Les dimensions européenne et internationale de la crise liées à la pandémie de covid-19

Marielle de Sarnez

En novembre 2020, la présidente de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, Marielle de Sarnez, a proposé de créer plusieurs groupes de travail thématiques, transpartisans, qui se sont concentrés sur l’évaluation de la mobilisation des leviers de l’action extérieure de notre pays face à la crise de la Covid-19. Un rapport d’information sur la situation européenne et internationale de la crise vient d’être déposé le 16 décembre 2020 à l’Assemblée nationale. 
Retrouvez le rapport dans son intégralité.

Brutalement, le virus de la Covid-19 a touché les pays du monde entier, paralysant les économies, diffusant la peur et l’incertitude. Face à une crise inédite qui, de sanitaire, est rapidement devenue une crise économique, sociale et, probablement, démocratique, les pays n’ont pas tous réagi à la même vitesse ni de la même manière.

La présidente de la commission des Affaires étrangères Marielle de Sarnez a lancé une mission d’information pour tenter de tirer, en temps réel, les leçons de ce bouleversement planétaire. Actuellement, en décembre 2020, le rapport propose des pistes de réflexion : il est absolument essentiel de prendre la mesure de toutes les différences entre les pays afin de comprendre quelles ont été les forces et les faiblesses de chacun et de s’orienter pour l’avenir. Nous ne parviendrons pas à sortir mieux armés de cette crise sans effectuer un retour d’expérience.

En comparant les stratégies de plusieurs États, il ne s’agit pas de décerner des bons ou des mauvais points. La démographie, la géographie, la situation socio-économique, les mentalités sont autant de facteurs qui constituent la spécificité d’un pays. Le comparatif ne vise pas à recenser les mesures qui marchent : il n’y a pas de sens à reproduire, tel quel, un schéma d’action dans un autre endroit. Tous les pays n’ont pas, non plus, la même expérience de la gestion de crise. Ainsi, la Corée du Sud possède une expérience des pandémies du SRAS et du MERS qu’elle a pu mettre à profit en développant une importante coordination intergouvernementale. Mais, en croisant les multiples facteurs, le rapport entend mettre en perspective les choix effectués, afin d’en comprendre les atouts et les limites. Il ressort de cette comparaison que le temps de réaction est un élément clé.

La confiance de la population joue un rôle essentiel dans l’efficacité des politiques mises en œuvre. De même, un principe fondamental doit guider les prises de décision politiques : la prudence, forme de sagesse pratique.

La crise a été un révélateur des fragilités préexistantes. Les personnes en situation précaire ont été nettement plus touchées. Les confinements ont révélé une forte violence sociale : le mal logement est apparu dans toute sa réalité. Pour les migrants, les réfugiés, les demandeurs d’asile, l’exposition au risque est évidemment accrue. D’un pays à l’autre, la vulnérabilité n’est pas équivalente. Dans les zones de conflit, le danger est permanent. En s’étendant à toutes les zones du globe, la crise va accentuer les inégalités. Les situations de détresse psychologique peuvent devenir dramatiques. 90 millions de personnes dans le monde pourraient basculer dans une situation d’extrême pauvreté, pour la seule année 2020, selon le FMI.

Notre rapport à l’espace et au temps est modifié. En temps de pandémie, il nous faut accepter certaines contraintes. Temporairement, nous devons assumer de pouvoir instaurer des contrôles aux frontières nationales, pour freiner la propagation du virus.

Cela n’implique aucunement un repli sur soi : tout à l’inverse, aucun pays ne sortira de la crise seul. La coopération, la coordination sont absolument indispensables, aux niveaux européen et international. L’Union européenne, dont tous les membres ont été touchés de façon rapprochée par la pandémie, a d’abord eu du mal à se saisir de cette crise et à organiser une véritable solidarité entre États. L’Union européenne a fait preuve d’un manque d’anticipation. Marielle de Sarnez avait déjà remarqué cette faille en délivrant, en 2018, un avis sur le projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif. La crise sanitaire a posé à l’Union européenne la question vitale de sa vocation : fédérer les États-nations, en partageant une vision commune.

L’OMS doit également tirer les enseignements de cette pandémie, et se réformer en conséquence, pour une meilleure coordination et un investissement accru dans la recherche. Plus largement, c’est le multilatéralisme dans son ensemble qui doit être réinventé : l’influence de la France à l’étranger, le commerce international, le tourisme, numérique, ou encore la défense de biens publics mondiaux comme la santé ou l’environnement, autant d’enjeux qui seront au cœur du multilatéralisme de demain. La crise nous rappelle notamment la nécessité de promouvoir un tourisme plus qualitatif et plus durable, qui serait plus respectueux des sites touristiques et de leurs habitants.

Marielle de Sarnez souligne un impératif : pour l’Europe, le développement économique des pays situés dans son immédiate proximité est plus que jamais une priorité. Recentrer davantage nos chaînes de valeur vers l’Afrique et tout particulièrement l’Afrique du Nord des secteurs s’impose, dans des secteurs clés comme la santé, le numérique et les énergies renouvelables.

Avec pragmatisme et sagesse, les 3 groupes de travail - « Réseaux diplomatiques, consulaires et d’influence », « Aide publique au développement - Action humanitaire », « Action économique extérieure » - eux-mêmes réunis en sous-groupes, ont formulé une série de recommandations. Les conséquences de la crise ne sont pas encore toutes connues. En tous les cas, la construction de l’autonomie stratégique européenne, la réforme de l’OMS, l’avenir de notre aide publique au développement représentent des lignes de force à poursuivre.

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