François Bayrou : « Ce qui est en jeu, ce n'est pas mon sort, ni celui du gouvernement, c'est secondaire. Ce qui est en jeu, c'est le sort du pays »
François Bayrou, Premier ministre, était l'invité d'Apolline de Malherbe ce mercredi 3 septembre sur le plateau de BFMTV.
Seul le prononcé fait foi.
Apolline de Malherbe : Il est 8h20 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV, horaire exceptionnel parce qu’invité exceptionnel. Bonjour, François Bayrou.
François Bayrou : Bonjour.
Apolline de Malherbe : Vous êtes Premier ministre, merci d'avoir accepté de répondre à mes questions. J'ai aussi reçu de nombreux messages de Français, d'auditeurs dont je me ferai le porte-voix. Vous êtes Premier ministre, dis-je, mais sans doute pas pour longtemps, vous le savez, dans cinq jours, c'est fini.
François Bayrou : Alors, cette formulation, c'est absolument le contraire de ce que je suis. Chacun a ses travers, ses qualités et ses défauts, les miens sont sûrement très nombreux. Mais il y a un défaut que je n'ai pas, c'est d'être défaitiste. C'est de considérer que tout est écrit, qu'il suffit de baisser les bras.
Apolline de Malherbe : Mais là, ce n’est peut-être pas défaitiste, c'est juste réaliste.
François Bayrou : Laissez-moi vous répondre
Apolline de Malherbe : Peut-être réaliste.
FB : Peut-être réaliste, mais à coup sûr défaitiste. Et ça n'est pas ma manière de voir les choses. Ce qui se passe pour la France est très important, on va en parler, mais je vous ai apporté un journal d'hier, Le Monde d'hier.
Apolline de Malherbe : D'hier soir, le journal Le Monde, avec à la une la Chine.
François Bayrou : Pas la Chine. La Chine au centre d'un front anti-Occident. Et qui y a-t-il dans ce front, dans ce rassemblement-là ? Il y a 3 milliards d'êtres humains représentés par leur gouvernement. Le pays le plus peuplé au monde, l'Inde. Le pays le plus riche industriellement, commercialement, monétairement du monde, la Chine. Le pays le plus vaste du monde, la Russie. Et tous ces pays unis sur des valeurs, et une volonté qui sont de prendre la place de ce que nous, l'Occident…
Apolline de Malherbe : Anti-Occident
François Bayrou : nous sommes. Anti-Occident ça rappelle ce vers célèbre, une très célèbre ballade de Rudyard Kipling qui dit : « East is East and West is West and the twain never shall meet», l'Est et l'Est, l'Ouest et l'Ouest, et jamais ces deux-là ne se rencontreront.
On est revenus à une période du monde…
Apolline de Malherbe : Mais François Bayrou, en fait, je vous arrête un instant.
François Bayrou : Non, non, ne m'arrêtez pas. Non.
Apolline de Malherbe : Si, je vais vous arrêter, mais vous allez reprendre. Je vais vous arrêter pour une raison. C'est que ça fait des jours que vous dites que c'est la catastrophe. Ça fait des jours que vous dites qu'on est comme des petits bonhommes qui courraient sur une falaise dans les dessins animés, mais en fait, sans se rendre compte que le sol s'est déjà dérobé sous nos pieds. Ça fait des jours que vous êtes comme un petit garçon qui crie au loup, mais qui a tellement crié au loup qu'on ne le croit plus quand le loup est là. Est-ce que vous vous rendez compte de ça ?
François Bayrou : Cette manière désobligeante de présenter des choses...
Apolline de Malherbe : Non, ce n'est pas désobligeant.
François Bayrou : Excusez-moi. C'est, au contraire, très insultant. Excusez-moi. Vous êtes observatrice…
Apolline de Malherbe : Je vous écoute.
François Bayrou : …Journaliste. Vous êtes devant quelque chose qui ne s'est jamais produit depuis des décennies, peut-être depuis un siècle, et vous faites des commentaires de dessins animés.
Apolline de Malherbe : Non, je dis qu'il n'est plus temps de dire que c'est la catastrophe, il est temps d'agir. Qu'avez-vous à proposer ? François Bayrou, qu'avez-vous à dire ce matin aux socialistes, au Rassemblement National, aux LR ?
François Bayrou : Je le dis d'abord aux Français, parce que vous vous êtes pris dans le jeu des appareils politiques.
Apolline de Malherbe : Non.
François Bayrou : Si, c'est votre manière.
Apolline de Malherbe : Non, j'ai ici de très nombreuses questions de Joseph, d'Alain, de Fred, de Christophe, de Jean-Pierre, d'Alexandrin.
François Bayrou : C'est votre manière de voir les choses. Ne vous défendez pas, on n'est pas en débat l'un contre l'autre. On essaie de regarder la situation dans laquelle on se trouve, et la situation de la France. Dans cet Occident dont je viens de dire à quel point il était « challenger » comme on dit en franglais, c'est une manière de dire…
Apolline de Malherbe : Il est mis au défi.
François Bayrou : …qu'il est mis au défi et qu'on veut le dominer, dans cet Occident-là il y a l'Europe et dans l'Europe il y a la France. Et la France, elle a une situation particulière qui est une situation d'affaiblissement incroyable. Je ne crie pas au loup, je dis les choses précises comme elles se passent. Quelles sont ces choses précises ? C'est que nous nous sommes laissés entraîner, et j'ai mis le sort du gouvernement en jeu pour cette raison, pour qu'on ouvre les yeux, pour qu'on voie ce qu'il en est. D'habitude, les gouvernements, comme vous savez, les Français disent « ils se planquent ».
Apolline de Malherbe : Vous avez mis votre tête, en effet, sur le billot.
François Bayrou : Pour que tout le monde se rende compte de la situation. Quand je parle de la dette, je parle de quoi ? Je vous dis précisément les choses.
Chaque année, la France crée un peu plus de richesses que l'année précédente, à peu près 50 milliards. La totalité de ces 50 milliards, et plus encore, elle est versée à nos créanciers. Et elle part à l'étranger, c'est-à-dire qu'il y a une hémorragie du pays, une hémorragie de tout ce que le pays produit, de tout ce que nous produisons tous ensemble, qui va vers nos créanciers, ceux qui nous ont prêté et qui sont pour 60% à l'étranger. Ce qui est très différent d'autres pays, le Japon par exemple, qui a une dette très importante, mais ce sont les Japonais qui la détiennent, d'une certaine manière, c'est un circuit fermé.
Et donc, cette situation-là, elle nous affaiblit durablement. Alors il y a des gens que vous citiez ; des formations politiques, des appareils politiques, qui disent « on ne veut pas le voir », « ce n'est pas grave, ça ne nous intéresse pas », « vous voyez bien que ce n'est pas si grave, le bateau continue à flotter », comme j'ai eu l'occasion de le dire.
Apolline de Malherbe : Vous avez dit « Simone, ne t'inquiète pas, le bateau continue à flotter ». Mais vous vous adressez aux Français, sauf pour les parlementaires, qui auront le doigt sur le bouton lundi.
François Bayrou : Les parlementaires peuvent faire tomber le gouvernement. Ils en ont le pouvoir.
Apolline de Malherbe : Et ils prévoient de le faire.
François Bayrou : Et ils prévoient de le faire. Est-ce que ça va rendre service au pays ? Qui sont les parlementaires qui menacent ou qui annoncent qu'ils vont faire tomber le gouvernement ? Tu parles d'un exploit de faire tomber le gouvernement. C'est un gouvernement qui n'a, depuis le premier jour, pas de majorité absolue, pas de majorité relative. On a dû construire un budget parce qu'il n'y avait pas de budget. On a dû récupérer la totalité des textes qui étaient en grande difficulté. On les a fait adopter et on dit, ben voilà, on va abattre ce gouvernement. Ils en ont le pouvoir.
Apolline de Malherbe : Alors, que dites-vous ?
François Bayrou : Et j'ai précisément voulu…
Apolline de Malherbe : Que leurs dites-vous ce matin ?
François Bayrou : …En faisant ce geste inédit, on va dire, original…
Apolline de Malherbe : De provoquer ce vote lundi.
François Bayrou : Parce qu'il s'agit d'une prise de conscience. Je leur dis, regardez ce qui se passe dans le monde, regardez ce qui se passe en France.
Apolline de Malherbe : Mais François Bayrou, on va parler un peu franchement. Vous avez compris que pour l'instant, ça n'a pas pris.
François Bayrou : Vous avez l'impression que je ne parle pas franchement ?
Apolline de Malherbe : Si, mais il y a un point sur lequel, sauf le respect que je vous dois, vous êtes dans le déni, c'est que les chiffres ne sont pas bons, ça ne passe pas. Qu'avez-vous à dire ce matin aux différentes organisations politiques que vous avez commencé à rencontrer hier, que vous rencontrerez encore demain, pour les convaincre de ne pas appuyer sur le bouton "éjecte" lundi ?
François Bayrou : Je dis, si vous avez ce qui est votre fonction, votre vocation, si vous représentez les Français, demandez-vous où est l'intérêt national.
Apolline de Malherbe : Allez-vous…
François Bayrou : Non, laissez-moi dire les choses. Cette décision qu'ils prendront, qu'ils annoncent qu'ils vont prendre, cette décision-là, elle va semer, elle va créer l'instabilité dans notre pays. Et que veulent les Français ? Tous les sondages le montrent, ils veulent de la stabilité. Et donc, si vous êtes représentant du peuple, comme c'est la vocation d'un député, si vous êtes représentant du peuple, alors vous devez vous demander où est l'intérêt national. J'ai dit une chose très simple, ce vote-là, c'est un vote sur le constat de la situation du pays : est-ce que oui ou non, cette situation dans le monde comme je viens de le montrer, est-ce que cette situation, elle est grave et urgente ?
Ma réponse, elle est grave et urgente. Et si vous connaissez quelqu'un d'averti qui pense que ça n'est pas le cas... Tout à l'heure, j'étais avec vos journalistes dans le couloir. Tous disaient, en effet, c'est grave et urgent, mais comment vous pouvez faire ?
Apolline de Malherbe : Alors, je vous repose la question, est-ce que vous renoncez à supprimer les deux jours fériés ?
François Bayrou : J'ai dit le jour où j'ai annoncé cette mesure, alors, les jours fériés, précisons les chiffres, c'est 10% de l'effort qu'il faut faire...
Apolline de Malherbe : C'est 4 milliards.
François Bayrou : Je l'ai dit hier soir, j'ai reçu des formations politiques, par exemple les Républicains, qui disent nous avons possiblement des réponses qui permettent de faire autrement pour trouver cet effort que les deux jours fériés. Très bien, je l'ai dit dès le premier jour, je suis prêt à examiner toutes les solutions.
Apolline de Malherbe : Mais je n’ai pas compris. Vous continuez à les examiner ou vous dites ce matin je renonce à supprimer les deux jours fériés ?
François Bayrou : Je renonce dès l'instant que nous aurons trouvé, et c'est ça tout le but du travail que…
Apolline de Malherbe : Donc si nous trouvons…
François Bayrou : nous devrions conduire
Apolline de Malherbe : 4 milliards d'économies ailleurs.
François Bayrou : 4 milliards, c'est 4 000 millions d'euros.
Apolline de Malherbe : Non, non, mais on a commencé à comprendre. Mais ça veut dire que vous dites, « je suis OK, mais j'attends qu'ils me fassent une proposition sur les 4 milliards ».
François Bayrou : Ils m'ont dit, et ils ne sont pas les seuls.
Apolline de Malherbe : Laurent Wauquiez sera à ce micro demain matin, le président du groupe Les Républicains.
François Bayrou : Laurent Wauquiez, précisément, il était là, il a dit pour nous : « nous reconnaissons l'importance de l'effort. Nous ne nions pas la gravité de la situation, c'est très important. » Voilà une formation politique importante, majeure, qui est représentée au gouvernement.
Apolline de Malherbe : Mais il a dit, je cite, que vous étiez prêt à bouger. Est-ce que ce matin vous nous dites je renonce à supprimer ces deux jours fériés ?
François Bayrou : Je ne dirais pas des choses qui paraîtraient ne pas tenir compte de la situation. Je suis prêt, on ne peut pas le dire mieux, je suis prêt dès l'instant que nous aurons trouvé et je pense que c'est possible. J'avais dit moi-même, on peut avoir un jour, on peut faire autrement.
Pourquoi j'ai choisi les jours fériés ? On m'avait proposé autre chose qui était de passer de 35 heures de travail par semaine à 36 heures de travail par semaine. On me dit, pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Parce que 35 heures, c'est le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Et il y a des salariés, des familles françaises pour qui cette rémunération supplémentaire qui entraîne une heure supplémentaire...
Apolline de Malherbe : Pourquoi ils perdraient du salaire si ça devenait des heures régulières ?
François Bayrou : Exactement. Et donc, j'ai dit il y a peut-être autre chose, il y a les jours fériés. Et je suis tout à fait...
Apolline de Malherbe : Vous êtes ouvert ce matin, mais vous ne dites pas « je les supprime ».
François Bayrou : Et je suis tout à fait prêt. Je l'ai dit à ceux avec qui nous examinions cela ensemble, c'était mon idée initiale.
Apolline de Malherbe : J’ai l’impression qu’on retourne à la case départ, François Bayrou.
François Bayrou : Non…
Apolline de Malherbe : On est toujours à être ouvert à l’idée…
François Bayrou : N’ayez pas l’air catastrophé, ne prenez pas l'air journalistiquement catastrophique.
Apolline de Malherbe : Non mais je le prends parce que je sais que l'heure tourne, que vous n'avez plus que cinq jours et que vous en êtes encore ce matin à me dire je suis ouvert à la discussion.
François Bayrou : Mais c'est pas je suis ouvert à la discussion. Je dis, ce qui est en jeu lundi, c'est de savoir si oui ou non, nous pouvons nous accorder entre parlementaires, les parlementaires vis-à-vis du gouvernement...
Apolline de Malherbe : Sur l'ampleur du désastre. De l'effort à consentir.
François Bayrou : J'essaie de ne pas ne pas employer des mots qui soient des mots déplacés. Je ne dis pas désastre, je dis que toutes les forces politiques du pays qui ont figuré au gouvernement depuis 50 ans ont participé au creusement de ce déficit qui a entraîné une dette qui est tellement immense qu'elle pompe, elle aspire tous les jours toutes les richesses nouvelles que créent les Français. Ça ne vous heurte pas ? Vous ne dites pas qu'elle a quelque chose de très grave ?
Apolline de Malherbe : C’est sûr qu’en tant que « bonne mère de famille », si je puis reprendre l’expression « bon père de famille », et l'adapter aux femmes. En effet, un budget comme ça dans une famille ou dans une entreprise, ça ne passe pas. Je crois que là-dessus, tout le monde est d'accord. Simplement eux…
François Bayrou : Non, tout le monde n'est pas d'accord.
Apolline de Malherbe : …Eux vous disent, si vous faites un geste, le geste n'est toujours pas vraiment 100% là.
François Bayrou : Apolline de Malherbe, arrêtons-nous une seconde. On a le temps dans votre émission. Vous venez de dire une chose absolument suffocante, essentielle. Vous dites, « moi qui suis une maman, s'il y avait un budget comme ça à la maison, ça ne passerait pas ». Mais le budget comme ça à la maison, le budget comme ça dans les entreprises, c'est ce qu'un certain nombre de forces politiques considèrent comme normal. On va continuer comme ça, on va aggraver encore un peu les choses.
Nous avons prévu de baisser de plusieurs dizaines de milliards l'emprunt que nous devons faire cette année. Ils disent « non, il faut emprunter à nouveau 30 milliards de plus ».
Apolline de Malherbe : Mais vous n'avez pas envie que ça marche en fait ? Vous n'avez pas envie de rester lundi ?
François Bayrou : Pourquoi vous pouvez dire...
Apolline de Malherbe : Bah, parce que si vous vouliez rester, vous feriez des gestes. Là, vous savez que ça ne passe pas.
François Bayrou : Excusez-moi, ne prenez pas mal ce que je vais dire. Il y a deux manières de faire du journalisme. Je ne donne pas de leçons. Mais je suis en face de vous et vous posez des questions.
Apolline de Malherbe : Allez-y. Je n'ai pas peur des leçons.
François Bayrou : Je ne donne pas de leçons…
Apolline de Malherbe : Je veux simplement obtenir des réponses.
François Bayrou : …Je dis, mais la manière dont vous présentez les choses, c'est une manière pour faire du sensationnel…
Apolline de Malherbe : Non, vous faites de la pédagogie…
François Bayrou : …Moi je dis, vous venez de prononcer.
Apolline de Malherbe : Moi je dis vous faites de la pédagogie. Et c'est formidable de faire de la pédagogie, mais il n'est plus temps de faire de la pédagogie.
François Bayrou : Et bien, vous vous trompez absolument. Jusqu'à lundi, il est absolument temps de la prise de conscience.
Apolline de Malherbe : Le problème, c'est que là, vous vous adressez aux Français, et je le comprends parfaitement, et je crois d'ailleurs que les Français ont davantage compris, sans doute, que les politiques, la gravité dont vous parlez. Mais quand je dis « il n'est plus temps », c'est que cette pédagogie-là, vous avez passé l'été à la faire. Vous l'avez d'ailleurs parfois faite de manière très directe sur votre chaîne YouTube. Le problème, c'est que le moment dans lequel on est là, les cinq jours qui vous séparent du vote, c'est un moment politique, parce que ceux qui détiennent la clé, sauf si vous nous dites « on fait un référendum » ou « on refait des élections », dans ce cas-là, c'est en effet les Français qui détiendront la clé. Entre-temps, ce sont les élus qui la détiennent, et c'est eux qui, lundi, devront être convaincus de vous garder.
François Bayrou : Oui, et donc, après avoir fait le constat dans votre bouche, dans votre phrase, le plus accablant, le défi le plus important qu'on puisse dire. Ma mission, ma tâche, c'est de faire que chaque minute d'ici lundi, chaque temps d'antenne que je trouverai, nous prenions ensemble la mesure de ce qui va se passer si la décision est que le gouvernement tombe. Parce que si c'était le gouvernement qui tombe, pour aller dans le même sens, pour trouver un effort du même ordre, pour dire « non, vous avez raison, mais nous allons relever le défi d'une autre manière ». Bon, l'avis d'un gouvernement, ce n'est pas si important.
Apolline de Malherbe : Alors, posons des questions précises sur les deux jours fériés, sur l'AME, sur la taxe sur les plus riches. Sur les deux jours fériés, on a bien compris, vous ne dites pas ce matin, « je supprime la suppression des deux jours fériés », « je suis ouvert, dites-vous, à en discuter ».
François Bayrou : Je suis ouvert à ce que nous trouvions une organisation qui permette d'obtenir les mêmes buts sans avoir les inconvénients, à supposer que ces inconvénients soient majeurs, comme un certain nombre de gens le pensent ou le disent.
Apolline de Malherbe : Très bien. Quelles sont les pistes ? Quelles sont les pistes ? C'est les 4 milliards qu'ont promis les formations politiques pour dire...
Donc la balle est dans le camp des LR. La réponse sera ici même demain matin. Maintenant sur la question de l'AME. C'est une des questions que vous pose le RN. Et selon les informations de la rédaction de BFM Business, le gouvernement a donc adressé ce mardi, hier, pour avis au Conseil de la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie, ça a été confirmé sur BFM TV hier soir par le patron de la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie, deux projets de décret qu'on a pu consulter qui durcissent les conditions d'accès à l'AME et qui réduisent la liste des soins auxquels on a droit, notamment je pense par exemple à la question des prothèses auditives ou des lunettes. Ça c'est un signal que vous envoyez aussi au RN. Est-ce que vous assumez ces deux décrets ?
François Bayrou : J'assume les décrets que je signe, ou que le gouvernement signe. C'est une mesure de bon sens. Lorsque vous demandez des efforts aux Français, il n'est pas possible que le sentiment que les Français éprouvent, c'est qu'eux doivent faire des efforts, et les étrangers, puisque l'aide médicale d'État c'est destiné aux étrangers. Pas possible que tout le monde n'y soit pas associé.
Par exemple, il y avait dans la liste des soins de la balnéothérapie. Ce n'est pas normal, ce n'est pas raisonnable que le pays avec libéralité et sûrement générosité, ne prenne pas soin de l'équilibre que les Français ressentent, que les Français qui se sentent eux-mêmes appelés à un effort, disent « mais c'est pas possible que d'autres, qui sont les étrangers que nous accueillons et que nous aidons, pas possible qu'ils ne soient pas associés à cet effort ».
Apolline de Malherbe : Vous en avez parlé avec le Rassemblement national ? Vous les avez vus hier, vous leur avez dit que vous aviez fait ces deux décrets-là ?
François Bayrou : Ils savent bien que je le fais. Nous avons évoqué cette question souvent, pas seulement avec eux, mais il y a des forces politiques dans le gouvernement.
Apolline de Malherbe : Enfin, vous avouerez que le timing, le fait d'avoir fait ces décrets hier...
François Bayrou : Vous ne pouvez pas tenir les deux rôles à la fois. Vous dites, comment ? Mais vous ne bougez pas ! Vous nous avez promis de bouger, et vous ne bougez pas !
Apolline de Malherbe : Oui, mais vous n'avez pas dit jusqu'à présent que vous vouliez travailler forcément directement avec le RN.
François Bayrou : J'ai parlé avec toutes les forces politiques représentées au Parlement, à la différence de tout le monde. Mon affirmation, c'est que les députés sont tous égaux en dignité, et tous égaux en responsabilité.
Apolline de Malherbe : Font-ils d'ailleurs partie de l'arc républicain ? C'est ce que dit Nicolas Sarkozy dans une interview au Figaro ce matin.
François Bayrou : Alors, la République, c'est très compliqué. La République, c'est deux choses. La première, c'est un certain nombre de règles. La démocratie, on est élu. Ça, c'est la République. Et tous ceux qui sont élus font partie de l'ensemble républicain. Et puis, la République, c'est un ensemble de valeurs qui sont liberté, égalité, fraternité. Et fraternité n'est pas le mot le plus mince dans tout ça. Et de ce point de vue-là, ceux qui sont situés à l'extrême droite ou à l'extrême gauche de l'échiquier...
Apolline de Malherbe : Je précise pour ceux qui nous écoutent sur RMC que vous mettez la main droite et la main gauche des deux côtés, comme si ça encerclait, désignant ainsi l'extrême droite et l'extrême gauche.
François Bayrou : Exactement.
Apolline de Malherbe : Pour vous, ça veut dire que ni RN et ni LFI ne font pas partie de l'arc de la République ?
François Bayrou : Et de ce point de vue des valeurs de la République, à ce moment-là, il y a, comme vous le savez, des débats tels que nous avons dû conduire des campagnes électorales les uns contre les autres, précisément sur le sujet des valeurs.
Apolline de Malherbe : On vient de parler des LR, on vient de parler du RN. Emmanuel Macron vous a, semble-t-il, demandé hier de travailler davantage avec le Parti Socialiste. On vient de parler de l'AME, la réaction ce matin de l'ancien ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, aujourd'hui député socialiste, il dit « j'ai les boules ».
François Bayrou : Oui, vous voyez bien la quadrature du cercle.
Apolline de Malherbe : Exactement.
François Bayrou : Et donc, cette idée qu'en France, on est capable d'ignorer complètement la responsabilité qu'on a, le moment qu'on est en train de vivre, la gravité des choses, simplement parce que chacun veut imposer son point de vue. Le RN dit, « il faut regarder la situation des étrangers ». Et de notre côté, le Parti Socialiste dit, « il faut absolument dépenser plus et créer ». Vous connaissez ces deux grands courants ? Ceux qui disent qu'il faut faire payer les étrangers, ceux qui disent qu'il faut faire payer les riches. Et ces deux grands courants se trompent sur plusieurs choses, et notamment sur le fait que chaque fois que vous augmentez les impôts dans le pays qui a déjà les impôts les plus élevés au monde, et notamment chaque fois que vous augmentez les impôts des entreprises. À ce moment-là, vous portez atteinte au dynamisme du pays, aux choses les plus essentielles.
Apolline de Malherbe : Vous dites donc non à la demande du Parti Socialiste d'augmenter la fiscalité des dividendes. C'est non ?
François Bayrou : C’est pas les dividendes. Sur les dividendes, on peut avoir des sujets. Mais on peut avoir des zones de rencontre, si c'est modéré, si c'est sérieux. Mais l'idée de créer 27 milliards d'impôts plus 5, ça fait près de 32 milliards d'impôts, qui reposeront pour l'essentiel sur les entreprises et sur les investisseurs. Si vous lisez la presse économique ce matin, il y a des réflexions sur ce sujet et des réactions hostiles sur ce sujet partout. Vous ne pouvez pas déséquilibrer un pays en touchant à sa force de production. C'est un pays dont le problème principal est qu'il ne produit pas assez.
Apolline de Malherbe : Alors sur quoi, je reprends la phrase d'Emmanuel Macron qui vous a demandé, je cite, de travailler avec le Parti Socialiste, vous les recevrez demain, sur quoi êtes-vous prêt à discuter avec eux ?
François Bayrou : Je suis prêt à discuter avec eux sur tout, y compris sur le travail. Je vous rappelle que j'ai lancé une concertation avec le conclave, comme on disait à l'époque. Le conclave a conclu à une réflexion sur la pénibilité. Le conclave a conclu à une amélioration de la situation des femmes devant la retraite. Parce que des femmes qui ont à traverser les maternités, vous savez bien que du point de vue de la carrière professionnelle, ça présente un certain nombre de difficultés. Et le conclave que j'avais lancé est arrivé à un accord…
Apolline de Malherbe : À un presque accord, on va dire un presque accord, François Bayrou.
François Bayrou : Disons que ce presque accord est pour moi un accord, en tout cas une incitation à traduire cet accord dans la loi. Que sur la pénibilité, que sur la situation des femmes devant la retraite, oui, nous pouvons avancer. Et il y a bien d'autres sujets…
Apolline de Malherbe : Lesquels ?
François Bayrou : …Notamment sur le travail, sur lesquels nous pouvons avancer…
Apolline de Malherbe : Ils demandent de diviser par deux l'effort…
François Bayrou : …Le Parti Socialiste le sait bien.
Apolline de Malherbe : …Notamment, donc, ça veut dire une réduction du déficit qui ne serait plus que de 21,7 milliards plutôt que 44 milliards. Là-dessus, pouvez-vous être d'accord ?
François Bayrou : Ça n'est pas diviser l'effort. C'est décider qu'on va de nouveau emprunter 20 et quelques milliards supplémentaires. Dans la situation du pays, moi je demande que les responsables politiques mesurent le degré de déstabilisation dans lequel nous sommes. Et je n'ai pas l'intention de dire que pour trouver des accords d'appareil, il suffirait de surcharger encore le sac à dos plein de fonte qu'on met sur le dos des jeunes Français.
Apolline de Malherbe : Mais êtes-vous prêt à tendre la main au Parti Socialiste ? C'est-à-dire, qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?
François Bayrou : Je tends la main à toutes les forces politiques et à tous les représentants du peuple qui sont parlementaires, en disant « nous avons à construire l'avenir ensemble ». Si vous êtes prêts à participer à cette construction de l'avenir, quant à moi j'y suis prêt, le gouvernement y est prêt, le président de la République y est prêt. La question est de savoir si on partage un accord. Vous voyez bien que la démarche que j'ai choisie, c'est une démarche dont il ne faut pas faire sauter la première étape, c'est est-ce que nous sommes d'accord pour dire la gravité des choses ?
Apolline de Malherbe : Vous ne regrettez pas d'avoir peut-être mis la charrue avant les bœufs ? C'est-à-dire d'avoir demandé d'abord la confiance, et eux ont le sentiment que du coup la discussion de toute façon ne se fera pas.
François Bayrou : C'est exactement comme si vous me disiez, en réalité, lorsque vous avez un patient qui a des médecins, il faut commencer par l'ordonnance avant de faire le diagnostic. Vous voyez bien que ça serait absurde. Quand on a une situation de santé devant laquelle il faut que la médecine intervienne, et bien, il faut qu'on s'accorde sur le diagnostic d'abord.
Apolline de Malherbe : Pensez-vous encore qu'il soit possible que les socialistes ne votent pas contre vous lundi ?
François Bayrou : Je pense que c'est possible. Je pense que ça dépend d'eux. Je pense que ça dépend du contact qu'ils ont avec les Français. Mais je sais que toutes les forces politiques, si elles étaient devant la situation les yeux ouverts, elles diraient : « écoutez, on se met d'accord sur le constat et on va ensemble négocier après la totalité des décisions qu'on doit prendre ».
Apolline de Malherbe : Sauf qu'ils sont déjà dans l'idée que vous n'êtes plus là. Olivier Faure, il l'a dit hier, « j'ai dit à mes camarades, si l'un d'entre vous a son téléphone qui sonne et que c'est le président de la République, il décroche. Et s'il lui propose d'être Premier ministre, il répond oui. »
Ça veut dire qu'ils sont déjà dans l'après. Pour eux, c'est déjà fini.
François Bayrou : Ne faisons pas de mystère. Olivier Faure pense qu'il peut être nommé Premier ministre. Vous le savez, il l'a dit et tout le monde le dit.
Apolline de Malherbe : Il peut l'être ? Quand Emmanuel Macron dit qu'il faut bosser avec les socialistes ?
François Bayrou : Le Premier ministre, c'est celui qui est choisi par le Président de la République. C'est ça, les institutions. Et c'est très important. Et donc la question c'est avec quelle majorité ? Parce que si j'ai bien compris, alors c'est de la politique politicienne et vous savez qu'en ce moment ce n'est pas ce que j'ai envie de faire, mais bon, sacrifions une seconde à ce sujet. Olivier Faure dit « je vais constituer un gouvernement sans LFI » . Fort bien, je pense en effet que l'alliance du PS avec LFI est un problème pour le pays et pour le PS. On va constituer un gouvernement sans LFI. Et pendant tout le week-end précédent, aux universités de LFI, tout le monde scandait, tout le monde déteste le PS. Donc ce n'est pas…
Apolline de Malherbe : Non ce n’est pas très amical…
François Bayrou : …Très amical, ce n'est pas très cohérent pour le pays. Et puis il va censurer, il va abattre...
Apolline de Malherbe : Donc vous êtes en train de dire, ça ne marchera pas mieux que moi ?
François Bayrou : Laissez-moi finir juste en deux phrases la démonstration. Il va ou il veut abattre le gouvernement qui est soutenu par ce qu'on appelle le bloc central, de LR jusqu'aux formations du centre et du centre-gauche. Est-ce que c'est le bon moyen de trouver une majorité ? Est-ce qu'il est logique, cohérent de dire je vais abattre votre gouvernement et après vous me soutiendrez ? Je ne suis pas sûr que ça marche, parce qu'il y a un minimum de logique dans la vie. La démarche d'Olivier Faure, dont il ne fait pas mystère, il veut devenir Premier ministre, cette démarche-là, elle me paraît, comment dire, risquée. C'est, peut-être, le moins qu'on puisse dire, pas très cohérente et pas très logique. C'est une des raisons pour lesquelles la réflexion sur une abstention lundi prochain devrait être à l'ordre du jour, si on veut constituer un gouvernement.
Apolline de Malherbe : Vous espérez qu'ils s'abstiennent de voter contre vous ? François Bayrou, si toutefois...
François Bayrou : Je veux corriger votre formule. Ma disposition d'esprit, ce n'est pas d'être dans les marchandages d'appareils de parti. C'est bizarre, parce que c'est le réflexe naturel. Ça n'est pas ce que je pense. Je pense que nous sommes à un moment historique, et que dans les moments historiques, c'est avec les Français, et en s'adressant à ce qu'ils ont de plus précieux, c'est-à-dire le souci de leurs enfants, le souci de leur avenir, qu'on fait bouger les choses.
Apolline de Malherbe : Si toutefois vous n'obtenez pas la confiance lundi et que vous êtes contraint de démissionner, pensez-vous que la seule solution soit la dissolution ? Vous venez d'en faire la démonstration, il n'y a pas de majorité.
François Bayrou : La dissolution est un risque, on l'a vécue il y a un an. On a vécu il y a un an une dissolution dont le président de la République attendait une clarification et ce qu'on a eu, c'est à peu près le contraire. Est-ce qu'il est logique et cohérent d'imaginer qu'une prochaine dissolution apporterait plus de clarté ? Je ne le crois pas. C'est la décision du président de la République. Mais nous, comme citoyens français, est-ce que nous avons envie de nous enfoncer dans le chaos ? Ou est-ce que nous avons envie de dire « Écoutez, forces politiques, vous êtes gentilles, on apprécie vos jeux, vos personnalités ». Le moment où nous sommes, c'est le moment de vous asseoir autour de la table tous ensemble et de faire avancer les choses. C'est ça que les Français pensent au fond d'eux-mêmes et c'est eux qui ont raison.
Apolline de Malherbe : François Bayrou, pendant ce temps-là, il y a eu à Marseille cinq personnes qui ont été poignardées. Il y a eu une répartie dans les Corbières. Un mot sur Marseille. Cinq personnes donc poignardées, grièvement blessées hier. auteur a été abattu par la police, un Tunisien connu des services de renseignement et de justice. Il avait eu une première condamnation en première instance, mais qui n'était pas, je cite, définitive, puisqu'il avait fait appel. Une procédure judiciaire était également en cours depuis le mois d'août pour des propos antisémites devant la mosquée de Sète. Cet individu est de nationalité tunisienne, il a 35 ans, il avait une carte de séjour qui devait se terminer en 2032. Voilà ce qu'a affirmé le ministre de l'Intérieur sur place hier. Condamné donc une première fois pour suivi avec une carte de séjour, considéré comme dangereux avec des troubles psychiatriques. Qu'attendons-nous ?
François Bayrou : Il fallait le renvoyer.
Apolline de Malherbe : Vous savez comme moi qu'une carte de séjour, on ne peut pas la suspendre.
François Bayrou : Si. La justice peut parfaitement la suspendre, mais allons un peu plus loin, vous vous dites propos antisémites. C'est pire que ça. Cet individu-là, il menaçait sa famille. Sa femme a dit « j'avais peur qu'il me tue ». Alors, des gens qui sont atteints de troubles psychiatriques, dans la société, il y en a beaucoup, et c'est très important de le mesurer. Et quand ils se livrent à des exactions, et qu'ils sont étrangers, et bien, il faut les renvoyer dans leur pays.
Apolline de Malherbe : Donc il aurait dû être renvoyé ? mais il avait fait appel. Donc, la condamnation n'était pas définitive.
François Bayrou : C'est ça, c'est un état de droit. Et cet état de droit, il est protecteur pour un très grand nombre de Français. Et pour ceux qui sont en dehors de la raison et du fait qu'on vive ensemble, on se réfugie derrière des procédures plus droites.
Apolline de Malherbe : Il n’avait pas sa place en France. Il n'avait plus sa place en France.
François Bayrou : Quelqu'un qui ne respecte pas la loi et qui est dangereux pour ses semblables n'a pas sa place en France. Encore faut-il que son pays l'accepte. Et c'est ça la difficulté devant laquelle nous sommes.
Apolline de Malherbe : La rave party, il y a une chose qui m'a frappé, François Bayrou, c'est quand j'ai échangé avec le maire de la commune des Corbières, où a eu lieu cette rave party. Il dit : « la moitié des voitures de ses participants à la rave sont immatriculées en Espagne ou en Italie. Pourquoi ? Parce que l'Espagne et l'Italie, ils ont dû durcir leurs lois ». Est-ce qu'on n'est pas, sur la rave party comme sur tout le reste, les « dindons de la farce » ?
François Bayrou : On est les dindons de la farce si on n'a pas le sérieux et la volonté de faire respecter nos lois. Les autres ne le font pas. Donc, d'une certaine manière, ça accorde des facilités à ceux qui ne veulent pas respecter la loi. Mais le devoir, la responsabilité d'un gouvernement, quelle que soit son orientation, c'est de faire respecter la loi. Et que ceux qui ne sont pas de notre pays et qui, de surcroît, ne respectent pas la loi, cela, il est capital qu'on les reconduise à la frontière, et que le pays d'où ils viennent les accepte. Et c'était exactement le bras de fer dans lequel nous sommes avec l'Algérie, par exemple.
Apolline de Malherbe : François Bayrou, encore Premier ministre, vous serez candidat aux élections municipales à Pau ?
François Bayrou : Vous le verrez quand je parlerai aux Palois. Il se trouve que c'est une ville que j'aime beaucoup, comme vous savez, pour laquelle j'essaie de faire le maximum, comme vous le savez. Mais je ne parle pas à mes concitoyens par l'intermédiaire de médias nationaux. Je leur parle directement.
Apolline de Malherbe : Donc il y a le national, le local, ça pourrait être en tout cas la suite de vos aventures, si je puis me permettre.
François Bayrou : Si vous croyez que les aventures sont finies, vous vous trompez beaucoup de ce point de vue-là, parce qu'une vie d'homme, c'est de l'engagement. Et l'engagement, il prend plusieurs formes, mais en tout cas, il ne s'arrête jamais, à mes yeux…
Apolline de Malherbe : Enfin, le job de Premier ministre en lui-même, il a sans doute une fin lundi quand même.
François Bayrou : Peut-être, vous vous dites ça, mais ça supposerait que j'accepte un verdict contre lequel je me bats tous les jours, à chaque minute, parce que ce qui est en jeu, ce n'est pas mon sort, ce n'est pas le sort du gouvernement, c'est secondaire. Ce qui est en jeu, c'est le sort du pays, et c'est ce qu'il ne faut jamais perdre de vue dans les débats que nous avons.
Apolline de Malherbe : Merci François Bayrou d'avoir répondu à mes questions ce matin. François Bayrou, Premier ministre, donc bien sûr, je vous laisse partir pour ce Conseil des ministres qui pourrait être votre dernier conseil des ministres, mais on a bien compris que vous alliez vous battre jusqu'au bout.