Le Pen : péril en la demeure !

Jean-Louis Bourlanges

Jean-Louis Bourlanges, député des Hauts-de-Seine et président de la commission des affaires étrangères, dévoile la vision que la candidate Marine Le Pen a pour l'Europe et le monde, entre mensonges et faux semblants, dans une tribune dédiée. 

Marine Le Pen ambitionne, si l’on en juge par ses récentes expressions publiques, de paraître revenue à la raison en matière de politique étrangère. Oubliée la période, où tout sourire devant la presse moscovite assemblée pour entendre les louanges du nouveau tsar, elle déclarait "admirer Vladimir Poutine".

Elle-même qui prophétisait au passage que cet homme de sagesse et de dialogue était à cent lieues de vouloir faire la guerre. Le Rassemblement national nouveau serait arrivé et ferait de la nouvelle icône des peuples réunis un second Aristide Briand prêchant l’amour de la paix, la concorde internationale et le rapprochement historique des alliances. Plus une bonne dose de petites réformes européennes pour aménager l’Union mais sans l’abîmer et surtout sans faire peur aux épargnants. Tout changer mais ne rien casser : qui dit mieux ?

Les déclarations lénifiantes de la candidate au deuxième tour de l’élection présidentielle sont-elles de nature à effacer des années d’hostilité à l’Union européenne de proximité enthousiaste avec les chantres de la démocratie illibérale comme Viktor Orban, de solidarité ardente, et financée, avec les choix géo politiques de Vladimir Poutine ? Où seraient donc passés ces trésors accumulés d’allergie persistante aux amitiés transatlantiques et plus généralement de combat frontal contre l’état de droit, la démocratie libérale et les valeurs humanistes ?

Nous avons deux bonnes raisons de douter que dans l’épreuve majeure que traverse l’Ouest - entendez par Ouest, la France, les peuples d’Europe, l’alliance occidentale, et tout simplement le camp des démocraties - Marine Le Pen et ses amis aient changé non seulement de discours mais surtout d’orientation géopolitique de fond. La première de ces raisons, c’est que depuis le 24 février dernier, il est tout simplement impossible pour une candidate à une élection libre d’assumer une violence aussi brutale que celle que les Russes ont déchaînée sans la moindre justification juridique ou morale contre un peuple libre, pacifique et souverain comme l’Ukraine. Elle n’avait d’autre choix qu’entre le mensonge et le suicide.

Elle a choisi le mensonge. Il est patent. Les mots disent le contraire des pensées. Sur l’Europe, qu’elle propose désormais de démonter en pièces détachées au lieu de la fracasser d’un seul coup, comme sur l’OTAN dont elle entend dégager la France avant de dissoudre le système dans un informe méli-mélo, l’ambition destructrice reste intacte et le mode d’emploi discrètement programmé. Les grands choix politiques de toujours répondent présents, sur la Russie, l’Allemagne, les États Unis, prêts à reprendre du service au lendemain d’une victoire qui serait inévitablement saluée par la presse moscovite comme la grande revanche de la Russie sur deux mois d’humiliation militaire.

La seconde de ces raisons, c’est qu’on connaît la chanson. Il est difficile d’ignorer que du côté des extrêmes le double langage est une seconde nature et que l’héritière de Jean-Marie Le Pen, cette héroïne trempée dans le sang des Atrides, est bien placée pour le savoir. En 1935, Hitler avait déclaré tout sourire et tout sucre devant le Reichstag qu’il n’y avait jamais eu au monde rien de plus sot que le recours à la guerre et quelques années plus tard le camarade Staline avait choisi de nommer “Mouvement pour la paix” l’officine chargée d’enrôler tous les idiots utiles de la planète prêts à défendre ses noirs desseins. Ces références historiques ne sont qu’apparemment hors sujet. Elles s’imposent en fait car nous sommes bien revenus au temps des périls nés de la dissociation organisée des mots et des choses. Les méchants roulent, tranquilles et souriants, dans la roue des crétins mais c’est l’histoire toute entière qui bascule devant les lamentations des bisounours et les dénégations des Tartuffe.

Ce basculement prend spontanément la forme d’un culbuto car c’est d’un véritable retour à la guerre froide qu’il s’agit aujourd’hui, à cette différence aggravante près que la guerre en Europe est désormais chaude.

Difficile de ne pas voir que ce sont très exactement les mêmes enjeux - la liberté des peuples,  la sécurité des nations, l’alliance des démocraties - qui sont sur la table, comme en 1947 à Prague, en 1960 à Berlin, en 1962 à Cuba, en 1983 à Bonn. Cette fois-ci, toutefois, les héros occidentaux, Ukrainiens exceptés, sont bien fatigués et une candidate qui tangente désormais la majorité est clairement du mauvais côté de la force. Oui, réveillons-nous : il y a péril en la demeure ! 

Jean-Louis Bourlanges

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