Marc Fesneau : "Il faut aller au cœur des territoires et ne pas demander simplement aux gens de se déplacer vers nous." 

Le ministre des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, Marc Fesneau, était l'invité de la matinale de Public Sénat. L'occasion pour lui de revenir sur l'actualité avec l'acte terroriste à Rambouillet, sur la situation sanitaire, mais également sur sa candidature aux élections régionales pour le Centre-Val De Loire. Interview. 

ORIANE MANCINI

Notre invité politique ce matin c'est Marc Fesneau. Bonjour.

MARC FESNEAU

Bonjour.

ORIANE MANCINI

Merci beaucoup d'être avec nous. Ministre chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne, et vous êtes également candidat aux régionales dans votre région Centre Val-de-Loire. On va bien sûr longuement en parler, on est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat avec la Presse quotidienne régionale, qui est représentée justement par la Presse de votre région. Bonjour Christophe Gendry, merci beaucoup d'être avec nous.

CHRISTOPHE GENDRY

Bonjour.

MARC FESNEAU

Bonjour.

ORIANE MANCINI

Directeur de la Nouvelle République dans le département du Loir-et-Cher, cher à Marc FESNEAU. On va parler avec vous bien sûr dans quelques instants de dossiers régionaux, Christophe, et de la campagne des régionales, mais d'abord l'actualité Marc Fesneau, et Gérald Darmanin qui présente donc ce matin en Conseil des ministres un projet de loi pour améliorer la prévention des actes terroristes, renforcement du suivi des terroristes, des outils de renseignements. Ce texte, il sera présenté quand au Parlement ?

MARC FESNEAU

Il sera présenté début juin à l'Assemblée nationale, parce que nous avons des délais qui sont contraints, en fait c'est une nouvelle mouture du texte dit loi SILT, pour un objectif d'en ce qui est très bref et très court, de lecture définitive, de vote définitif avant la fin du mois de juillet. Et donc on démarre à l'Assemblée nationale au début du mois de juin. C'est un texte qui est important parce qu'il permet de prolonger un certain nombre de dispositifs. On revient devant le Parlement conformément à ce que la loi prévoit. Il y a des clauses de revoyure, et c'est bien normal, et par ailleurs ça permet d'affiner un certain nombre de choses, au fond tirant parti de l'expérience, parce que c'est ça qui est important dans ce genre de choses. C'est des sujets très sérieux. On a malheureusement eu à en connaître la semaine dernière, et donc il faut en permanence adapter nos outils à la menace terroriste dont on voit qu'elle peut évoluer parfois vers ce qu'on appelle des loups solitaires, c'est-à-dire des individus dont la radicalisation se détecte très difficilement, et souvent très tard malheureusement.

ORIANE MANCINI

Et justement ça pose plusieurs questions. D'abord vous le disiez, c'est un texte qui est prévu depuis plusieurs semaines mais qui se télescope malheureusement avec l'actualité et l'acte terroriste qui a été commis vendredi à Rambouillet. Du coup, est-ce que le gouvernement a modifié ce texte en conséquence ?

MARC FESNEAU

Non, je pense que les éléments qui sont prévus dans ce texte, le suivi des personnes radicalisées, le suivi à la sortie d'une mesure de prison de ces mêmes personnalités, je pense que là on a un arsenal. Ça s'appelle de la cohésion nationale me semble-t-il, parce que tout le monde est confronté à ça, et d'une grande vigilance de tous les instants. Je me permettrai quand même de saluer le travail des services de renseignement. On a aussi mis des moyens beaucoup plus importants. C'est plusieurs milliers d'agents qui sont dédiés à ces tâches de renseignement de surveillance du territoire, pour essayer de lutter pied à pied, pas à pas contre le terrorisme. Il faut le faire avec beaucoup d'humilité, parce que c'est des choses qui sont très difficiles à faire, mais en tout cas on renforce encore l'arsenal législatif.

ORIANE MANCINI

D'autant que vous le disiez, on a affaire à des loups solitaires. On l’a vu à Rambouillet, c'était un homme seul, qui n'était pas repéré par les services de renseignement. Est-ce que le législateur, l'exécutif, sont impuissants face à ce type de personnes ?

MARC FESNEAU

Non, parce qu’on ne dit pas assez tous les actes de terroristes, ou de terrorisme plutôt qui sont évités chaque semaine, chaque mois, ceux qui mènent telle ou telle opération…

ORIANE MANCINI

35 depuis le début du quinquennat dit Gérald Darmanin.

MARC FESNEAU

Absolument. C'est des grandes opérations terroristes et il y a des gens qu'on surveille en permanence. Au fond, de ce point de vue-là, la prévention, la surveillance, la surveillance du territoire, la surveillance de ce qui se passe sur les réseaux sociaux, permet de, comment dirais-je, de parer à ce genre d'actes. Mais malheureusement on l'a encore vu vendredi, c'est une vigilance de tous les instants et donc on a besoin de se doter de ces outils-là.

ORIANE MANCINI

Vous l'avez entendu de la part notamment de la droite, le débat qui revient sur le lien entre immigration et terrorisme, est-ce que pour vous il y a un lien ?

MARC FESNEAU

Eh bien non, je trouve que faire ce lien-là c'est faire un amalgame qui me paraît extrêmement faux et extrêmement dangereux. La seule chose qu'il y a à faire c'est de vérifier que les personnes qui viennent sur notre territoire. Il y en a certains qui sont venus de théâtres d'opérations, y compris de théâtres d'opérations qui sont soumis à des lois du terrorisme, si je peux dire, qui nécessitent d'être bien identifiés, pour qu'on puisse les renvoyer chez eux le cas échéant. Et qu'on puisse en tout cas discerner ceux qui viennent pour des raisons migratoires. On a la question des flux migratoires maîtrisés. On s'est doté là aussi d'outils puissants depuis le début de ce quinquennat. Ça ne veut pas dire qu’on est au bout du chemin. On voit bien que c'est des choses qui sont complexes, mais faire un lien entre immigration…

ORIANE MANCINI

Ça veut dire qu’il faut d’autres mesures, notamment sur le contrôle aux frontières ?

MARC FESNEAU

Notamment sur le contrôle aux frontières, mais on voit bien que faire un lien entre immigration et terrorisme, c'est être dans le faux au fond et c'est faire des amalgames qui me paraissent très dangereux. Après, l'important c'est de détecter ces individus qui ne sont pas très nombreux mais qui sont très dangereux et qu'il faut surveiller à toute force.

ORIANE MANCINI

Vous parliez de la politique migratoire. En décembre dernier était prévu au Parlement un débat sur la politique migratoire. Il a été annulé à cause de la crise. À la place il y a eu un débat sur la stratégie vaccinale, et il n'a jamais été remis à l'ordre du jour ce débat. Est-ce que le gouvernement a peur d'un tel débat ?

MARC FESNEAU

Oh, je ne crois pas qu'on ait peur d'aborder ces questions. Alors, sur les sujets, parfois on nous dit qu'on en fait trop, parfois on nous dit qu'on en parle trop, et là vous me dites qu’au fond on aurait des craintes ou des inquiétudes sur ce sujet. Non, c'est une question de calendrier parlementaire. Évidemment…

ORIANE MANCINI

Mais ça veut dire qu'il va être mis à l'ordre du jour ou pas ?

MARC FESNEAU

Évidemment, à un moment ou un autre dans le calendrier parlementaire, on remettra à l'ordre du jour ce débat. Mais c'est vrai, comme vous l'avez dit, que la crise sanitaire qui est l'objet de toutes nos préoccupations, est le premier élément de l'action du gouvernement, à la fois dans la gestion de la crise elle-même mais aussi dans la gestion des conséquences de la crise, les conséquences économiques et sociales, la gestion de la formation et des établissements scolaires, mais le temps viendra où on reparlera de ces questions au Parlement.

ORIANE MANCINI

Mais quand ? Est-ce que ça sera avant l'été ?

MARC FESNEAU

Je n’ai pas de date à vous donner à ce stade.

ORIANE MANCINI

Ce n’est pas prévu pour le moment.

MARC FESNEAU

Non, je n’ai pas de date à vous donner à ce stade.

ORIANE MANCINI

On le voit, il y a une offensive sécuritaire de la part d'Emmanuel Macron. Il y a ce texte qui est présenté ce matin. Est-ce que quelque part le gouvernement cherche à corriger l'image d'une certaine faiblesse sur le régalien ?

MARC FESNEAU

Moi j'accepte qu'on dise tout. La vérité c'est que pendant des années, on a parlé des affaires de terrorisme, la réorganisation des services de sécurité intérieure et des services de lutte contre le terrorisme, la baisse des effectifs, la baisse des effectifs de police de manière continue depuis des années avant que nous n'arrivions. Ce n'est pas à mettre au débit du quinquennat qui est en cours. C'est à mettre au débit de tous ceux qui avant ne se sont pas préoccupés de ces questions-là. C'est plus de 10 000 policiers et gendarmes qui vont être recrutés sur le quinquennat. On tient la promesse qui était au rendez-vous de la présidentielle de 2017. Alors, il faut sans doute encore déployer des moyens supplémentaires, mais venir nous dire que nous n'aurions pas pris la mesure des choses est faux. Le président de la République a pu faire un point d'étape sur un certain nombre de dispositions. On ne découvre pas ces questions de sécurité. Et loin de les découvrir, en plus, on agit, et donc c'est par les effectifs de police ; il n’y a pas un commissariat de France qui ne verra pas ses effectifs de police dans la durée du quinquennat, augmenter. Et je pense que c'est concrètement comme ça qu'on répond. C’est par des moyens sur le terrain qui permettent de lutter contre les actes de délinquance ou les actes de terrorisme.

ORIANE MANCINI

L'autre texte qui est présenté ce matin en Conseil des ministres, c'est le texte sur la sortie de la crise sanitaire, et il sera examiné pour le coup par les députés et les sénateurs dès le retour des vacances parlementaires. Je crois qu'il est inscrit le 18 mai au Sénat. À l'Assemblée ça sera quand du coup ?

MARC FESNEAU

Un peu avant, la semaine d'avant.

ORIANE MANCINI

La semaine du 10 mai.

MARC FESNEAU

Oui.

ORIANE MANCINI

Est-ce que ça veut dire qu'on sortira de l'état d'urgence sanitaire tel qu'on le connaît dès le 1 er juin ?

MARC FESNEAU

Alors, c'est un texte qui vise à la fois à mettre en place des dispositifs de sortie, comme on a connu au printemps dernier, et par ailleurs de pouvoir disposer encore d'outils qui permettent le cas échéant, quand on voit resurgir un épisode épidémique dans tel ou tel secteur, dans telle ou telle région... Je vous rappelle ce qui s'était passé à Marseille ou ce qui avait pu se passer dans le département de la Mayenne. Il faut qu'on se dote aussi, même si c'est provisoire, d'outils qui permettent quand même de faire attention à des phénomènes épidémiques qui nous échapperaient dans tel ou tel territoire. Donc c'est une sortie type celle que nous avons connu le printemps dernier…

ORIANE MANCINI

Donc un régime transitoire en quelque sorte.

MARC FESNEAU

C’est un régime transitoire de sortie de l'état d'urgence, ça indique quand même la volonté…

ORIANE MANCINI

Jusqu’à quand ?

MARC FESNEAU

Il y aura des étapes et des ponctuations, c’est les parlementaires qui le diront. Il y a un certain nombre de choses qui seront sur des durées de l'ordre de quelques mois. Évidemment, la volonté du gouvernement c'est de sortir de ce régime qui est un régime particulier, puisque c'est un régime d'état d'urgence, et on est quand même, reconnaissons-le, encore dans une situation d'urgence qui nécessite de disposer d'outils qui nous permettent de faire face à cette crise.

ORIANE MANCINI

L'autre sujet d'actualité c'est l'affaire Sarah Halimi, qui pose la question de l'irresponsabilité pénale. Le garde des Sceaux a annoncé un projet de loi fin mai, sauf que le Sénat avait déjà inscrit son propre texte à l'ordre du jour le 25 mai. Pourquoi vous n'avez pas repris le texte du Sénat ?

MARC FESNEAU

Et inversement.

ORIANE MANCINI

Sauf que le Sénat l’avait déposé avant l'annonce du garde des Sceaux.

MARC FESNEAU

Le Sénat, il l’a inscrit assez récemment à l'ordre du jour, mais comme vous le savez, comme ministre des Relations avec le Parlement, je fais en sorte que les textes essaient de cheminer sans qu’il y ait de compétitions qui me paraissent malsaines. Je l’ai fait d'ailleurs et nous l'avons fait sur le texte, la proposition de loi Billon, dit Billon, sur les violences sexuelles faites aux mineurs. Je trouve qu'on a fait un travail intelligent qui n'était pas un travail de compétition. Je pense que ces sujets sont…

ORIANE MANCINI

Sauf que là il y a deux textes.

MARC FESNEAU

Oui, très bien, mais on va s'organiser de faire… Le Sénat est tout à fait dans son droit et dans sa légitimité, le gouvernement au-dessus… aussi, et nous ne sommes pas tout à fait sans doute sur les mêmes dispositions législatives. L'important, c'est qu'on trouve au fond une réponse à un sujet qui est très difficile. C'est le sujet de : à partir de quel moment on juge que quelqu'un est irresponsable et à partir de quel moment, au fond, on laisse les victimes sans réponse pénale, et c'est bien ça la difficulté. Alors il n'est pas question de remettre en cause en soi la question d'irresponsabilité, mais il y a un certain nombre de cas où on a pu provoquer d’une certaine façon, par le fait d'absorber des substances illicites, on a pu provoquer ça, une forme d'irresponsabilité mentale. Il faut qu'on y travaille, c'est des sujets, la Cour de cassation a dit le droit, et manifestement le droit n'est pas satisfaisant parce que moi je comprends très légitimement l'émotion qui est suscitée par le fait au fond qu'on se contente de dire : la personne n'était pas responsable, et donc vous n'aurez pas le droit même à un procès qui puisse débattre de ce qui s'est passé et de ce qui s'est passé en terme pénal. Donc moi, je crois que le gouvernement travaille et on travaillera avec le Sénat. Ils ont un texte, on verra. Le gouvernement travaille…

ORIANE MANCINI

Mais ça veut dire quoi, que vous soutiendrez le texte du Sénat ?

MARC FESNEAU

Non, on va regarder…

ORIANE MANCINI

Le gouvernement soutiendra le texte du Sénat ?

MARC FESNEAU

Vous permettrez au gouvernement d'avoir ses propres, comment dirais-je, son propre champ d'investigation. On peut trouver des compromis, on l'a trouvé sur la PPL Billon, on l'a trouvé sur bien d'autres textes avec le Sénat et il me semble que tout ça est ce qu'il y a de plus normal. On est sur des sujets suffisamment sensibles pour pas qu'on en fasse une querelle politicienne et une querelle politique entre le Sénat ou l'Assemblée nationale et le gouvernement, et je suis sûr qu'on trouvera les voies et moyens pour trouver un chemin.

ORIANE MANCINI

Un dernier mot sur le Plan de relance, puisque la France transmet ce matin sa feuille de route à Bruxelles. Objectif : toucher les 40 milliards du fonds européen. On a vu hier Bruno Le Maire, Olivier Dussopt devant les parlementaires. Est-ce que le Parlement sera consulté sur cette feuille de route, est-ce qu'il y aura un débat là-dessus ?

MARC FESNEAU

Eh bien, le Parlement est toujours associé à la feuille de route parce que c'est une feuille de route aussi budgétaire qui est donnée au Parlement, et par nature et par construction le Parlement est associé, l'Assemblée nationale et le Sénat c’est…

ORIANE MANCINI

Il y aura un débat spécifique sur ce plan de relance ?

MARC FESNEAU

Oui, un débat spécifique, alors soit c'est en commission, soit c'est en séance publique mais il y a un débat spécifique sur ce qu'on appelle la stabilité, les lignes de stabilité budgétaire, et donc évidemment, et il est normal, puisque ça relève de champ budgétaire, que le Parlement puisse être informé et puisse débattre lui-même des perspectives budgétaires que donne la Nation française à l'Union européenne.

ORIANE MANCINI

On va passer à la crise sanitaire. C'était votre premier déplacement de campagne…

MARC FESNEAU

Absolument.

ORIANE MANCINI

La crise sanitaire Marc Fesneau, et on va en parler avec Christophe Gendry.

CHRISTOPHE GENDRY

Oui. Alors, Marc Fesneau, le Centre Val-de-Loire est actuellement une des régions les plus touchées par l'épidémie de Covid-19. Les services de réanimation des hôpitaux sont maintenant au-delà de la saturation, alors qu'est-ce que cette crise dit de notre système de santé et quel rôle selon vous la région peut-elle jouer pour participer à sa rénovation ?

MARC FESNEAU

Alors, elle dit plusieurs choses. D'abord bonjour. Elle dit plusieurs choses de la situation du pays. D'abord, sans doute, que nous n'étions pas collectivement préparés à faire face à une crise sanitaire comme celle-là, mais en même temps que le système sanitaire a pu s'adapter le printemps dernier. Et comme il s'adapte là, vous avez raison de souligner que les hôpitaux sont en saturation en région Centre Val-de-Loire. Je pense que pour le coup, là il y a une grande partie relève de l'organisation de l'État. Ce que je voudrais saluer aussi, c'est qu'on a pu mettre en place, comment dirais-je, une forme de fluidité entre le privé et le public, qu'on a pu mettre en place une forme de nouvelles formes d'organisation entre la médecine dite de ville et la médecine hospitalière. Et que tout ça fait un tout. On le voit d'ailleurs aussi dans la politique vaccinale. Vous me permettrez quand même au passage de saluer, j'étais effectivement, ça a été le choix de mon premier déplacement, parce qu'on est en crise sanitaire, c'est une crise qui est très difficile pour les soignants, pour ceux évidemment qui sont malades, de saluer toutes celles et ceux qui travaillent. Alors après il y a un deuxième sujet, sans doute en région Centre-Val de Loire qui est très spécifique, c'est le sujet médical et démographie médicale, sur lequel la région peut agir. Ce que je constate, parce qu'il faut aussi parler du bilan, c'est que depuis 10 ans, la situation s'est plus dégradée qu'ailleurs en région Centre-Val de Loire. Ce que je constate, c'est qu’en région Centre-Val de Loire, il n'y a que 13 % des citoyens de cette région qui ont accès plus de 4 fois à un médecin par an, quand en France la moyenne est à 30, plus de 30%, 33%, de tête. Alors, il ne suffit pas de dire « je vais faire, je vais dire, je vais salarier des médecins », parce qu'au fond les grandes annonces sont une chose, mais concrètement sur le territoire, il y a un certain nombre de gens qui n'ont pas de médecin référent. Il y a des réponses qui peuvent exister, les maisons de santé pluridisciplinaires, mais la maison de santé pluridisciplinaire, elle est financée par la région et l'État. D'ailleurs au passage, elle n'a un sens que si à l'intérieur, on arrive à trouver des médecins. Donc il faut faire feu de tout bois, si je peux dire. Je dis quand même au passage que c'est, tout ça, on est héritier d’une situation qui est celle d'avoir restreint le numerus clausus. On ne l’a rouvert que là, mais vous voyez bien que le numerus clausus il produira ses effets que dans 7, 8, 10 ans, et donc il y a un travail dans l'intervalle à faire de réorganisation, les communautés territoriales de santé sont des outils qui permettent de lier les professionnels avec les collectivités et d'essayer de travailler, et donc il faut travailler sur l'ensemble des sujets. Je donne une autre voie, me semble-t-il, que j'ai vécue dans ma propre commune, c'est la question de l'accès aux stages des internes. Quand vous avez des internes qui vont auprès de praticiens de ville, médecins libéraux, ils découvrent le métier, ils découvrent le territoire, et ils ont envie de s'y installer, parce que l'installation des médecins ce n'est pas seulement la formation des médecins, l'installation des médecins c'est la capacité d'attractivité du territoire et les garder une fois qu'ils sont formés, parce qu'une fois qu'ils sont formés, ils peuvent s'installer partout en France, et donc le sujet n'est pas seulement que nous ayons beaucoup plus de médecins qui soient formés, pour la médecine générale, mais c'est que nous fassions en sorte qu'ils aient envie de rester et de s’y installer. Il ne suffit pas de dire « j'ai fait une maison, et ça suffit ». Le président de la région, sortant, a indiqué qu'il allait depuis plusieurs mois, même voire années, a dit qu'il allait salarier des médecins, ça se compte sur les doigts de deux mains peut-être, le nombre de médecins qui sont salariés. Donc les grandes annonces sont une chose, le concret est une chose plus importante, en tout cas pour ceux qui ont envie de se soigner.

CHRISTOPHE GENDRY

Bien. Et une des conséquences de cette crise c'est la fermeture de commerces et également d’établissements touristiques. Comment expliquer aujourd'hui, le tourisme qui était très fort dans la région Centre Val-de-Loire, comment expliquer que les châteaux, les jardins, les endroits où il y a de l'espace et où la distanciation physique est plus aisée à respecter, comment expliquer que ces châteaux soient toujours fermés aujourd'hui ?

MARC FESNEAU

Pour une raison simple, c'est que ce qu'on a appris du virus en particulier des variants qui sont beaucoup plus contaminants, c'est qu’il y a à la fois les lieux où on se contamine et puis les moments d'interaction. Plus vous multipliez les moments d'interaction, et c'est vrai que vous avez moins de chance d'attraper, « chance », de malchance d'attraper le virus dans un lieu extérieur que dans un lieu intérieur. Sauf que quand vous mettez en mouvement des tas de gens, c'est bien les principes des règles qui ont été établies depuis quelques semaines, plus vous mettez en interaction les gens, plus vous leur faites prendre des risques. Plus vous multipliez les interactions entre les citoyens, plus vous avez de risques. D'où les mesures qui sont effectuées. Mais pour essayer de répondre plus avant à votre question, évidemment l'objectif c'est que c'est lieux là soient les premiers ouverts. Vous avez raison de le dire, et vous connaissez très bien cette région, c'est une région où les lieux touristiques, les jardins, les châteaux, sont des lieux où au fond on peut avoir le sentiment d'être plus en sécurité, donc dès lors qu’on va libérer la question des distances à partir desquelles on peut se déplacer, dès lors que la vaccination continue à progresser, j'étais aussi dans un centre de vaccination à Olivet la semaine prochaine (sic), on peut espérer que les choses sont importantes. D'ailleurs nous avons vécu dans notre région, dans mon département du Loir-et-Cher, dans notre département du Loir-et-Cher, un été ou au fond on a vu un afflux très significatif de touristes venant de notre région mais aussi venant des autres régions. Parce qu’on voit bien que c'est une forme de tourisme qui est moins un tourisme de masse et qui correspond aux besoins du moment et aux contraintes du moment, et donc on peut espérer qu’avec toutes ces mesures on puisse avoir un été qui soit plus conforme à ce qu'on souhaite.

ORIANE MANCINI

On va parler d'agriculture Christophe.

CHRISTOPHE GENDRY

Oui alors Marc Fesneau a été maire de Marchenoir qui est une commune beauceronne que, on connaît sa sensibilité aux questions agricoles, alors justement la réforme de la PAC provoque une vive, une très vive inquiétude dans les campagnes en ce moment, quelle est votre position à ce sujet et qu'est-ce que vous avez à dire aux agriculteurs, on sait qu’ils doivent affronter une concurrence internationale libérée des normes, on veut leur imposer.

MARC FESNEAU

Alors deux choses sur la politique agricole commune sans entrer trop dans la technique, il y a deux piliers. Il y a le premier pilier qui est le pilier plutôt économique et puis il y a le deuxième pilier qui est plutôt le plier développement rural. sur le pilier économique, la principale inquiétude, je crois qu'on est en train de les lever, il y a des règles, ce qu'on appelle l’éco-conditionnalité, les éco-régimes qui doivent permettre aux agriculteurs d'assumer des transitions qui leur sont demandées, qui sont des transitions extrêmement difficiles, mais en même temps il faut que le maximum d'agriculteurs puissent y avoir accès pour qu'ils puissent avoir accès et puissent s'engager dans ces transitions écologiques, ça c'est un premier point de vigilance. Nous discutons beaucoup avec Julien Denormandie sur ce sujet, je pense que sur ces sujets-là on va pouvoir avancer positivement. Deuxième point, ce qu'on appelle deuxième pilier, le volet développement rural, sur ce volet développement structurellement cette région est moins dotée que les autres. La répartition des enveloppes telle qu'elle a été faite depuis des années a été une répartition qui s'est faite en défaveur de la région Centre Val-de-Loire. Alors il appartient aussi au gouvernement, mais il appartient aussi au président de la région en en ce moment en place de discuter avec ses homologues des autres régions pour expliquer que notre région en particulier ces zones intermédiaires, je pense au sud du département du Loir-et-Cher, et je pense au sud de notre région pour faire un axe Nord-Sud séparé par la Loire, on a besoin d'outils de développement rural qui permettent de maintenir des activités. Je pense par exemple à des activités d'élevage, mais aussi par exemple des activités de polyculture. Donc tout l'enjeu d'un président de région et c'est celui-là que je veux être, c'est de faire en sorte qu’on défende les intérêts de la région et qu'on ne soit pas les bras ballants le long du chemin à dire ce n'est pas de notre faute, c'est les autres qui ont plus de moyens. Et je pense qu'il faut se battre au niveau national, c'est ce que je fais pour ma part comme ministre mais aussi comme élu de ce territoire, de faire en sorte que cette région puisse se voir doter de moyens qui lui permettent d'assurer les transitions. Par exemple les mesures agrienvironnementales. Et puis troisième chose, la concurrence. Nous sommes dans une concurrence mondiale et une concurrence européenne mais il ne faudrait pas non plus qu'on organise une concurrence intra-régionale. Si à toutes ces normes qui sont parfois difficiles et le gouvernement essaie de ne pas en rajouter, on rajoute des normes régionales qui font qu’au fond on met des boulets supplémentaires au pied des agriculteurs région Centre, Val de Loire par rapport à leurs voisin et leurs homologues du bassin parisien, des Pays de Loire, alors là on fait défaut. Et on voit bien que les équilibres politiques qui ont été tenus dans cette région, ils visent à chaque fois la seule réponse qu'on fait, si on normalise, on fait de la contrainte supplémentaire et on dit ça va bien aller comme ça. Sauf qu'on crée une distorsion de concurrence entre les territoires de la région et moi je pense qu'il faut accompagner les transitions et faut pas les accompagner par la contrainte. Je connais bien le monde agricole, vous avez raison, c'est un monde qui est prêt à bouger mais pas de la façon dont les choses sont faites. Est-ce que la région a plus avancé depuis des années avec cette méthode-là, la réponse est non.

ORIANE MANCINI

Christophe, on va parler d’un domaine important pour la région, c'est l'économie.

CHRISTOPHE GENDRY

Oui tout à fait alors dans le domaine économique justement notre région est très s'impliquée dans la logistique, mais aussi la sous-traitance automobile ou l’aéronautique, alors est-ce que ça peut se conjuguer sur le long terme avec les enjeux environnementaux et dans le même registre ? Quelle est votre position sur les subventions de la région apportées aux aéroports de Châteauroux et de Tours, si vous êtes élu à la présidence, est-ce que vous maintiendrez ces subventions ?

MARC FESNEAU

Oui, parce que là pour le coup, il ne faut pas tergiverser parce que je vois bien que l'exécutif en place tergiverse parce qu'il a des contingences avec les écologistes. L’aéronautique et l'automobile, c'est une chance pour l'économie de notre région. Nous sommes la 2 e ou 3e région de sous-traitance aéronautique. La part de l'aéronautique dans le réchauffement climatique, c'est moins de 3 %. Par ailleurs l'aviation est en train de faire sa mutation y compris avec les moteurs hydrogène, les moteurs électriques et déjà la consommation énergétique parce que c'est l'intérêt des avionneurs d'ailleurs est de réduire sa consommation. Et donc cette espèce de modèle qu'on essaie de nous vendre qui est un modèle anti-voiture, anti-avion, alors je sais qu'on n'a même plus le droit de rêver d'avion et bientôt on nous expliquera qu'on n'a même plus droit d'avoir son permis de conduire, c'est une question de rêve mais c'est plus qu'une question de rêve, c'est une question de développement économique. Qu’est-ce qu'on dit aux salariés, qu'il y a plus d'avenir à la voiture. On a à Blois des sites très prestigieux en termes automobiles qui ont essayé et qui essaient à toute force d'accélérer les mutations en travaillant par exemple sur l'hydrogène. Dans une région comme les nôtres, on a besoin de ces emplois, on a besoin de la voiture, ça veut pas dire qu’on n’est pas pour la transition de la voiture, qu'on ne doit pas faire un choix vers l'électrique, qu’on ne doit pas faire un choix vers l'hydrogène. Et donc on a absolument besoin de soutenir ces industries aéronautiques et ces industries automobiles. Quant à Tours et Châteauroux, il faut fermement défendre ces deux plateformes aéroportuaires qui ont des vocations différentes, la plateforme de Châteauroux a plutôt une vocation de maintenance aéronautique, et la plateforme de Tours est plutôt sur le voyage. Mais là aussi il faut avoir une politique qui soit claire. Il y en a un peu assez d’une politique qui se fait à la corbeille des accords partisans et on a besoin d’une politique qui soit claire et déterminée, transition écologique et en même temps capacités économiques et capacités de développement pour cette région, parce que les deux peuvent se mener de paire, j'en suis absolument certain. Quand j'étais vice-président du syndicat d'énergie du Loir-et-Cher on a développé les bornes électriques sur le département du Loir-et-Cher, il faut sans doute encore accélérer ces processus, donc je ne me ferai pas enfermer dans des gens qui nous donnent des leçons et qui au fond ont fait beaucoup moins, beaucoup parlé et on fait assez peu.

ORIANE MANCINI

Et pour terminer Christophe ? On va parler de la campagne électorale à proprement parler.

CHRISTOPHE GENDRY

Oui alors lors de ces régionales pour aller chercher… au second tour, il faudra des alliances, dans tous les camps d'ailleurs, alors est-ce que vous êtes prêt à travailler dans le futur avec la liste LR-UDI, liste il faut le rappeler à laquelle vous étiez associé il y a 6 ans ; puisqu’à l'époque nous et qui d'ailleurs le colistier de Guillaume PELTIER en Loir-et-Cher, ou a contrario est-ce qu'une entente est possible avec François Bonneau, le président sortant, quels sont vos axes de travail ?

MARC FESNEAU

Alors d'abord je vois les listes qui fleurissent chez mes concurrents et je vois beaucoup délits d'étiquettes. Alors on multiplie les partis, il y a des listes avec 8 ou 10 partis, on essaie de faire des quotas, il faut un troisième, manifestement il faut que le Parti communiste soit troisième sur la liste de monsieur BONNEAU, donc il y a une forme de quotas. Moi je ne constituerai pas une liste partisane, je fais partie de la majorité présidentielle, je défends le gouvernement, je n’ai pas besoin de le répéter 25 fois par jour mais c'est une certitude et une réalité et j'assume ce que je suis. Deuxième élément, je suis du MoDem et je l'assume depuis des années comme vous le savez, je l'ai fait d'ailleurs dans des situations de risque, j'entendais à votre antenne monsieur Bonneau qui donnait des leçons et qui disait c'est une voie de secours pour un ministre, il cherche à toute force à rester en place alors que ça fait 25 ans qu’ils sont en situation de changer la région et que manifestement ils n’y ont pas réussi. Moi je prends mon risque. J’ai décidé d'essayer de mettre mes compétences, mon expertise nationale et locale au service de la région, c'est bien ça qui compte et deux, moi je ne me préoccupe pas de ces questions d'alliances de second tour et d’équilibrage. Je vois bien qu'un certain nombre de gens font des listes avec cette préoccupation, ma préoccupation c'est de sortir en tête et ma préoccupation c'est d'offrir aux habitants une alternative à ce débat que certains voudraient construire et de faire en sorte qu'une nouvelle majorité sorte de la région. Et donc c'est les électeurs qui décideront de ce qui se passe le soir du premier tour et plus ils nous placeront haut plus on sera en situation de pouvoir gagner.

ORIANE MANCINI

Et dernière question rapidement Christophe.

CHRISTOPHE GENDRY

Un concurrent quand même que vous n’avez pas cité, c’est le Rassemblement national, est-ce qu'il est selon vous en mesure de chambouler l’échiquier dans cette région?

MARC FESNEAU

Le Rassemblement national dans cette région et je rappelle que la dernière fois il était au-dessus de 30, autant que je me souvienne, 1er au 2e tour, il est en mesure évidemment de bouleverser l'échiquier, il n’est pas en mesure en revanche de répondre aux problèmes quotidiens des citoyens de la région Centre-Val de Loire. Et moi je comprends absolument les colères, je vois ceux qui se sentent délaissés, les territoires qui ont eu l'impression d'être totalement abandonnés depuis des années, mais les qu'il n'y a pas de solution dans le, de solutions concrètes à ce qu'offre le Front national. C’est un vote qui exprime une colère, la réponse qu’il faut qu'on apporte nous, c'est une réponse concrète pour que les gens n'aient plus cette colère et vivent différemment sur nos territoires.

ORIANE MANCINI

Un mot rapidement, Marc Fesneau, puisqu'on lit ce matin dans Le Figaro que pour faire campagne vous allez de déployer des « fesneau-mobile », qu’est-ce que c’est ?

MARC FESNEAU

Ce n'est pas moi qui ait donné ce surnom, mais je vois le surnom qui est donné, la volonté c'est, vous voyez bien qu'on est dans une campagne qui fait qu'on ne peut pas faire de rassemblement public et je compte bien me conformer à cette règle. Mais je pense que du coup il faut aller à la rencontre des citoyens et la volonté que nous avons travers de 6 véhicules qui tourneront dans chacun des départements dans quelques jours, de faire en sorte d’aller à la rencontre dans les villes et les villages des citoyens pour leur exposer nos programmes, qu'ils nous fassent part de leurs récriminations, de leurs propositions, de leurs réactions à ce qu'on va leur proposer. Au fond, il faut qu'on aille à eux puisque c'est plus difficile qu'ils viennent à nous et donc c'est une façon nouvelle, moderne et puis c'est une façon de montrer que c'est comme pour les services, c'est comme des tas de choses il faut aller au cœur des territoires et il ne faut pas demander simplement aux gens de se déplacer vers nous.

ORIANE MANCINI

Merci beaucoup.

MARC FESNEAU

Merci.

ORIANE MANCINI

Merci Marc Fesneau d'avoir été notre invité ce matin.

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