superpuissance militaire, se jette sur son voisin, son parent, son proche culturellement et humainement pour en faire une proie. Cela va déstabiliser l'Europe complètement vous avez vu que les pays traditionnellement neutres - la Finlande et la Suède - ont dit maintenant on ne peut plus être neutre, il faut rentrer dans l'OTAN, et deuxièmement il y a l'inflation, la France en est un peu plus préservée que les autres mais cette crise va être majeure. Et effectivement ces deux crises se rencontrent sur un pays fracturé.

Donc la question c'est : à partir de cette élection, est-ce qu’il y a une majorité cohérente pour le pays ?

Ces majorités cohérentes, il n'y en a que deux possibles aujourd'hui numériquement, arithmétiquement, c'est en effet celle de la NUPES et celle qui est regroupée autour d’Emmanuel Macron et cet enjeu-là, il sera dans les livres d'histoire.

Léa SALAME. - Je sens que vous avez très envie de dramatiser aussi…

François BAYROU. – Au contraire, je pense que je suis un tout petit peu au-dessous de la réalité.

Léa SALAME. - Vous pensez que vraiment le vote de dimanche prochain sera historique pour l'avenir de la France.

François BAYROU. - Il est absolument historique et absolument inquiétant.

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« Jean-Luc Mélenchon a été le défenseur de Poutine »

François BAYROU : « Jean-Luc Mélenchon a été le défenseur de Poutine, un des deux défenseurs de Poutine représentés à cette table. Franchement, sur toutes les télévisions, sur tous les réseaux sociaux, vous avez le rappel des éléments, Jean-Luc Mélenchon qui disait : « Écoutez-moi bien, je m'engage : jamais Poutine n'attaquera l'Ukraine. » Il suffisait d'aller sur les réseaux sociaux.

La vérité est très simple : Jean-Luc Mélenchon proposait même - et il continue à proposer - que nous quittions l'OTAN pour faire une alliance avec Poutine, avec la Chine, avec Cuba et avec un certain nombre de pays que nous connaissons bien de ce point d'Amérique du Sud. »

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« La France insoumise : mouvement politique qui est anti-européen depuis a jusqu’à z »

François BAYROU : « Jean-François Copé pour une fois est injuste parce qu'il dit à Mme Panot qu'elle est incohérente. Pas du tout ! Elle est d'une cohérence absolue.

C'est un mouvement politique qui est anti-européen depuis a jusqu’à z. Sans jamais aucune différence. Ils ont demandé qu'on enlève le drapeau européen des bâtiments publics. Ils ont demandé qu'on l'enlève de l'Assemblée nationale. Mme Panot, elle-même, a signé un amendement qui est d'octobre 2017 alors qu’ils venaient d'être élus - j’ai l'amendement si cela vous intéresse, mais je pense que vous accepterez de reconnaître que c'est vrai - pour enlever le drapeau européen de l'Assemblée nationale.

Pour que l'on mette à la place le drapeau des Nations Unies avec l'idée qu'il fallait qu'il n'y ait que la France et la communauté mondiale face à face et qu'il n'y ait aucune construction qui permette de gagner en effet de la souveraineté parce que notre idée à nous, notre certitude, c'est qu'il ne peut pas y avoir de souveraineté solitaire.

Quand on s'isole, on n’a ni les moyens, ni la capacité d'influence pour arriver à faire changer les choses.

Alors, oui, heureusement, il y a des traités de libre-échange.

Nous sommes un grand pays exportateur : l'aéronautique, la chimie, les parfums, l'agroalimentaire…

Léa SALAME. – Malheureusement, cela ne se voit pas sur le déficit commercial…

François BAYROU. - C'est justement ce qui nous évite que ce soit beaucoup plus parce que cela, ce sont des blocs de 30-35 milliards qui sont excédentaires.

Heureusement que nous pouvons échanger avec nos voisins parce que vous croyez que l'on pourrait supprimer ce que vous appelez le libre-échange - c'est-à-dire les traités d’échange - sans que le voisin fasse la même chose ? Sans que nos voisins nous disent : nous aussi nous fermerons les frontières ?

François BAYROU. - Enlever le drapeau européen – ce que veut aussi Mme Le Pen - qu'est-ce cela veut dire pour les gens ? Quand on enlève le drapeau qui est le symbole de l'Europe, de nos bâtiments publics, cela veut dire que l'on sort de cette Union !

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La République 

François BAYROU. - La République c'est deux choses, ce sont des valeurs, c'est-à-dire le refus de voir la haine systématique introduite dans le débat public et c'est deuxièmement, pour moi, dire la vérité.

Les illusions qui sont entretenues, les fantasmes que l'on essaie de faire naître, l'idée que l'on pourrait faire absolument n'importe quoi, ces idées-là, sont nuisibles à l'idéal républicain.

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« La NUPES dit : il faut désarmer les policiers »

François BAYROU. - Je vais prendre un exemple en matière de sécurité. En matière de sécurité, la NUPES dit : il faut désarmer les policiers, il faut que les polices municipales passent sous le contrôle du préfet, il faut démanteler les BAC. Je m'arrête une seconde parce qu'on voit bien là que Jean-Luc Mélenchon n'est pas maire.

Jean-François Copé et moi qui avons la chance et la responsabilité d'être maires, nous savons une chose c'est que la BAC est l'instrument le plus précieux quand on passe un certain nombre de bornes.

Quand vous luttez contre les trafics de drogues, quelques jours après vous avez des caillassages des policiers, les pièges tendus, des cocktails Molotov. Dans ce cas-là, qui vous envoyez ? Vous envoyez la Brigade anti-criminalité.

Quand il y a des suspicions de terrorisme, qui envoyez-vous ? Ceux qui sont formés au sein de la police, pour ce sujet en attendant que le RAID arrive par exemple, ce sont les BAC. Et cette volonté de désarmer ceux qui ont la charge de défendre l'ordre, c'est en effet une manière de fragiliser la République.

Léa SALAME. - Donc vous pensez que la NUPES sur ce point-là sort des valeurs républicaines ?

François BAYROU. - En tout cas, pour moi, elle ne respecte pas le principe républicain qui est en effet de donner à ceux qui sont attaqués des défenseurs. 

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« Ce que j'appelle extrême-droite, c'est d'introduire dans le débat public en France des notions de haine et d'irrespect du plus profond des choses qui est la responsabilité du Front National. »

Ce que j'appelle extrême-droite, et c'est précisément pourquoi je prenais M. Ballard à témoin et un peu plus qu'à témoin, c'est d'introduire dans le débat public en France des notions de haine et d'irrespect du plus profond des choses, qui est la responsabilité du Front National.

Vous avez investi un candidat dans l'Yonne qui s'appelle M. Odoul dont tout le monde sait, par des enregistrements que, placé devant le cas d'un agriculteur qui s'était suicidé en se pendant dans sa grange, la réflexion de ce M. Odoul a été de dire : « Est-ce qu’au moins la corde était française ? … »

Et il y a des gens en France, dont je suis, qui considère que ce propos est dégueulasse et aurait dû mériter de votre part une mise à l'écart.

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Police

François BAYROU. - Je ne peux pas laisser dire qu'aucun effort n'a été fait pour la police pendant ces 5 ans.

Il y a une nouvelle étape de la politique de la ville, nous en bénéficions vous à Meaux et moi à Pau et c'est en effet des réaménagements de quartier.

Mais je ne crois pas que ce soit essentiellement dans le béton que soit le problème des banlieues. Je pense qu'il y a des problèmes qui tiennent à des populations fragiles, à des interventions de l'école et Dieu sait que l'on a fait ce qu'il fallait en dédoublant les classes, à de l'installation en effet de la présence de surveillance : nous avons mis en place des caméras et cela marche !

On arrive à faire baisser la délinquance de 3 à 4 % par an depuis plusieurs années dans notre ville. On ne peut pas dire que rien n'a été fait et on ne peut pas dire non plus qu'il n'y a jamais aucun incident. Il y a des incidents et je suis d'accord avec vous pour dire que la police est en effet extrêmement surveillée.

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Peines planchers 

Léa SALAME. - Une question : êtes-vous pour le respect des peines planchers ?

François BAYROU. - Oui, mais je ne sais pas si on peut imposer à un juge de respecter une peine fixée parce que la liberté du juge, c'est d'apprécier les circonstances. Je dis oui, mais…

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« C'est une déclaration de candidature de la part de LR à entrer au gouvernement. »

Léa SALAME. -  Vous êtes prêts à travailler ensemble ?

François BAYROU. - C'est une déclaration de candidature de la part de LR à entrer au gouvernement.

Jean-François COPÉ. - C'est plus complexe.

On verra ce qu'il en sera la semaine prochaine.

François BAYROU. - En vous écoutant depuis plusieurs mois j'ai compris que c'est en effet la déclaration que vous portez.

LR veut entrer au gouvernement dans la majorité.

Moi je suis pour le rassemblement le plus large.

Les institutions sont parfaitement claires. C'est le Général de Gaulle qui les a définies une fois pour toutes au discours de Bayeux. Il a dit une phrase extrêmement simple : il appartiendra au Président de la République de former le gouvernement, on ne laissera pas former le gouvernement par des manœuvres parlementaires et le Président de la République formera le gouvernement en tenant compte des nuances de l'Assemblée nationale.

Eh bien il me semble qu'à peu près tout est dit. Ce n'est pas le chantage que vous laissez présager pour excuser ou pour colorer la déclaration de candidatures que Jean-François Copé a faite, mais c'est une vision réaliste.

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Économie et pouvoir d’achat - question sur la crédibilité des programmes respectifs

François BAYROU. – Le programme de la NUPES : c'est très simple, il n'est pas dangereux, il est dingue ! Pardon de parler aussi familièrement. Annoncer que l'on va dépenser 250 milliards de plus par an !

Je sais bien que l'on a depuis longtemps oublié ce que c'était un milliard. 1 milliard, c'est 1000 millions d'euros.

250 milliards c'est 250 000 millions d’euros tous les ans en plus de ce que nous dépensons, nous qui sommes le pays qui avons la dépense publique la plus élevée de tous les pays qui nous entourent.

Comment cela se finance ?

Alors ils disent… La NUPES a trouvé une martingale formidable ils ont dit on va mettre 250 milliards sur la table et on aura 267 milliards d'impôts.

Je voudrais que l'on m'explique juste comment cela se passe.

Mathilde PANOT - Cela s'appelle des recettes.

François BAYROU. - Les recettes fiscales, ce sont des impôts et des taxes !

La TVA par exemple.

Si vous faites une grande différence, j'avais cru comprendre que vous ne souhaitiez pas.

267 milliards.

Cela veut dire 2 choses : la première c'est que vous reprenez de la main droite ce que vous donnez de la main gauche et un peu plus, et la deuxième chose, c'est que oui cela va enrichir quelqu'un, cela, c'est sûr : cela va enrichir la Chine, cela va enrichir l'Extrême-Orient, tous ceux qui fabriquent les biens de consommation qui vont être appelés par ces dépenses-là, parce qu'ils ont dit - c'est un peu abstrait - de la politique de l'offre, c'est-à-dire : on ne continue plus à dire qu'il faut inventer de nouveaux produits que l'on va fabriquer chez nous on va passer à la politique de la demande, c'est-à-dire on va donner de l'argent à tout le monde pour qu’ils achètent tous ce qu'ils veulent.

Cela n'existera pas.

C'est un mensonge absolu. Ce n'est même pas un mensonge, c'est une affabulation à laquelle on fait semblant d'apporter du crédit alors que cela n'existe pas une seconde.

Cela, cela a une conséquence simple c'est ce qui c'est passer au Venezuela.

Où ils ont fait cette politique-là, savez-vous l'inflation qu'ils ont eue ? 3 000 %… L'inflation va un peu mieux au Venezuela parce que Maduro a dit : on va libéraliser.

Ils ont libéralisé, l'inflation est tombée à 120 %. Ce sont des chiffres que j'ai vérifiés ce matin.

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« Si le coût du travail augmente et si on bloque le prix des produits, c'est immédiat, cela fait une catastrophe économique. »

François BAYROU : « Sur cette affaire de blocage des prix, il se trouve que j'ai rencontré un ami d'amis boulanger et ce qu'il dit est très simple.

Il dit : « J'entends dire que vous allez m'obliger à augmenter les salaires de 20 % et que vous allez bloquer le prix de la baguette. Eh bien si vous faites cela, je ferme la boulangerie » parce que la farine augmente, si le coût du travail augmente et si on bloque le prix des produits, c'est immédiat, cela fait une catastrophe économique. Cela s'est produit absolument partout dans le monde, y compris chez Maduro, y compris au Venezuela.

Petite anecdote si le Venezuela était aussi formidable que cela, j'ai regardé avec curiosité le vote des Français vivant au Venezuela pour l'élection présidentielle et Jean-Luc Mélenchon qui est le héros du Venezuela, il a fait au Venezuela 6 %.. »

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Question sur l'écologie

François BAYROU. - C'est très simple pour lutter, il faut baisser les émissions de gaz à effets de serre et le CO² en particulier. Quel est le moyen pour la production d'électricité par exemple ? Il faut du renouvelable et le seul moyen d'avoir du renouvelable, c'est d'avoir à côté ce que l'on a perdu pilotable parce que quand il n'y a pas de vent, il faut qu'il y ait tout de même de l'électricité, quand il n'y a pas de soleil pour les cellules photovoltaïques, il faut quand même de l'électricité.

La seule production d'électricité suffisante pilotable à un prix stable et sans aucune émission de gaz à effets de serre c'est le nucléaire. Or précisément, l'engagement du courant politique de Mme Panot c'est de supprimer le nucléaire, c'est-à-dire la seule décision qui condamne à coup sûr à une catastrophe climatique. La seule.

Par exemple vous dites il faut des éoliennes. J'ai vu une déclaration de vous qui dit que, le ciment, c'est beaucoup d'émissions de gaz à effets de serre.

Vous savez combien il faut de tonnes de ciment, de béton, pour installer une éolienne ?

Il faut 1000 tonnes de ciment pour faire le socle sur lequel on va fixer une éolienne… 1000 tonnes par éolienne, c'est-à-dire 100 fois plus de ciment que pour la même production d'électricité en centrale nucléaire c'est M. Jancovici qui montre cela à juste titre.

Alors vous voyez bien que vous êtes en train de faire exactement le contraire de ce que nous devons tous en responsabilité partagée faire pour faire baisser les émissions de gaz à effets de serre.

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Conclusion

François BAYROU : « Je pense que le risque est immense et sous-estimé. Le premier risque c'est d'avoir le bazar universel maintenu pendant des mois et des années à ne pas pouvoir prendre une décision, à être constamment dans les invectives et les insultes à l'Assemblée comme on sait que cela se passe. Et le deuxième risque qui est réel, c'est de choisir des majorités où une majorité qui tout d'un coup nous entraîne dans une impasse dont nous ne sortirons pas parce que les crises du monde sont si lourdes qu'il n'est pas possible de choisir des chemins qui soient des chemins qui conduisent droit à la falaise. »

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