Maud Gatel : « Je n'accepterai pas un projet d'arrière-garde pour Paris »

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Pour le Journal du Grand Paris, notre Secrétaire générale et présidente du groupe "MoDem et Indépendants" au Conseil de Paris, Maud Gatel, analyse la situation politique à Paris en vue des prochaines élections municipales.

Quel portrait dressez-vous du paysage politique à Paris ?

Il est complètement fragmenté. A gauche, la succession se révèle difficile, avec un duel fratricide au PS - on ne voit pas ce qui différencie Emmanuel Grégoire, Rémi Féraud et même Marion Waller -, des écologistes et des communistes qui cherchent à tirer leur épingle du jeu, et un éléphant dans la pièce, LFI, avec lequel la plupart des Verts parisiens affichent une proximité idéologique. 

La gauche est essoufflée après un quart de siècle et l'usure du pouvoir se fait sentir.

Et à droite ?

Le paysage est aussi un peu explosé. 

Pour ce qui est de l'arc central, je suis fière d'avoir su rassembler ses courants. 

On est parti d'un groupe MoDem d'opposition de 5 membres en 2020, et on est aujourd'hui un groupe MoDem et Indépendants, comprenant Renaissance et une partie d'Horizons [8 membres]. On a la chance d'avoir Delphine Bürkli avec nous, notre maire d'arrondissement [9e] !

Que pensez-vous des candidatures de Rachida Dati, Pierre-Yves Bournazel et Francis Szpiner ?

Elles sont évidemment légitimes. Mais ce n'est pas en se divisant qu'on gagnera.

Qui a votre préférence ?

Ce n'est pas mon sujet. Nous devons d'abord, d'ici à l'été, construire un projet solide et rassembler ceux qui, dans le respect de leurs différences, ont envie de travailler ensemble pour l'alternance. 

Je sais ce que nous portons et je n'accepterai pas un projet d'arrière-garde pour Paris.

Pourriez-vous être candidate à la mairie de Paris ?

Je travaille depuis 18 mois à créer les conditions de l'alternance. Première brique : un projet crédible et financé. Nous avons créé des groupes de travail, sommes allés à la rencontre des Parisiens sur le terrain, avons récolté 3 500 contributions depuis six mois. Tous les quinze jours, nous organisons des auditions de la société civile sur les sujets parisiens, de la sécurité à la place de l'animal en ville, le lien social, le patrimoine, les mobilités, l'accession à la propriété, la place du commerce, l'artisanat, etc. 

Deuxième brique : le rassemblement de toutes celles et ceux, dans et hors les partis politiques, qui veulent s'engager pour l'alternance et se retrouvent dans cette démarche. 

Le temps de l'incarnation ne viendra qu'après, à l'automne.

Vous n'excluez donc pas de vous présenter ?

Je ne participerai pas moi-même à ce que je reproche à d'autres : « moi, moi, moi », avant tout le reste. Une ville c'est un collectif. 

En tant que secrétaire générale du MoDem, je peux vous assurer que même dans le plus petit village, les municipales ne reposent pas sur une personne mais sur une équipe. 

La Ville de Paris, avec ses 10 milliards d'euros de budget et une ingénierie des politiques publiques d'une complexité sans nom exige le travail sérieux d'une équipe.

Faudra-t-il une primaire pour départager les candidats de la droite et du centre ?

Je ne suis pas du tout fan des primaires. Fermées, ouvertes, qui participe ? J'espère que, collectivement, nous serons suffisamment intelligents pour désigner celle ou celui qui sera le mieux placé pour incarner l'alternance.

(...)

François Bayrou a-t-il envie de peser sur l'élection parisienne ?

Il est totalement à sa tâche qui n'est pas facile. Et je le soutiens. Paris l'intéresse évidemment, parce que c'est la capitale de la France, parce qu'il y habite une partie de la semaine. Mais il me fait suffisamment confiance pour nous laisser décider.

Faites-vous une différence entre les mandatures de Bertrand Delanoë et celles d'Anne Hidalgo ?

Il y avait une vision chez Bertrand Delanoë. J'ignore quelle est celle d'Anne Hidalgo. 

Lors de son premier mandat, alors qu'elle avait promis d'adapter la ville au changement climatique, la ville s'est densifiée avec la construction de 3 millions de m². Lors du second mandat, elle a été prise en étau entre les écologistes, qui ne voulaient plus entendre parler d'artificialisation, et les communistes, qui voulaient faire du logement. Cette équation impossible a été résolue avec l'augmentation de la fiscalité locale et la dette qu'on a laissée filer. 

La maire de Paris a géré la Ville de manière brutale, elle a opposé les Parisiens les uns aux autres. Je ne me résous pas au déclin de Paris et entends redonner aux Parisiens leur fierté !

(...)

Pourquoi vous êtes-vous opposée à la votation citoyenne sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 rues ?

Parce que c'était une instrumentalisation de la démocratie participative. Le Conseil de Paris avait déjà voté pour cette mesure six mois plus tôt. Et si les Parisiens avaient voté non, qu'aurait-on fait ? En plus, annoncer qu'on va aménager 500 rues sans dire lesquelles, cela n'a pas des sens. 

La démocratie participative est précieuse ; prendre les Parisiens pour des imbéciles l'abime.

Quelles sont vos solutions pour résoudre la crise du logement à Paris ?

La situation est catastrophique et traduit l'échec de la ville sur ce sujet. Il faut activer tous les leviers. Nous devons continuer à produire du logement social - et de l'accession sociale à la propriété, j'ose le dire ! -, mais avec une meilleure répartition sur l'ensemble du territoire. Là où il y a trop de logements sociaux, il en faut moins ; là où il n'y en a pas assez, il en faut plus. 

En revanche, je suis opposée à l'objectif de 40 % de logements publics fixé par la maire. La Ville doit proposer davantage de Baux réels solidaires [BRS] et, concernant le marché locatif privé, rendre le dispositif « Louer solidaire » beaucoup plus attractif pour les propriétaires. Un assouplissement du DPE [Diagnostic de performance énergétique] est indispensable, parce que le parc parisien, c'est 54 % de E, F et G. Enfin, je ne suis pas fermée à l'augmentation de la fiscalité sur les résidences secondaires à Paris, si cela peut remettre des biens sur le marché.

(...)

Pourquoi défendez-vous la réforme de la loi PLM, donc du mode de scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille ?

Dans les deux tiers des arrondissements, voter ne sert à rien. Par exemple, dans le 10e, la droite et le centre ont fait 30 % en 2020 et n'ont aucun représentant au Conseil de Paris. De même, les électeurs de gauche dans le 16e ne sont pas représentés. Cela pose un problème démocratique. 

Par ailleurs, même si ce n'est jamais arrivé, il est possible aujourd'hui de devenir maire de Paris sans être majoritaire en voix.

Quatorze maires d'arrondissement sur 17 sont hostiles à cette réforme. Ont-ils tort de craindre un affaiblissement de leur échelon local ?

Même s'ils sont contre certaines modalités de cette réforme, tous les maires de droite et du centre sont critiques envers la loi PLM actuelle. 

La réforme examinée n'enlève aucun pouvoir aux arrondissements. Le texte peut encore être amélioré lors de son passage au Sénat.

(...)

Que pensez-vous des accusations d'Anne Hidalgo, sur France Inter, qui dénonce un deal entre François Bayrou et Rachida Dati sur la 2e circonscription, « vendue » au MoDem ?

Je les trouve tellement pas au niveau ! Il est choquant que les Parisiens, les Lyonnais et les Marseillais ne soient pas des électeurs comme les autres. 

Ils ont le droit de voter directement pour leur équipe municipale, comme dans les 35 000 autres communes de France. C'est ça le sujet, le reste relève de la pure désinformation.

N'aurait-il pas été préférable d'attendre que l'élection soit passée, dans quelques mois, plutôt que de prêter le flanc aux accusations de « tripatouillage électoral » ?

On peut aussi décider de ne jamais rien faire. J'entends parler de ce sujet depuis 2008. Je pense qu'il n'y a pas de mauvais moment pour être courageux.

 

Retrouvez l'entretien complet dans le Journal du Grand Paris.

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