Violences faites aux femmes : ne rien laisser passer !

Josy Poueyto

Le ministère de l’Intérieur a annoncé une hausse de 10% des violences conjugales en 2020. 87% des victimes de violences conjugales sont des femmes, soit 139.200 femmes par an. Seulement 3% d'entre elles portent plainte pour viol ou agression sexuelle par leur conjoint. Le 25 novembre est la journée pour l'élimination de la violence à l’égard des femmes. Josy Poueyto, députée de Pau et membre de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, s’exprime sur le sujet. Pour ne rien laisser passer, mobilisons-nous

Les services de police et de gendarmerie ont enregistré une hausse de 10 % des violences conjugales, qui ont concerné 159 400 personnes tous sexes confondus en 2020. Comment expliquez-vous ce chiffre ?

Pour commencer, il faut préciser que ce taux communiqué par le ministère de l’intérieur correspond à la hausse du nombre de plaintes enregistrées. Plus globalement, dans le contexte de pandémie COVID 19, l’ONU avait très tôt lancé une alerte sur l’augmentation des violences faites aux femmes dans le monde. La France n’a malheureusement pas échappé au phénomène, en dépit des actions menées par la majorité et le gouvernement. La hausse de 10% que vous citez concerne une écrasante majorité de femmes. Je n’oublie pas les enfants qui ont aussi été exposés. Cette croissance des procédures montre que l’effort de sensibilisation et de mobilisation des policiers et des gendarmes donne des résultats concrets.  Je rends également hommage aux bénévoles et aux élus locaux qui ont fait un formidable travail de terrain, d’écoute, d’accueil et d’accompagnement. Un travail essentiel, souvent mené en lien avec la Justice, qui a certainement limité les cas les plus graves. Cela dit, on peut aussi sincèrement s’interroger sur la réalité des chiffres officiels de ces violences tout au long des décennies passées. Je pense qu’ils ont été très longtemps sous-estimés pour de multiples raisons. Dont une principalement : la non prise en compte des plaintes ou de la parole des victimes. Je peux en témoigner pour avoir constaté et dénoncé tous ces phénomènes depuis ma jeunesse militante. Et je me souviens avec émotion de tous ces combats menés avec Yvette Roudy, première ministre des droits des femmes de 1981 à 1986. 

Les confinements successifs ont-ils eu un effet amplificateur quant à ces violences ?

Nous avons connu deux confinements pour répondre à la crise sanitaire. Autrement dit, nous avons vécu des périodes inédites. Nul n’avait connu l’expérience de couper ainsi ses liens familiaux, amicaux ou professionnels pour ne quasiment plus quitter son domicile. Ces périodes ont été difficiles pour tout le monde. Mais plus dures encore pour les femmes qui les ont traversées dans un environnement à risque. 

Les signalements pour violences et les suivis des victimes ont augmenté pendant cette période. Mais le rapport de la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences qui a évalué cette période indique que le nombre de violences n’a pas forcément augmenté dans de grandes proportions. Sa conclusion parle plutôt de l’effet "déclencheur" du confinement. Les chiffres tendant à démontrer que les victimes se sont davantage manifestées et que les moyens mis en œuvre par l’État leur ont donné les moyens de le faire. Il faut, à l’évidence, y voir l’impact de la communication destinée à la sensibilisation de l’opinion et du renforcement des dispositifs.

Quels sont les dispositifs mis en place pour lutter contre ces violences ?

Ils sont multiples. Pour l’urgence, il faut appeler le 17 ou utiliser le 114 par sms pour échanger par écrit quand il est impossible de parler. Il existe aussi le 3919, un numéro gratuit et anonyme à l’adresse non seulement des victimes mais aussi de leur entourage et des professionnels concernés. Un enfant et les adultes confrontés à une situation d’enfant en danger peuvent appeler le 119. Localement, outre les centres d’information des droits des femmes, plusieurs associations assurent l’accompagnement des victimes notamment dans les dossiers d’éloignement du domicile du conjoint violent. Policiers et gendarmes ont été particulièrement sensibilisés ces dernières années à la prise systématique des plaintes. 

Dans les juridictions, les Parquetsen lien avec les élus locaux et les enquêteurs, forment des maillons essentiels aussi bien dans la prévention que la répression. Je veux aussi citer l’attribution de téléphones grand danger ou la mise en place de bracelets anti-rapprochement pour lesquels j’ai porté la porte de notre groupe à l’Assemblée nationale.

 

Quasiment 9 femmes sur 10 sont victimes. Peu osent entamer des démarches et porter plainte. Comment l'expliquer et y remédier ?

Votre question soulève des problématiques bien connues et anciennes. Ce sont toujours des situations bien complexes. La cause de l’amour est régulièrement  avancée – à tort- pour ne pas porter préjudice au conjoint violent. Chez les victimes, il y a aussi un sentiment de honte et de fausse responsabilité dans ces histoires terribles. Il y a encore, plus globalement, un contexte culturel à changer. On sait aussi que la dépendance financière est un frein majeur à un processus susceptible d’amener au divorce par exemple. Chez les agresseurs, par ailleurs, toutes les études montrent  qu’une enfance vécue en tant que victime ou témoins de violences présente plus de risque de reproduire ces violences à l’âge adulte. Chez les victimes aussi, vivre des violences pendant son enfance est un facteur qui installe la violence dans une sorte de schéma d’acceptation.  

S’il faut bien sûr libérer encore  la parole, l’action publique doit plus fortement baliser le parcours d’émancipation des victimes, bien veiller à l’égalité des droits entre les sexes qui est la grande cause du quinquennat relayée notamment par la ministre Elisabeth Moreno qui vient d’annoncer, à propos de la lutte contre les violences, 1.000 places d'hébergements supplémentaires pour les victimes et leurs enfants soit, depuis 2017, une hausse de 80% du nombre de places disponibles. 

Nous devons mobiliser toutes nos forces pour éduquer, prévenir, sanctionner et protéger.  Depuis 2017, la majorité a poursuivi, lancé et concrétisé de vastes chantiers sur ces thèmes avec de sérieux progrès. Il faut continuer à avancer et à agir.  Notre majorité est engagée sur ce chemin. A l’Assemblée nationale, la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes est particulièrement active pour répondre aux nombreux enjeux.

Si vous avez besoin d'aide ou connaissez quelqu'un qui en a besoin, rendez-vous sur le site : https://arretonslesviolences.gouv.fr ou appelez le 3919

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