Marc Fesneau : "Il faut renouer le lien entre l’agriculture et la société"

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a été interrogé sur le plateau de France Inter le samedi 16 décembre 2023 sur l’actualité du secteur agricole, notamment sur la sécurité alimentaire et l’attractivité du métier d’agriculteur.

Sécurité alimentaire et transition climatique : « Le dérèglement climatique accentue la famine »

À l’issue de sa participation à la COP28 pour alerter sur la famine dans le monde, Marc Fesneau a plaidé son souhait de continuer à encourager le secteur agricole à jouer un rôle majeur dans la transition climatique.

L’agriculture peut participer à la décarbonation.

Les défis que posent l’urgence écologique sont nombreux. Parmi eux se trouve la raréfaction des ressources, en eau par exemple. Le ministre appelle à « prendre plus exemple sur les pays directement confrontés à cela, comme le Maroc » indique-t-il, avant de conclure « qu’on a besoin d’apprendre la rareté des choses et leur gestion ».

Avec l’apparition de nouvelles techniques de lutte contre les émissions de gaz à effets de serre, le premier vice-président du Mouvement démocrate a balayé certaines d’entre elles. En tête d’affiche la question du stockage du CO2 : sur ce sujet Marc Fesneau tempère les espoirs nourris par ce moyen innovant en expliquant que « son coût, son efficacité incertaine et son encouragement, in fine, à l’utilisation du pétrole [pouvoir stocker ses émissions encouragerait à son utilisation] » suscitaient « beaucoup d’interrogations ».

Il a poursuivi son propos en rappelant un constat simple : « Ce CO2 stocké devra forcément être relâché à un moment, donc le mieux c’est d’être économe en gaz à effets de serre ».

Enfin, la filière agricole s’emploie aussi à réduire ses émissions de CO2. Cet objectif sera permis par « l’évolution des pratiques alimentaires de chacun, où l’on peut voir une baisse de la consommation de la viande par exemple, mais aussi le changement de l’alimentation du bétail ».

Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a aussi rétabli la vérité devant un mythe qui mène la vie dure à l’agriculture française ; « non il n’y a pas d’exploitations industrielles en France. Trouvez-moi des élevages à 1000 vaches dans le pays ! ». De surcroît, c’est aussi sur la base de cette justification que Marc Fesneau refuse l’idée d’une réduction du cheptel français, en avançant également l’impératif français de conserver une souveraineté alimentaire.

Attractivité du métier d’agriculteur : « Répondre par le pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture »

L’un des autres grands chantiers de Marc Fesneau est de revitaliser la vie à la campagne pour inciter l’installation d’une nouvelle génération d’agriculteurs. Les chiffres de la disparition progressive de ce métier sont extrêmement préoccupants, 100 000 exploitations abandonnées en l’espace de 10 ans. Le ministre veut y répondre en insistant sur le soutien « pour l’accès au foncier et aux capitaux ». Pour ce faire, il a confirmé « l’idée de garantir des crédits par la garantie de l’État » et annoncé « porter pour un temps plus ou moins long le foncier d’un jeune qui s’installe ».

Les conséquences du changement climatique sont également à méditer dans la réflexion d’un renforcement de l’attractivité du métier d’agriculteur. Marc Fesneau souhaite « améliorer la formation des jeunes à la transition climatique » en précisant « que produire sous 2°C de plus va être une énorme contrainte, même en France ! »

Par ailleurs, il s’est voulu rassurant quant au niveau futur d’inflation des prix. Selon lui, « il n’y aura pas de bond des prix même si l’on ne retrouvera pas le niveau de ceux d’avant 2021 ». Cependant, il a tenu à préciser que « les prix des matières premières agricoles n’influent que très peu sur le prix final du produit », illustrant son propos avec l’exemple du paquet de pâtes où le prix final de celui-ci n’est que peu impacté par celui du blé.

S’agissant du salaire des agriculteurs, le ministre a expliqué les conditions particulières de cette profession par rapport à la volatilité de la rémunération.

C’est un secteur où l’instabilité est de mise, parce que c’est du ciel que dépend la production.

Outre cet éclairage, Marc Fesneau pense que « ça passe aussi par la commande publique en essayant de privilégier l’agriculture française ». Cela a aussi été l’occasion de mettre en valeur tout le travail effectué sur cette question depuis 2017 grâce aux lois EGAlim qui ont « permis d’améliorer la rémunération de la filière lait ».

Ouverture du processus d’adhésion de l’Ukraine dans l’Union européenne : « On doit rentrer dans un processus de dialogue et d’adhésion »

L’entretien s’est terminé par l’opinion du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sur l’annonce de l’ouverture du processus d’adhésion de l’Ukraine au sein de l’Union européenne. Puissance agricole confirmée, Marc Fesneau a rassuré le secteur agricole français en expliquant que « son entrée ne peut être pour venir faire de la concurrence sur le sol européen » mais « à nos frontières extérieures face au Brésil, États-Unis ou la Russie ». Ici, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a voulu expliciter l’enjeu primordial d’une telle adhésion : la sécurité alimentaire européenne.

Conséquemment à ce principe, le premier vice-président du Mouvement Démocrate invite l’Ukraine à s’intégrer à l’organisation supranationale comme « un acteur économique mondial » et non « un concurrent des agriculteurs français et européens ».

Le sujet est de savoir qui nous nourrit et qui on nourrit à l’extérieur. Moi je préfère que ce soient les ukrainiens intégrés dans l’Union européenne que les russes qui sont désormais nos adversaires.

Bien que logique, la volonté d’une Europe agricole indépendante développée par Marc Fesneau revêt l’importance d’acquérir une autonomie alimentaire française ancrée dans l’Union européenne, pour faire face aux grandes puissances mondiales et à leur concurrence.

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