Réchauffement climatique, biodiversité, alimentation : quels enjeux ? 

Université 133 a auditionné, le 7 juillet 2020, Yann Wehrling, ambassadeur délégué à l’environnement, ancien secrétaire général du Mouvement démocrate, co-fondateur avec David Guillerm des Démocrates pour la planète, et Richard Ramos, secrétaire général adjoint du Mouvement et député du Loiret. La discussion a porté sur 3 thèmes essentiels : le réchauffement climatique, la préservation de la biodiversité et le combat pour le bien-manger.

La crise sanitaire va entraîner une crise économique, une crise sociale, une crise démocratique sans doute. Au point de départ de la pandémie, c’est une zoonose, conséquence du rapport très dégradé que l’homme entretient avec le milieu animal sauvage. C’est en Chine, au cœur d’une région très industrialisée et polluée que la zoonose s’est déclarée. Il est à craindre, dans les prochaines années, que d’autres zoonoses se produisent.

Le rapport de l’homme à la nature exige réflexion et action : le réchauffement climatique est une réalité. Yann Wehrling le précise : l’enjeu climatique n’est pas le seul combat à mener. La préservation de la biodiversité est tout aussi essentielle. Cette zoonose permet, en tout cas, d’avoir un argument fort pour convaincre de l’importance de la biodiversité, trop négligée jusqu’à présent. En 2022, nous fêterons les 50 ans du Sommet de la Terre, il faudrait que l’enjeu de la biodiversité soit plus affirmé. L’Europe s’est davantage intéressée à l’enjeu du climat, parce qu’elle y avait un intérêt économique. En Europe, nous ne sommes pas producteurs d’énergie, cela nous coûte cher.

Louis de Redon (maître de conférences en droit de l’environnement à Agro Paris Tech) a mené les auditions, avec Olivia Leboyer (politologue, Sciences po), rappelant en quoi les valeurs de notre famille politique importent pour défendre le développement durable. L’humanisme est au cœur de notre projet politique, soit la place de l’homme dans la nature, et non pas la nature en tant que telle, sans considérer l’homme. Aussi la dimension sociale des questions écologiques est-elle primordiale à nos yeux. Nous n’avons pas tous vécu le confinement dans des conditions semblables, il en ira de même pour le réchauffement climatique, qui accentuera les inégalités sociales.

Toutes les formations politiques, sans exception, se trouveront confrontées à la question environnementale. Personne ne peut plus ignorer l’urgence. C’est sur les solutions que nous affirmons notre singularité. Là où EELV propose des solutions radicales, nous prenons en compte les réalités. Et, loin du repli sur soi, nous sommes des Européens, ouverts sur le monde. Le combat n’est pas seulement français, il est européen et mondial.

Sur la Convention citoyenne pour le climat, Yann Wehrling se réjouit d’une impulsion venue des citoyens. Toutefois, le conseil des experts demeure indispensable sur ces questions. Il s’étonne, notamment, que les 150 propositions ne mettent pas en évidence le chiffrage : de combien de % telle proposition contribue-t-elle à l’objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre. Agir en fixant des objectifs précis, c’est la condition de l’efficience.

Le fait que la Convention citoyenne pour le climat n’ait pas traité la taxe carbone est également regrettable. Dans d’autres pays, son instauration fonctionne bien. La crise des gilets jaunes, symptomatiquement, a éclaté sur l’augmentation du prix de l’essence. Si cette taxe posait problème dans l’opinion, l’améliorer était tout à fait possible : en la fléchant sur des enjeux écologiques, avec un budget territorialisé ; et avec une compensation sociale pour les ménages les plus faibles.

Richard Ramos renchérit sur l’analyse de Yann Wehrling, soulignant qu’il est absolument nécessaire de quantifier. Dans sa commune, il a ainsi animé un syndicat de déchets avec des objectifs clairs. Richard Ramos remarque aussi que ce sont souvent les enfants qui apprennent aux adultes les gestes essentiels. L’éducation, à tout âge, est cruciale. Pourquoi ne pas exposer les enjeux de la biodiversité dans un manuel scolaire ?

Le réchauffement climatique nous placera face à une question migratoire. Il faudra également éviter que les fractures françaises, entre villes et campagnes notamment, ne s’accentuent.

La pédagogie passe par la clarté des explications : Yann Wehrling nous montre l’un de ses dessins, où l’on voit que les hommes représentent 35% de la biomasse du monde vivant, les animaux d’élevage 60% et le monde sauvage à peine 5%. Ce qui explique que les virus, présents dans le monde sauvage, effectuent des sauts pour se fixer ailleurs et se transmettent ainsi à l’homme. Il y a encore un énorme travail de persuasion des dirigeants à mener. La biodiversité, c’est comme la Tour Eiffel : on peut enlever un boulon, puis plusieurs boulons, sans que rien ne bouge ; un boulon de plus, et c’est l’effondrement.

Richard Ramos émet l’idée d’une Dotation d’Etat avec un bonus pour la biodiversité. On se réjouit de rendre des terres agricoles, en désartificialisant les sols, mais trop peu de rendre des espaces naturels.

Richard Ramos nous expose avec passion son combat pour le bien-manger. L’alimentation, ce n’est pas seulement assurer sa survie : c’est créer du lien humain, de la convivialité. C’est faire sens. Après-guerre, nous étions dans un modèle ricardien de la fourche à la fourchette : on produisait, et il y avait toujours quelqu’un pour manger. Aujourd’hui, les choses ont changé et c’est le citoyen qui devient un consommacteur. C’est de la fourchette que l’on part. De la conscience du citoyen. Les états généraux de l’alimentation ont été une étape décisive dans cet éveil citoyen. Il faut informer et éduquer, former le goût, contre tous les pièges d’une grande distribution à bas prix qui fabrique un goût unique.

Nous devons retrouver le goût des climats, des saisons, et recréer les liens entre les petits producteurs et la grande distribution. Le jeu est bien trop inégal. Un gros travail reste également à faire sur le foncier agricole. Richard Ramos prépare un livre sur l’alimentation. 3 poisons doivent être identifiés par les consommacteurs : la drogue, l’alcool, mais aussi le sel nitrité.

En conclusion, Yann Wehrling rappelle la chaîne des temps, vertigineuse, où l’homme n’occupe la Terre que depuis 300 000 années environ, contre 15m d’années pour les fauves. Dans quelque 2000, 3000 ou 5000 ans, l’homme pourrait bien disparaître. Ce qui ne signifie pas que la vie sur Terre disparaîtra. Il y a toujours un chemin pour la vie. Il faut arrêter de dégrader la planète, pas seulement pour elle - elle s'en remettra toujours - mais pour nous, l'humanité.

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