Marc Fesneau : "Le Président de la République a permis à des gens qui venaient de la droite et de la gauche de se parler parce que l'espace central était fort. Donc il faut que cet espace central se solidifie." 

Le ministre chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, Premier Vice-Président du Mouvement Démocrate, Marc Fesneau, était l'invité du "18h50 France Info" avec Jean-François Achilli, jeudi 18 novembre. 

Jean-François ACHILLI

Bonsoir à vous Marc Fesneau. 

Marc FESNEAU

Bonsoir.

Jean-François ACHILLI

Tout est pardonné entre Emmanuel Macron et les maires de France ?

Marc FESNEAU

Moi, je trouve qu’en tout cas, le congrès s'est achevé effectivement cet après-midi par un discours du Président. Cela a permis, si vous me permettez de dire l'expression « de remettre un peu l'Église au milieu du village » que le président de la République, fasse à la fois à un bilan lucide de ce qui a été fait, de ce qui reste à faire aussi, il faut se le dire puisque le chemin a été… On partait de loin aussi sur un certain nombre de sujets. Et la défiance qui s'était nouée, s'était nouée dans le quinquennat précédent et celui d'avant où, au fond, on n'avait pas toujours été au rendez-vous des promesses. C'est bien que le Président ait rappelé - juste une seconde  là-dessus-, ce qu'elles avaient été, ces promesses, ce qu’il ferait et ce qu'il ne ferait pas et qu'au fond, il puisse faire un bilan et dresser des perspectives. Puis, je pense qu'il faut qu'on cesse et  je trouve que le message du Président était très fort de ce point de vue-là, d'opposer les collectivités et l'État parce que tout cela est un tout. C'est la puissance publique et au fond, on fait défaut aux uns et aux autres quand on essaye de dresser des barrières entre nous.

Jean-François ACHILLI

Oui, il a dit Emmanuel Macron, c'est un peu un temps fort de ce discours. Quand il a dénoncé le débat mortifère des élus contre l'État. Qu'est-ce qu'il visait en particulier, Marc Fesneau ?

Marc FESNEAU

On a entendu des expressions, parfois des élus, ce n'est pas la majorité d'entre eux, d'ailleurs, mais de quelques élus qui expliquaient qu'ils faisaient tellement mieux que l'État, que l'État était en permanence à critiquer et qu'au fond, l'Etat n'était pas auprès des gens.

Jean-François ACHILLI

Oui quand Emmanuel Macron avait commencé le quinquennat en les traitant de clientélistes.

Marc FESNEAU

Non, il n'avait pas dit les choses comme ça. Il avait d'ailleurs été au Congrès. Je me souviens, en 2017, j’étais président du groupe. Il avait expliqué d'ailleurs qu'il avait besoin d'eux puisque ça c’est bien de le dire, c’est mieux de le montrer, qu'il fallait faire de la différenciation, c'est-à-dire tenir compte de la réalité des territoires. Il avait dit « stabilité fiscale et financière, fin de la taxe d'habitation mais ça sera compensée et pas de grand big bang ». Tout ça était au rendez-vous...

Jean-François ACHILLI

(Inaudible) à l’euro près a-t-il précisé. Marc Fesneau, qu’est-ce qui dysfonctionne ? On a entendu les propos d'Emmanuel Macron, c’était assez précis sur la décentralisation. Est-ce qu’il y a trop de strates, pas assez de simplification administrative ? Sa peur des échecs du quinquennat malgré tout et des précédents.

Marc FESNEAU

Alors, pour tout vous dire, il n'y a pas… L'ensemble des textes sur lesquels nous sommes interpellés par les élus. J'ai fait beaucoup de congrès des maires récemment pour expliquer la politique du Gouvernement. Et comme vous le savez, je suis un élu local depuis 26 ans. Le problème c'est la sédimentation d'un certain nombre de textes, et sur la plupart des textes qui sont critiques aujourd'hui, c’est les textes qui ont été votés il y a 5, 10 ou 15 ans et dont on voit seulement les conséquences désormais. Les grandes communautés de communes, la fusion des régions, la pratique fait que par les volontés d'économies, on a fait déménager, si on peut dire, les fonctionnaires d'Etat du territoire, en particulier des départements. Tout ça, on le paye. Et tout cela, c'est ça qu'il faut. Et donc il faut qu'on retisse des choses et c’est long, et deux, il faut qu’il y ait une relation de confiance, c'est-à-dire un contrat. Et c'est quand... qu’on ne dise pas aux collectivités, quand on leur dit, on maintient des choses, on les maintient vraiment. Et quand on a besoin d'ajuster des dispositifs, qu’on le fasse aussi.

Jean-François ACHILLI

François Hollande fait les grandes régions, vous vous souvenez ?

Marc FESNEAU

Je me souviens très bien.

Jean-François ACHILLI

C'était une usine à gaz ou pas ? Parce qu’Emmanuel Macron semblait y faire allusion.

Marc FESNEAU

C’était surtout assez méprisant. C'était assez méprisant des territoires parce que ça a été fait, vous le savez. Il y a eu plusieurs cartes dont vous aviez été bénéficiaires sur un coin de table un dimanche soir, parce qu'il fallait sortir une carte et on a tout d'un coup décidé que celle-là fusionnait avec celle-là parce que ça arrangeait tel ou tel puissant local. Et moi je pense que ça n'a pas été respectueux des territoires et des habitants et des élus de ces territoires.

Jean-François ACHILLI

Emmanuel Macron a dit autre chose. Il dit : « Nous avons trop souvent confondu la décentralisation avec la délégation de compétences. Grosso-modo, il faut aller plus loin.

Marc FESNEAU

Oui, il dit à juste titre que la décentralisation, ce n'est pas simplement... la compétence était exercée par l'Etat et vous allez vous en débrouiller. C’est des moyens et de la capacité d’adaptation.

Jean-François ACHILLI

Quand les Corses réclament plus d'autonomie et Jacqueline Gourault va régulièrement en Corse, même à Corsica, elle est surnommée comme telle là-bas, c'est non. C’est une fin de non-recevoir.

Marc FESNEAU

Non, ah, pardon, c'est inexact que c’est non, parce que d'abord, sur un certain nombre de compétences, les Corses sont déjà beaucoup plus loin que les autres. Par ailleurs, et ça reviendra à mon avis dans le débat institutionnel. Mais déjà, par la voie de la différenciation, les Corses peuvent faire un certain nombre de choses. Après, on peut aller jusque là où on estime aller. Après, on est dans un pays, le Président de la République l'a d'ailleurs rappelé, qui est assez attaché au principe d'égalité. Et donc, il faut aussi qu'on puisse maintenir cette tension entre la réalité de la Corse, par exemple, qui unique avec ses contraintes, avec la réalité des autres territoires, mais en même temps, dans un principe de vérité.

Jean-François ACHILLI

Et le réel, vous dites, Marc Fesneau. Demain, il se déplace dans les Hauts-de-France. Emmanuel Macron sur ses terres de naissance, si je puis dire, pour parler de développement des territoires. Allez, c'est un Président en campagne !

Marc FESNEAU

Non mais, le président de la République a dit jusqu'au dernier jour…

Jean-François ACHILLI

En exercice et en campagne.

Marc FESNEAU

J'ai vu quelques fins de quinquennats et de septennats désormais. Quand les présidents ne bougeaient pas, on disait : ça y est, ils sont en roue libre, ils ne réforment plus. Ça fait un an qu'ils ne font plus rien. Et quand on est sur le terrain, qu'on porte des réformes, on dit : on est en campagne. Le Président avait annoncé et c'est bien d'avoir un Président de la République qui dit ce qu’il avait dit qu'il allait faire... et qui fait, pardon, ce qu'il avait dit qu'il allait faire. Et donc, je trouve que c'est bien que le Président de la République, jusqu'au dernier moment, gouverne. Il va faire un bilan d'un certain nombre de politiques qui ont été menées dans les territoires avec la ministre de la Cohésion des Territoires.

Jean-François ACHILLI

Quand on fait un bilan, c’est qu’on va faire des propositions pour être candidat.

Marc FESNEAU

Mais non, c'est aussi pour voir ce qu'on a fait. Non, mais je pense que je ne partage pas ce sentiment. Je trouve que c’est très bien qu'on fasse des annonces, qu’on développe un projet et qu'après, on voit ce qui s'est passé si ça a marché ou pas et qu’on réajuste.

Jean-François ACHILLI

En tous les cas, vous, au MoDem, parce que je rappelle que vous êtes un haut responsable aux côtés de François Bayrou…

Marc FESNEAU

Absolument.

Jean-François ACHILLI

...du mouvement démocrate. Vous préparez la présidentielle. Il y a ce mouvement Ensemble citoyen qui est sorti du chapeau hier soir. Alors il faut y accumuler MoDem, Agir, La République en marche, bien évidemment, et le nouveau parti Horizon d'Édouard Philippe. Mais c'est une machine électorale, ça ?

Marc FESNEAU

Mais ça, c'est à côté de ce que vous me disiez tout à l’heure.

Jean-François ACHILLI

Le service d'Emmanuel Macron…

Marc FESNEAU

Que la majorité s'organise dans un paysage…

Jean-François ACHILLI

D’accord, c’est compliqué de répondre à la question sans dire qu’il est candidat, je comprends, mais…

Marc FESNEAU

Non, non, mais ce n’est pas ça, c'est que la majorité s'organise, que cette majorité souhaite que le Président Macron soit à nouveau candidat et qu’il s'organise en conséquence, et qu’on pense par ailleurs, qu'il y a besoin d'organiser cette majorité à la fois dans sa composante centrale et globalement, dans son élargissement à droite et à gauche, ça ne me paraît pas une chose mauvaise. 

Jean-François ACHILLI

Oui, et puis, il parait qu’il prépare le partage législatif.

Marc FESNEAU

Oui mais c’est une deuxième étape. Mais c'est bien d'abord qu'on se mette d'accord sur de grands principes, sur ce qu'on a envie de porter comme message à la présidentielle. Le message d'unité, c'est celui-là qui compte. Et évidemment, après, il y aura la question des législatives.

Jean-François ACHILLI

Ce n'est pas un parti unique…

Marc FESNEAU

Ce n’est pas la volonté initiale d'avoir un parti unique.

Jean-François ACHILLI

Marc Fesneau, je fais vibrer le centriste qui est en vous, c’est l’UDF version 2022 ?

Marc FESNEAU

Non, non non. Parce que je pense d'abord que c'était... Je vois que vous connaissez, effectivement nous avons quelques souvenirs sur ces sujets-là de l'UDF. Non, ce n'est pas tout à fait la même chose. C'est l'idée du président du MoDem, l'idée aussi qui est partagée, je crois, par un certain nombre de gens d’En Marche, c'est que le dépassement passe par un espace central qui est puissant. Cela a failli le faire, comme on dit, en 2007 avec François Bayrou. Le Président de la République a permis à des gens qui venaient de la droite et de la gauche de se parler parce que l'espace central était fort. Donc il faut que cet espace central se solidifie. Et par ailleurs, que ceux qui, à droite et à gauche, se revendiquent comme tels, et c'est très bien, veulent travailler avec nous, veulent se mettre sous un travail commun, le fassent.

Jean-François ACHILLI

Il nous reste malheureusement très peu de temps, Marc Fesneau. Vous avez entendu Gérard Larcher sur TV5 Monde dans l'émission “Face au territoire” de Cyril Viguier, il dit : s’il y a un rebond de l'épidémie de Covid-19, il faut en repasser par le Parlement. C’est oui, c'est non ?

Marc FESNEAU

On est toujours repassé par le Parlement. D'ailleurs, les mesures qui ont été, attendez, d’ailleurs les mesures qui ont été votées, elles sont activées et au bout d'un mois on repasse devant le Parlement pour obtenir la prorogation. Je crois qu'on pourra dire quand même, on voit ce qui se passe dans d’autres pays européens, pour l'instant la situation est plutôt sous contrôle. Je pense qu'on a pris les bonnes décisions au bon moment. Et on est au onzième ou douzième texte strictement sur ces questions sanitaires qui soit passé devant le Parlement. Et je pense qu’à la fois dans l'urgence qui était la nôtre, mais dans l'exigence que porte à juste titre le président Larcher de faire fonctionner les institutions, on a plutôt été au rendez-vous. Et donc on le sera à nouveau le cas échéant.

Jean-François ACHILLI

Vous êtes très centriste. Merci en tous les cas.

Marc FESNEAU

Je n'ai pas changé, oui.

Jean-François ACHILLI

Marc Fesneau, ministre délégué en charge des relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, d'avoir été l'invité ici même du 18h50 FranceInfo.

Marc FESNEAU

Merci à vous de votre invitation.

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