Discours de politique générale d'Elisabeth Borne : Intervention de Jean-Paul Matteï, Président du Groupe Démocrate

Retrouvez l'intervention de Jean-Paul Matteï, Président du Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants) à l'Assemblée nationale, lors du Discours de politique générale de la Première ministre, Elisabeth Borne. 

Madame la Présidente, Madame la Première Ministre, Chers collègues,

Vous l’avez dit tout à l’heure, Madame la Première Ministre, nous sommes face à une situation exceptionnelle et à des défis immenses.

Une situation exceptionnelle, d’abord, par la composition de notre Assemblée.

Le peuple français, à travers les élections législatives, vient de faire de la proportionnelle une réalité.

Le groupe démocrate, attaché à l’idée d’une représentation proportionnelle, salue la proposition de notre Présidente d’ancrer ce principe dans le marbre de la loi au cours de cette législature.

De fait, le Parlement reflète davantage aujourd’hui la société française dans la diversité de ses opinions et de ses attentes.

Nous devons y attacher le plus grand respect.

Loin d’être un signe d’instabilité, c’est une preuve de la vitalité intacte de notre démocratie.

Cela nous oblige à réinventer notre façon de travailler ensemble.

Chacun d’entre nous est à sa place ici, celle à laquelle l’a hissé le suffrage universel, avec les idées qu’il incarne.

Chacun a ici la lourde responsabilité de façonner le destin de la France et des français pour les 5 prochaines années.

Le Parlement sera plus que jamais au cœur de la vie politique et institutionnelle. C’est un motif de satisfaction pour ma famille politique.

Montesquieu nous a appris que pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par sa disposition même, le pouvoir arrête le pouvoir.

La réforme constitutionnelle de 2008 a fait sien cet objectif et a donné davantage de droits au Parlement, dans l’initiative et le contrôle législatifs.

Elle a reconnu les droits de l’opposition, dont la Présidence de la commission des finances.

 

Elle était inspirée par l’inquiétude démocratique d’un Parlement qui ne refléterait plus l’opinion ou musellerait l’opposition. Au point que celle-ci n’aurait d’autre choix que la rue pour se faire entendre.

Nous avons la chance de disposer d’un socle institutionnel solide, qui permet d’inscrire le changement politique majeur que nous vivons dans le cadre existant.

Le Parlement devient désormais incontournable : ni une chambre d’enregistrement, ni un récif sur lequel se brisent toutes les réformes ou toutes les idées.

Il nous faudra revoir notre façon de légiférer et de travailler ensemble.

Entre nous d’abord, et avec le Gouvernement aussi, dans un dialogue constructif permettant d’aboutir à des accords solides, car viables dans le temps et consentis par tous.

Pour cela, Madame la Première ministre, vous me trouverez toujours à vos côtés en qualité de médiateur, tout comme le groupe Démocrate.

 

Nous avons élu la semaine dernière pour la première fois une Présidente de l’Assemblée nationale. C’est une fierté pour tous les parlementaires et un signe incontestable que les mentalités évoluent.

Nous avons choisi pour la première fois un député d’un parti qui n’a jamais gouverné, à la tête de la commission des finances.

Le Gouvernement, ainsi remanié, est un gouvernement d’action au service des français.

Il devra plus que jamais entendre ce qui se dira dans notre Assemblée et dans le pays.

Ces qualités d’écoute et de dialogue sont, je le sais, les vôtres, Madame la Première ministre.

Et je salue votre élection en tant que députée du Calvados qui fait de vous l’une des nôtres aussi.

Vous êtes, Madame la Première Ministre, une femme d’Etat aguerrie, et je sais que votre connaissance de nos institutions et du Gouvernement vous permettra de conduire efficacement son action et d’animer un dialogue vertueux avec le Parlement.

 

Nous sommes en effet face à des défis immenses.

Il nous reviendra, ensemble, de poursuivre les réformes utiles à notre pays, pour lesquelles nos concitoyens ont réélu le Président de la République.

Et pour ce faire, il nous faudra continuer à libérer les énergies sans casser les talents et réparer la cohésion de notre société.

Le groupe Démocrate est le premier soutien de la majorité.

Nous en partageons les valeurs :

Le respect de chacun et le souhait d’une société plus solidaire ;

Le goût de la liberté dans une France apaisée, réunie autour du pacte Républicain, avec un Parlement fort et un Etat de droit respecté;

Le souci de voir nos territoires protégés, intégrés à la République par une décentralisation efficace, maillés de services publics et entendus dans leurs besoins spécifiques ;

Le désir d’améliorer la vie des gens dans le respect de  l’Etat  de  droit,  de  moderniser  l’économie,

 

d’encourager les entrepreneurs et de soutenir les plus fragiles contre les chocs qui déstabilisent la société ;

La volonté de répondre à l’urgence climatique et préserver notre environnement.

Nous le devons aux générations futures.

Le haut conseil pour le climat évalue l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre de 6,4% depuis l’an dernier malgré une baisse tendancielle de 23% par rapport à 1990.

Signe de l’importance de cette prise de conscience au plus haut sommet de l’Etat, vous êtes, Madame la Première Ministre, en charge de la planification écologique et énergétique. Et vous avez déjà annoncé une nouvelle loi de programmation pour le climat début 2023.

C’est pourquoi nous soutiendrons, au groupe démocrate, le programme ambitieux proposé par le Président de la république, en matière d’action climatique.

 

Nous nous attacherons avec vous à atteindre la neutralité carbone en 2050, à rénover 700 000 bâtiments, à végétaliser les villes, à consacrer 10 milliards à la transition écologique sur le quinquennat.

La défense de notre souveraineté nationale, aussi bien militaire que stratégique, énergétique et alimentaire, avec une armée forte, la modernisation du modèle industriel et agricole et le développement du mix énergétique.

L’appartenance européenne, qui nous permet d’être plus forts ensemble sur la scène internationale, dans un contexte qui a révélé la fragilité des Etats isolés.

A ce titre, nous pouvons nous réjouir que nos partenaires aient écouté la voix de la France au cours des 6 derniers mois de Présidence française de l’Union européenne.

Sur la scène internationale, la France a également œuvré pour avancer sur les questions climatiques. Le mois dernier, le G7 a pris l’engagement de mettre un terme au financement d’énergies fossiles sans capture du carbone d’ici la fin de l’année 2022.

 

Sous l’impulsion du Président de la République, l’accord de Paris a été réaffirmé. Il vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5% par rapport à l’ère préindustrielle et à parvenir à zéro émission nette carbone d’ici 2050.

Nous aurons, enfin, l’impérieuse nécessité de restaurer nos finances publiques très dégradées, pour ne pas léguer un avenir hypothéqué à nos enfants.

Sur ce point, nous devrons préserver les moyens de l’Etat à faire face à une autre crise majeure.

Les réponses ponctuelles et d’urgence ont été adaptées à la COVID 19 ; elles ont impliqué une dégradation considérable de la dette.

L’Etat emprunte aujourd’hui à 2%, ce qui entraînera une augmentation de 11 points de PIB de la dette en 10 ans.

Revenir à une maîtrise réelle de nos finances est une obligation, pas une option.

Nous devrons réfléchir aux solutions pérennes qui permettront de retrouver un point d’équilibre viable pour l’économie et la société.

Le monde change. La France change. La société change.

Notre pays est divisé, notre devoir est de tout faire pour réunir nos concitoyens.

Cela nous oblige à un plus grand devoir de solidarité et de responsabilité.

La crise sanitaire nous a montré la fragilité de notre société, des Etats face aux crises.

Chacun d’entre nous l’a ressenti à son propre niveau, du retraité à l’étudiant, du chef d’entreprise au salarié.

Nous devrons donc renforcer notre capacité à répondre à une nouvelle crise tout en restaurant nos moyens de résilience collectifs.

A l’heure où l’inflation a refait son apparition et frôle les 6% sur l’année, alors que les économistes la croyaient disparue à jamais, nous devons travailler en premier lieu sur la question du pouvoir d’achat de nos concitoyens.

 

Pour que chacun puisse raisonnablement se projeter dans l’avenir sans brider ni briser les talents.

Nous devrons repenser la fiscalité pour mieux répartir les richesses et garantir l’accès aux ressources naturelles et énergétiques dont la rareté nous a été cruellement rappelée.

Nous devrons être collectivement plus vertueux, plus sobres, plus économes dans nos façons de vivre, de consommer, de nous déplacer.

Nous devrons aussi accepter d’aborder sans tabou la question du vieillissement de la société et ce qu’elle implique en termes de 5e risque et de viabilité de notre système de retraite.

Ne pas le faire serait là encore trahir les générations futures.

Nous vivons un contexte international de montée des périls qui a déjà marqué de sombres heures de l’histoire mondiale.

 

Avec la guerre à nos portes, en Europe, dont l’horreur saisit chacun de nous, nous devons tout faire pour que la France ne soit pas déstabilisée et affronter aussi les enjeux de la solidarité et de notre tradition d’accueil, désormais posés de façon inédite.

Les français ont besoin de notre sagesse, pas de postures politiques ou d’anathèmes.

 

Madame la Première ministre, le groupe Démocrate demeurera un soutien, un partenaire engagé, à la fois au Parlement et dans votre Gouvernement.

Il sera le laboratoire des pratiques nouvelles de votre majorité.

Nous savons votre détermination, nous savons votre courage et votre pugnacité, vous connaissez notre fidélité et notre soutien constructif, c’est pourquoi, sur ce chemin, vous avez toute notre confiance.

Je vous remercie. 

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