Jean-Noël Barrot : « Un pas décisif vers la paix en Ukraine a été franchi »

Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et vice-président du MoDem, était l’invité de Questions politiques de France info et France inter dimanche 11 mai.

Ukraine : « On ne négocie ni sous les bombes, ni sous les drones »

Invité de Questions politiques sur France Inter et France Info dimanche 11 mai, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a salué un « moment d’histoire » après la proposition par la coalition des volontaires (la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de la Pologne) en sommet à Kiev d’un cessez-le-feu en Ukraine à la Russie. Il a réaffirmé le soutien sans faille des Européens face à l’agression russe, appelant à des négociations de paix conditionnées à l’arrêt immédiat des combats.

On a assisté hier à Kiev à un moment d'histoire, puisqu'un pas décisif a été franchi vers la paix en Ukraine. 

Le ministre a salué un appel commun des Européens, des Ukrainiens et des Américains en faveur d’un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours à partir de lundi. Un signal qui aurait, selon lui, fait réagir Moscou : « Vladimir Poutine s’est dit prêt à entrer dans des négociations conduisant à la paix. »

Mais le chef de la diplomatie française fixe une ligne rouge : « On ne négocie ni sous les bombes, ni sous les drones. » Sans cessez-le-feu, la France et ses partenaires accentueront leur pression. « Nous avons la capacité de prendre des sanctions massives qui auraient un effet dévastateur sur l'économie russe », a-t-il rappelé, chiffrant l’impact des sanctions existantes à 400 milliards d’euros, soit « trois années de budget de guerre » pour la Russie.

On ne négocie ni sous les bombes, ni sous les drones. Donc oui pour la négociation, pour la paix, mais le cessez-le-feu d'abord. 

Jean-Noël Barrot a insisté sur l’unité des Européens et leur coordination avec les États-Unis, y compris avec Donald Trump, dont il évoque une proposition de loi prévoyant « des sanctions qui asphyxieraient l’économie russe ». Côté européen, un 17e paquet de sanctions est « à deux doigts d’être adopté », comprenant des mesures ciblées contre la flotte fantôme de navires russes, les entités fournissant des biens à double usage, et « des acteurs de la déstabilisation ».

Et les messages deviennent très clairs, en provenance de l'Europe, en provenance des Etats-Unis : si Vladimir Poutine ne consent pas au cessez-le-feu, alors des sanctions massives s'abattront sur lui. 

« La détermination, cette unité des Européens, c’est un acquis majeur », a martelé le ministre, rappelant que cinq dirigeants réunis à Kiev, à savoir Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre polonais Donald Tusk et Volodymyr Zelensky, « pèsent en population deux fois la population de la Russie » et six fois sa richesse nationale. À ses yeux, Vladimir Poutine est aujourd’hui « acculé » par cette pression croissante.

Et cette détermination, cette unité des Européens, c'est un acquis majeur et ça a une puissance symbolique très forte. 

Concernant les garanties de sécurité post-conflit, Jean-Noël Barrot a assuré que des discussions étaient en cours entre Européens et Ukrainiens pour préparer l’après-guerre. Il s’est opposé fermement à toute reconnaissance de l’annexion de la Crimée : 

Si on commence à reconnaître les frontières contestées, alors ce sont des conflits qui prolifèrent.

Évoquant le triangle de Weimar, réactivé l'an passé, il a souligné la puissance de l’attelage franco-germano-polonais sur les questions de sécurité. Et face aux ingérences de pays tiers, le ministre a lancé une mise en garde à la Chine, appelée à « cesser de faciliter le contournement des sanctions » et à « tenir compte de notre sécurité, aujourd’hui menacée par la Russie ».

Et ce triangle de Weimar que nous avons réactivé l'année dernière, il forme, si l'on peut dire, un attelage très puissant et susceptible d'entraîner les Européens, notamment sur les questions de sécurité. 

Le ministre a enfin salué la visite à Lviv de l’ensemble des ministres des Affaires étrangères de l’UE le 9 mai, qui a permis d’annoncer de nouvelles coopérations, mais aussi la création d’un « tribunal spécial contre le crime d’agression russe »

Moi, j'ai vu, vendredi à Lviv et samedi à Kiev, une unité extrêmement forte des Européens. Alors, elle est fragile, il faut toujours la cultiver. Mais en tout cas, j'étais très fier de participer à ces deux moments d'unité européenne. 

Dans un monde plus dangereux, Jean-Noël Barrot en appelle à la lucidité : « Au moment où la menace s'élève, où le niveau de sécurité diminue, chacun a compris qu'il va nous falloir prendre les choses en main, prendre notre propre sécurité en main. » Il évoque entre autres les efforts budgétaires à faire, car « se défendre, ça coûte cher ».

Syrie : « Daesh se reconstitue, et c’est en Syrie »

Le ministre est ensuite interrogé sur la visite du président syrien Ahmed al-Charaa à Paris, accueilli par le président de la République. Sur le sujet, il est clair : « si nous ne défendons pas les intérêts et la sécurité des Français, personne ne le fera à notre place », et c'est justement sur les terres syriennes que cela se joue. 

« C’est depuis la Syrie, sous le régime sanguinaire de Bachar Al-Assad, que les attentats du Bataclan ont été fomentés », a-t-il rappelé, en liant également le conflit syrien à la crise migratoire de 2015. Face au risque de voir Daesh « reprendre du poil de la bête » dans une Syrie à nouveau fragmentée, la France reste vigilante.

Alors oui, nous pouvons mettre notre tête dans le sable, faire comme si tout ça n'existait pas, et voir une Syrie à nouveau fragmentée, Daesh reprendre du poil de la bête et venir une nouvelle fois ensanglanter notre pays. Ça n'est pas notre approche.

Jean-Noël Barrot dit avoir, après la chute d’Al-Assad, demandé l’ouverture d’une négociation avec les Kurdes, « nos alliés dans la lutte contre Daesh depuis dix ans », ainsi que le déclenchement d’inspections et de destructions d'armes chimiques et la formation d’un gouvernement plus représentatif. Des progrès ont été obtenus, mais le ministre reste prudent : 

Je ne fais pas de chèque en blanc. Je formule des attentes et je vérifie qu’elles sont respectées.

Il réclame désormais des sanctions contre les responsables identifiés de massacres, notamment à l’encontre des Alaouites et des Druzes. Ces mesures, a-t-il annoncé, seront prises « dans les prochains jours » au niveau européen. Mais sa priorité reste la sécurité des Français : « Aujourd’hui, où se reconstitue Daesh ? C’est en Syrie. »

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