François Bayrou, invité de la matinale RTL 

François Bayrou, Président du Mouvement Démocrate, était l'invité d'Alba Ventura dans la matinale RTL ce vendredi 15 avril à 7h40.

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Emmanuel Macron 54 %, Marine Le Pen 46 %, c'est le résultat de notre sondage BVA Orange RTL ce matin. Vous vous dites que c'est en bonne voie pour le second tour ?

Moi, je ne suis jamais rassuré et rassurant lorsqu’il s'agit d'un deuxième tour de l’élection présidentielle. N'importe quoi peut se produire. On est dans un espace de temps, exactement comme dans la tragédie grecque. Il se passe des choses à la dimension des siècles en quelques minutes.

Il peut arriver n'importe quel accident, n'importe quel coup de théâtre, mais ce qui est, non pas rassurant, mais d'une certaine manière pour la démocratie française, un point positif, c'est que les électeurs sont en train de remettre les choses à leur place.

C'est-à-dire ?

C'est-à-dire ? Quels sont les deux avenirs proposés par les deux candidats ? Il se trouve que ces derniers jours, vous avez vu la montée de l'inquiétude à propos de la candidate du Rassemblement National.

Les Français mesurent ce que signifierait son élection. Alors, on prend deux ou trois choses très simples.

La première chose, c'est que Marine Le Pen propose que, pour la France, Poutine, la Russie de Poutine devienne son allié militaire.

Encore le 31 mars, c'est-à-dire en plein milieu du drame qui est en train de se jouer en Ukraine, proposer à la France qui est à la tête de l'Union Européenne, qui est un des pays de l'alliance Atlantique, de l'alliance des pays de liberté, de changer d'alliance pour aller rechercher du côté de l'agresseur sans précédent, c'est inimaginable.

Deuxième chose, elle propose que l'on rompe un certain nombre de nos coopérations essentielles avec l'Allemagne.

Depuis combien de décennies on n'a pas entendu, en France, quelqu'un présenter l'Allemagne comme étant en situation de nous gêner et que donc il faudrait rompre avec ce pays qui est notre frère ? Je prends un exemple très simple.

Airbus, qu'est-ce c'est ? Airbus, C'est la France et l'Allemagne.

Alors, on propose de sortir de cet accord à la dimension de ce demi-siècle qui a fait le plus grand succès industriel.

Tout ceci est déraisonnable.

Bien des Français aussi se sont arrêtés sur la mesure d’Emmanuel Macron sur la retraite à 64 ou 65 ans. Ils ne parlent pas forcément de l'Allemagne ou pas forcément des alliances internationales, mais ils disent : cette retraite à 65 ans, ce n’est pas pour nous, c'est une mauvaise idée.

Vous-même avez dit que l'annonce avait été brutale.

Oui, parce que la présentation a été décalée par rapport à la réalité.

De quoi s'agit-il ? C'est très simple, tout le monde le sait, comme on vit plus vieux et qu'il y a de moins en moins de gens qui travaillent dans une société comme la nôtre, le déséquilibre s'établit entre les contributeurs et les pensionnés et la pension, comme vous savez, c'est le système français qui s'appelle par répartition. Par répartition, c'est très simple, c'est ceux qui travaillent qui, chaque mois, assurent le revenu de ceux qui sont à la retraite.

S'il y en a moins qui travaillent par rapport au nombre de ceux qui sont à la retraite, il y a un résultat très simple, les pensions de retraite que chacun des retraités touche la fin du mois, baissent.

Donc vous défendez, vous, cette réforme des retraites ?

Je la défends avec deux précautions essentielles. La première de ces précautions, c'est que l'on doit tenir compte, toujours et en priorité, de ceux qui ont commencé à travailler tôt tout au long de leur vie, les carrières longues comme l'on dit et on doit tenir compte de la pénibilité.

Je suis naturellement, comme maire de Pau, à la tête d'un CCAS, comme l'on dit, de l'action sociale de la ville. Je sais très bien ce qu'est la vie des femmes, ce sont souvent des femmes, qui travaillent pour aller s'occuper des personnes âgées pour les lever et, parfois, elles sont lourdes et parfois c'est un travail très difficile.

Donc tout le monde ne pourra pas travailler jusqu'à 65 ou 64 ans.

Elles se font mal au dos.

Donc, pénibilité. Les deux choses : carrière longue et pénibilité et, enfin, troisièmement, il faut que cela se fasse progressivement et je pense que l'on peut beaucoup améliorer la progressivité, on peut avoir un allongement qui soit un allongement volontaire.

Il y a beaucoup de gens qui souhaiteraient travailler et on peut inciter à cet allongement volontaire.

Vous voyez que ce que je décris, c'est en réalité une méthode pour que le nouveau gouvernement, le nouveau parlement prépare cette réforme d'une manière plus équilibrée.

Cela, vous pensez qu’il l’a en-tête Emmanuel Macron ou il n'y pense pas ?

Non seulement, je pense, mais je crois.

Vous avez souvent dit : il y a une volonté de faire sécession de la part d’une partie du pays, une envie de révolte. Cette envie de révolte, on l’a vue au résultat du premier tour : 45 % pour le vote protestataire incarné par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

En 2007, François Bayrou, c'est vous qui occupez la troisième place, c'était le vote modéré. Que s’est-il passé en 15 ans ?

Peut-être qu'en 2007 on avait construit un mouvement de renouvellement profond, avec un grand succès comme vous vous souvenez, en tout cas une grande audience parmi les électeurs et je vous rappelle que, dans cette élection, on avait fait baisser le vote extrémiste. On était trois en réalité, Sarkozy, Ségolène Royal et moi, on avait fait baisser le vote Le Pen à 10 %. C'est la seule fois où il y ait eu une chute de ce vote extrémiste.

On s'est dit aussi qu'il y a peut-être des sujets qui n'ont pas été réglés ?

Oui, plein. Dans la vie, la vie d'un pays, et parfois la vie d'une personne ou d'une famille, il y a toujours des sujets qui ne sont pas réglés, mais il y a une chose essentielle, il faut que vous soyez, que nous soyons porteurs d'espoir.

C'est encore possible cela, franchement ?

Non seulement c'est une encore possible, mais c'est nécessaire donc il n'y a même pas à s'interroger. La seule question, c'est : quel chemin suivre ?

Je vais vous dire ce que je crois profondément. Il ne peut pas y avoir de politique sans idéal.

Si vous ne portez pas quelque chose qui permette à chacun des citoyens de sortir de son cadre de vie habituel et de se projeter dans l'avenir, alors, vous êtes en défaut, vous ne faites pas ce qu'il faut.

Oui, mais je repars de la retraite à 65 ans. Pour certains, ce n'est pas un idéal.

Je viens de vous dire, on ne peut pas accepter que les retraites baissent. C'est simple. Les millions de nos compatriotes qui ont en effet accédé à ce moment de la vie que beaucoup considèrent comme positif pour eux, on ne peut pas accepter que leur revenu baisse et donc c'est évident qu'il faut équilibrer, mais il faut le faire de manière progressive.

Emmanuel Macron a dit : à peu près en 10 ans, d'ici 2030. Et je trouve que c'est légitime que le futur gouvernement et le futur parlement prennent cela en main parce que, dernière phrase, le quinquennat ne s’achève pas le soir du 24 avril, il commence et tout le jeu démocratique, majorité, gouvernement, les forces politiques différentes qui vont dialoguer ensemble, ont la responsabilité de trouver cet équilibre.

Emmanuel Macron a dit : il faut inventer quelque chose de nouveau pour rassembler afin de bâtir une action commune au service de notre nation.

C'est donc un nouveau parti ? C'est cela qu'il propose éventuellement pour la suite ?

Il y a deux questions.

Ou un gouvernement d'union nationale ?

On va les traiter les deux par une phrase chacune. On a besoin de deux choses.

Première chose, on a besoin d'une organisation de toutes les forces de ce grand espace du centre que j'ai plaidé, défendu toute ma vie et donc une organisation.

Deuxième chose : on a besoin de pluralisme. On a besoin que chacun retrouve son identité dans cet ensemble, son identité, son histoire, ses valeurs comme l'on dit, ce qu'il a apporté et il faut que chacun soit respecté en tant que tel…

Mais quand même un nouveau parti.

Une nouvelle organisation, je ne sais pas si c'est un parti.

Une organisation et une organisation unitaire, le plus unitaire possible à condition que chacun soit respecté dans ce qu'il est et vous voyez que ce n'est pas si difficile, en tout cas de poser les principes.

Deux questions courtes, réponses courtes. Le soutien de François Hollande après celui de Nicolas Sarkozy, cela fait la différence à votre avis ?

Je ne sais pas si cela fait la différence, mais il y a une chose évidente, il n'y a pas un responsable en France aujourd'hui qui puisse appeler à voter pour l'extrême-droite. Pour une raison simple, je ne connais pas un seul pays dans le monde, ni un seul pays dans l'histoire, dans lequel les solutions ou les politiques extrémistes ont apporté du bonheur ou du bien-être.

Aucun.

Ni le Portugal de Salazar, ni l'Espagne de Franco, ni l'Italie de Mussolini, ni pire encore ce qui s'est passé dans l'Allemagne hitlérienne.

Qui peut prétendre qu'un seul des citoyens de ces pays se soit porté mieux ?

Rapidement, François Bayrou, qu'est-ce que vous inspirent ces quelques centaines d'étudiants qui manifestent car l’affiche présidentielle, c'est-à-dire un résultat démocratique, ne leur plaît pas ?

Il y a dans les générations, régulièrement, une sorte de révolte ou de réticence ou d'exaspération par rapport aux situations du monde dans lequel on vit. D'un côté, c'est bien et, de l'autre, il y a aussi un leurre dans tout cela parce que c'est fait peut-être pour les empêcher de s’engager.

Merci beaucoup François Bayrou.

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