Grand Débat : Les valeurs de la République, œuvrer pour une société unie

Grand Débat #laïcité

Pour ce dernier Grand Débat de l’année 2020, notre secrétaire générale adjointe Alice Le Moal a choisi d’aborder les questions de laïcité et des valeurs de notre République, avec 4 intervenants en lien étroit avec le terrain : Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Education nationale, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement ; Alain Seksig, secrétaire général du Conseil des sages de la laïcité et ancien inspecteur ; Coline Hrabina, chargée de mission Jeunes IHEDN et co-auteur d’un rapport sur les radicalisations et Ramej Kassamaly, adjoint au maire d’Epinay-sur-Seine, délégué à la Jeunesse et à la vie des quartiers.

C’est la semaine dernière que le projet de loi confortant les valeurs de la République a été déposé par le gouvernement. Nommé ainsi de manière positive, le projet de loi entend répondre aux fractures françaises, aux risques de séparatisme, à la montée de l’hyperviolence. Comment recréer du consensus au sein de notre société, autour d’un projet commun ?

La secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement Sarah El Haïry reconnaît que plusieurs crises se superposent. Nous devons affronter les attaques d’une idéologie, l’islamisme radical, venues de l’intérieur et de l’extérieur, le complotisme, les fake news, tout ce qui divise, oppose, systématiquement les citoyens. Un sentiment de perte de repères se diffuse. Or, ce qui cimente une société, c’est son unité. Pour recréer du commun, faire vivre le rêve français, il faut donner corps à la promesse républicaine d’égalité des chances.

Alain Seksig, secrétaire général du Conseil des sages de la laïcité, remarque que les vives tensions sur la laïcité sont relativement récentes. Dans les années 1970, la laïcité allait de soi, on n’avait pas besoin d’en parler autant, on vivait naturellement en laïcité comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Puis, la première affaire du voile a éclaté : on aurait pu se référer aux circulaires de Jean Zay, de 1936-1937. Au lieu de cela, vers 1988-1989, la confusion a commencé à s’installer. Aujourd’hui, le pays est fragmenté et les citoyens, divisés, ne font plus corps, y compris dans l’institution scolaire. Le Conseil des sages s’est attelé à trouver des solutions concrètes pour recréer du lien.

Coline Hrabina, chargée de mission Jeunes à l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale), a co-écrit un rapport substantiel sur les radicalisations, pour comprendre les racines de ce phénomène multiforme, et qui ne se limite d’ailleurs pas à l’islamisme radical. Coupler l’instruction des faits religieux avec les notions de laïcité, à l’école, est essentiel. Faire intervenir, par exemple, des aumôniers militaires pluralistes, en classe, pourrait être une piste pour nouer le dialogue avec les jeunes.

Ramej Kassamaly, adjoint au maire d’Épinay-sur-Seine, abonde dans ce sens : c’est par le dialogue, le débat, que l’on peut établir une relation avec les jeunes, que l’on ne doit jamais considérer comme les enfants perdus de la République. Face à un rejet, parfois en bloc, des institutions, des élus, des valeurs, il faut répondre par la discussion. Évidemment, cela prend du temps, il faut de la patience et de l’espoir pour amener ces jeunes à voir les choses sous un angle un peu différent.

Alice Le Moal interroge les intervenants sur la tension entre liberté de conscience et liberté d’expression. La liberté d’expression, répond Sarah El Haïry, c’est un droit, encadré par la loi, c’est un droit commun. La liberté de conscience est de l’ordre de l’intime, elle ne régit pas notre commun, c’est notre petite voix. Aujourd’hui, ces 2 libertés sont tout à fait conciliables, mais l’un est un droit, l’autre une liberté individuelle qui appartient à chacun mais qui se plie à la loi.

Oui, renchérit, Alain Seksig, ces libertés de conscience et d’expression impliquent qu’on ait à entendre des choses qui ne nous plaisent pas. C’est là quelque chose que l’on doit enseigner à nos élèves. L’approche laïque des faits religieux peut se faire dans les différents enseignements : l’histoire, la philosophie, la littérature, les arts plastiques, la musique. Toutefois, nous ne devons pas trop nous illusionner sur la capacité de ces enseignements à résoudre ces tensions.

Est-il vain de transmettre les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité à des jeunes qui se sentent exclus socialement ? demande Alice Le Moal. Coline Hrabina souligne la nécessité d’inclure tout le monde, tous ceux qui se situent en rupture, pour les ramener dans la voie républicaine. Pour y arriver, il faut incarner les valeurs républicaines. Combattre les défaillances de la République que sont les discriminations, les non-mixités, est indispensable. Nous devons transmettre et incarner nos valeurs en paroles et en actes, embarquer les citoyens dans un projet commun. Le rapport sur les radicalisations propose 62 recommandations : l’une d’elles consiste à remettre la puissance publique au cœur de tous les espaces, là où institutions ont perdu du terrain.

Sarah El Haïry rappelle la promesse républicaine : c’est la République qui protège, qui ne fait pas de différences entre les citoyens. Le principe de laïcité est garant de la cohésion, ce n’est pas une option. L’ascenseur social, c’est cela la promesse républicaine, la promesse pour chacun de pouvoir se construire un avenir par l’école. Bien sûr, il y a des failles, des manques, mais la République, c’est notre socle. Elle nous offre beaucoup de choses : l’instruction, les soins. Il suffit d’aller ailleurs pour s’en rendre compte. Bien sûr, notre République véhicule un idéal, elle n’est pas parfaite, elle est vivante, toujours inachevée. Mais c’est notre responsabilité de lutter pour cet idéal. Notre République ne connaît qu’une seule communauté, la communauté nationale.

En effet, ajoute Alain Seksig, nous tendons vers cette promesse républicaine, toujours en construction, jamais parfaite. Les valeurs, nous les prenons patiemment, une à une, par des actions concrètes, comme l’enseignement du français pour des mineurs isolés déjà presque adultes, de 16-17 ans ; par un accompagnement des enseignants, qui en ont besoin dans des moments bouleversants comme la récente décapitation de Samuel Paty.

Dès 2017, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a mené une action d’envergure, en refusant le « pas de vague ». Il a encouragé les enseignants à parler, à cesser de simplement subir. Et il s’est doté du Conseil des sages de la laïcité. Jamais personne n’avait osé se montrer aussi actif. Sarah El Haïry nous invite à lire, sur le site du ministère, les guides rédigés pour accompagner les enseignants, en cohérence les uns avec les autres : les paroles ne se contredisent pas. Il s’agit de fournir des outils clairs à l’ensemble des acteurs. C’est tout le corps enseignant qu’il faut renforcer, après cette terrible décapitation : chaque enseignant est un maillon dans la chaîne de transmission entre les générations.

Alain Seksig approuve chaleureusement les paroles et les actions de Sarah El Haïry. Nos 4 intervenants, au ministère, au Conseil des sages, à l’IHEDN, à la municipalité d’Epinay-sur-Seine, se répondent au diapason, unis dans un même effort pour ressouder la société. Sarah El Haïry souligne la réactivité du Conseil des sages qui, dès après l’assassinat de Samuel Paty, a reçu plusieurs associations de parents d’élèves, familiales, syndicales.

L’enjeu de la formation est crucial. Dès le mois de janvier, une grande formation va être menée à l’Institut des Hautes Études de l’Éducation et de la Formation, à Poitiers, pour 250 inspecteurs et 800 chefs d’établissement.

Les questions des internautes soulignent le désarroi de nombre de jeunes, très influençables, livrés à eux-mêmes. Les associations sont parfois trop éloignées de ces jeunes. Ramej Kassamaly détaille un grand nombre d’actions concrètes menées dans sa municipalité pour recréer du commun : Épinay s’est dotée d’un conseil municipal des enfants, d’un conseil patriotique ; les cérémonies de la citoyenneté pour les jeunes à 18 ans contribuent à insuffler l’esprit civique, tout comme le livret de la citoyenneté ; les cérémonies pour fêter la naturalisation jouent un rôle fédérateur. Les cafés philo fonctionnent très bien également ; La formation des délégués de classe (5e-4e), formés au civisme, aux droits, à citoyenneté ; une formation sur la laïcité pour tous les animateurs de la ville ; le travail avec des jeunes avec des procès reconstitués, autant d’outils pratiques pour éveiller les consciences citoyennes.

Coline Hrabina explique comment la pente vers la radicalisation participe d’un processus commun aux différentes radicalisations, idéologiques, religieuses, ou d’autres sortes, écologistes par exemple. On observe un système de fluidité des franges. Quand on est radicalisé, on peut facilement passer d’un extrême à l’autre. Le rapport expose les parcours de jeunes éduqués en France et qui, radicalisés, partent faire le djihad, pour revenir ensuite. Face à ces menaces endogènes, le rapport, consultable sur le site de l’IHEDN, propose 62 recommandations.

La secrétaire d’Etat Sarah El Haïry insiste sur la nécessité de combattre le découragement. Le travail à livrer est énorme, surtout au sein de la grosse machine de l’Éducation nationale, et il en va de notre responsabilité à tous de ne pas baisser les bras. Un outil merveilleux sera, à n’en pas douter, le Service National Universel (SNU). C’est François Bayrou qui, fort de la conviction qu’ « un pays uni, rien ne lui résiste », a constamment rappelé la grandeur de la promesse d’égalité des chances de notre République.

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