Marc Fesneau : « Fracturer, c’est le fonds de commerce de LFI et la stratégie de l'affrontement : tout est conflictualisable »
Invité de Radio J ce jeudi 13 novembre, Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates et premier vice-président du MoDem, a défendu la voie de la stabilité et du compromis dans un contexte politique tendu. De la mémoire du 13 novembre à la situation budgétaire, il a rappelé la responsabilité qui incombe aux forces politiques de rassembler plutôt que d'attiser les fractures.
13 novembre : « L'ensemble des forces politiques avaient fait une œuvre d'apaisement »
Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, Marc Fesneau a appelé à se souvenir d’un moment où la France avait su faire bloc.
Si nous avions un événement de même nature aujourd'hui, sans doute la société française réagirait avec moins facilement de résilience.
Il rappelle qu’à l’époque, « l'ensemble des forces politiques avaient plutôt fait une œuvre d'apaisement » face à une série d’attentats « qui avaient quand même marqué très profondément la société ».
Notre élu souligne aussi la continuité tragique de cette année 2015 : « J'oublie pas qu'avant, il y avait eu Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. » Ces événements successifs, explique-t-il, « ont laissé des traces assez profondes dans la société française ».
Aujourd’hui, la menace a changé de nature :
Sans doute s'est éloigné le risque d'un attentat organisé depuis l'extérieur avec de multiples ramifications. En revanche, les démarches ou les dérives individuelles sont beaucoup plus difficiles à contrôler.
Face à ces risques, Marc Fesneau espère que la société française retrouverait le même esprit d’unité : « Je me souviens des policiers qui avaient été applaudis. Il y avait quelque chose d'une espèce de fraternité, je ne sais pas si elle était retrouvée, mais d'une fraternité recherchée à l'époque. J'espère qu'on aurait ça. »
Politique : « Ce n'est pas dresser les gens les uns contre les autres »
Interrogé sur la montée de l’antisémitisme et les fractures politiques, Marc Fesneau dénonce la responsabilité de La France insoumise, qu’il accuse d’attiser les divisions. « On fait toujours défaut, quand on est responsable public et politique, à toujours vouloir fracturer les sociétés, à vouloir faire monter les communautés les unes contre les autres », déplore-t-il.
La France insoumise, continuellement depuis qu'elle est émergée sous la houlette de Jean-Luc Mélenchon, ne cherche qu'à faire monter la querelle entre les Français.
Pour le président du groupe Les Démocrates, cette attitude s’inscrit dans une stratégie bien rodée : « La volonté de Mélenchon est toujours la même : dans chaque événement de la vie, grave ou moins grave, c'est de fracturer, de fracturer, de fracturer. Il en restera toujours quelque chose. » Une stratégie qu’il juge « extrêmement toxique et extrêmement dangereuse pour la société ».
Marc Fesneau s’oppose à cette logique d’affrontement permanent en prônant l'inverse :
La politique, ce n'est pas dresser les gens les uns contre les autres, c'est au contraire essayer de rassembler un peuple.
Il met en garde contre une forme de radicalisation du débat public, ce « fond de commerce » de LFI : « On peut parler de tout ce qu'on veut, tout est conflictualisable et tout est radicalisable. »
Budget : « Un 49.3 de compromis »
Sur l'examen du budget par les parlementaires, Marc Fesneau a appelé à un sursaut de responsabilité. « On est plutôt dans une guerre de positions », constate-t-il, regrettant que « chacun vienne affirmer ce qu'il a avec son drapeau ». Pour lui, « il y a un moment où tout cela doit, dans l’entonnoir du compromis, s’entendre ».
Il plaide notamment pour « sortir des postures », afin de permettre « un atterrissage » du texte et d’éviter le blocage institutionnel. Il juge qu’« il vaudrait mieux qu’on aille au vote », même si, selon lui :
Ce budget risque d’être un peu orphelin de parents, c’est-à-dire que personne ne viendra assumer la paternité ou la maternité du bébé.
Avec une vision de responsabilité et compromis sur les discussions du budget, Marc Fesneau souhaiterait « qu'on aille au bout, c'est-à-dire qu'on parle des dépenses qu'il faut aussi réduire sur un certain nombre d'autres dispositions ». En fustigeant ceux qui « se cache derrière [leur] petit doigt ou derrière le mur » sur le sujet, il rappelle que c'est trop « facile de raser gratis » et appelle à des débats honnêtes et constructifs pour enfin apporter stabilité politique et économique.
La stabilité politique se fait trop souvent au détriment de la stabilité économique. Les acteurs économiques aiment bien aussi la stabilité.
Il critique également les ambitions de certains et appelle à adopter une attitude plus collective pour aboutir à un budget pour la France :
Je refuse d'entrer dans les querelles internes. Mais la présidentielle occupe trop d’esprits.
Dans ce contexte, il défend un usage raisonné du 49.3, non pas comme une contrainte, mais comme un outil d’équilibre : « Si personne n'est capable d'assumer un compromis par un vote positif, il n'y a pas trente-six solutions. Le 49.3, c’est un 49.3 de compromis. »
Enfin, Marc Fesneau se félicite de voir le Parlement redécouvrir « ce que c’est que le compromis, ce que c’est que de discuter entre partis qui ne sont pas des mêmes forces ». Une démarche qu’il revendique dans un esprit d’apaisement.
Le mieux ce serait que chacun assume sa paternité, si je peux dire, et accepte un budget, mais ça nécessite de faire des pas les uns vers les autres.