Démocratie en danger : tous responsables

La crise des gilets jaunes a montré à quel point un certain nombre de citoyens n’avaient plus le sentiment d’être bien représentés. Remise en cause, la légitimité politique peut entraîner une rupture du lien de confiance. Comment redonner envie de participer, par le vote ou par d’autres formes d’engagement ? Cette plénière de Cité Démocrate 2020 a permis aux internautes de discuter avec nos ministres Marc Fesneau, Sarah El Haïry, les députées Elodie Jacquier-Laforge et Laurence Vichnievsky et l’ancien garde des Sceaux Michel Mercier.

Président des Jeunes Démocrates, Pierre-Jean Baty mesure l’importance de l’engagement de la jeunesse. Animateur de cette plénière, il a ainsi interrogé nos intervenants sur la possibilité d’abaisser le droit de vote à 16 ans. Pour Marc Fesneau (ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne), comme pour Sarah El Haïry (secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, auprès du ministre de l’Éducation nationale), la question n’est pas celle du seuil d’âge, mais du sens du vote. Nombreux sont ceux qui estiment leur vote inutile. Récemment, Brice Teinturier évoquait les PRAF (Plus Rien à Foutre), grossissant les rangs des abstentionnistes. Or, notre démocratie représentative est fondée sur le principe de l’élection. Le vote servant à désigner les représentants, une abstention massive fait courir un risque de voir les extrêmes l’emporter un jour. Une enquête du Cevipof d’avril 2020 indique que 44% des Français estiment qu’en démocratie, rien n’avance, qu’il faudrait moins de démocratie et plus d’efficacité. Des chiffres inquiétants, qui montrent que la démocratie n’est jamais un acquis. Il faut, sans cesse, lui donner vie et sens : nouer ensemble les valeurs d’égalité et de liberté.

L’ancien garde des Sceaux, Michel Mercier, remarque que le champ d’action de la démocratie est aujourd’hui plus vaste et plus controversé qu’il y a quelques décennies. Il ne faut pas désespérer, car le vote n’est pas la seule manière de participer. Dans d’autres domaines, associatifs, humanitaires, on observe davantage d’engagements. La démocratie, aujourd’hui, dépasse les frontières. La citoyenneté est un engagement de tous les jours. La démocratie participative, cela signifie simplement que les citoyens participent par leur action à la vie en commun. Il est nécessaire de réinventer une démocratie plus globale, pour qu’elle soit réelle.

Sarah El Haïry voit la démocratie représentative comme l’élément central, structurant, de notre société. Notre jeunesse est-elle engagée ? Oui, car les jeunes nous poussent à réinventer nos modes de vie, à nous interroger. Quant aux réseaux sociaux, ils entraînent le pire, mais aussi le meilleur. On participe pour avoir le sentiment d’influer sur les décisions. Les conseils communaux, les conseils municipaux de jeunes sont des expériences formatrices. La démocratie s’améliore par l’expérimentation. Sarah El Haïry remarque que les citoyens connaissent très mal nos institutions : comment susciter de l’adhésion pour ce que l’on ne connaît pas ? Il faut donner aux citoyens les moyens de comprendre.

La citoyenneté, cela suppose des vertus, qui s’apprennent. L’éducation populaire peut permettre une revitalisation démocratique. Elodie Jacquier Laforge développe cette question de l’éducation à la citoyenneté, nous parlant de son expérience au Parlement des enfants, où elle intervient depuis 3 ans dans des classes de CM2.

La question des réseaux sociaux mérite toute l’attention : il y a une ambivalence forte, entre les effets positifs et les effets pervers. C’est tout l’espace-temps démocratique qui se trouve déplacé. Marc Fesneau souligne que toutes les opinions déversées sur le web ne se valent pas : il faut s’appuyer sur des faits. Rien ne se décide sans des faits un peu établis. Il faut éviter de cultiver les peurs, les antagonismes. Des institutions comme le CESE ont pour rôle de permettre un débat non conflictuel, même sur des sujets qui peuvent l’être.

Laurence Vichnievsky insiste avec justesse sur une valeur cardinale au Mouvement Démocrate : la liberté, et le respect des libertés individuelles. Il importe de savoir où placer le curseur. À titre personnel, Laurence Vichnievsky s’était montrée très vigilante sur l’application StopCovid. Très attachée à la liberté d’expression, elle rappelle judicieusement que l’on ne doit pas confondre une fake news et une opinion. Parfois, on tâtonne avant de trouver une vérité. Le fait que le New York Times ne publie plus de caricatures, c’est grave. En revanche, il s’agit également de lutter contre les incitations à la haine sur les réseaux sociaux. Le rôle de notre famille politique est précisément de trouver un équilibre entre ces exigences de modération et de liberté. Ainsi, la question du vote obligatoire ne correspond pas vraiment à la culture française, qui a toujours – jusqu’à présent – penché vers la liberté.

Marc Fesneau, comme Laurence Vichnievsky, remarquent que le Parlement doit trouver sa juste place. Sur la question du cumul des mandats, Michel Mercier porte un regard pragmatique : il faut toujours se méfier des grandes idées. Le parlementaire a souvent besoin, pour exprimer ses choix au national, d’avoir un terrain d’expérience.

Le Mouvement Démocrate a le souci d’élever la conscience citoyenne, avec pour valeurs cardinales à l’esprit : la liberté et le pluralisme.

Horaires 

Rendez-vous samedi 19 septembre 2020, de 10h30 à 11h30 pour suivre le direct de la table ronde  « Démocratie en danger : tous responsables ». Cet échange sera animé par Pierre-Jean Baty, président des Jeunes Démocrates

Invités

Sarah El Haïry

Secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports

Engagée depuis plus de dix ans en politique et dans la vie associative, Sarah El Haïry œuvre pour l’économie sociale et solidaire. À l’Assemblée nationale, en tant que députée de Loire-Atlantique et membre de la commission des finances, elle a co-présidé un groupe d’étude sur cette thématique. Elle est également porte-parole du Mouvement Démocrate. Sarah El Haïry s'interroge sur les conditions d’une philanthropie à la française. 

Marc Fesneau

Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne, vice-président du Mouvement Démocrate

Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le parlement et de la participation citoyenne, Marc Fesneau œuvre dans une logique de séparation des pouvoirs, puisqu’il assure, en médiateur, l’interface entre l’exécutif et le législatif. Marc Fesneau a été secrétaire général du Mouvement Démocrate de 2010 à 2017. Il a exercé plusieurs mandats locaux dans le Loir-et-Cher et porte une attention toute particulière aux spécificités des territoires.

Isabelle Florennes

Députée des Hauts-de-Seine, membre de la commission des lois

Dans le cadre de la commission des lois, Isabelle Florennes a été nommée rapporteure sur le projet de loi sur la création de l’établissement public Paris-La Défense. Secrétaire de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes, elle est très attachée à la promotion de l’égalité entre femmes et hommes. Isabelle Florennes est particulièrement attentive aux phénomènes de violences urbaines.

Elodie Jacquier-Laforge

Députée de l’Isère, membre de la commission des lois

Députée de l’Isère, Elodie Jacquier-Laforge est membre de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi pour un État au service d’une société de confiance, elle s’intéresse de très près aux évolutions de la démocratie représentative.

Michel Mercier

Ancien garde des Sceaux

Laurence Vichnievsky 

Députée du Puy-de-Dôme, membre de la commission des lois

Ancienne magistrate, Laurence Vichnievsky est aujourd’hui députée du Puy-de-Dôme et vice-présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale. Elle a notamment travaillé sur les conditions de détention dans les prisons. Elle est particulièrement vigilante à la nécessité de renforcer l’indépendance des pouvoirs.

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