Tribune – 10 mai 2025, commémoration de l’abolition de l’esclavage par Fadila Mehal

Abolition esclavage

Retrouvez la tribune de Fadila MEHAL, présidente des Marianne de la diversité, pour la journée commémorative du souvenir de l'esclavage et de son abolition du 10 mai 2025.

Le 10 mai est une date qui reste gravée dans la conscience républicaine. C’est celle de l’abolition de l’esclavage en France, celle où l’on commémore une réalité douloureuse, longtemps occultée, trop longtemps tue : des millions d’êtres humains venus d’Afrique, réduits à l’état de marchandise, déshumanisés, dépossédés de leur liberté, de leur nom, de leur dignité et de leur histoire.

Mais commémorer cette abolition ne suffit plus. Aujourd’hui, en ce 10 mai 2025, nous savons que l’héritage de l’esclavage n’est pas un chapitre clos : il continue de marquer nos représentations symboliques et nos sociétés. Il habite les inégalités structurelles, les discriminations systémiques, les représentations coloniales encore tenaces. 

Il survit dans les silences des manuels scolaires, dans les angles morts des politiques culturelles, dans l’absence de reconnaissance de figures historiques issues des mondes esclavagisés, dans l‘ignorance encore de ces faits historiques par les nouvelles générations.

L’histoire de l’abolition en France est marquée par des avancées et des reculs. Une première abolition a été décrétée en 1794, sous la Révolution française, avant d’être tragiquement révoquée par Napoléon Bonaparte en 1802. D’ailleurs, l’ombre de cette paternité continue de ternir ses épopées flamboyantes. Il a fallu attendre la Deuxième République pour que cette tragédie soit définitivement effacée : le 27 avril 1848, sous l’impulsion de Victor Schœlcher, le gouvernement provisoire signe le décret qui abolit l’esclavage dans toutes les colonies françaises, libérant plus de 250 000 personnes.

Ce combat mémoriel a été poursuivi au XXIe siècle. En 2001, la loi portée par Christiane Taubira reconnaît enfin l’esclavage et la traite comme crimes contre l’humanité. En 2006, le président Jacques Chirac institue le 10 mai comme Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Cette année, pourtant cette commémoration revêt une urgence particulière avec la montée des idéologies populistes et  les débats houleux sur les restitutions du patrimoine africain, les tensions identitaires autour des mémoires coloniales, et les attaques contre les initiatives de réparation symbolique ont révélé combien notre société peine à regarder son passé en face. 

Pourtant, la reconnaissance des pages sombres de notre histoire est un acte politique, fondateur. 

Elle ne divise pas : elle répare.
L’esclavage n’est pas une page exotique de notre récit national. Il est une matrice de l’ordre racial, de l’ordre économique, de l’ordre symbolique qui pèsent encore aujourd’hui sur notre inconscient collectif.

Refuser de le voir, c’est entretenir l’injustice. Le reconnaître pleinement, c’est ouvrir un espace pour construire une République fidèle à ses principes.
Il ne s’agit pas d’entretenir la culpabilité, ou l’esprit de repentance mais de nourrir la conscience. Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire, mais de la compléter, de la pluraliser, de l’honorer. Car les mémoires encore vives des descendants d’esclaves doivent être écoutées et partagées et nous avons toutes et tous le devoir de construire cette mémoire partagée et commune.

À l’occasion de cette commémoration, je formulerai trois propositions :

  • que chaque collégien ou lycéen en France reçoive une formation historique complète sur la traite et l’esclavage, incluant les résistances et les héritages culturels afro descendants.
  • que des figures historiques de la lutte contre l’esclavage, comme Solitude, Hariet Tubman , Louis Delgrès, ou Toussaint Louverture,soient intégrées et valorisées dans les programmes scolaires et les espaces publics ( rues, médiathèques, centres cuturels)
  • qu’un Grenelle contre les nouvelles formes d’esclavage moderne soit organisé : travail forcé, traite humaine, exploitation des femmes migrantes.

En ce 10 mai, 2025, souvenons-nous,   la mémoire est un combat car l’égalité ne se décrète pas, elle se conquiert. C’est la marque d’une démocratie inclusive qui met au cœur de son projet l’humanisme et la fraternité.



Fadila MEHAL

Présidente des Marianne de la diversité
Élue Modem de Paris 18éme

Ancienne présidente de la Commission Culture, Patrimoine, Mémoire de Paris 

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