Jean-Noël Barrot : « Gaza est un mouroir, pour ne pas dire un cimetière »

Invité de l’interview politique de France Inter mardi 20 mai, Jean-Noël Barrot a alerté sur la situation humanitaire à Gaza, dénonçant une « atteinte profonde à la dignité humaine ». Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a plaidé pour une reconnaissance de l’État palestinien et un réexamen des relations entre l’Union européenne et Israël.

Gaza : « Un mouroir, pour ne pas dire un cimetière »

Jean-Noël Barrot a livré, sur France Inter, un réquisitoire sans détour contre la situation humanitaire dans la bande de Gaza. « La situation est insoutenable », a-t-il dénoncé, pointant « la violence aveugle » et « le blocage de l’aide humanitaire par le gouvernement israélien » qui ont fait de Gaza « un mouroir, pour ne pas dire un cimetière ». Pour le ministre, il s’agit d’une « atteinte profonde à la dignité de la personne humaine », d’une « violation absolue de toutes les règles du droit international » et d’une impasse, y compris pour « la sécurité d’Israël, à laquelle la France est attachée ». « Qui sème la violence récolte la violence », a-t-il insisté.

Tout cela doit cesser parce qu’on ne pas détourner les yeux de la souffrance des Gazaouis. Il faut que cette aide soit immédiate, qu'elle soit massive et qu'elle soit sans aucune entrave. 

L’aide humanitaire reste gravement entravée. Jean-Noël Barrot a rappelé le voyage effectué avec Emmanuel Macron à El-Arish, en Égypte, où « du matériel français, y compris médical, comme des béquilles », restait bloqué à la frontière. « Tout cela doit cesser », a-t-il martelé, appelant à une aide « immédiate, massive et sans aucune entrave ». Il a également défendu les sanctions prises par la France contre les colons extrémistes en Cisjordanie, « qui hypothéquaient, menaçaient, menacent la continuité du territoire palestinien et donc la perspective même d’un État palestinien ».

Quand on sème la violence, on récolte la violence. Tout cela n'est pas dans l'intérêt d'Israël. 

Soutenant la proposition néerlandaise de réexaminer l’accord d’association UE-Israël au regard du respect des droits de l’homme, Jean-Noël Barrot a estimé qu’« un cran supplémentaire » devait être franchi : « Nous voulons que la Commission examine si Israël respecte l’article 2 de cet accord, respecte ses obligations vis-à-vis des droits de l'homme ». La suspension potentielle de l’accord est désormais envisagée. « Ni Israël ni l’UE n’ont intérêt à y mettre fin, mais la situation actuelle nous oblige », a-t-il souligné.

Une fois qu'il est établi qu'une violation est manifeste, c'est effectivement la possibilité de suspension éventuelle. L'accord d'association comporte une dimension politique, il comporte aussi une dimension commerciale. Ni Israël ni l'Union Européenne n'ont intérêt à mettre fin à cet accord. 

Pour la France, la seule issue passe par la reconnaissance d’un État palestinien. Jean-Noël Barrot a affirmé y « travailler activement », souhaitant que cette décision symbolique s’accompagne de « la mobilisation de toutes les parties prenantes » : autorité palestinienne, pays arabes, mais aussi exclusion du Hamas de toute gouvernance future. 

Notre objectif depuis le 7 octobre, pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah, c'est bien de désarmer le Hamas, c'est de libérer tous les otages qui sont encore retenus dans ces tunnels. 

La France, a-t-il ajouté, « s’opposera toujours à tout déplacement de population, à toute colonisation, à toute annexion ». Il a conclu en soulignant que certaines voix, y compris dans la communauté juive en France, « sont parfaitement conscientes que l’attitude du gouvernement israélien hypothèque la sécurité et l'avenir du peuple israélien ».

Trump : « Donald Trump a une clé de la résolution du conflit israélo-palestinien »

Interrogé sur la tournée récente de Donald Trump au Moyen-Orient, Jean-Noël Barrot a souligné l’absence d’étape en Israël comme un signe : « Je pense que cela s’est ressenti en Israël ». Pour le ministre, cette séquence souligne l’importance « du respect du droit international » comme seule garantie durable de sécurité.

Il a également salué une inflexion américaine : « Les États-Unis nous ont rejoints dans une approche exigeante avec les autorités intérimaires syriennes », afin de lutter contre la résurgence de Daesh, de limiter les armes chimiques, et d’assurer une représentativité politique en Syrie. Il a précisé que la levée progressive des sanctions devait rester « réversible et proportionnée ».

Nous avons vu les Etats-Unis cheminer dans la direction que nous avons prise, quelques mois avant eux, qui est celle d'un dialogue exigeant avec les autorités intérimaires de la Syrie.

Quant à la relance de la logique des accords d’Abraham, il a reconnu que Donald Trump « a une clé » en sa possession. Mais « la guerre fait rage » et l’Arabie saoudite, pour l’instant, ne peut normaliser ses relations avec Israël. « On ne peut pas tout attendre des États-Unis », a conclu Jean-Noël Barrot, soulignant que la France veut créer les conditions d’un État palestinien, pas seulement le reconnaître.

On ne peut pas attendre que le gouvernement israélien fasse mouvement. On ne peut pas attendre non plus tout des Etats-Unis. Nous travaillons donc pour que la décision que nous voulons prendre de reconnaissance de l'État de Palestine puisse entraîner tous les acteurs de la région.

Europe : « Le RN est le parti de l’étranger »

Jean-Noël Barrot est également revenu sur l’élection présidentielle en Roumanie, dont il a salué l’issue avec l'élection du pro-européen Nicușor Dan. « Une grande satisfaction » pour le ministre, alors que ce pays du flanc oriental européen fait face aux tentatives de déstabilisation de la Russie. Il a dénoncé les manipulations russes lors du premier scrutin annulé et fustigé l’attitude du Rassemblement National : 

J'ai vu des responsables du Rassemblement National accuser leur propre pays, la France, d'ingérence étrangère alors que ce sont ces mêmes responsables du RN qui sont allés soutenir en Roumanie le candidat nationaliste et pro-russe. 

C'est l'hôpital qui se fout de la charité et c'est la démonstration une nouvelle fois que le RN est le parti de l'étranger. 

En conclusion, Jean-Noël Barrot a salué l’élection de Bruno Retailleau à la tête des Républicains et parle d'une « page tournée », voyant dans ce choix la validation par les militants d’une participation au gouvernement des LR dictée par « le sens des responsabilités », face à « la guerre aux portes », au dérèglement climatique et aux menaces sur la démocratie. 

À ce titre, il a annoncé que la prochaine conférence des Nations Unies sur l’océan se tiendra à Nice, avec l’ambition d’en faire « l’équivalent de l’accord de Paris pour le climat », car « l'océan est aujourd'hui en danger avec l'augmentation des températures et la montée des eaux qui va menacer tous les territoires côtiers » : 

Nous allons mobiliser la communauté internationale pour sauver l'océan parce que c'est l'océan qui nous sauvera. 

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