Marc Fesneau : "La démocratie confinée, c'est quand les citoyens ne s’intéressent pas aux scrutins et qu’on ne peut pas faire campagne."

Le ministre chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, Marc Fesneau, était invité sur le plateau de France 2 dans l'émission des "4 Vérités". Interview. 

DAMIEN THEVENOT

Ce matin, vous avez invité Marc FESNEAU.

CAROLINE ROUX

Oui. Alors, Marc FESNEAU, il est ministre des Relations avec le Parlement, et tous les espoirs de la macronie reposent désormais sur lui pour les régionales, où il sera candidat en Centre-Val-de-Loire. Bonjour Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU

Bonjour.

CAROLINE ROUX

Merci d’être notre invité ce matin. Nous allons parler des régionales, mais d’abord un mot sur ces chiffres. Le Covid a fait un million de morts en Europe, la France va atteindre la barre des 100 000 morts. À un moment, est-ce qu’il va falloir s’arrêter d’égrener des chiffres et rendre hommage à ces victimes ?

MARC FESNEAU

Sans doute, un moment viendra le temps de l’hommage, mais…

CAROLINE ROUX

Le temps n’est pas venu ?

MARC FESNEAU

Non, mais il y a des barres et des seuils symboliques qui sont passés, effectivement, mais au fond on est encore dans le combat contre cette pandémie. On le voit tous les jours, il y a près de 6 000 personnes qui sont en réanimation, et donc on a besoin d'abord de lutter contre la Covid et puis de faire en sorte que, à des moments réguliers, on pense à tous ceux qui sont disparus du fait de la Covid.

CAROLINE ROUX

Mais on ne l’a pas suffisamment fait depuis le début de cette crise sanitaire, où c’est vrai que l’on était tous préoccupé les uns et les autres face à la lutte contre la Covid-19.

MARC FESNEAU

C'est une tension entre la lutte contre la Covid, qui doit être notre préoccupation de l’urgence, de chaque jour, de chaque matin si je peux dire, et de chaque semaine. Et puis, par ailleurs, il faut penser quand même à tous ceux qui sont derrière ces chiffres : il y a des gens, il y a des détresses humaines, il y a des familles qui sont endeuillées et donc il faut penser à ça aussi.

CAROLINE ROUX

En Grande-Bretagne, on boit des verres dans les pubs. Nous on regarde le calendrier en se disant : c'est loin la mi-mai, sans garantie de réouverture. On a raté quoi ?

MARC FESNEAU

Je ne crois pas que l’on ait raté des choses. Le rythme de déconfinement anglais, d’ailleurs, les amène jusqu’au 21 juin, autant que je me souvienne, donc c'est une affaire progressive. Vous voyez bien d’ailleurs que sur cette épidémie, les phases épidémiques ou les pics épidémiques ne sont pas dans la même temporalité. Les Anglais ont eu un pic épidémique. Je rappelle qu’ils ont confiné pendant Noël, ce qui n’a pas été notre cas, puisque quand nous, nous n’étions pas confinés, eux l’étaient très puissamment au mois de décembre, parce que le variant anglais est apparu là-bas (c'est pour ça d’ailleurs qu’il s’appelle ainsi). Donc on voit bien que les phases épidémiques ne sont pas les mêmes. Les Allemands avaient confiné, puis déconfiné…

CAROLINE ROUX

On n’a rien raté.

MARC FESNEAU

Non, mais je n’ai pas dit qu’on n’a rien raté, vous ne m’entendrez jamais dire que les choses sont parfaites, mais on constate que la temporalité du virus n’est pas la même, même si ça peut paraitre étonnant, d’un pays à l’autre, parce que…

CAROLINE ROUX

Est-ce que c'est la temporalité du virus ou est-ce que ce sont les choix politiques qui ont été faits ?

MARC FESNEAU

Non non, il y a aussi la temporalité du virus. Après les Anglais ont fait des choix, qui étaient d'abord celui à un moment de l’immunité collective et il y a eu 130 000 morts chez les Anglais. Aucun État et aucun gouvernement ne peut être taxé d’avoir été parfait, mais je crois que chacun essaie de faire face en fonction de la temporalité du virus.

CAROLINE ROUX

Est-ce que vous êtes sur la ligne, Marc Fesneau, du patron du MEDEF qui dit rouvrir coûte que coûte mi-mai, même s’il y a des restrictions sanitaires ?

MARC FESNEAU

Oui, enfin, le coûte que coûte avec des restrictions sanitaires, ce n'est pas le coûte que coûte, au fond. Il faut essayer de rouvrir, il faut essayer de maintenir l’activité, il faut essayer de faire en sorte que nous retrouvions progressivement des liens sociaux, mais le coûte que coûte ce n'est pas au prix de la santé des Français. Donc il faut essayer, et c'est qu’on essaie de faire depuis le début, de tenir un équilibre entre les contingences sanitaires et puis le reste ces contingences qui sont la liberté que nous avons tous envie de retrouver, d’aller à des activités de travail ou à des activités plus récréatives, pour plus de loisirs.

CAROLINE ROUX

C'est vrai que l’on a eu des communications de la part du porte-parole du gouvernement ces derniers temps, en disant : "allez, il faut tenir encore entre 4 à 6 semaines, on a cette échéance de la mi-mai." On vient de voir dans le journal de 07h30 qu'on parle d'un nouveau variant brésilien. On a des projections d’épidémiologistes qui nous disent : "ça va durer après l’été, à l’automne." Est-ce que vous, alors à la place qui est la vôtre, de ministre, mais aussi en tant que citoyen, quand vous vous projetez, ça vous désespère, ça vous inquiète ? Quel est votre état d’esprit quand vous regardez devant ?

MARC FESNEAU

On voit bien que cette épidémie, et ce virus, invite à être humble. Je vous rappelle l’été dernier, que l’on était débarrassé de ce virus, puis il est arrivé des variants, des vagues épidémiques, donc ça invite à être prudent, dans la phase dans laquelle on est qui est une phase de vaccination. On voit bien que la vaccination produit ses effets, y compris d’ailleurs sur la majorité des variants, mais ça invite à la prudence. Je pense que ce qui, dans les opinions publiques françaises comme dans le monde entier, donne le sentiment que c'est un jour sans fin au fond, est quelque chose qui est assez désespérant, mais on s’en sortira. Simplement le temps paraît vraiment très long, objectivement.

CAROLINE ROUX

Alors, les maires, on parle des régionales.

MARC FESNEAU

Oui.

CAROLINE ROUX

Les maires se sont donc prononcés pour un maintien du calendrier des régionales au mois de juin, à 56 %. Les maires ont décidé ?

MARC FESNEAU

Non, les maires n’ont pas décidé, parce que certains nous ont fait le grief de consulter les maires. Enfin, c'est quand même étonnant, parce qu’il nous est arrivé qu’à nous on fasse grief de ne pas consulter les maires. Ce n'est pas logique, les Parlements consultent les maires, les associations…

CAROLINE ROUX

Ça s’est fait un peu dans l’urgence.

MARC FESNEAU

Non, c'est vrai que ça s’est fait dans un délai assez court, mais peut-être aussi parce qu’il y avait besoin d’écouter les maires, parce qu’on avait eu la parole des associations d’élus, mais manifestement 56 % des maires étaient pour le maintien. D’ailleurs la question qui était posée, ce n’était pas maintien ou pas maintien, c'est : "est-ce que les conditions de protocole qui vous sont proposées sont jouables pour vous ?" Et puis 40 % ont dit non. Ça veut dire qu’on a quand même réussi, au travers de cette consultation, à montrer aussi ce qu'étaient les écueils des maires et il appartient au gouvernement d’y répondre. Et donc c’était important d’écouter les maires, parce que je pense qu’on aurait fait défaut à la démarche qui a été la nôtre, c'est-à-dire consulter les partis politiques, consulter les associations d’élus, plutôt que de laisser ceux qui sont en première ligne pour l’organisation du scrutin.

CAROLINE ROUX

Ça, on ne l’avait pas fait la dernière fois pour les municipales.

MARC FESNEAU

Oui, et d’ailleurs je rappelle que la dernière fois aux municipales on nous avait expliqué qu’il fallait voter, voter, voter, et le lundi matin, suite du premier tour, on nous avait demandé pourquoi on avait maintenu le jour du vote. Donc, que chacun prenne ses responsabilités, donc…

CAROLINE ROUX

Là c'est une façon de mouiller tout le monde.

MARC FESNEAU

Non, ce n'est pas la question de mouiller tout le monde. Il faut que chacun exprime ce qu’il a à exprimer, et nous, nous prenons notre responsabilité. Mais il y a une contradiction quand ceux qui avaient exprimé au moment des municipales, y compris parfois des associations d’élus, qu'il fallait y aller et aller voter et qui après la semaine suivante viennent vous faire le grief de ne pas aller voter. Eh bien comme ça tout le monde est au clair et le gouvernement prendra ses responsabilités, parce que la question de la tenue des élections, c'est une question de responsabilité du gouvernement. Je rappelle que le texte de loi prévoit que le vote qui a été voté par le parlement, sur proposition du gouvernement, soit organisé les 13 et 20 juin, et que le Premier ministre a, il y a 15 jours, à l’Assemblée nationale, dit que le principe de base pour le gouvernement c'est le maintien des élections. Ce qui compte quand même, ce n'est pas seulement le maintien des élections, c'est qu’il puisse y avoir une campagne et que les citoyens se déplacent pour aller voter. La démocratie confinée, ce n'est pas seulement de ne pas pouvoir aller voter, la démocratie confinée, c'est quand les citoyens ne s’intéressent pas aux scrutins et qu’on ne peut pas faire campagne. Et donc j’imagine que tous ceux qui sont pour le scrutin au mois de juin, ils feront aussi œuvre de pédagogie pour que tous les Français aient envie de se saisir de ces questions importantes.

CAROLINE ROUX

Vous êtes aujourd’hui numéro 2 du MoDem, François Bayrou s’était prononcé pour le report de ces élections. Il était trop prudent ?

MARC FESNEAU

Non, il n’était pas trop prudent, il avait exprimé ce qui était la voix d’un parti politique. Et la voix de François Bayrou qui était de dire : "attention, les conditions, non pas pour le politique, mais les conditions de la tenue du scrutin appellent une exigence et une vigilance particulières", était juste. 

CAROLINE ROUX

Vous pensez que les assesseurs, tous les assesseurs, pourront être vaccinés ?

MARC FESNEAU

C'est dans cette disposition-là qu’il faut se mettre. Ce qui est quand même intéressant, c'est que la consultation du week-end a permis de montrer, y compris aux associations d’élus, que le sujet, il y a 140 000 bureaux de vote, puisqu’il y a deux scrutins, 70 000 fois 2, ça fait à peu près 6 à 700 000 assesseurs. Il y a la question de la vaccination, mais avant la vaccination, il y a la question de les identifier. Moi j’ai été maire et donc président de bureau de vote pendant plusieurs années et conseiller municipal. Et c'est rare qu’on trouve les assesseurs 6 à 8 semaines avant. Donc il y a un travail à faire avec les élus. Dans ce sens, le Premier ministre essayera de détailler un certain nombre de choses, j’imagine, cet après-midi, pour faire en sorte qu’on…

CAROLINE ROUX

Pour s’organiser en amont.

MARC FESNEAU

Qu’on s’organise en amont, pour déterminer ceux qui vont tenir le bureau de vote.

CAROLINE ROUX

Vous êtes candidat pour la majorité dans le Centre-Val-de-Loire ?

MARC FESNEAU

Je n’ai pas encore déclaré ma candidature, je le ferai dans les jours qui viennent…

CAROLINE ROUX

Pourquoi vous prenez le temps ? Il faut y aller maintenant.

MARC FESNEAU

Non mais vous aurez remarqué que vous m’interrogez sur les dates du scrutin. Par ailleurs, j’ai trouvé que le moment est plutôt à la lutte contre la pandémie, mais j’irai dire aux habitants de la région Centre, ce que j’ai à leur dire, prochainement.

CAROLINE ROUX

Comment elle se passe ? J’imagine que vous avez quand même commencé à prendre la température, à faire campagne ? Comment est-ce qu’on intéresse les Français à ce scrutin ? Est-ce que vous craignez une forte abstention et comment se passe cette campagne ?

MARC FESNEAU

La difficulté pour les régionales en particulier c'est que c'est souvent une collectivité qui est assez éloignée des citoyens, et les élus régionaux sont structurellement assez éloignés, différemment d’ailleurs des élus départementaux qui sont plus en proximité. Donc un, identifier les compétences de la région, parce qu’on sait que c'est un peu les transports, on sait que c'est un peu la formation, on sait que c'est un peu le développement économique. On sait tout ça, mais en fait on ne le sait pas vraiment parce qu’on ne le perçoit pas toujours. Et deuxième élément, je pense que l’on a besoin dans les conditions sanitaires qui sont les nôtres, d’essayer à toute force et par tout moyen, et je pense que pour tous les candidats c'est la même équation, de rentrer en contact avec les citoyens pour leur dire quel est le projet que chacun porte dans la région.

CAROLINE ROUX

Avec la Covid, ce n'est pas facile.

MARC FESNEAU

Oui, et c’est pour ça que c'est bien d’en parler, y compris au Parlement, parce qu’il ne suffit pas de dire « on vote », il faut intéresser les citoyens à la question du vote et à l’enjeu de ce scrutin, parce que les régions c'est très important et les départements c'est très important.

CAROLINE ROUX

Vous croyez au poids de la gestion de la crise du Covid sur ce scrutin ? À un vote sanction pour la majorité ?

MARC FESNEAU

En tout cas, il y a toujours un contexte national. Il y a 13 régions, donc il y a toujours un contexte et une toile de fond nationale, mais je crois qu’il y a aussi des équations locales qui peuvent se construire… Si c’était une affaire simplement nationale, vous auriez des grandes vagues, et ce n'est pas comme ça que ça se passe, parce qu’il y a des présidents ou des présidentes de région qui ont leurs propres parts d’équations locales.

CAROLINE ROUX

Merci à vous Marc Fesneau.

MARC FESNEAU

Merci à vous.

DAMIEN THEVENOT

Merci à tous les deux, bonne journée.

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